1. L'Our (d'après DUVIGNEAUD, 1964).
Dans les eaux des rivières poussent Ranunculus penicillatus, Myriophyllum alterniflorum, Scapania undulata,...(CORINE 24.43). Une bryoflore diversifiée se développe sur les rochers, parfois asséchés, du cours d'eau (Rhacomitrium aciculare, Brachythecium rivulare, B. plumosum, Fontinalis squamosa, Rhynchostegium riparioides, Thamnium alopecurum). Un lichen aquatique y a été noté, Dermatocarpon aquaticum.
Sur le replat qui borde la rivière s'est établie une frênaie-aulnaie dans laquelle on note Populus tremula, Viburnum opulus, Carpinus betulus, Corylus avellana, Acer pseudoplatanus, Tilia cordata, Quercus robur, Prunus padus,... sur une strate herbacée formée de hautes herbes hygrophyles (Filipendula ulmaria, Festuca gigantea, Deschampsia cespitosa, Valeriana repens, Impatiens noli-tangere, Persicaria bistorta,... d'espèces fontinales (Chrysosplenium oppositifolium), etc. (CORINE 44.32). Diverses espèces montagnardes neutrophiles les accompagnent : Ranunculus platanifolius, Poa chaixii, Daphne mezereum, Pulmonaria montana, Phyteuma nigrum, etc.
Cette forêt a été en grande partie enrésinée.
Là où elle a été détruite et remplacée par des prairies de fauche on observe :
- une ceinture d'hélophytes à Menyanthes trifoliata, Phalaris arundinacea, Sparganium erectum, Iris pseudacorus, Solanum dulcamara,...;
- une cariçaie à Carex rostrata, C. acuta, localement très étendue (entre Our et le moulin d'Our, sur la rive gauche de la rivière), riche en Juncus acutiflorus, Hydrocotyle vulgaris, Valeriana dioica, Cardamine amara, Viola palustris, Lotus pedunculatus, Lysimachia vulgaris, Epilobium palustre, Galium uliginosum, etc (CORINE 53.214);
- une filipendulaie (CORINE 37.1) à flore plus ou moins diversifiée suivant les endroits (Stellaria nemorum, Phalaris arundinacea, Lychnis flos-cuculi, Achillea ptarmica, Crepis paludosa, Scirpus sylvaticus, Persicaria bistorta, Urtica dioica, Galium aparine,... ou encore Comarum palustre, Agrostis canina, Caltha palustris, Equisetum fluviatile, Stachys palustris,... et même Wahlenbergia hederacea (non revu récemment);
- des prairies sèches, dans les parties de la vallée qui ne sont plus atteintes par les crues de la rivière et où l'irrigation a été pratiquée jadis. Elles sont d'une grande richesse floristique et étaient jadis répandues dans toutes les vallées ardennaises. Elles rassemblent des espèces des prairies sèches (diverses graminées et Chrysanthemum leucanthemum, Campanula rotundifolia, Achillea millefolium,...), des prairies humides non amendées du Molinion (Selinum carvifolia, Scorzonera humilis, Dactylorhiza maculata, Succisa pratensis,...), des prairies acides (Danthonia decumbens, Lathyrus linifolius var. montanus,...), des espèces calcicoles (Knautia arvensis, Primula veris, Briza media, Sanguisorba minor,...), des espèces montagnardes et forestières (Alchemilla glabra, A. xanthochlora, A. vestita, Narcissus pseudonarcissus,...). La recolonisation forestière se fait surtout par les aulnes, les frênes et les saules. La plupart de ces prairies sèches sont aujourd'hui enrésinées.
2. La Lesse
Sur les îlots, restés très naturels qui encombrent la rivière, on observe une aulnaie dont la strate herbacée comporte de hautes herbes hygrophiles comme Deschampsia cespitoqa, Festuca gigantea, Persicaria bistorta, Angelica sylvestris, Iris pseudacorus, Heracleum sphondylium, Solanum dulcamara, Stellaria nemorum, mais aussi une forte proportion de plantes neutrophiles telles Mercurialis perennis, hedera helix, Lamium galeobdolon subsp. montanum, Polygonatum multiflorum, Brachypodium sylvaticum, Arum maculatum, Daphne mezereum, etc. Quelques pieds de Tilia cordata sont présents ainsi que quelques espèces montagnardes (Polygonatum verticillatum).
De très intéressantes prairies subsistent par endroits, dans les bas de pente. On y note des graminées comme Holcus lanatus, Festuca nigrescens, dominantes, et quelques Arrhenatherum elatius, Trisetum flavescens, Phleum pratense, Dactylis glomerata. A côté d'elles poussent Filipendula ulmaria, Achillea ptarmica, Valeriana repens accompagnées de Pulmonaria montana, Veronica chamaedrys, Alchemilla xanthochlora, A. glabra, Stellaria graminea, Knautia arvensis, Pimpinella saxifraga, Lathyrus linifolius var.montanus, Leontodon hispidus, Ranunculus serpens, Colchicum autumnale (CORINE 38.22) et bien d'autres espèces. Dans la plaine alluviale par contre, ce sont les hautes herbes hygrophiles qui dominent : Filipendula ulmaria, Stachys palustris, Phalaris arundinacea, Valeriana repens, Angelica sylvestris, Lysimachia vulgaris, Scirpus sylvaticus, Festuca gigantea, Lychnis flos-cuculi, etc.
Des vases portent des plantes du Bidention et du Nanocyperion : Bidens tripartita, Persicaria maculosa, Juncus bufonius, Gnaphalium uliginosum, etc.
(D'après DUVIGNEAUD, 1964).
'Des prairies de fauche, parfois très éloignées des lieux d'habitation, ornaient jadis beaucoup de rives convexes des cours d'eau, les rives concaves, à pente plus forte, étant restées généralement boisées. Elles occupaient le fond de la vallée (plaine alluviale, replats à proximité de la rivière) et même les pentes faibles dans le bas des versants.
Aujourd'hui, sur les 6 km à vol d'oiseau qui séparent Our du pont des Barbouillons, il n'en reste plus qu'une, et pour combien de temps encore ? Ces prairies produisaient une herbe basse, variée, aux senteurs multiples, qui devait présenter pour le bétail un attrait incontestable. Elles donnaient du foin d'excellente qualité, d'autant plus précieux pour le paysan ardennais que le bétail était souvent condamné par les rigueurs de l'hiver à une longue stabulation. Ces prairies étaient dès lors l'objet de soins attentifs. Les parties les plus basses, donc les plus humides étaient drainées et de petits fossés, conduisant l'eau vers la rivière, permettaient un assèchement relatif du sol. L'herbe, surtout au printemps et au moment de la repousse estivale, risquait au contraire de souffrir de la sécheresse dans les parties les plus hautes des prairies. Des canaux allaient prendre l'eau loin en amont et l'amenaient par des rigoles, dans la partie supérieure de chaque prairie, à la limite presque horizontale de celle-ci avec la lisère du bois. Il en résultait un apport non seulement de l'eau nécessaire à la croissance de la prairie, mais également de substances dissoutes et parfois de limon alluvial.
Depuis longtemps les prés écartés ont été désertés et couvertis en peuplements serrés d'épicéas. L'enrésinement des fonds de vallée devient général'.
D'après Ferraris le site était jadis occupé par des prairies de fond de vallée et des bois.