Les sources de la Woltz sont situées en Ardenne orientale, tout près du Grand-Duché de Luxembourg, plus précisément au sud du village de Limerlé, sur le territoire de la commune de Gouvy.
Ce cours d'eau belgo-luxembourgeois appartient au bassin hydrographique du Rhin, en tant que sous-affluent de la Sûre (Sauer en allemand), elle-même affluent de la Moselle originaire de l'Ardenne belge, d'une longueur de 206 km avec un bassin versant de 4240 km2.
La Woltz correspond à l'une des têtes du bassin versant de la Sûre, dont la source "officielle" se trouve au nord du Bois de Rouvroy, 200 m à l'ouest du RAVeL Gouvy-Bastogne qui emprunte l'ancienne ligne ferroviaire 163. Une série d'autres sources alimentent de petits ruisselets qui tous rejoignent rapidement la rive gauche de la Woltz. L'une d'elles sourd à l'endroit dénommé "Al Boûse", quelque 1300 m au nord-est de la première, mais la plupart de ces sources sont concentrées au lieu-dit "La Dalle", au sud de la Baraque Dupont, principalement situées au sein d'un peuplement d'épicéas. De sa source principale jusqu'à la frontière grand-ducale, la Woltz parcourt près de 4000 m dans l'axe ouest-nord/est et montre un dénivelé assez faible, l'altitude passant de 490 m à 450 m. La qualité physico-chimique des eaux de la rivière est assez bonne, ce qui s'explique par un environnement rural dépourvu de noyaux d'habitats, de fermes et d'industries et par la quasi absence de réseau routier (en dehors de chemins agricoles ou forestiers).
Les parcelles constituant la réserve naturelle agréée dite "Vallée de la Woltz" sont disséminées tout le long de la rivière et de ses embranchements secondaires sur près de 4 km. Une petite parcelle isolée se trouve par ailleurs le long du Klengelbaach, petit affluant de rive droite de la Woltz coulant à quelques centaines de m au sud de celle-ci et faisant frontière entre la Belgique et le Grand-Duché.
La région, assez typique de l'Ardenne herbagère, montre un relief relativement peu accusé, mollement vallonné, la Woltz ayant creusé un vallon peu encaissé en comparaison avec d'autres vallées proches. Le paysage est de type agricole, largement dominé par les prairies, les cultures et les plantations résineuses.
Le site repose majoritairement sur des sols limono-caillouteux à charge schisto-phylladeuse, à drainage naturel favorable et à horizon B structural (sols Gbbfi1-2-3-5). Il existe aussi plus localement quelques poches de sols à drainage naturel pauvre à très pauvre (Ggx1 et fGix2) et des fonds de vallons limoneux (S).
Le site se trouve dans la région biogéographique continentale et dans le district phytogéographique ardennais.
Se situant aux confins de la Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg, dans une région isolée et très peu habitée, la vallée de la Woltz demeure largement méconnue des naturalistes et son intérêt biologique n'est donc que très partiellement documenté.
Les informations disponibles concernent essentiellement les parcelles constituant la réserve naturelle propriété de l'association Natagora, soit une douzaine d'hectares au total. La végétation et la flore de cette réserve sont décrites en détail dans la demande d'agrément rédigée pour le compte de Natagora par J. Taymans et déposée à la Région wallonne en janvier 2012. Les informations qui suivent sont essentiellement tirées de ce dossier.
De façon très synthétique, les communautés végétales de la réserve de la Vallée de la Woltz peuvent être réparties en trois grands ensembles: les milieux aquatiques, les milieux liés à la dynamique forestière, les prairies humides.
Les milieux aquatiques
Le ruisseau de la Woltz (ou Weyerbach) et ses petits affluents de rive gauche présentent des eaux de bonne qualité et des berges à caractère naturel colonisées par une végétation touffue. Le cours amont de certains affluents peut temporairement s'assécher durant la période d'étiage (étés secs). La flore aquatique ne semble pas encore avoir fait l'objet d'un inventaire détaillé. On relèvera cependant la présence d'un peuplement de renoncule flottante (Ranunculus fluitans) dans la Woltz aval.
