Cette ancienne carrière est située entre les villages de Freylange à l'ouest et de Viville à l'est, au sud du bois de Beinert, sur la rive gauche du ruisseau de Freylange, affluent de la Semois. Elle a été creusée dans les grès et sables calcaires de la Formation de Luxembourg.
De façon simplifiée, elle peut être divisée en quatre parties (coordonnées Lambert du centroïde indiquées ci-dessous), en allant de l'entrée, au sud, vers le fond du site, au nord.
- Partie A (251990/44275): selon les endroits, partie rudéralisée et reboisée ou ouverte avec une végétation de pelouses intéressante; dans les années 1990, cette partie était altérée par des dépôt de déchets inertes (blocs de béton, pierres exogènes,... mais aussi asphalte), surtout à l'ouest du chemin d'accès. Un talus peu élevé limite cette partie vers l'ouest.
- Partie B (252000/44380): partie principale de la carrière correspondant au "fond" de l'excavation, au sol sableux plus ou moins pierreux selon les endroits (remblais localement). La falaise principale, haute de 6-8 m et constituée d'une alternance de bancs gréseux et sableux, limite cette partie vers le nord. La moitié sud de cette vaste zone est surélevée par rapport à la moitié nord (petit talus entre ces deux parties).
- Partie C (251960/44475): replats très secs, pierreux (dalle) ou sableux selon les endroits, dominant l'ouest de l'excavation.
- Partie D (252040/44560): replat septentrional dominant l'excavation vers le nord, au-dessus de la falaise principale.
Un chemin agricole longe la partie sud du site vers l'est. Un dépôt de pierres bleues subsiste près de ce chemin (intérêt pour les reptiles). Vers l'ouest, le site jouxte d'anciens prés de part et d'autre du ruisseau de Freylange.
En 1995, le sol de près de la moitié de la surface du site était nu, se colonisant lentement par une végétation de pelouses sèches, caractérisée par l'abondance de certaines plantes calciphiles: e.a. Anthyllis vulneraria, Acinos arvensis, Scabiosa columbaria. En 1999, la surface occupée par le sable encore meuble s'est réduite et la couverture végétale accrue. Les poacées du genre Koeleria (K. macrantha et K. pyramidata - la présence des deux espèces y était déjà signalée par Kerger et al., 1994) s'y sont fortement développées, de même que Hieracium pilosella. Les bordures sont davantage envahies par des ligneux: Salix caprea, Pinus sylvestris, Betula pendula, Populus tremula, Populus trichocarpa, Prunus spinosa, Crataegus monogyna,... Cytisus scoparius est présent un peu partout.
Les notes qui suivent décrivent la situation du site en 1995-1999.
Partie A: hormis des plages de plantes rudérales, cette zone comprend des portions de pelouses sèches séparées par des tas de déchets inertes. Outre diverses mousses et lichens, on y trouve Ranunculus bulbosus, Cerastium semidecandrum, C. arvense, Minuartia hybrida, Erophila verna, Saxifraga tridactylites, Potentilla neumanniana, Sanguisorba minor, Ononis repens, Genistella sagittalis, Vicia sativa, Lotus corniculatus, Euphorbia cyparissias, Pimpinella saxifraga, Thymus pulegioides, Galium verum, Scabiosa columbaria, Centaurea scabiosa, Senecio jacobaea, Luzula campestris,... mais aussi Saxifraga granulata, Veronica chamaedrys, Leucanthemum vulgare, Trifolium pratense, Lathyrus latifolius, Clinopodium vulgare,... La petite falaise éboulée (30-40 m de longueur sur 3-4 m de haut) limitant cette partie vers l'ouest est très intéressante: c'est là que se trouve une station de Lychnis viscaria (plusieurs touffes totalisant en 1995 une 40e de tiges florales), avec Petrorhagia prolifera, Acinos arvensis, Cerastium arvense, Saxifraga granulata, Genistella sagittalis, Hippocrepis comosa,...
