Le Domaine de Buisseret s'étend en bordure du canal Charleroi-Bruxelles, sur une superficie de 50 hectares, au sein d'un paysage à caractère rural où alternent les prairies, les champs, les bois (souvent réduits), les friches et zonings industriels et les zones bâties. Cette vaste propriété historique s'articule autour du Château de Buisseret (du nom de la Seigneurie du 12ème siècle), constitué d'un ensemble de corps de logis, de dépendances de style néo-classique, d'une tour carrée de style néo-médiéval et d'un pont, et même une orangerie, le tout datant des 18ème et 19ème siècles. Entourant le château, un parc paysagé de 12 hectares comporte nombre d'arbres remarquables: if, marronnier d'Inde, noyer noir d'Amérique, pavier blanc, platane, tulipier de Virginie, ginkgo biloba, cèdre bleu, etc. Il comprend également un étang de 3 hectares bordé de roselières et de mégaphorbiaies, des prairies pâturées ponctuées de boqueteaux et de haies, ainsi qu'un bois de 20 hectares traversée par une drève cavalière de hêtres pourpres.
Flore et végétation
Le Domaine de Buisseret ne semble pas avoir été l'objet d'études et d'inventaires botaniques dans le passé, hormis un relevé global réalisé en mars 1980 par L. Delvosalle (Jardin botanique de Meise) regroupant 88 espèces végétales. Les données présentées ci-après reposent sur des relevés préliminaires effectués le 24 juin 2022 par J.-Y. Baugnée (SPW-DEMNA) et J. Rouer (NATAGRIWAL), à la demande d'A. Delbruyère. Ces inventaires ont déjà permis d'y recenser environ 120 espèces de plantes supérieures, en plus des nombreux végétaux ornementaux qui composent le parc.
L'étang, d'une superficie d'environ 3 ha, est très proche du château ainsi que du canal Charleroi-Bruxelles (à une centaine de mètres plus à l'est). La rive nord-est, attenante au parc arboré, est bordée de diverses essences ornementales ainsi que de ligneux indigènes. Une végétation de roselière et de mégaphorbiaie occupe les espaces plus ouverts. Ces végétations frangeantes sont davantage développées le long de la berge opposée, en contact direct avec des prairies pâturées. Les phragmites (Phragmites australis) y constituent des rideaux continus larges de quelques mètres. On y observe également diverses autres plantes du bord des eaux comme l'iris jaune (Iris pseudacorus), la laîche aiguë (Carex acuta), la baldingère (Phalaris arundinacea), la morelle douce-amère (Solanum dulcamara), la salicaire (Lythrum salicaria), la renouée amphibie (Persicaria amphibia), le plantain d'eau (Alisma plantago-aquatica), la menthe aquatique (Mentha aquatica), le lycope d'Europe (Lycopus europaeus), le liseron des haies (Calystegia sepium), etc. Parmi les ligneux indigènes figurent l'aulne glutineux (Alnus glutinosa), le saule blanc (Salix alba), le saule cendré (Salix cinerea), etc.
Aucune végétation aquatique n'a été notée, mais la forte turbidité de l'eau ne facilite guère les observations. En outre, une densité élevée de poissons de forte taille (carpes notamment) constitue sans doute un facteur limitant le développement des herbiers aquatiques.
Sur la rive sud-ouest, une petite vasière protégée du piétinement par les bovins accueille une végétation de grève nitrophile caractérisée par la présence de la patience maritime (Rumex maritima), du plantain intermédiaire (Plantago major subsp. intermedia), de la renoncule scélérate (Ranunculus sceleratus), du jonc des crapauds (Juncus bufonius), de la gnaphale des mares (Gnaphalium uliginosum), du bident triparti (Bidens tripartita) ou encore de la callitriche des mares (Callitriche stagnalis).
Les pâtures s'étendant au-delà de cette rive sont de composition banale mais semble attractives pour les oiseaux car elles sont bordées de haies libres. Cependant, elles attirent aussi une importante troupe de bernaches du Canada (Branta canadensis) et d'ouettes (Alopochen aegyptiaca) mêlés de quelques bernaches nonnettes (Branta leucopsis).
