Le site du Bois d'Enis (ou Ainisse) comprend une zone forestière et quelques éléments de prairies et de pelouses sur craies, incluant la petite réserve naturelle d'Enis (0,44 ha), propriété de Natagora depuis 1981. La végétation des pelouses a été étudiée par VERBEKE (1984) (relevés p.114-115) et LEJEUNE et VERBEKE (1984) (relevés p. 150).
Les parties boisées rassemblent des éléments de chênaie-frênaie subatlantique neutrophile mais également quelques fragments de chênaie-charmaie calcicole (Carici-Carpinetum). Ce dernier habitat, très rare dans la région de la Montagne Saint-Pierre, accueille dans le sous-bois une belle collection d'orchidées et autres plantes peu communes: la néottie nid d'oiseau (Neottia nidus-avis), l'orchis mâle (Orchis mascula), l'orchis militaire (Orchis militaris), la platanthère des montagnes (Platanthera chlorantha), le céphalanthère pâle (Cephalanthera damasonium), le bois-gentil (Daphne mezereum), l'actée (Actaea spicata), la sanicle d'Europe (Sanicula europaea), ainsi que divers arbustes thermophiles dont l'épine-vinette (Berberis vulgaris) mais aussi le camérisier (Lonicera xylosteum) qui est localement abondant, en particulier dans l'ourlet forestier qui longe la route.
La petite pelouse calcicole (Mesobromion) qui constitue le coeur de la réserve d'Enis est probablement très ancienne et était jadis beaucoup plus étendue. Elle est très riche en espèces végétales. Les graminées y dominent: la koelérie à grandes fleurs (Koeleria macrantha), le brachypode penné (Brachypodium pinnatum), le brome érigé (Bromus erectus), l'amourette (Briza media), l'avoine pubescente (Avenula pubescens), la fétuque rouge (Festuca rubra), l'agrostide capillaire (Agrostis capillaris), etc. auxquelles se mêlent de nombreuses dicotylées comme la laîche glauque (Carex flacca), l'hélianthème jaune (Helianthemum nummularium subsp. nummularium), le gaillet jaune (Galium verum), la petite pimprenelle (Sanguisorba minor), le cirse acaule (Cirsium acaule), le liondent hispide (Leontodon hispidus), la knautie des champs (Knautia arvensis), l'aigremoine eupatoire (Agrimonia eupatoria), le salsifis des prés (Tragopogon pratensis), le rhinanthe à petites fleurs (Rhinanthus minor), la carline commune (Carlina vulgaris), la bugrane épineuse (Ononis spinosa),... Il faut y ajouter diverses orchidées comme l'homme pendu (Orchis anthropophora), l'épipactis brun-rouge (Epipactis atrorubens), l'orchis grenouille (Coeloglossum viride), la listère à feuilles ovales (Listera ovata), l'orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii) et l'orchis militaire (Orchis militaris), y compris certains hybrides (e.a. Orchis xspuria). Une belle station d'ophioglosse vulgaire (Ophioglossum vulgatum) existe en contrebas de la pelouse, en lisière du bois.
L'ancienne marnière, creusée vers 1960 et sitôt abandonnée, est actuellement envahie par diverses hautes herbes comme l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), l'épilobe à feuilles étroites (Epilobium angustifolium), la valériane officinale à rejets (Valeriana repens), la vesce en épi (Vicia cracca), le mélilot élevé (Melilotus altissimus),... ainsi que quelques arbustes colonisateurs dont le saule marsault (Salix caprea) et le bouleau pubescent (Betula pubescens).
On notera que l'orchis grenouille (Coeloglossum viride) n'a plus été noté au sein de la réserve depuis des années. Cependant, une mention de cette orchidée très menacée a encore eu lieu en 2014 dans une prairie située au sud de la réserve.
Cette prairie, située sur l'ancienne commune de Lixhe (parcelles cadastrales 80, 84 c, 86), entre les parties forestières du Bois d'Enis, a été prospectée le 21 octobre 2013 dans le cadre d'un avis site (J.-L. Gathoye, SPW-DEMNA). Hors réserve Natagora, elle présente un intérêt floristique surtout au niveau d'un talus qui se démarque au centre de la parcelle 80, d'une longueur d'environ 65 m pour une largeur d'environ 10 m.
Les trois parcelles sont constituées d'un mélange entre une pâture permanente à ray-grass commun (Lolium perenne) et à crételle (Cynosurus cristatus) et une prairie fortement fertilisée à vulpin des prés (Alopecurus pratensis). Les quelques espèces, pour la plupart nitrophiles, observables encore en octobre sont la bardane (Arctium sp.), la pâquerette (Bellis perennis), la bourse-à-pasteur commune (Capsella bursa-pastoris), le céraiste commun (Cerastium fontanum subsp. vulgare), le chénopode blanc (Chenopodium album), le cirse commun (Cirsium vulgare), le dactyle commun (Dactylis glomerata), la benoîte commune (Geum urbanum), le lierre terrestre (Glechoma hederacea), la mauve sauvage (Malva sylvestris), la renoncule rampante (Ranunculus repens), la patience crépue (Rumex crispus), la patience à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius), le sisymbre officinal (Sisymbrium officinale), le mouron des oiseaux (Stellaria media), le pissenlit (Taraxacum sp.), le trèfle blanc (Trifolium repens), la grande ortie (Urtica dioica).
