A. REMACLE (1999, mise à jour en 2009): Le site est localisé sur le relief cultivé s'étendant entre Muno et Fontenoille, à proximité du réservoir de Fontenoille. Il se trouve à moins de 500 m à l'ouest de ce village. On y a exploité des grès calcarifères du sinémurien. Il est accessible par le chemin reliant le réservoir au village de Fontenoille, parallèlement à la route Watrinsart-Fontenoille. Il peut être divisé en quatre parties:
- au nord du chemin, vers l'ouest, la partie A couverte d'une friche rudérale sur des terres apportées; elle comprend cependant des plages à végétation assez intéressante, notamment le long du chemin;
- au nord du chemin, vers l'est, la partie B, en légère pente vers l'est. Le sol, encore pierreux et couvert d'une végétation discontinue en 1999, est actuellement occupé par une pelouse de plus en plus dense et de plus en plus réduite par suite du développement des ligneux et de la progression des plantes rudérales et des ronces;
- au sud du chemin, vers l'ouest, la partie C clôturée qui correspond à l'ancien dépotoir et est couverte d'une friche de faible intérêt;
- au sud du chemin, vers l'est, la partie D où la végétation est assez hétérogène.
Le site a fait l'objet de tentatives de boisement avec des feuillus (faible reprise). Il est ceinturé d'un rang de peupliers.
En 1999, un tas de bois important est présent en bordure de la partie B. Actuellement, la fréquentation est sporadique par les riverains (surtout la partie B, la plus accessible).
Un dépotoir fermé en 1981 a été recouvert de terres. Quelques déchets sont visibles dans la partie A (petite zone boisée).
L'environnement du site est constitué de prés.
A. REMACLE (1999, mise à jour en 2009): Tout le site a fait l'objet d'une plantation d'essences feuillues (Prunus avium, Quercus rubra, Populus sp.), avec un taux d'échec important, surtout dans la partie B.
La partie A est largement couverte d'une friche composée de diverses espèces pionnières des milieux anthropiques. Vers l'ouest, où furent surtout plantés des merisiers, l'espèce dominante est l'invasive Solidago gigantea qui y forme par endroits un peuplement quasi monospécifique. Vers l'ouest, où subsistent surtout des chênes d'Amérique, la friche est dominée par Tanacetum vulgare, Rubus spp., Urtica dioica, Artemisia vulgaris, Heracleum sphondylium et Calystegia sepium, mêlés localement de Solidago gigantea. Des massifs de la graminée Calamagrostis epigejos se trouvent un peu partout dans ce secteur.
Au sein de la friche, là où le substrat est relativement superficiel, quelques aires abritent des plantes de pelouses sèches, comme Genistella sagittalis, Centaurea scabiosa et Thymus pulegioides. Cette partie comprend une zone boisée sur un substrat exogène (ligneux spontanés et plantés dont la croissance est plus forte ici). Le tapis herbacé y est discontinu et composé de nitrophytes, comme Aegopodium podagraria, Urtica dioica, Galium aparine et Fallopia japonica.
La pelouse de la partie B, la plus intéressante du site, a été décrite par CHAMPLUVIER (2000) comme un Mesobrometum. Il s'agit d'une pelouse sur sol calcaire, sec à frais, dominée par des espèces calcicoles pérennes comme Bromus erectus, Koeleria sp., Carex flacca, Helianthemum nummularium, Sanguisorba minor, Scabiosa columbaria,… Elle présente une particularité due à une certaine décalcification du substrat qui se marque par la présence d'espèces acidoclines, en particulier Genistella sagittalis, assez abondant. L'espèce phare de cette pelouse est Coeloglossum viride, orchidée très rare dans le district phytogéographique lorrain; observée dans le site avant son remaniement (1985), elle a été retrouvée en 1999 par D. Champluvier et y est encore présente.
En fonction du caractère plus ou moins superficiel du substrat, des espèces prairiales de l'Arrhenatheretalia (entre autres Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Achillea millefolium), sont plus ou moins abondantes. Le développement des arbres et arbustes mais aussi des grandes herbacées rudérales (dont Solidago gigantea) et des ronces entraîne une réduction de la surface de pelouse.
Sur l'ancien dépotoir (partie C) s'est développée une friche composée de diverses graminées (Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Holcus lanatus, Festuca arundinacea, Deschampsia cespitosa, Agrostis gigantea,…), de ronces (Rubus spp.), de Tanacetum vulgare, Urtica dioica, Leucanthemum vulgare, etc. Les espèces invasives, en particulier Solidago gigantea, y sont nettement moins abondantes que dans la friche de la partie A au nord du chemin.
Plusieurs touffes de Veronica du groupe de V. austriacum/teucrium (probablement introduit) y ont été observées en 1999 et 2009, de même que quelques plants d'Ajuga genevensis.
La partie D, assez hétérogène, comprend des zones envahies de buissons épineux formant une fruticée, des plages couvertes d'une végétation de friche, des ronciers et, à l'extrémité ouest, un lambeau de pelouse altéré. Cette partie a vu son intérêt décroître depuis 1995 suite au développement des ligneux.
