Le site est constitué de deux anciennes carrières contiguës et est localisé en Lorraine, le long de la route N83 Arlon-Florenville, aux confins des anciennes communes de Vance et de Hachy (la plus grande partie étant toutefois située sur le territoire de cette dernière). Inclus dans une zone de très grand intérêt biologique, il est bordé au nord de la route par le marais de Sampont, au sud par le camp militaire de Lagland. A l'est, le long de cette même route, s'étend une carrière toujours active.
Les deux carrières ont été creusées à flanc de colline dans les grès et sables calcarifères du sinémurien, à une altitude d'environ 350 m. La Semois coule à moins de 250 m au nord du site.
L'état du site décrit ci-dessous se base sur des observations effectuées durant les années 1990 (A. Remacle).
A. Partie occidentale (= vieille carrière de Vance):
La falaise principale, composée de grès alternant avec des bancs de sable, est parallèle à l'axe routier et se prolonge dans la carrière voisine; elle est exposée au nord. Cette ancienne carrière comprend de façon simplifiée:
- un petit pré sec envahi de Cytisus scoparius et de bouleaux au niveau de la route (près de l'abribus);
- une partie limitée au sud et à l'ouest par la falaise principale, couverte d'une pelouse sur sol sec très discontinue, en partie colonisée (surtout à l'ouest) par des pins et des bouleaux;
- une étendue plane de sable meuble (avec pierres) à l'est, faiblement colonisée par la végétation;
- un replat très peu arboré dominant la mare, colonisé surtout par une végétation de pelouse sèche;
- une mare allongée le long de la route, de 2-4 ares.
En 1999, des prélèvements de sables ont été effectués par la société SETIM, principalement dans la partie basse qui a par conséquent été fortement remaniée.
B. Parties centrale et orientale (= carrière du Grand Haut de Villers):
Le site est en grande partie occupé par une pièce d'eau d'un ha environ, limitée vers le sud par une falaise subverticale (± 15 m de hauteur) parallèle à la route, vers l'ouest et l'est par un rail de sécurité installé en bordure d'étang et vers le nord par un talus sableux/pierreux surmonté d'un chemin qui longe le site parallèlement à la route.
La partie hors eau de la carrière peut être divisée en trois secteurs:
- au nord de l'étang, le secteur A qui comprend essentiellement le chemin et ses bordures, ainsi que le talus donnant sur la pièce d'eau; la végétation ligneuse jeune y est assez dispersée;
- à l'est de l'étang et à l'ouest du chemin montant vers la carrière de Transchier et le bois de Fouches, le secteur B qui comprend une étendue plane où sont stockées d'anciens engins d'exploitation et vers l'est un entrepôt entouré d'un treillis. Une petite partie de ce secteur (vers l'étang) commençait à être couverte en été 1995 de tas de terre et de sable;
- au sud-est, le secteur C, plus ou moins plat vers l'est et en pente (ascendante) vers l'ouest (jusqu'à un champ). Le sol, globalement fort dénudé, est sableux avec des pierres et graviers par endroits. La partie sud comprend de nombreux tas assez nus. Ce secteur est envahi par de jeunes ligneux.
Fréquentation du site: tout à fait ouvert et accessible à partir de la route, le site fait l'objet de divers dépôts ponctuels (surtout dans la partie supérieure) mais reste globalement assez propre; il semble fréquenté par certains engins motorisés (motos et VTT).
La flore de la carrière a été décrite par A. REMACLE (1995) dans le cadre de l'inventaire des carrières et sablières désaffectées de Wallonie.
A. Partie occidentale (= ancienne carrière de Vance):
La végétation ligneuse, encore jeune, est surtout abondante au pied de la falaise et à l'un ou l'autre endroit: Pinus sylvestris, Betula pendula, mais aussi Picea abies, Larix decidua, Populus tremula, Fagus sylvatica, avec Cytisus scoparius et quelques Genista pilosa. De jeunes arbres commencent à envahir la falaise. Présence de Viola tricolor et Linaria vulgaris, notamment, sur la falaise, ainsi que Hieracium lachenalii, Valeriana repens, quelques hampes d'Epipactis atrorubens et une trentaine d'Epipactis helleborine au pied de celle-ci.
Le petit pré en bordure de route comprenait en 1995 Centaurea scabiosa, Achillea millefolium, Cirsium arvense, Crepis capillaris, Hypochaeris radicata, Erigeron acer, Echium vulgare, Hypericum perforatum, Trifolium campestre, Lotus corniculatus, Thymus pulegioides, Sanguisorba minor, Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, ...
