Bien qu'entouré de routes, dont la route N90 en bord de Meuse, le Mont Picard présente un relief très prononcé avec des pentes escarpées, d'accès malaisé. Le versant mosan, où apparaissent la plupart des affleurements rocheux, est orienté au nord et le microclimat y est donc frais. Le flanc opposé, moins pentu et d'exposition sud, est aussi nettement plus chaud.
Le site a fait l'objet de plusieurs publications floristiques (LAMBINON et al., 1983; MELIN, 1991; DUVIGNEAUD et al., 1993). Il a été parcouru par la Société Botanique de Liège le 7 mai 1983. Par contre, il semble que la faune n'ait jamais été inventoriée, hormis quelques observations ponctuelles (reptiles notamment). Le Mont Picard, y compris le Fort de Huy, est repris comme zone centrale dans le PCDN de Huy (site 31, TAYMANS, 2012).
Une grande partie du site est couverte par une forêt dont la composition varie selon les endroits, en fonction de la nature de la roche (calcaires frasniens, schistes et grès famenniens, ...), l'exposition, l'occupation ancienne, etc.
Le groupement qui paraît le plus répandu est une forêt neutrophile dominé par le charme (Carpinus betulus) présent sous la forme de vieux taillis, accompagné par le frêne élevé (Fraxinus excelsior), l'érable champêtre (Acer campestre), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), le cornouiller mâle (Cornus mas), le noisetier (Corylus avellana), le fusain d'Europe (Euonymus europaeus), l'orme champêtre (Ulmus minor), le laurier des bois (Daphne laureola), le groseillier à maquereau (Ribes uva-crispa), la clématite des haies (Clematis vitalba), le rosier des champs (Rosa arvensis), le lierre rampant (Hedera helix), etc. Dans la strate herbacée s'épanouissent, notamment, la mercuriale vivace (Mercurialis perennis), la potentille faux-fraisier (Potentilla sterilis), la benoîte commune (Geum urbanum), le brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum), la stellaire holostée (Stellaria holostea), la vesce des haies (Vicia sepium), le sceau de Salomon commun (Polygonatum multiflorum), la petite pervenche (Vinca minor), la mélique uniflore (Melica uniflora), le pâturin des bois (Poa nemoralis), la violette de Rivin (Viola riviniana), le cerfeuil penché (Chaerophyllum temulum), le brome rameux (Bromus ramosus), le lierre terrestre (Glechoma hederacea), etc.
Quelques espèces des forêts calcaires thermophiles apparaissent très discrètement, dont la viorne mancienne (Viburnum lantana), l'hellébore fétide (Helleborus foetidus), la primevère officinale (Primula veris), le céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), la néottie nid d'oiseau (Neottia nidus-avis), le troène commun (Ligustrum vulgare).
La station du laurier des bois (Daphne laureola) y est d'une prospérité exceptionnelle, comprenant plusieurs milliers de pieds. Cependant, l'indigénat de cet arbuste au Mont Picard reste discuté (LAMBINON et al., 1983).
C'est également dans ce type de peuplement que fut découverte, en mars 1993, la fétuque hétérophylle (Festuca heterophylla), une graminée des forêts et lisières calcicoles rarissime en Wallonie, où elle se trouve à la limite septentrionale de son aire de répartition (DUVIGNEAUD et al., 1993).
Selon DUVIGNEAUD et al. (1993), ces bois seraient issus de la colonisation forestière d'un ancien parc. Cette hypothèse est supportée par les témoignages historiques, indiquant une longue occupation humaine (anciens ouvrages défensifs tels le Fort Rouge et le Fort Picard, vignobles, terrasses, vergers, ...), ainsi que par la subsistance de nombreuses plantes introduites jadis pour des raisons culturales et/ou ornementales (Philadelphus coronarius, Deutzia sp., Syringa vulgaris, Aesculus hippocastanum, Laburnum anagyroides, Ribes alpinum, Lonicera tatarica, Rumex patienta, Spiraea xbillardii, Symphoricarpus albus var. laevigatus, Robinia pseudoacacia, Mahonia aquifolium, Ribes sanguineum, Viola odorata, Ornithogalum umbellatum, etc.).
Le flanc exposé au nord est barré de plusieurs affleurements rocheux et comporte des éléments fort intéressants d'érablières de ravin à scolopendre (Asplenium scolopendrium) et ainsi que des dalles rocheuses ombragées.
