Le site du Trî du Camp (nom officiel de la RND) est localisé dans la Fagne de l'Entre-Sambre-et-Meuse, à 3,5 km à l'est de Cerfontaine. Il s'agit d'une bande de terrain allongée au sud de la route N978 sur une longueur de 950 m. Il s'étend sur le versant gauche de la vallée du ruisseau des Vaux, petit cours d'eau qui conflue avec l'Eau d'Heure à proximité de l'ancienne carrière des Vaux. L'altitude y est de 240-250 m.
Géologiquement, la région de Senzeille appartient à la bordure méridionale du Synclinorium de Dinant structuré au cours de l'orogenèse varisque (340-290 millions d'années).
On se trouve sur des roches de la Formation de la Famenne, souvent appelées «schistes» en raison de leur débitage particulier, mais qui sont des argilo-siltites micacées vertes à brunes. Ces roches d'age Famennien inférieur sont localement interstratifiées de grès fins micacés gris-vert en bancs centimétriques à pluricentimétriques souvent finement laminaires. Elle renferme des lentilles de calcaires, des lumachelles à brachiopodes, de nombreuses pistes et terriers d'organismes fouisseurs et d'autres structures encore (DUMOULIN & MARION, 1998).
La coupe de la tranchée de Senzeille, bien connue des géologiques (GOSSELET, 1877 et 1888; SARTENAER, 1960; BOUKAERT et al., 1965), est actuellement fortement dégradée, mais deux coupes témoins bien conservées montrent le contact entre les schistes «à aspect Matagne» de la Formation des Valisettes et les schistes de la Formation de la Famenne (DUMOULIN & MARION, 1998).
Du point de vue phytogéographique, le site se trouve au sein du district mosan.
Le site du Trî du Camp correspond à la marge septentrionale de la Forêt de Senzeille, vaste massif forestier s'étendant entre Philippeville, Cerfontaine et Virelles (au sud). Aucune cartographie ni description des habitats ne sont disponibles, malgré que le site soit inscrit dans le réseau Natura 2000.
Très schématiquement, sur base des quelques relevés floristiques disponibles, on y observe notamment:
- des éléments de prairies de fauche humides sur sols argilo-calcaires non amendés avec en particulier Selinum carvifolia, Succisa pratensis, Stachys officinalis, Silaum silaus, Juncus inflexus, Colchicum autumnale, Orchis morio, etc.
- des prés de fauche mésophile de basse altitude à Centaurea jacea, Daucus carota, Rhinanthus minor, Arrhenatherum elatius, Pimpinella major, Achillea millefolium, Veronica chamaedrys, Trifolium pratense, Leucanthemum vulgare, ... en mélange avec des espèces de pelouse calcicole comme Linum catharticum, Rhinanthus angustifolius, Polygala vulgaris, Carlina vulgaris, etc.
- de petites pelouses ouvertes se développent sur les sols mis à nus et les remblais rocailleux, avec Euphrasia stricta, Thymus pulegioides, Echium vulgare, Lotus corniculatus, Hieracium pilosella, Stellaria graminea, Pimpinella saxifraga, Rumex scutatus, Carex flacca, etc.
- des plantes d'ourlet mésophile neutro- à calciphile dont Agrimonia eupatoria, Agrimonia procera (= odorata), Origanum vulgare, Trifolium medium, Viola hirta, Clinopodium vulgare, etc.
On observe aussi des ornières forestières envahies par Callitriche platycarpa, au bord desquelles apparaît localement Isolepis setacea et d'autres petites plantes pionnières. Certaines de ces ornières renferment en outre une plante aquatique invasive, Myriophyllum aquaticum.
Le site présente un intérêt faunistique potentiellement élevé mais qui reste à documenter. L'espèce la plus remarquable notée à ce jour est un papillon, l'azuré de l'ajonc (Plebejus argus), dont la situation en Région wallonne est globalement défavorable mais qui demeure encore présent localement dans la Fagne. Il s'agit d'un élément typique des pelouses, landes et prairies maigres et sa chenille se développe sur diverses fabacées et d'autres dicotylées.