Ailleurs, le site présente un sol assez nu, colonisé par diverses plantes de pelouses sur sol sec: e.a. Hieracium pilosella, Hypochoeris radicata, Senecio jacobaea, Leontodon hispidus, Erigeron acer, Centaurea scabiosa, Scabiosa columbaria, Hypericum perforatum, Jasione montana, Acinos arvensis, Sedum acre, Anthyllis vulneraria, Vicia sativa, Trifolium arvense, T. campestre, Lotus corniculatus, Silene vulgaris, Cerastium semidecandrum, C. arvense, Arenaria serpyllifolia, Pimpinella saxifraga, Euphorbia cyparissias, Potentilla neumanniana, Erophila verna, Cardaminopsis arenosa, Galium verum, Luzula campestris, Corynephorus canescens (0,5 m2 en 1995), Poa compressa, Cladonia sp., mousses. On y trouve aussi Oenothera biennis, Echium vulgare, Equisetum arvense, Melilotus albus, Vicia cracca, Artemisia vulgaris, Erigeron annuus, Conyza canadensis, Hieracium umbellatum, Achillea millefolium, Leucanthemum vulgare, Knautia arvensis, Plantago lanceolata, Epipactis helleborine (quelques hampes), Saxifraga granulata, Thlaspi arvense, Calamagrostis epigejos,...
La végétation de la mare n'a pas été inventoriée.
B. Parties centrale et orientale (= carrière du Grand Haut de Villers):
La falaise est de plus en plus colonisée par les ligneux: jeunes Picea abies, Pinus sylvestris et feuillus.
L'étang est entouré de façon très discontinue par de jeunes ligneux: principalement Salix div. sp., Betula pendula et Betula pubescens, quelques Alnus glutinosa. Dans l'eau, plusieurs massifs de Phragmites australis et de Typha latifolia, Potamogeton sp., Ranunculus (Batrachium) sp. Présence de carpes.
Le secteur A est envahi par une végétation ligneuse de plus en plus abondante: Pinus sylvestris, Salix div. sp., Betula pendula, Betula pubescens (vers l'étang), Cytisus scoparius et Genista pilosa (peu abondant au total); vers la route, jeunes Populus tremula et ronciers. La végétation herbacée y est très discontinue et surtout composée d'espèces de pelouses sèches et d'espèces pionnières des milieux anthropiques. On y a relevé: Cardaminopsis arenosa (très abondant à certains endroits), Arabidopsis thaliana, Erophila verna, Silene vulgaris, Cerastium semidecandrum, C. arvense, Arenaria serpyllifolia, Anthyllis vulneraria, Melilotus albus, Medicago lupulina, Trifolium arvense, T. campestre, Genista pilosa, Thymus pulegioides, Acinos arvensis, Rhinanthus minor (belle station), Rumex acetosella, Hypericum perforatum, Sedum acre, Euphorbia cyparissias, Erodium cicutarium, Scabiosa columbaria, Hypochaeris radicata, Erigeron acer, E. annuus, Senecio jacobaea, Achillea millefolium, Artemisia vulgaris, Taraxacum, Tanacetum vulgare, Tussilago farfara, Reseda lutea, Echium vulgare, Myosotis ramosissima, Verbascum nigrum, Anthoxanthum odoratum, Corynephorus canescens (3 m2 en 2002), Poa compressa, Epipactis helleborine, Epipactis atrorubens, Equisetum arvense, ...
Le secteur B, le plus remanié, est pauvre en végétation (e.a. Cardaminopsis arenosa).
Le secteur C est envahi par de jeunes Pinus sylvestris, Betula et Picea abies. On y trouve nombre de plantes du secteur A: e.a. Cardominopsis arenosa, Cerastium arvense, Herniaria glabra, Potentilla neumanniana, Anthyllis vulneraria, Trifolium dubium, Sedum acre, Centaurea scabiosa, Scabiosa columbaria, Hieracium pilosella, Acinos arvensis, Epilobium angustifolium. Vers l'est de ce secteur, au sud du chemin, plage de Corynephorus canescens (12-15 m2 en 1995).
En 2008 (obs. A. REMACLE), de petites ornières étaient présentes près du hangar dans la partie orientale du site (en zone Natura 2000 !), avec Carex flava (quelques m2), Centaurium pulchellum, Centaurium erythraea, ...
La faune des deux carrières n'a jamais fait l'objet de synthèses bien qu'elles aient été souvent visitées par les naturalistes, notamment entomologistes.
Le plan d'eau héberge un cortège d'odonates assez riche, avec au moins 18 espèces recensées durant les années 1999-2004, dont certaines rares comme Orthetrum coerulescens, Somatochlora flavomaculata (probablement en provenance du marais de Sampont), Sympecma fusca (données du GT Gomphus).
Selon la base de données du GT Lycaena, plus de 30 espèces de Lépidoptères rhopalocères y ont été observées depuis 2002, notamment le rare thécla de l'yeuse (Satyrium ilicis) et la mélitée du plantain (Melitaea cinxia). Le site abritait jadis aussi l'azuré du serpolet (Phengaris arion) (dernière observation en 1989).
