L'ensemble de prairies, de pelouses sèches et de fourrés constituant le site de Happe-Tortia héberge une flore d'une richesse remarquablement élevée, avec au moins 250 espèces de plantes supérieures recensées ces dernières années! Le secteur a été parcouru à plusieurs reprises par les botanistes comme par exemple DUVIGNEAUD & SAINTENOY-SIMON (1998). Les pelouses sur schistes des zones périphériques ont par ailleurs été étudiées en détail par LEURQUIN & ROMAIN (2008).
La zone centrale du site est constituée d'une prairie s'étendant à l'endroit dénommé «Happe-Tortia d'Havenne» et rendue exceptionnelle du fait de la présence de la plus importante population wallonne d'Orchis morio, comptant bon an mal an plusieurs milliers d'individus (cette orchidée se retrouve ailleurs sur le site, mais en densité très faible). C'est d'ailleurs pour l'instant la seule parcelle bénéficiant d'un statut de protection comme réserve naturelle domaniale (2,5 ha). Mais la prairie renferme d'autres joyaux botaniques, comme la graminée Gaudinia fragilis, espèce des prés de fauche méso-hygrophiles très rare en Région wallonne et partout en forte régression. Le cortège floristique, qui a fait l'objet de nombreuses observations ces dernières années, est très riche mélangeant des espèces de pelouse sèche sur calcaire, de pré de fauche peu amendé et de prairie humide oligotrophe, comme Sanguisorba minor, Selinum carvifolia, Silaum silaus, Succisa pratensis, Lathyrus pratensis, Achillea millefolium, Arabis hirsuta, Carex caryophyllea, Carex panicea, Carex flacca, Carex demissa, Carex hirta, Carex tomentosa, Carex pallescens, Leucanthemum vulgare, Barbarea vulgaris, Luzula campestris, Rhinanthus minor, Myosotis nemorosa, Festuca rubra, Bromus racemosus, Bromus hordeaceus, Galium verum, Galium mollugo, Colchicum autumnale, Centaurea jacea, Alchemilla xanthochlora, Briza media, Achillea ptarmica, Scorzonera humilis, Danthonia decumbens, Pulicaria dysenterica, Linum catharticum, Trisetum flavescens, Avenula pubescens, Primula veris, Lotus corniculatus, Allium oleraceum, Vicia cracca, Cardamine pratensis, Carex nigra, Potentilla erecta, Arrhenatherum elatius, Crepis biennis, Ranunculus acris, Ranunculus bulbosus, etc.
Les fragments de pelouses sèches sur schistes acides ou calcarifères sont distribués un peu partout sur le versant, souvent sur les chemins non carrossables et en lisière des fourrés.
A titre d'exemple, au lieu-dit «Croix du Pétrali», dans le haut du versant, un chemin schisteux bordé de buissons et d'arbustes épars est occupé par de petites pelouses sèches à la flore particulièrement remarquable, assez représentative du site. Un relevé réalisé le 5 juin 2018 (J.-M. Couvreur - SPW/DEMNA) rassemble plusieurs espèces rares comme Stachys recta, Trifolium striatum ou Dianthus carthusianorum, aux côtés de Rumex acetosella, Echium vulgare, Achillea millefolium, Koeleria macrantha, Potentilla argentea, Sedum album, Lepidium campestre, Trifolium arvense, Silene vulgaris, Ononis spinosa (=repens), Daucus carota, Dactylis glomerata, Festuca sp., Sedum rupestre, Arenaria serpyllifolia, Galium verum, Veronica arvensis, Vulpia bromoides, Erodium cicutarium, Helianthemum nummularium, Leucanthemum vulgare, Malva moschata, Geranium columbinum, Geranium molle, Myosotis ramosissima, Phleum nodosum (=bertolonii), Anthyllis vulneraria, Hypericum perforatum, Sanguisorba minor, Knautia arvensis, Potentilla neumanniana, Thymus pulegioides.
