PETIT et RAMAUT (1985) ont écrit au sujet de ce site récent: "L'événement le plus spectaculaire qui a marqué la Montagne-Saint-Pierre durant ces dernières années est sans conteste la colonisation d'un milieu neuf au pied du Thier de Lanaye. Le dépôt de vases de dragage du canal Albert sur une surface de quelques hectares a vu s'installer une formation boisée peu dense composée de diverses espèces de Salix (S. alba, S. caprea, S. viminalis) et de Betula pendula. Depuis cinq ou six ans (1980), on a pu y assister à une apparition réellement explosive de diverses orchidées représentées parfois par de très nombreux exemplaires : Dactylorhiza praetermissa subsp. integrata, Dactylorhiza fuchsii, Dactylorhiza praetermissa subsp. integrata x fuchsii. Ce sont ces deux Dactylorhiza et leur hybride qui dominent dans le site. En 1984, on pouvait évaluer l'importance de leurs peuplements à un bon millier d'exemplaires."
Quelques années après, COULON (1990) note que "des populations hybrides de formule Dactylorhiza praetermissa x D. fuchsii, très rares dans le passé (puisque le premier hybride a été signalé par J. PETIT en 1981 et qu'en 1982, lors d'une excursion de la Société française d'Orchidophilie, trois ou quatre plantes avaient été observées), sont aujourd'hui absolument dominantes et représentées par des milliers de pieds. En conclusion, il semble que D. praetermissa subsp. integrata tende à disparaître, probablement absorbé par les hybrides. Il semble ici incapable de se maintenir en populations pures lorsqu'il est en contact avec d'autres Dactylorhiza. On se trouve donc devant une introgression avec absorption de l'un des parents, les hybrides, polymorphes, devenant de plus en plus nombreux."
Ces plantes hybrides entre Dactylorhiza praetermissa et D. fuchsii, caractérisées notamment par leur grande taille et connues uniquement de la Montagne Sainte-Pierre, ont été tout récemment redécrites par KREUTZ (2017) qui propose une nouvelle combinaison, Dactylorhiza x grandis nothosubsp. montis-mosae, littéralement l'orchis du Mont de Meuse.
D'autres orchidées existent dans le site: Orchis militaris, Orchis anthropophora, Anacamptis pyramidalis, Epipactis helleborine, E. atrorubens, Platanthera chlorantha, Listera ovata. Si les orchidées sont toujours bien présentes au fil des ans, leur abondance peut varier fortement. En 2014-2015, on a pu en outre observer plus d'une cinquantaine d'exemplaires d'Orchis x spuria, c'est-à-dire l'hybride (très rare!) entre Orchis militaris et Orchis anthropophora. Une espèce nouvellement décrite en 2017, à savoir Platanthera muelleri, est également signalée sur le site (BAUM, 2017).
D'après des observations du 17 juillet 1996, on note dans la réserve:
- Au nord, un bois d'érables sycomores à flore nitrophile. Un relevé phytosociologique montre dans la strate arborée: Acer pseudoplatanus et son cultivar Purpureum (2.2), Fraxinus excelsior (2.2), Hedera helix; dans la strate arbustive: Acer pseudoplatanus (2.2), Fraxinus excelsior (1.1), Crataegus monogyna (2.2), Cornus sanguinea (2.2), Sorbus aucuparia (1.1), Corylus avellana (1.1), Rubus sp. (2.2); dans la strate herbacée: Urtica dioica (3.3), Galium aparine (1.2), Geum urbanum (1.2), Glechoma hederacea (1.2), Anthriscus sylvestris (1.1), Stachys sylvatica (+), Poa trivialis (+).
- Approximativement au centre de la réserve, des friches qui sont très riches floristiquement. Quelques ligneux y sont dispersés : Rhamnus cathartica, Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, Salix viminalis, S. caprea, Prunus serotina, Cornus sanguinea, Crataegus monogyna, Rosa rubiginosa, R. canina, Rubus sp. (localement abondant)... La flore herbacée est très variée; elle comprend, à côté de plantes de friches ou de plantes hygrophiles, de nombreuses espèces calcicoles: Rhinanthus alectorolophus, Lotus corniculatus, Silene latifolia subsp. alba, Ononis repens, Origanum vulgare, Centaurea thuilleri, Galium verum, Carex flacca, Medicago lupulina, Picris hieracioides, Inula conyzae, Agrimonia eupatoria, Echium vulgare, Daucus carota, Lathyrus sylvestris, Glechoma hederacea, Medicago sativa, Hypericum perforatum, Pulicaria dysenterica, Erigeron acer, Senecio erucifolius, Symphytum officinale, etc. On note ici et là des plages d'Arrhenatherum elatius ou de Calamagrostis epigeios.