Le site est très riche en Hyménoptères aculéates (obs. A. Remacle). Au printemps, on y observe une agrégation spectaculaire de nids de l'abeille Colletes cunicularius (> 6.000 nids en 1995), surtout concentrés dans les zones sableuses dépourvues de ligneux ainsi que sur le talus dominant l'étang. Sur celui-ci sont présentes également une petite colonie d'Andrena vaga (>50 nids) ainsi que la banale Andrena flavipes. En été, une vaste population du sphécide Philanthus triangulum (> 500 nids en 1994) est notée vers l'est du site. De nombreuses autres espèces s'y reproduisent, dont les abeilles Andrena hattorfiana, Panurgus calcaratus, Dasypoda hirtipes, Anthidium punctatum, Proanthidium oblongatum, les sphécides Ammophila sabulosa, Ammophila pubescens, Podalonia affinis, Podalonia hirsuta, Alysson spinosus, Crabro peltarius, Crossocerus wesmaeli, Lindenius albilabris, Nysson niger, Oxybelus bipunctatus, Cerceris rybyensis, Trypoxylon clavicerum, les pompiles Anoplius infuscatus, Anoplius viaticus et Caliadurgus fasciatellus, les chrysidides Elampus panzeri, Hedychridium ardens, Hedychrum nobile, Hedychrum rutilans, Holopyga generosa.
Les coléoptères ont été inventoriés par J.-M. Warlet de 1950 à 2007 et plus récemment par M. Delwaide et Y. Thieren de 1999 à 2008, suivant des méthodes habituelles que sont la chasse à vue et au filet et le tamisage de litière (DELWAIDE & THIEREN, 2010). Près de 190 espèces y ont été recensées parmi lesquelles figurent de nombreux éléments intéressants, rares ou même peut-être disparus en Wallonie, certaines captures anciennes n'ayant plus été répétées par la suite. Des 30 espèces de Carabidae, on peut retenir plus particulièrement Broscus cephalotes, Calathus erratus, Carabus cancellatus, Carabus convexus, Agonum (Europhilus) gracile, Amara bifrons, Amara cursitans, Amara tibialis, Pseudoophonus griseus, Notiophilus germinyi, Tachys parvulus, Syntomus truncatellus, Asaphidion pallipes, Masoreus wetterhallii, Licinus depressus, Harpalus anxius, Dyschirius angustatus. Plusieurs de ces carabes sont typiquement psammicoles et sont rares et très localisées en Wallonie. Parmi les «lamellicornes» se distinguent Anomala dubia, Psammodius asper (=sulcicollis), Omaloplia ruricola, Melolontha hippocastani, Diastictus vulneratus. Deux espèces de Cerambycidae méritent mention, à savoir Aromia moschata, pas vraiment rare mais légalement protégé en Région wallonne, et Cortodera humeralis, espèce rarement rencontrée sur le territoire belge où la majorité des données est surtout confinée à la Lorraine. Les Chrysomelidae comprennent divers représentants remarquables comme Cassida azurea, Cassida margaritacea, Cassida nobilis, Cassida sanguinolenta, Pachybrachys hieroglyphicus, Cryptocephalus rufipes, Chrysolina sanguinolenta (= marginalis), Gonioctena decemnotata. Des mentions douteuses de Cryptocephalus quadripustulatus et de Cryptocephalus sericeus sont également détaillées DELWAIDE & THIEREN (2010), la présence de ces deux espèces restant en effet à confirmer en Belgique. De nombreux Curculionioidea ont été récoltés dont Helianthemapion aciculare, Mogulones larvatus, Strophosoma faber, Sibinia subelliptica, Trichosirocalus rufulus, Tychius polylineatus, Trachyphloeus spinimanus, Orobitis cyanea, Neoglocianus maculaalba, Baris artemisiae, Cyphocleonus trisulcatus, Strophosoma sus (= lateralis), Auleutes epilobii, etc. La présence de Philopedon plagiatum est à confirmer car cette espèce typique des dunes littorales à Ammophila arenaria n'a été signalée que de la côte belge et de Campine. Enfin, deux espèces rares de Meloidae, Meloe rugosus et Cerocoma schaefferi, ne furent observées que très occasionnellement dans les années 1950 et ne sont peut-être plus présentes sur le site. Il faut encore mentionner les observations de l'Histeridae Haeterius ferrugineus en 1999 et 2005 (DELWAIDE & THIEREN, 2010). Le statut de cette rare espèce myrmécophile, vivant dans les nids de Formica et de Lasius, a récemment fait l'objet d'une synthèse par PARMENTIER et al. (2023).