Partie B: cette vaste zone est colonisée par une végétation herbacée de plus en plus continue et diversifiée. Elle est composée de Minuartia hybrida, Herniaria glabra, Arenaria serpyllifolia, Cerastium arvense, C. fontanum, C. semidecandrum, Erophila verna, Sedum acre, Anthyllis vulneraria (abondant par endroits), Lotus corniculatus, Trifolium campestre, Ononis repens, Medicago lupulina, Erodium cicutarium, Echium vulgare (abondant), Acinos arvensis, Campanula rapunculus, Hieracium pilosella, Erigeron acer, Matricaria maritima subsp. inodora, Conyza canadensis, Tussilago farfara, diverses graminées dont Vulpia myuros, Koeleria macrantha, K. pyramidata, Apera spica-venti, Phleum bertolonii, Bromus hordeaceus,... En 1999, de vieux fragments de troncs sont éparpillés un peu partout, sauf vers la falaise; la présence d'écorces n'influence pas encore de façon nette la composition de la végétation.
Partie C: ces replats très secs sont en grande partie couverts de Hieracium pilosella. On y trouve aussi des bryophytes, des lichens, des plages plus riches en graminées (forte progression de Koeleria sp.), Arenaria serpyllifolia, Cerastium semidecandrum, C. arvense, Minuartia hybrida, Erophila verna, Sedum forsterianum (assez abondant), Sedum acre, Anthyllis vulneraria (abondant), Lotus corniculatus, Ononis repens, Trifolium dubium, Euphorbia cyparissias, Myosotis ramosissima, Acinos arvensis, Thymus pulegioides, Veronica arvensis, Campanula rapunculus, Hypochaeris radicata, Erigeron acer, Leontodon hispidus, Centaurea scabiosa,... et en bordure (vers l'extérieur du site) des ronciers.
Partie D: ce replat encore assez dénudé présente une végétation herbacée de plus en plus abondante, avec des bouleaux, saules, pins et églantiers dispersés. Y poussent entre autres Arenaria serpyllifolia, Minuartia hybrida, Herniaria glabra, Cerastium fontanum, C. semidecandrum, C. arvense, Saxifraga granulata (en bordure), Sedum acre, Ononis repens, Anthyllis vulneraria (abondant), Genistella sagittalis (en bordure), Epilobium angustifolium, Geranium cicutarium, Echium vulgare, Euphorbia cyparissias, Acinos arvensis, Thymus pulegioides, Hieracium pilosella, Leontodon hispidus, Koeleria sp.,...
En 2011, la végétation de la carrière est altérée dans les zones utilisées pour les dépôts de grumes, surtout situées dans la partie B; on y retrouve cependant çà et là diverses espèces présentes ici dans les années 1990, par exemple Anthyllis vulneraria (abondant), Acinos arvensis, Thymus pulegioides et Minuartia hybrida. Les replats ouest et nord sont de plus en plus envahis par les ligneux pionniers, mais il y subsiste des zones encore ouvertes où la végétation de pelouses est aujourd'hui plus diversifiée qu'en 1995-1999. La partie sud (A), fortement modifiée lors de son assainissement, montre de nouveau une végétation de pelouses intéressante, apportant ainsi la preuve des grandes potentialités de recolonisation de la carrière. La végétation du talus limitant le site vers le ruisseau de Freylange reste très intéressante. Les ligneux pionniers, recoupés régulièrement à l'emplacement des dépôts de bois (e.a. Betula pendula, Pinus sylvestris, Salix spp., Populus trichocarpa), se développent de plus en plus sur les bordures du site, avec en conséquence un ombrage de plus en plus important dans certaines zones.
Même si l'intérêt de la carrière pour la faune s'est réduit en raison de son affectation et de son évolution naturelle (fixation du sable, colonisation ligneuse), cet ancien site d'extraction héberge encore diverses espèces patrimoniales, en particulier Lacerta agilis et Coronella austriaca parmi les reptiles, ainsi qu'un spectre relativement large de lépidoptères et d'hyménoptères aculéates.