- Des bosquets (qui constituent l'oseraie proprement dite) avec dans la strate arborée Betula pendula (3.3), Salix caprea (3.3), Alnus glutinosa (+), Salix alba, Salix viminalis, Robinia pseudoacacia (1.1); dans la strate arbustive: Crataegus monogyna (1.1), Quercus petraea (1.1), Cornus sanguinea (2.2), Corylus avellana (1.2), Sorbus aucuparia (1.1), Fraxinus excelsior (+), Viburnum opulus (+), Populus tremula (+), Euonymus europaeus (+), Rubus sp. (2.2) ; et dans la strate herbacée : Pyrola rotundifolia (3.3), Listera ovata (1.1), Epipactis helleborine (+), Orchidées div. sp. (2.2), Eupatorium cannabinum (1.1), Lathyrus sylvestris (1.1), Equisetum arvense (1.1), Lotus corniculatus (1.2), Erigeron annuus (1.2), Clinopodium vulgare (1.1), Fragaria vesca (1.2), Leontodon hispidus (1.1), Achillea millefolium (1.1), Anthyllis vulneraria, Astragalus glycyphyllos, Agrimonia eupatoria, Senecio jacobaea, S. erucifolius, Brachypodium sylvaticum, Galium verum, Picris hieracioides, Hieracium sabaudum, Tussilago farfara, Clematis vitalba, etc. A certains endroits Phragmites australis est envahissant. De très nombreux sentiers parcourent ce bosquet.
Trois mares furent creusées en 1988 au sud de la réserve. Seule la plus grande d'entre elles est encore sous eau. A côté d'espèces indigènes (Salix alba, Veronica beccabunga, Phragmites australis, Typha latifolia, Alisma plantago-aquatica, Lycopus europaeus, Juncus inflexus...), des plantes aquatiques ont été malencontreusement introduites (Hippuris vulgaris, Butomus umbellatus, Stratiotes alioides, Myriophyllum aquaticum, etc.). Ces mares abritaient en 1989, une quinzaine d'espèces de Dytiscidae dont deux espèces rares (Coelambus confluens, Potamonectes canaliculatus). Ce peuplement a diminué par la suite (DOPAGNE, 1989).
La faune de l'oseraie et de la friche de Lanaye est globalement moins bien documentée que la flore et seuls quelques groupes ont fait l'objet d'observations plus ou moins suivies. Par exemple, les données concernant les vertébrés peuvent être considérées comme très partielles.
L'herpétofaune comporte au moins 9 espèces dont trois reptiles: l'orvet fragile (Anguis fragilis), la coronelle lisse (Coronella austriaca) (une observation en 2018) et l'exotique tortue de Floride (Trachemys scripta). Les amphibiens sont surtout concentrés autour de la mare, avec la grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus), le triton palmé (Lissotriton helveticus), le triton ponctué (Lissotriton vulgaris), ...
L'intérêt entomologique de la friche de Lanaye est remarquable de par la présence de nombreuses espèces rares.
Les Hyménoptères ont été inventoriés par PETIT (1991, 1996) et WAHIS (1996), au moment où le site était jeune et présentait encore un caractère pionnier. Il y a observé diverses abeilles terricoles comme la rarissime Andrena polita et son coucou Nomada pleurosticta (= major), mais aussi Andrena vaga, Andrena ventralis, Nomada alboguttata, N. flavopicta, Melitta tricincta, Eucera spp., Colletes fodiens, Colletes similis et son parasite Epeolus variegatus, mais aussi de nombreuses espèces d'abeilles et de guêpes rubicoles, xylicoles ou encore hélicicoles.
Les Lépidoptères ont fait l'objet de nombreuses observations, en particulier les papillons de jour. La liste des espèces recensées à ce jour comporte pas moins de 36 espèces, une richesse exceptionnelle pour le district brabançon! Les éléments à souligner plus particulièrement sont la mélitée du plantain (Melitaea cinxia), qui s'est très bien installée dans la région de la Montagne Saint-Pierre suite à sa réintroduction locale en 1997, le point de Hongrie (Erynnis tages), le grand nacré (Argynnis aglaja), le petit nacré (Issoria lathonia), le demi-deuil (Melanargia galathea), le demi-argus (Polyommatus semiargus), le gazé (Aporia crataegi), l'argus vert (Callophrys rubi) et, parmi les espèces plus forestières, le tabac d'Espagne (Argynnis paphia), le petit sylvain (Limenitis camilla), la grande tortue (Nymphalis polychloros) et surtout le thécla de l'orme (Satyrium w-album).
De nombreux hététocères - ou papillons de nuit - y ont été signalées comme Zygaena filipendulae, Z. trifolii, Thyris fenestrella, Macroglossum stellatarum, Euplagia quadripunctaria, Oncocera semirubella, Siona lineata, etc.
Les odonates sont assez bien représentés alors que les points d'eau sont rares, avec actuellement une mare permanente et peu étendue. Près de vingt espèces ont été notées au cours des deux dernières décennies sur le site mais la plupart sont peu exigeantes et largement répandues en Région wallonne. Les coléoptères aquatiques et plus particulièrement les Dytiscidae ont été inventoriés une première fois par DOPAGNE (1989). Près de ce la mare ont par ailleurs été observés deux Diptères peu communs, Stratiomys longicornis et Odontomyia ornata (obs. R. Cors, 2011), tous deux à larves aquatiques appartenant à la famille des Stratiomyidae.