D'une superficie légèrement supérieure à 8 ha, la réserve naturelle domaniale de Jamioulx occupe la plaine alluviale de l'Eau d'Heure, en rive droite de cet affluent de la Sambre, à peu de distance au sud du village de Jamioulx. Elle est longée à l'ouest par la ligne de chemin de fer Charleroi-Couvin, à l'est par le quartier du Laminoir, et au sud-est par le Bois de la Belle Taille.
Le site comprend une zone humide occupant la plaine alluviale, un versant boisé et une carrière abandonnée depuis les années 1950, incluant d'anciens fours à chaux ainsi qu'une zone de cendrées à leur pied, le tout à une altitude d'environ 130 m.
A cet endroit, la plaine alluviale est élargie et est séparée de l'Eau d'Heure par le talus du chemin de fer. Elle est partiellement drainée par une canalisation passant sous le chemin de fer.
La vallée de l'Eau d'Heure, au sud de Jamioulx, montre une coupe géologique classique soulignant le contact entre le bassin de Namur (terrains houillers du Namurien plus ou moins en place) et le bassin de Dinant (terrains éodévoniens, représentés d'abord par le Gedinnien supérieur). C'est la Grande Faille du Midi qui sépare ces deux ensembles. Au nord de cette faille, apparaît un lambeau de poussée représenté ici par des affleurements du Viséen supérieur, dont les calcaires ont été exploités anciennement dans la carrière de Jamioulx. La zone humide repose elle sur les alluvions modernes des vallées.
Du point de vue phytogéographique, le site est localisé dans le district mosan.
La réserve naturelle de Jamioulx comprend trois parties distinctes: une zone humide dans la plaine alluviale de l'Eau d'Heure, un boisement feuillus sur le versant est et une ancienne carrière.
Dans les années 1990, la végétation a été inventoriée par J. Leurquin (in LEURQUIN & VANDE VELDE, 1992) et ensuite par J. Saintenoy-Simon le 19 juin 1996. A cette époque, on rencontrait:
A. En descendant par l'entrée supérieure:
- des groupements très nitrophiles dans lesquels apparaissent Urtica dioica, Galium aparine, Poa trivialis, Glechoma hederacea, Chaerophyllum temulum, Anthriscus sylvestris, Rumex obtusifolius, Ranunculus repens, Artemisia vulgaris, Arrhenatherum elatius, Pimpinella major, Geum urbanum, Silene dioica, Dipsacus fullonum, etc. ainsi que des fourrés denses de Prunus spinosa, Rosa canina, Sambucus nigra, Cornus sanguinea, Clematis vitalba, Rubus sp...
- des bosquets assimilables à de la chênaie à charme.
B. Dans la carrière:
1°) sur les replats
- une pelouse calcaire rase, extrêmement dessechée à Sedum acre, Lepidium campestre, Geranium columbinum, Arenaria serpyllifolia, Hieracium pilosella, Sanguisorba minor, Taraxacum laevigatum, Linum catharticum,... où s'épanouit une touffe de trois pieds d'Anacamptis pyramidalis;
- un ourlet à Origanum vulgare, Hypericum perforatum, Inula conyzae, Lotus corniculatus, Viola hirta, Sanguisorba minor, Fragaria vesca, Brachypodium sylvaticum, Agrimonia eupatoria, Myosotis arvensis, Clinipodium vulgare...;
- des recolonisations forestières par Ligustrum vulgare, Cornus sanguinea, Rosa canina, Crataegus monogyna, Rubus sp., Quercus robur, Viburnum lantana...;
- des recolonisations par Betula pendula;
2°) dans les rochers
- des espèces de l'Alysso-Sedion comme Sedum album, S. acre, Echium vulgare, et des fougères (Polypodium vulgare, Asplenium ruta-muraria)...
C. Sur le versant de l'Eau d'Heure, une chênaie à charme à Mercurialis perennis, Hedera helix, Polygonatum multiflorum, Arum maculatum, Anemone nemorosa, Poa nemoralis...
D. Dans la plaine alluviale, une juxtaposition de groupements en pleine évolution:
- arrhénathéraie nitrophile à Urtica dioica, Galium aparine...;
- groupement à Eleocharis palustris;
- magnocariçaie à Carex disticha;
-mégaphorbiaie à Angelica sylvestris, Cirsium palustre, Carduus crispus, Epilobium hirsutum, Symphytum officinale, Valeriana repens, Lythrum salicaria, Lycopus europaeus, Scutellaria galericulata, Rumex conglomeratus...;
- jonchaie à Juncus inflexus, J. effusus...;
- roselière à Iris pseudacorus;
- éléments de prairie tels Stellaria graminea, Cruciata laevipes, Rumex acetosa, Rumex obtusifolius, Alopecurus pratensis, Lathyrus pratensis...;
- fragments de phalaridaies;
- fragments de filipendulaies;
- éléments d'aulnaie comme Dipsacus pilosus, abondant;
- Bidention fragmentaire à Ranunculus sceleratus, Persicaria hydropiper, etc.