La mare de Hannêche est située dans les limites du Parc Naturel Burdinale-Mehaigne et son intérêt botanique avait déjà été souligné à la fin des années 1990 (L. Bailly, rapport non publié). En 2003, la flore et la végétation ont été décrites à l'occasion d'un avis site émis par le CRNFB - actuellement DEMNA - et rédigé par Ph. Frankard. Plus récemment, la zone humide a fait l'objet de plusieurs relevés botaniques (obs. Th. Genty 2012-2016) dans le cadre des activités du PNBM, qui ont permis de confirmer la présence de plusieurs espèces rares décelées précédemment et d'en découvrir plusieurs autres.
On distingue deux zones principales: la partie amont (moitié occidentale), privée, correspondant à la «mare de Hannêche»; et la partie aval, correspondant à la zone humide communale, récemment achetée par la commune de Burdinne. La description qui suit correspond principalement à la situation actuelle.
La mare de Hannêche
La partie centrale est occupée par un petit plan d'eau en cours d'atterissement; l'eau y reste cependant assez profonde mais sous couvert dense de fourrés de saules (Salix alba et Salix viminalis surtout), si bien que la végétation aquatique enracinée est à peu près absente.
Les abords plus éclairés portent diverses hélophytes basses comme la menthe aquatique (Mentha aquatica), la renouée amphibie (Persicaria amphibia), la scutellaire toque (Scutellaria galericulata), la salicaire (Lythrum salicaria), la véronique à écus (Veronica scutellata), ...
Juste en amont s'étend une petite roselière à phragmite (Phragmites australis), inondée en permanence, et dans laquelle apparaissent quelques rares pieds de morelle douce-amère (Solanum dulcamara). Cette roselière couvre environ 200 m2 (en 2016) et semble s'étendre depuis le début des observations. En bordure, on observe également la colonisation par la massette à larges feuilles (Typha latifolia).
En marge de la roselière, sur sol marécageux à humide, se développe une magnocariçaie à laîche aiguë (Carex acuta), dans laquelle s'intercalent d'autres espèces hygrophiles comme la laîche faux souchet (Carex pseudocyperus), la laîche distique (Carex disticha), le populage (Caltha palustris), la reine des prés (Filipendula ulmaria), la prêle des marais (Equisetum palustre), le scirpe des marais (Eleocharis palustris), la menthe aquatique (Mentha aquatica), le gaillet des marais (Galium palustre) et même quelques touffes de laîche noire (Carex nigra), espèce devenue rarissime en Hesbaye. Le scirpe des bois (Scirpus sylvaticus) y constitue quelques peuplements peu étendus mais bien individualisés.
Un faciès de prairie humide établi une transition entre la magnocariçaie et la mégaphorbiaie, avec différentes plantes déjà citées, en plus de la laîche hérissée (Carex hirta), du lotier des fanges (Lotus pedunculatus), du jonc glauque (Juncus inflexus), de la renoncule scélérate (Ranunculus sceleratus), du vulpin des prés (Alopecurus pratensis), du pâturin commun (Poa trivialis), etc.
En bordure de la zone humide, l'abandon de la fauche a conduit au fil des ans à la formation d'une mégaphorbiaie quasiment monospécifique à reine des prés (Filipendula ulmaria), dans laquelle l'ortie dioïque (Urtica dioica) est très peu présente. D'autres espèces arrivent à croître ponctuellement, dont la scrofulaire aquatique (Scrophularia auriculata), la morelle douce-amère (Solanum dulcamara), l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), l'angélique des bois (Angelica sylvestris), la baldingère (Phalaris arundinacea), ...
Près de la source, le ruisselet est obstrué par des herbiers à agrostis géant (Agrostis gigantea) et houlque laineuse (Holcus lanatus) et des plages de véronique des ruisseaux (Veronica beccabunga). Il est avoisiné par une végétation nitrophile assez dense composée en particulier d'orties dioïques (Urtica dioica), cirses des champs (Cirsium arvense), ronces (Rubus sp.), végétation qui se retrouve plus largement en bordure de la zone humide, dans la zone de contact des terres agricoles.
Un alignement de quatre vieux saules têtards matérialise la limite sud-ouest de la zone humide, en contact avec les cultures (froment en 2016). Ces saules sont régulièrement entretenus par le Parc Naturel, notamment en faveur de la chevêche d'Athéna (Athene noctua), nicheuse localement.
Constituant des zones tampons avec les grandes cultures voisines, on observe en outre:
- des ourlets nitrophiles à ortie dioïque (Urtica dioica), épilobe hérissé (Epilobium hirsutum), gaillet gratteron (Galium aparine), liseron des haies (Calystegia sepium), ronces (Rubus sp.), etc.
- une prairie de fauche amendée, en convertion vers la fauche tardive, avec la houlque laineuse (Holcus lanatus), le fromental (Arrhenatherum elatius), le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), le pissenlit (Taraxacum sp.), la fétuque des prés (Festuca pratensis), la cardamine des prés (Cardamine pratensis), la laîche hérissée (Carex hirta), la patience des prés (Rumex acetosa), la berce commune (Heracleum sphondylium), le brome mou (Bromus hordeaceus), etc.
- en bordure de cette prairie, une haie indigène intermittente, dominée par le sureau noir (Sambucus nigra).
