Cet ancien site d'extraction est localisé à moins de 1 km de la gare d'Arlon et de l'autoroute, au SSW de la ville. Il occupe une partie de l'îlot triangulaire limité par les rues de Schoppach au nord, de Toernich à l'est et Halbardier à l'ouest.
On y a extrait des sables et marnes du Lotharingien (Jurassique inférieur).
La surface occupée par l'entreprise "La Briqueterie d'Arlon", non considérée ici, s'étend de plus en plus: à côté de l'ancien bâtiment de la briqueterie, un nouveau bâtiment a été érigé (magasin) et un grand terre-plein, créé par nivelage et remblayage, est affecté au stockage de matériaux. En 2007, des travaux ont encore lieu au nord des bâtiments.
Le site comprend trois secteurs:
- Le secteur méridional (A), plus ou moins au même niveau que les infrastructures de l'entreprise, occupe la partie au sud du terre-plein utilisé comme aire de stockage. Dans ce secteur où la topographie est globalement régulière, des zones légèrement plus basses et plus humides alternent avec des zones plus sèches. Des trous d'eau temporaires, se remplissant rapidement d'eau en cas de pluie, sont présents çà et là. Ce secteur est limité vers l'extérieur par un talus haut de 3-5 m, envahi par des ligneux.
- Le secteur occidental (B) est limité vers l'est par la pente de l'ancien versage, haute de 3-4 m, et ailleurs par le talus extérieur du site, haut d'environ 3 m maximum. La partie basse du secteur, vers l'est, est occupée par une zone plane à végétation discontinue et par deux mares résiduelles reliées par un filet d'eau: la mare nord, inférieure à 0,5 are, est complètement envahie de végétation et a tendance à s'assécher certains étés; la mare sud, dont une petite partie est plus ou moins permanente, a une surface très variable (maximum 4 ares) en fonction des pluies. Le reste du secteur B comprend vers le nord une partie à végétation assez éparse (friche dominée par un ancien pré, petite mare) et vers le sud une zone à la topographie irrégulière, colonisée par de nombreux saules.
- Vers le nord et l'est, une friche rudérale (C), à un niveau inférieur, occupe le reste du site; elle est limitée du côté sud par une falaise sableuse, partiellement surmontée d'une petite pessière.
Fréquentation du site: dans les années 1990, le site était peu fréquenté, sauf par les enfants du voisinage qui l'utilisaient comme aire de jeux. Il était visité annuellement au printemps par des élèves dans le cadre d'un cours de biologie sur l'herpétofaune. En 2007, le site est clôturé.
Présence de déchets: le site a anciennement servi, à plusieurs endroits, de dépôt de déchets inertes (tas encore bien apparents dans certaines zones, avec entre autres de l'asphalte). En 2000, un dépôt actif d'inertes (déchets de démolition, pierres, asphalte,..., mais aussi sacs plastiques,...) progressait vers l'ouest (vers le secteur B) à partir des anciennes installations de la briqueterie.
Des dépôts de déchets de jardin (essentiellement) étaient visibles en 2000 dans la friche septentrionale et un peu partout sur le pourtour des secteurs A et B, le site étant en grande partie entouré de jardins (treillis fermant le site en 2007).
Environnement du site: Le site est presque partout ceinturé d'habitations et de jardins.
L'ancienne briqueterie d'Arlon a été décrite du point de vue biologique par A. Remacle sur base d'observations réunies en 2004-2007, dans le cadre de l'inventaire des carrières désaffectées de la Région wallonne.
Le secteur sud (A) présente une mosaïque de zones humides et sèches (état du secteur en 2004). Il est colonisé par divers ligneux: Salix div. sp., Cornus sanguinea (abondant), Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Acer platanoides,... La strate herbacée, dont la couverture est plus importante que dans le secteur B, comprend notamment les espèces suivantes: Ranunculus repens, R. acris, Rumex crispus, Hypericum perforatum, Potentilla anserina, Anagallis arvensis, Trifolium medium (abondant), T. hybridum, Lotus corniculatus, Lathyrus pratensis, Vicia cracca, Epilobium hirsutum, E. montanum, E. angustifolium, E. parviflorum, Daucus carota, Prunella vulgaris, Plantago lanceolata, Galium palustre, Senecio erucifolius (très abondant), Cirsium palustre, Leucanthemum vulgare, Solidago gigantea, Tanacetum vulgare, Achillea millefolium, Juncus conglomeratus, J. inflexus, J. effusus, Carex flacca (abondant), Carex nigra (une plage dans un creux plus humide), Carex cf. demissa, C. pallescens, C. ovalis, Typha latifolia et T. angustifolia (quelques m² dans un trou d'eau), Holcus lanatus, Calamagrostis epigejos (plusieurs plages), Arrhenatherum elatius, Phragmites australis (peu dense, sur plus d'un are), Equisetum arvense.
