Le Bois des Rocs est un "site Jean Massart" s'étendant à mi-chemin entre Ronquières et Virginal, dans le Brabant occidental. Il se situe de part et d'autre du ruisseau du bois de Fauquez, affluent de la Sennette, qui prend naissance plus à l'ouest, dans le bois de la Houssière. Les sources sourdent au contact des sables et argiles yprésiennes, puis le ruisselet entaille le soubassement silurien.
Le bois comporte un petit plateau à l'altitude de 90 m, raviné par le ruisseau. La dénivellation n'est que d'une trentaine de mètres, mais les versants sont très abrupts et le site particulièrement pittoresque. De très beaux arbres s'y développent.
Le bois des Rocs est d'un intérêt tout à fait exceptionnel du point de vue géologique. Le soubassement de la région est formé par le Silurien (schistes, phyllades et quartzophyllades à graptolites). D'après DEPASSE (1976) 'le bois des Rocs est traversé, suivant une direction générale NW-SE, par une cordillière de roches porphyroïdes d'environ 200 à 250m de largeur. Au nord et au NE de ce massif s'observe le Caradoc (= Ordovidien) qui n'existe, au bois des Rocs, qu'en son éperon nord. A l'ouest et au SW, le Llandovérien (= Gothlandien) est présent, dans le bois, en une petite languette (schistes noirs) limitée au SW par la route allant de Fauquez à Virginal et située là où cette route est à sa cote la plus basse. Cette roche apparaît au niveau du ruisseau; sa limite avec le porphyroïde est marquée par l'existence d'une zone herbeuse à Agrostis qui en trace assez bien le passage. Quant au porphyroïde (Caradoc), il est constitué de tuf soudé à chaud (ignimbrite) surmonté de laves en blocaux ressoudés (rhyolithe)'.
Des affleurements impressionnants de roches porphyroïdes dominent la petite vallée. Ils ont de tout temps frappé l'imagination et portent des noms évocateurs (Sentinelle, Donjon, Rempart, Crête, Table des Sorcières).
La flore du Bois des Rocs a été inventoriée à plusieurs reprises mais une actualisation des données est nécessaires. DEPASSE (1976) y observe:
- une chênaie sessiliflore à Quercus robur, Q. petraea, Betula pendula, Vaccinium myrtillus, Deschampsia flexuosa, etc.;
- des fragments de landes herbeuses à Calluna vulgaris ou à Vaccinium myrtillus sur le plateau;
- une chênaie-charmaie à Hyacinthoides non-scripta sur les versants et les sols horizontaux à bonne économie en eau, avec aussi Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, Carpinus betulus, Corylus avellana, Cornus sanguinea, Sambucus nigra, Sorbus aucuparia, Ranunculus ficaria subsp. bulbilifer, Adoxa moschatellina, Arum maculatum, Geum urbanum, etc.;
- une chênaie-charmaie colonisant les abords du ruisseau, riche en espèces hygrophiles dont Filipendula ulmaria, Valeriana repens, Angelica sylvestris, Rumex sanguineus, Caltha palustris, Ranunculus repens, ...;
- une aulnaie-frênaie rivulaire installée le long du ruisseau, à Stellaria nemorum, Carex pendula, C. remota, C. strigosa, Veronica montana, Rumex sanguineus, Chrysosplenium oppositifolium, C. alternifolium, etc.
- Des groupements herbacés variés, localisés et plus ou moins bien différenciés: végétations nitrophiles et rudérales, communautés de fougères des rochers ombragés, groupements de grèves exondées, etc.
Quelques autres plantes intéressantes ont été notées sur le site en 1993 (obs. J. Saintenoy-Simon): Epipactis helleborine, Phegopteris connectilis, Dryopteris affinis var robusta (= D. x tavellii), Carex strigosa, ainsi qu'une belle station de Parietaria officinalis, au nord du bois.
La bryoflore a été très bien étudiée dans les années 1970 (DE ZUTTERE et SCHAECK, 1971) et renferme plusieurs éléments d'un très grand intérêt, en particulier:
- Andreaea rupestris, espèce typique des rochers siliceux bien éclairés, de répartition boréo-montagnarde assez rare en Ardenne mais très ponctuelle en Région limoneuse;
- Hedwigia ciliata (incl. stellata), assez commune en Ardenne, assez rare en Condroz et Fagne-Famenne, mais très rare en Région limoneuse (6 localités signalées par SOTIAUX et VANDERPOORTEN, 2015);
- Schisostega pennata, au protonéma phosphorescent, assez rare en Ardenne et quasi-absente ailleurs, en particulier dans la région limoneuse où elle n'existe qu'au Bois des Rocs sous forme de très petites populations (SOTIAUX et VANDERPOORTEN, 2015).
- Barbilophozia barbata, hépatique des affleurements rocheux siliceux généralement assez riches en bases, surtout répartie en Ardenne et rarissime au nord du sillon sambro-mosan, le Bois des Rocs y constituant l'une des deux seules stations connues.