Le talus en question se distingue par sa flore nettement plus riche, comme le révèle un relevé fait à cet endroit en mai 2013 par un botaniste de Natuurpunt (R. Erens). Ont notamment été noté: bugle rampante (Ajuga reptans), ail des vignes (Allium vineale), pâquerette (Bellis perennis), centaurée jacée (Centaurea jacea s.l.), cardamine des prés (Cardamine pratensis), orchis grenouille (Coeloglossum viride), colchique d'automne (Colchicum autumnale), crételle (Cynosurus cristatus), millepertuis perforé (Hypericum perforatum), porcelle enracinée (Hypochaeris radicata), liondent hispide (Leontodon hispidus subsp. hispidus), grande marguerite (Leucanthemum vulgare), lotier corniculé (Lotus corniculatus), luzerne lupuline (Medicago lupulina), listère à feuilles ovales (Listera ovata), plantain lancéolé (Plantago lanceolata), plantain moyen (Plantago media) et petit trèfle jaune (Trifolium dubium). Il faut ajouter quelques autres espèces observées en octobre: fétuque rouge (Festuca rubra), herbe à Robert (Geranium robertianum), renoncule rampante (Ranunculus repens) et églantier commun (Rosa canina). L'ensemble se rapporte à un lambeau de prairie calcicole comme on peut en trouver par exemple dans la réserve Natagora de Heyoule à Eben-Emael. Il s'agit manifestement d'une relique de ce que la prairie était jadis, avant son engraissement.
On soulignera par ailleurs l'existence d'une zone d'environ 10 ares, dans la partie nord-ouest de la pâture, correspondant à une prairie de fauche de basse altitude peu à moyennement fertilisées, avec entre autre l'achillée millefeuille (Achillea millefolium), le cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris), le fromental (Arrhenatherum elatius), le brome dressé (Bromus erectus), le cirse acaule (Cirsium acaule), la petite berce (Heracleum sphondylium), la primevère officinale (Primula veris) et le séneçon jacobée (Senecio jacobaea).
La découverte de l'orchis grenouille à cet endroit est particulièrement remarquable car elle prouve le maintient de l'espèce dans le secteur, en plus de la petite population de Heyoule toute proche. Cette orchidée est par ailleurs en voie de disparition en Wallonie, où il ne subsisterait qu'une vingtaine de populations, la plupart peu fournies.
Le Bois d'Enis étant beaucoup moins connu que d'autres sites de la région (comme le coteau du Tunnel), les données faunistiques disponibles sont relativement peu nombreuses et ne concernent que quelques groupes classiquement abordés par les naturalistes (mammifères, oiseaux, papillons de jour, ...).
Plusieurs espèces de mammifères ont été observées au sein du site: mulot sylvestre (Apodemus sylvaticus), lérot (Eliomys quercinus), chevreuil (Capreolus capreolus), blaireau (Meles meles), fouine (Martes foina), hermine (Mustela nivalis), écureuil roux (Sciurus vulgaris), lièvre d'Europe (Lepus europaeus), lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus), renard roux (Vulpes vulpes).
La présence du muscardin (Muscardinus avellanarius), rare dans la basse vallée du Geer, est à souligner plus particulièrement. Le mulot à collier (Apodemus flavicollis) a été renseigné à Enis fin des années 1990. Par ailleurs, le grand hamster (Cricetus cricetus) a été observé en 1997 à proximité de la réserve naturelle.
L'avifaune nicheuse comprend diverses espèces ubiquistes ainsi que des éléments typiques des paysages bocagers: fauvette babillarde (Sylvia curruca), fauvette des jardins (Sylvia borin), bruant jaune (Emberiza citrinella), linotte mélodieuse (Carduelis cannabina), faucon crécerelle (Falco tinnunculus), chouette chevêche (Athene noctua), chouette effraie (Tyto alba), hibou moyen-duc (Asio otus), épervier d'Europe (Accipiter nisus), moineau friquet (Passer montanus), pipit des arbres (Anthus trivialis), buse variable (Buteo buteo), pic vert (Picus viridis), pic épeichette (Dendrocopos minor), bouvreuil pivoine (Pyrrhula pyrrhula). L'autour des palombes (Accipiter gentilis) est régulièrement noté dans ou à proximité du site.
A partir du printemps les prairies riches en insectes constituent le terrain de chasse des hirondelles rustiques (Hirundo rustica) et de fenêtres (Delichon urbicum) ainsi que du martinet noir (Apus apus). En période de migration, bien d'autres espèces font halte sur le site. Citons ainsi les grives litorne (Turdus pilaris) et mauvis (Turdus iliacus), ou encore les gobemouches noir (Ficedula hypoleuca) et gris (Muscicapa striata).
L'orvet fragile (Anguis fragilis) est l'unique espèce de reptile connue sur le site. La couleuvre à collier (Natrix natrix) était autrefois présente à Enis, mais elle semble avoir disparu depuis le redressement du Geer et le drainage intense du pré d'Enis (1970-1990).
Les pelouses et prairies bien exposées disposent d'un microclimat particulièrement chaud dû à la réverbération du soleil sur le sol crayeux. Elles représentent un site d'accueil exceptionnel pour l'entomofaune.