Le secteur B présente aussi des zones sèches et d'autres humides. Il est occupé par une végétation herbacée de moins en moins discontinue, avec des arbustes de plus en plus nombreux (jeunes Salix div. sp. dispersés ou groupés, avec Betula pendula et Populus du groupe de P. balsamifera notamment). La strate herbacée est relativement peu diversifiée: Ranunculus bulbosus, Hypericum perforatum, Melilotus albus, Trifolium pratense, T. hybridum, Lotus corniculatus, Daucus carota, Prunella vulgaris, Plantago major, Senecio erucifolius, Leontodon saxatilis (assez abondant), L. autumnalis, Leucanthemum vulgare, Centaurea jacea, Taraxacum sp., Carex flacca, C. hirta, C. ovalis, Poa compressa, Calamagrostis epigejos, Festuca du groupe de F. rubra, Agrostis stolonifera,...
La petite mare est presqu'entièrement colonisée par la végétation: Glyceria fluitans, Alisma plantago-aquatica, Typha latifolia, T. angustifolia (peu abondant), Juncus inflexus. Au niveau de la zone humide voisine et des autres petites aires humides de cette partie poussent notamment Ranunculus flammula, R. repens, Bidens tripartita, Juncus inflexus (abondant), Juncus articulatus, J. effusus, Eleocharis palustris (au moins 2 ares), Typha angustifolia (1-1,5 are) mêlé de Typha latifolia, Carex cf. demissa, Carex disticha, Alisma plantago-aquatica, Lemna minor, Potamogeton cf. natans, Equisetum arvense, Chara sp.
La partie sud de ce secteur, à la topographie irrégulière, est colonisée par de nombreux saules (Salix caprea dominant) et par quelques autres ligneux (Betula pendula, Crataegus monogyna,...); au sol poussent Trifolium medium, Epilobium hirsutum, Senecio erucifolius, Juncus effusus, J. inflexus, Iris pseudacorus, Persicaria amphibia, Carex vesicaria (quelques plants dans un creux humide), Carex hirta, Epipactis helleborine,... C'est ici que se développe Pyrola rotundifolia (plusieurs petites plages).
Dans la friche C, piquetée d'arbustes, croissent diverses poacées (Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Calamagrostis epigejos, Vulpia myuros, Apera spica-venti, Phragmites australis) et des dicotylées en partie rudérales: Fallopia japonica, Rubus sp., Melilotus albus, Lotus corniculatus, Lathyrus sylvestris, Trifolium pratense, Lysimachia punctata, Epilobium angustifolium, Daucus carota, Artemisia vulgaris, Tanacetum vulgare, Cirsium arvense, Solidago gigantea, Senecio erucifolius, Achillea millefolium, Matricaria maritima subsp. inodora, Centaurea jacea, etc.
Le peuplement faunique du site est imparfaitement connu, les données étant globalement peu fournies.
L'avifaune comprend surtout des passereaux des buissons et recolonisations feuillues dont divers sylvidés, le bruant jaune (Emberiza citrinella), le serin cini (Serinus serinus), le chardonneret élégant (Carduelis carduelis).
Le site présente un grand intérêt herpétologique, abritant les quatre espèces de tritons dont le rare triton crêté (Triturus cristatus) qui y est le plus abondant (en 1999 du moins), ainsi que la grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus), la grenouille rousse (Rana temporaria), le crapaud commun (Bufo bufo) et l'alyte accoucheur (Alytes obstetricans), toujours présent en 2018. La population de triton crêté est remarquable par comparaison avec d'autres sites lorrains et son importance régionale a été confirmée par des relevés récents.
En ce qui concerne les reptiles, on y a observé seulement l'orvet (Anguis fragilis), mais la présence du lézard vivipare (Zootoca vivipara) y est probable.
L'intérêt entomologique de cette ancienne carrière est élevé, en particulier pour les papillons de jour qui sont représentés par plusieurs espèces rares comme le damier du plantain (Melitaea cinxia), l'azuré des cytises (Glaucopsyche alexis) et l'azuré de l'ajonc (Plebejus argus).
La présence des odonates et leur reproduction sont fonction de l'assèchement plus ou moins important des mares. Aucun inventaire récent ne semble y avoir été effectué.
Le site est particulièrement accueillant pour les Hyménoptères aculéates (guêpes et abeilles solitaires) comme l'indique la présence de plusieurs espèces patrimoniales comme l'anthidie ponctuée (Anthidium punctatum), l'osmie dorée (Osmia aurulenta), l'anthidie à deux épines (Anthidium oblongatum), la trachuse commune (Trachusa byssina), l'halicte à six bandes (Halictus sexcinctus), l'épéoloïde commun (Epeoloides coecutiens), ... Le maintien des friches ouvertes abondamment fleuries s'avère cependant nécessaire pour préserver cette diversité remarquable.