Ph. Goffart (2005): Le site s'étend sur environ 1,5 ha et est situé en Ardenne septentrionale, le long du Ruisseau du Pouhon, un petit affluent de l'Amblève. Il repose sur un substrat datant du Gedinnien (Dévonien inférieur) constitué de schistes bigarrés avec grès, arkose ou poudingue à la base. Le ruisseau, d'une largeur ne dépassant pas le mètre et relevant de la ' zone à truites ', présente, au moins à hauteur du site, des eaux d'assez bonne qualité (présence de larves de Trichoptères), ce qui s'explique par l'environnement exclusivement forestier vers l'amont, jusqu'aux sources. Les sols sont très humides à mouilleux, tourbeux par endroits. Le site serait abandonné depuis plus de trente ans (Ph. Lansmans, comm. pers.).
Ph. Goffart (2005): Le couvert végétal est dominé essentiellement par des formations herbacées humides comprenant :
- des plages de jonchaie à Jonc acutiflore (Juncus acutiflorus), riches en Sélin (Selinum carvifolia), à rattacher à l'Alliance du Molinion (habitat d'intérêt communautaire n° 6410)
- des plages de mégaphorbiaie à Filipendula ulmaria, Lysimachia vulgaris, Eupatorium cannabinum, Angelica sylvestris et Persicaria bistorta (habitat d'intérêt communautaire n° 6430)
- des plages de Grande Luzule (Luzula sylvatica).
Sur les parties plus sèches au milieu du site subsistent par ailleurs des fragments de pré de fauche à Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), Bétoine officinale (Stachys officinalis) et Centaurée jacée (Centaurea jacea) (habitat d'intérêt communautaire n° 6510).
Les abords du ruisseau, en périphérie sud-est de la parcelle, sont occupés par une étroite bande d'aulnaie rivulaire (habitat naturel prioritaire n° 91E0), bordée dans les cuvettes humides, au delà de la banquette alluviale, d'éléments relevant plutôt de l'aulnaie-saulaie marécageuse. Le long des chemins délimitant le site au nord, un boisement spontané acidophile plus ou moins humide s'est développé à base de chêne, saules à oreillette (Salix aurita), ceinturée vers l'intérieur par des ourlets à Torilis anthrisque (Torilis japonica), Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) et ronces (Rubus spp.). Les talus du bord des chemins sont colonisés également par une ptéridaie (Pteridium aquilinum).
Dans les environs immédiats du site, le dominant vers l'amont le long du ruisseau ou dans les versants de part et d'autre du fond de vallée, se trouvent des plantations de Pin sylvestre (Pinus sylvestris), de mélèze (Larix decidua) ou d'épicéa (Picea abies), ainsi que des parcelles de chênaie acidophile.
La flore a fait l'objet d'un premier inventaire : la liste préliminaire (voir Annexe 1) comprend quelques plantes considérées comme ' rares ' ou ' assez rares ' dans le district ardennais d'après Lambinon et al., 2004, en particulier l'Orchis tacheté (Dactylorhiza maculata), la Platanthère des montagnes (Platanthera chlorantha), deux orchidées protégées, ainsi que la Linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium) et le Sélin (Selinum carvifolia), une ombellifère peu répandue. Il convient de remarquer que quatre plantes mentionnées par Rouxhet (1996), dont une protégée, l'Orchis de mai (Dactylorhiza majalis), n'ont pas été notées lors de nos visites sur le site et leur maintien sur le site doit être encore confirmé.
Le relevé faunistique est quant à lui très partiel et n'a porté essentiellement que sur trois groupes d'insectes, à savoir les papillons de jour (Lépidoptères Rhopalocères), les libellules (Odonates) et les criquets et sauterelles (Orthoptères) (voir annexes 2 à 4).
La liste comprend des espèces caractéristiques des fonds de vallée abandonnés, dominés par les hautes herbes, tel le Nacré de la filipendule (Brenthis ino) et le Criquet des clairières (Chrysochraon dispar) et des petits ruisseaux aux eaux vives d'Ardenne, comme le Caloptéryx vierge (Calopteryx virgo). Aucune espèce menacée n'a été répertoriée à ce jour (voir Decleer K. et al., 2000 et Goffart & De Bast 2000), mais l'inventaire n'étant basé que sur deux visites, il n'est pas exclu que des espèces plus remarquables soient découvertes à d'autres périodes de l'année, notamment en ce qui concerne les papillons. Toutefois, malgré la présence sur le site de plantes nourricières comme la bistorte (Persicaria bistorta) ou la succise (Succisa pratensis), les probabilités d'y trouver les espèces protégées qui y sont liées, à savoir le Cuivré de la bistorte (Lycaena helle)*, le Nacré de la bistorte (Boloria eunomia) et le Damier de la succise (Euphydryas aurinia)* apparaissent très faibles (* = espèces Natura 2000). En effet, les plages formées par ces plantes sont assez limitées dans ce fond humide qui est par ailleurs de petite taille et relativement isolé par rapport aux réseaux étendus de prés de fond de vallée se rencontrant dans d'autres régions d'Ardenne. Une recherche des chenilles lors de la visite effectuée début août n'a du reste pas permis de trouver la première des espèces citées, Lycaena helle, dont les chenilles peuvent être pourtant aisément repérées à cette époque de l'année sous les feuilles de bistorte. De même, les deux autres espèces, à savoir Boloria eunomia et Euphydryas aurinia, n'ont pas été observées lors de la visite de fin juin, soit à un moment se situant durant leur période de vol en Ardenne. Une quatrième espèce, le Petit Collier argenté (Boloria selene), typique des fonds de vallée ardennais où il se développe sur Viola palustris (une plante représentée dans le site), n'a pas non plus été notée, malgré la période de visite adéquate.
Parmi les oiseaux, aucune espèce remarquable ne fut notée hormis des tarins des aulnes (Carduelis spinus), un nicheur rare en Ardenne qui fréquente vraisemblablement le site pour son alimentation.
D'après les informations disponibles à cette date, l'intérêt biologique de ce pré abandonné provient surtout de l'existence de divers habitats d'intérêt communautaire, visés par la Directive européenne Faune-Flore-Habitats (92/43/CEE) et secondairement de la présence de certaines espèces de la flore (dont deux espèces protégées). La valeur du site pour la faune et particulièrement l'entomofaune apparaît moins élevée à ce stade de l'inventaire, qui devra cependant être complété à l'avenir.