Couvrant près de 20 hectares, le Bois de Buisseret est considéré comme une forêt ancienne subnaturelle, déjà figurée sur la carte de Ferraris, et qui abrite des espèces indicatrices et emblématiques telle que la jacinthe des bois (Hyacinthoides non-scripta), très abondante sous les hêtres et les chênes qui dominent le peuplement. Le massif est en outre traversé par une longue drève de hêtres pourpres pluricentenaires. Dans la partie sud du bois, à l'écart des sentiers, au fond d'un petit vallon, se trouve en outre une magnifique aulnaie marécageuse riche en laîche effilée (Carex strigosa), laîche espacée (Carex remota), gaillet des marais (Galium palustre), renoncule flammette (Ranunculus flammula), reine des prés (Filipendula ulmaria), canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), callitriche des mares (Callitriche stagnalis), etc. La présence de quelques touffes de laîche vésiculeuse (Carex vesicaria) mérite également d'être relevée en raison de la grande rareté de cette plante dans toute la région limoneuse.
Intérêt faunistique
Pour l'heure, aucun inventaire faunistique n'a été réalisé sur le Domaine de Buisseret en dehors du recensement hivernal des oiseaux d'eau, assuré quasi annuellement depuis 1994 par des observateurs locaux d'Aves-Natagora.
Selon une synthèse rédigée par D. Goris pour le compte des propriétaires en 2020, cela représente au total 74 visites hivernales concentrées autour du plan d'eau, au cours desquelles ont été notées 32 espèces palustres, les plus fréquemment et régulièrement observées tout au long de ces années étant la foulque macroule (Fulica atra), le canard colvert (Anas platyrhynchos), le héron cendré (Ardea cinerea), la mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus), le grand cormoran (Phalacrocorax carbo), le fuligule morillon (Aythya fuligula), le fuligule milouin (Aythya ferina), la gallinule poule d'eau (Gallinula chloropus), le grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), le grèbe huppé (Podiceps cristatus), sans oublier les omniprésentes exotiques bernache du Canada (Branta canadensis) et ouette d'Egypte (Alopochen aegyptiaca). Ces deux dernières espèces, présentes en nombre (jusque 215 ex. pour la première et une quarantaine pour la seconde), sont apparues sur le site en 2005-2006, en même temps qu'une petite troupe d'une dizaine d'individus probablement féraux de bernache nonnette (Branta leucopsis). D'autres espèces d'oiseaux font halte en plus petit nombre sur l'étang, c'est le cas pour la sarcelle d'hiver (Anas crecca), le canard chipeau (Anas strepera), ou encore le tadorne de Belon (Tadorna tadorna). D'autres encore sont franchement rares ou plus discrets, comme la bécassine des marais (Gallinago gallinago), le garrot à œil d'or (Bucephala clangula), le harle bièvre (Mergus merganser), la grande aigrette (Ardea alba), le martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), le canard siffleur (Anas penelope).
On notera que les effectifs de certains oiseaux se sont effondrés ces dernières années. C'est particulièrement flagrant pour le vanneau huppé (Vanellus vanellus), qui a pratiquement disparu au cours des années 2000 alors qu'une moyenne de 280 individus étaient comptabilisés auparavant (avec un maximum de 800 ex.). Cette chute d'effectif est sans doute à mettre en lien avec la raréfaction globale de cette espèce en Région wallonne. Une espèce commune telle que la mouette rieuse (Chroicocephalus ridibundus) connaît également une forte baisse dans ces comptages hivernaux au Domaine de Buisseret.
Parmi les hôtes de marque en passage, citons encore l'observation de 7 merles à plastron (Turdus torquatus) début mai 2014 dans les prairies autour de l'étang, ainsi que deux bihoreaux gris (Nycticorax nycticorax) en halte en juillet 2010!