Notons qu'à 500 m de là, au lieu-dit «La Justice», un peu en dehors du périmètre du site, LEURQUIN & ROMAIN (2008) ont inventorié une pelouse tout aussi intéressante à Festuca lemanii, Potentilla neumanniana, Aira caryophyllea, Cerastium glomeratum, Ornithopus perpusillus, Scleranthus annuus subsp. polycarpos, Teesdalia nudicaulis, Vulpia bromoides, Galium pumilum, Scleranthus perennis, Barbarea intermedia, Cerastium arvense, etc.
Deux zones principales de fourrés et recolonisations forestières sont présentes sur le site, l'une en bas de versant en contact avec le Biran, et l'autre vers le haut du versant. Ces formations ligneuses aux configurations irrégulières ménagent de nombreux écotones très favorables pour l'entomofaune notamment. Elles sont constituées de divers ligneux tels que Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Rosa canina, Quercus robur, Fraxinus excelsior, Euonymus europaeus, Acer pseudoplatanus, Alnus glutinosa, Carpinus betulus, Betula pendula, Corylus avellana, Cornus sanguinea, Ribes uva-crispa, Sorbus aucuparia, Malus sylvestris, Prunus avium, Populus tremula, Pyrus pyraster, Sambucus nigra, Salix caprea, Viburnum opulus, Cytisus scoparius, etc. et abritent également une flore herbacée variée : Adoxa moschatellina, Lapsana communis, Dryopteris filix-mas, Dryopteris dilatata, Dryopteris carthusiana, Anemone nemorosa, Silene dioica, Silene latifolia subsp. alba, Arum maculatum, Athyrium filix-femina, Lamium galeobdolon, Anthriscus sylvestris, Epilobium angustifolium, Genistella sagittalis (en lisière), Galeopsis tetrahit, Galium aparine, Deschampsia flexuosa, Urtica dioica, Geum urbanum, Lonicera periclymenum, Alliaria petiolata, Poa nemoralis, Solanum dulcamara, Orchis mascula, Moehringia trinervia, Origanum vulgare, Oxalis acetosella, Polygonatum multiflorum, Carex remota, Stachys officinalis, Stachys sylvatica, Scrophularia nodosa, Geranium robertianum, ...
La faune n'a été que partiellement documentée. Ce sont comme d'habitude les oiseaux et les papillons de jour qui sont les mieux connus parmi les groupes pour lesquels des données sont disponibles.
Parmi les oiseaux, ce sont surtout des espèces du bocage qui sont bien représentées, souvent en densité élevée: c'est le cas de la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), du bruant jaune (Emberiza citrinella), du tarier pâtre (Saxicola torquatus), du rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos), de l'hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta), de la fauvette babillarde (Sylvia curruca), ...
Le milan royal (Milvus milvus) survole régulièrement le secteur et peut y chasser. En hiver, le busard Saint-Martin (Circus cyaneus) est également un hôte fréquent. Plus irrégulière, la grande aigrette (Ardea alba) est parfois aperçue isolément ou en petits groupes (max. 20 individus en 2015).
Les papillons de jour comptent au moins 40 espèces observées depuis 2005, ce qui est conséquent vu la faible diversité des habitats. Les espèces d'intérêt patrimonial sont le flambé (Iphiclides podalirius), l'argus bleu nacré (Lysandra coridon), le gazé (Aporia crataegi), le demi-argus (Cyaniris semiargus), le cuivré fuligineux (Lycaena tityrus), le céphale (Coenonympha arcania), l'hespérie de la mauve (Pyrgus malvae), l'argus vert (Callophrys rubi), le thécla du prunier (Satyrium pruni), le demi-deuil (Melanargia galathea).
Plusieurs espèces remarquables encore notées début des années 1990, comme la lucine (Hamearis lucina), le petit collier argenté (Boloria selene) ou l'échiquier (Carterocephalus palaemon), ne semblent plus présentes actuellement.
Dans les autres groupes faunistiques, citons encore des observations plus ou moins récentes du crapaud calamite (Bufo calamita), de la couleuvre à collier (Natrix natrix), du petit sphinx de la vigne (Deilephila porcellus), ...