CHAMPLUVIER (2000) a effectué des relevés au sein des pelouses à orchis grenouille en 1985 et en 1999 et a observé:
* des espèces caractéristiques du Mesobrometum et du Mesobromion: Bromus erectus, Sanguisorba minor, Primula veris, Galium verum, Centaurea scabiosa, Coeloglossum viride, Anthyllis vulneraria, Euphorbia cyparissias, Briza media, Carex flacca, Pimpinella saxifraga, Linum catharticum, Cirsium acaule, Carex caryophyllea, Koeleria macrantha, Leontodon hispidus, Ononis repens, Avenula pubescens, Potentilla neumanniana, Ranunculus bulbosus, Thymus pulegioides, Silene vulgaris, Cerastium arvense, Lotus corniculatus, Trifolium medium, Scabiosa columbaria;
* des espèces caractéristiques et différentielles de la sous-association à Genistella sagittalis, Galium pumilum, Luzula campestris, Hieracium umbellatum, Solidago virgaurea, Campanula rotundifolia, Danthonia decumbens, Cytisus scoparius;
* des espèces prairiales : Achillea millefolium, Trisetum flavescens, Plantago lanceolata, Knautia arvensis, Campanula rapunculus, Rumex acetosa, Poa pratensis, Anthoxanthum odoratum, Rhinanthus minor, Agrostis capillaris, Carex hirta, Hypericum perforatum, Medicago lupulina, Vicia cracca, Phleum nodosum (= bertolonii), Dactylis glomerata, Tragopogon pratensis, Arrhenatherum elatius, Tanacetum vulgare, Centaurea jacea subsp. grandiflora (= thuillieri), Stellaria graminea, Trifolium pratense, Senecio jacobaea;
* les espèces pionnières Daucus carota et Equisetum arvense.
Cet auteur signale également la présence dans les environs de la station de Botrychium lunaria , aujourd'hui apparemment disparue.
La faune locale est assez riche et comprend plusieurs espèces rares.
Parmi les oiseaux, on peut relever la présence de l'hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), de la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), du bruant jaune (Emberiza citrinella), de la linotte mélodieuse (Carduelis cannabina), etc.
Le site héberge trois espèces de reptiles: l'orvet (Anguis fragilis), le lézard vivipare (Zootoca vivipara) et le lézard agile (Lacerta agilis). Cette dernière espèce fut observée à plusieurs reprises entre 1995 et 1999 (adultes et juvéniles). Elle était connue avant le comblement de la carrière, mais semblait avoir disparu du site (A. Lejeune, comm. or.).
L'entomofaune y est très diversifiée. On y a observé notamment 12 espèces d'Orthoptères, dont Metrioptera bicolor (abondante), Tettigonia cantans (plus abondante que T. viridissima), Gomphocerippus rufus, Omocestus viridulus, Myrmeleotettix maculatus (non revu en 2009) ainsi que le rare Decticus verrucivorus (au moins 16 chanteurs en 1995, mais aucun en 2009, cf REMACLE, 2017).
Les Lépidoptères Rhopalocères comprenaient dans les années 1990 pas moins de 40 espèces différentes (d'après des observations effectuées par Y. Valenne en 1999 et secondairement par A. Remacle en 1995 et 1999). Il est cependant probable que le site ait perdu une partie de cette diversité. La présence d'une population de Spialia sertorius, décelée dès 1999, est intéressante car cette espèce est devenue extrêmement rare en Lorraine. Deux espèces de zygènes y ont été observées: Zygaena filipendulae et Z. viciae (obs. Y. Valenne, 1999).
En 1999, le site abritait un remarquable peuplement d'Hyménoptères apoïdes, caractérisé en particulier par l'abondance des abeilles hélicicoles Osmia bicolor, O. aurulenta et Hoplitis spinulosa, ainsi que Anthidium manicatum, Anthidium oblongatum et Trachusa byssina. Des espèces terricoles nidifiaient dans les petites plages sableuses du site et sur le chemin: entre autres l'abeille Panurgus calcaratus et le sphécide Cerceris rybyensis. D'autres espèces avaient alors été recensées: les andrénides Andrena chrysosceles, A. hattorfiana, A. nitida et A. tibialis; les halictides Halictus rubicundus, H. tumulorum, Lasioglossum leucozonium et L. villosulum (dét. A. Pauly); les Pompilides Caliadurgus fasciatellus et Episyron albonotatus (rarissime en Wallonie - dét. R. Wahis); les Sphécides Ammophila sabulosa, Argogorytes mystaceus et Lindenius albilabris. Aucun recensement n'a été réalisé depuis lors. En 2009, les parties encore sableuses du chemin abritent en faible nombre des nids de quelques espèces, dont ceux de l'abeille protégée Panurgus calcaratus. L'abondance des fabacées offre une source de nourriture importante pour les abeilles solitaires, dont Anthidium punctatum, observé en 2009.