Le versant sud et la crête comportent également plusieurs types de végétations héliophiles, souvent à l'état fragmentaire:
- pelouses calcicoles méso-xérophiles à brome érigé (Bromus erectus), knautie (Knautia arvensis), petite pimprenelle (Sanguisorba minor), ...
- éboulis calcaires à seslérie bleue (Sesleria caerulea) et potentille printanière (Potentilla neumanniana),
- pelouses rupestres à fétuque à feuilles inégales (Festuca heteropachys),
- pelouses pionnières des substrats rocheux détritiques à orpins (Sedum spp.),
- fourrés de prunelliers (Prunus spinosa) et ronces (Rubus sp.),
- prairie sèche à fromental (Arrhenatherum elatius),
- prairie à fétuque faux-roseau (Festuca arundinacea), chicorée sauvage (Cichorium intybus), etc.
C'est sur ce même versant que la présence d'une fonge remarquable a été récemment mise en évidence suite aux prospections menées par A. Graulich (obs. des 4 et 5/09/2014). Plusieurs espèces rares ont ainsi été identifiées, principalement des éléments caractéristiques des forêts feuillues sur calcaire: Cortinarius rufoolivaceus, Cortinarius subionochlorus, Cortinarius fulminatus, Cortinarius eucaeruleus, Cortinarius rapaceoides, Cortinarius vulpinus, Cortinarius hillieri, Cortinarius subturbinatus, Cortinarius infractus, Amanita echinocephala, Rhodocybe gemina, Hygrocybe virginea (= Cuphophyllus niveus).
L'éperon rocheux sur lequel repose la citadelle est envahi par la clématite des haies (Clematis vitalba) et le lierre grimpant (Hedera helix), plus localement par des espèces d'ourlets calcicoles comme l'origan (Origanum vulgare) et l'inule conyze (Inula conyzae), ou d'autres plantes comme l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), le gaillet mou (Galium mollugo), la chélidoine (Chelidonium majus), etc. Certains secteurs connaissent un envahissement prononcé par le cotonéaster horizontal (Cotoneaster horizontalis) et le séneçon du Cap (Senecio inaequidens).
D'une manière générale, le Mont Picard recèle une grande diversité végétale et présente un intêret botanique important de part la présence de plusieurs espèces patrimoniales. C'est le cas de deux orchidées fort localisées en région hutoise, le céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium) et la néottie nid d'oiseau (Neottia nidus-avis), de deux graminées rares en Région wallonne, à savoir la fétuque à feuilles inégales (Festuca heteropachys) et la fétuque hétérophylle (Festuca heterophylla), et d'autres encore comme l'épervière maculée (Hieracium maculatum), le cerisier de Saint-Lucie (Prunus mahaleb), le laurier des bois (Daphne laureola).
L'intérêt faunistique du Mont Picard ne semble pas avoir fait l'objet d'investigations jusqu'à présent.
Le fort est fréquenté par plusieurs espèces de chauves-souris, principalement durant la période hivernale. En février 2016, un exemplaire du rare petit rhinolophe (Rhinolophus hipposideros) y a même été aperçu, ce qui laisse penser que d'autres pourraient trouver refuge sur le site et que, par ailleurs, on se trouve probablement ici sur la route de "migration" entre la colonie de Modave et les sites d'hivernage de la Solière.
Deux reptiles, la coronelle lisse (Coronella austriaca) et la couleuvre à collier (Natrix natrix), ont été observés au pied du fort.
Sur le plan ornithologique ressort l'observation du grand-duc d'Europe (Bubo bubo) en période de nidification.
Parmi le petit monde innombrable des insectes, la présence d'un coléoptère remarquable est à souligner: il s'agit de Blaps mucronata, noté en 2015 dans les souterrains du fort (7 ex., R. Cors). Affectionnant les lieux sombres et humides, comme les caves, les galeries de forts, les ruines, ce grand Ténébrionidé encore courant en région méditerranéenne, semble cependant, depuis les années 1970, en forte régression dans toute la moitié nord de la France, et donc sans doute aussi en Belgique. C'est une espèce détritivore se nourrissant de guano de pigeons et de chauves-souris, de denrées et de fruits pourris et autres vieux papiers.