Située en Hesbaye occidentale, à environ 5 km au nord de Jemeppe-sur-Sambre, la ferme-château de Balâtre est une ancienne demeure seigneuriale dont l'origine remonte au 13ème siècle et qui fut transformée en ferme agricole à la Révolution française.
Cette imposante bâtisse en carré est juchée sur un rebord de plateau, au coin nord-ouest de l'actuelle place du village de Balâtre, d'où elle domine le vallon du ruisseau du Grand Vau, à l'altitude de 140 m.
Le Grand Vau est un petit affluent de rive droite de la la Ligne, elle-même affluent de l'Orneau (sous-bassin de la Sambre et bassin de la Meuse). Au niveau de Balâtre, le ruisseau circule au fond d'un vallon relativement peu profond dans un axe sud-ouest/nord-est, jusqu'à sa confluence avec la Ligne 200 m plus loin, juste en amont de la rue du Moulin. Le versant droit, le plus escarpé et exposé vers le nord-ouest, porte les prairies maigres dont il est question ici.
Le site prend place dans un environnement rural constitué de prairies, cultures, vieux vergers, alignements d'arbres et bosquets.
Du point de vue biogéographique, on se situe dans la région atlantique et dans le district brabançon, mais la limite avec le mosan est très proche.
Le coteau herbeux qui fait partie du domaine privé de la ferme-château de Balâtre n'a semble-t-il jamais fait l'objet d'inventaires biologiques. Sur base d'un récente visite (E. Bisteau et al. – 6/08/2020), on peut déjà y signaler la présence des éléments suivants. D'autres relevés plus tôt dans la saison sont nécessaires afin de mieux préciser les groupements végétaux et la biodiversité animale.
Les abords de la ferme-château, y compris ses murs de pierres, sont colonisés par une flore globalement nitrophile comprenant par exemple l'ortie dioïque (Urtica dioica), le benoîte commune (Geum urbanum), le séneçon sud-africain (Senecio inaequidens), la renoncule rampante (Ranunculus repens), la houlque laineuse (Holcus lanatus), la chélidoine (Chelidonium majus), le céraiste commun (Cerastium fontanum), le crépis à tige capillaire (Crepis capillaris), le sureau noir (Sambucus nigra), la patience à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius), l'ivraie vivace (Lolium perenne), le petit trèfle jaune (Trifolium dubium), le groseiller à maquereau (Ribes uva-crispa), la ballotte noire (Ballota nigra), ...
Une prairie de fauche à fromental (Arrhenatherum elatius) occupe le plateau dans le prolongement sud-ouest de la ferme-château (la flore n'a pu être caractérisée davantage du fait que la prairie était fauchée au moment de la visite).
La prairie qui s'étend sur le versant droit du ruisseau, en contrebas de la ferme-château, constitue la partie la plus intéressante du site du point de vue botanique. Cette pente orientée vers le nord-ouest est nettement plus sèche que les zones environnantes et comporte de petits affleurements rocheux. Elle montre une richesse spécifique assez élevée formée d'un mélange d'éléments des prairies de fauche, des pelouses calcicoles mésophiles et des prés maigres: fétuque rouge (Festuca rubra), crételle (Cynosurus cristatus), dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), fromental (Arrhenatherum elatius), ail des vignes (Allium vineale), avoine dorée (Trisetum flavescens), achillée millefeuille (Achillea millefolium), berce commune (Heracleum sphondylium), lotier corniculé (Lotus corniculatus), trèfle des prés (Trifolium pratense), porcelle enracinée (Hypochaeris radicata), centaurée jacée (Centaurea jacea), séneçon jacobée (Senecio jacobaea = Jacobaea vulgaris), oseille des prés (Rumex acetosa), véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys), liseron des champs (Convolvulus arvensis), bouton d'or (Ranunculus acris), petite pimprenelle (Sanguisorba minor), épervière piloselle (Hieracium pilosella), petit boucage (Pimpinella saxifraga), knautie des champs (Knautia arvensis), gaillet jaune (Galium verum), renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), luzerne lupuline (Medicago lupulina), laiche glauque (Carex flacca), laiche printanière (Carex caryophyllea), potentille printanière (Potentilla tabernaemontani = neumanniana), etc. La présence de ces trois dernières espèces est particulièrement remarquable vu leur rareté au nord du sillon sambro-mosan.
Ce coteau sec est ponctué de fourrés et de buissons isolés constitués surtout d'aubépine à un style (Crataegus monogyna) et de prunellier (Prunus spinosa). Ces éléments participent à l'intérêt paysager de l'ensemble.
La faune locale est très peu documentée en l'absence d'inventaires et seules quelques données de papillons de jour sont disponibles, indiquant la présence du collier de corail (Aricia agestis) et surtout du demi-deuil (Melanargia galathea), rare et localisé en région limoneuse.