La zone humide communale
Ce secteur s'étend de part et d'autre du ruisseau, qui coule selon un axe sud-ouest/nord-est, en aval de la mare jusqu'à la rue de la Râperie. On y observe une belle mosaïque de groupements végétaux hygroclines:
- mégaphorbiaie nitrophile à épilobe hérissé (Epilobium hirsutum), avec aussi le jonc glauque (Juncus inflexus), le jonc épars (Juncus effusus), la morelle douce-amère (Solanum dulcamara), l'épiaire des marais (Stachys palustris), la scrofulaire aquatique (Scrophularia auriculata), le cirse des marais (Cirsium palustre) (peu), le liseron des haies (Calystegia sepium), l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), l'ortie dioïque (Urtica dioica), l'angélique des bois (Angelica sylvestris), ...
- magnocariçaie à laîche des marais (Carex acutiformis), dans laquelle apparaît également la scutellaire toque (Scutellaria galericulata), le gaillet des marais (Galium palustre), l'iris jaune (Iris pseudacorus), la prêle des marais (Equisetum palustre), plus rarement l'âche nodiflore (Apium nodiflorum);
- scirpaie à scirpe des bois (Scirpus sylvaticus);
- typhaie à massette à larges feuilles (Typha latifolia), en cours de développement;
- roselière à glycérie aquatique (Glyceria maxima);
- jonçaie à jonc épars (Juncus effusus), myosotis des marais (Myosotis scorpioides), jonc articulé (Juncus articulatus), gaillet des marais (Galium palustre), renoncule flammette (Ranunculus flammula), lychnis fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi), etc.
Des herbiers aquatiques constitués notamment de Ranunculus peltatus et Callitriche platycarpa pse développent dans les petites mares creusées en bordure de la zone humide, en plus de peuplements de vulpin genouillé (Alopecurus geniculatus), de scirpe des marais (Eleocharis palustris), de glycérie flottante (Glyceria fluitans) et de lentilles d'eau (Lemna minor). Ombellifère particulièrement rare et localisée en Hesbaye, l'oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa) y a été détectée pour la première fois en juin 2016 (obs. T. Genty et J.-Y. Baugnée).
La partie centrale du site est occupée par des fourrés assez denses de saule des vanniers (Salix viminalis) qui rejettent abondamment après avoir été recépés récemment. Quelques saules blancs (Salix alba) sont présents également. Une petite saulaie marécageuse à saule marsault (Salix caprea) existe par ailleurs en limite nord-est de la zone. Notons que cette parcelle était occupée auparavant par une peupleraie, mise à blanc en 2003.
Au nord de la zone humide, une prairie a été semée par la commune de Burdinne à l'emplacement d'une culture de tomates sous serres-tunnels (celles-ci étant encore présentes en 2012). Elle est fauchée annuellement et son intérêt botanique est pour l'instant limité, mais elle a principalement pour vocation de créer une zone tampon entre le marais et les cultures. Une haie d'aubépine a également été plantée le long du champ pour cette raison.
La présence de plusieurs espèces végétales d'intérêt patrimonial est remarquable compte-tenu de l'isolement de cette zone humide dans le paysage d'agriculture intensive. On soulignera en particulier les éléments suivants:
- la laîche noire (Carex nigra), plante typique des bas-marais acides, répandue surtout en Ardenne, rare et très dispersée au nord du sillon Sambre-et-Meuse; sa présence était déjà signalée sur le site fin des années 1990 et y est toujours présente, quoique en très faible densité;
- la laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus), globalement rare et localisée en Wallonie mais apparemment non menacée, plus souvent observée en Hainaut occidental, en Entre-Sambre-et-Meuse, en Famenne et en Lorraine; l'espèce a été trouvée sur le site en 2013 et revue l'année suivante au moins (obs. T. Genty);
- la laîche vésiculeuse (Carex vesicaria), espèce des marais méso- à eutrophes, répandue en Ardenne, Lorraine et Entre-Sambre-et-Meuse, mais fort rare et ponctuelle au nord du sillon sambro-mosan, dont la présence a été notée en 2003 (obs. Ph. Frankard);
- la véronique à écus (Veronica scutellata), plante plutôt acidophile du bord des eaux oligo- à mésotrophes, essentiellement distribuée en Ardenne, nettement plus rare et disséminée dans les autres régions y compris en Hesbaye; découverte sur le site en 2013, elle est revue par la suite, notamment en juin 2016 (obs. T. Genty et J.-Y. Baugnée);
- l'oenanthe fistuleuse (Oenanthe fistulosa), plante légalement protégée en Région wallonne et figurant sur la liste rouge comme espèce vulnérable, a été découverte en juin 2016: 6 pieds en fleurs ont été notés au bord d'une mare de la partie communale (obs. T. Genty et J.-Y. Baugnée); c'est une ombellifère très rare et localisée en Hesbaye où elle n'est d'ailleurs connue que du bassin de la Mehaigne.
- la renoncule peltée (Ranunculus peltatus), espèce aquatique signalée surtout en Ardenne, plus rare et dispersée ailleurs et très rare en Hesbaye, elle figure comme vulnérable sur la liste rouge wallonne; elle a été identifiée en 2016 dans la mare de la partie communale (obs. T. Genty et J.-Y. Baugnée), en compagnie d'un autre taxon non encore reconnu formellement.