Outre les eaux courantes, le site comporte plusieurs petites mares aux eaux mésotrophes qui ont été créées par obstruction de tronçons d'anciens drains, dans le cadre du Projet Interreg de restauration des Fonds de vallées (2004-2012). Ce sont en général des mares de faible profondeur permanentes ou temporaires destinées à permettre la réinstallation des espèces typiques des bas-marais acides. Elles sont rapidement colonisées par diverses plantes comme des joncs (Juncus effusus, Juncus bulbosus, Juncus acutiflorus, ...) et des laîches (Carex spp.).
Les milieux liés à la dynamique forestière
On distingue plusieurs types de végétations plus ou moins bien caractérisés selon les endroits mais dont l'évolution peut être très dynamique dans certains cas:
- des boisements pionniers correspondant le plus souvent à la forêt mélangée à bouleau (Betula spp.), tremble (Populus tremula), sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia) et saule marsault (Salix caprea): il s'agit de recrûs naturels colonisant de petites parcelles de prairies abandonnées ou de mises à blanc d'épicéas non replantées.
- des fourrés tempérés à viorne obier (Viburnum opulus), sureau noir (Sambucus nigra), sureau à grappes (Sambucus racemosa), framboisier (Rubus idaeus) et cerisier tardif (Prunus serotina) s'installant sur des coupes forestières.
- des fourrés de genêts à balais (Cytisus scoparius).
- des communautés d'herbacées des coupes et mises à blanc s'installant durant les premières années suivant l'exploitation et constituées d'espèces acidophiles telles que l'agrostis commun (Agrostis capillaris), la houlque molle (Holcus mollis), le séneçon des bois (Senecio sylvaticus), le séneçon de Fuchs (Senecio ovatus), le jonc épars (Juncus effusus), etc.
Les prairies humides
Les prairies humides occupaient jadis la plus grande partie du vallon de la Woltz et de ses affluents. Elles furent exploitées pour la production de foin et de litière. Du fait de leur isolement et de l'évolution des pratiques agricoles, ces prairies ont été progressivement abandonnées puis largement enrésinées au cours du 20e siècle. Certaines parcelles oubliées se sont reboisées spontanément par des feuillus ou sont restées à l'état de prairie, notamment sous l'action de broutage des cervidés, bien présents dans la région. Les reliques de ces prairies humides qui ont subsisté au fil du temps sont en partie intégrées dans la réserve naturelle de la Woltz. On peut y reconnaître les groupements suivants:
- la prairie abandonnée à reine des prés (Filipendula ulmaria), angélique sauvage (Angelica sylvestris), valériane officinale (Valeriana officinalis), bistorte (Persicaria bistorta), baldingère (Phalaris arundinacea), lysimaque vulgaire (Lysimachia vulgaris), ...
- la prairie de fauche submontagnarde peu fertilisée, avec la gesse des montagnes (Lathyrus linifolius), le petit rhinanthe (Rhinanthus minor), la véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys), le petit boucage (Pimpinella saxifraga), l'achillée millefeuille (Achillea millefolium), alchémille vert-jaunâtre (Alchemilla xanthochlora), la centaurée noire (Centaurea nigra), la campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia), l'épervière lisse (Hieracium laevigatum), ...
- la prairie de fauche humide peu à moyennement fertilisée, présente en mosaïque avec les autres types de formations prairiales, caractérisées par l'abondance de la canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa) et de la bistorte (Persicaria bistorta), avec aussi l'angélique sauvage (Angelica sylvestris), le cirse des marais (Cirsium palustre), le scirpe des bois (Scirpus sylvaticus), le gaillet des fanges (Galium palustre), le populage (Caltha palustris), le lotier des fanges (Lotus pedunculatus), etc.
- la prairie humide oligotrophe, présente très localement sur de petites surfaces, souvent mosaïque avec des fourrés de saules et des prairies de fauche humides, avec comme espèces caractéristiques la molinie (Molinia caerulea), la violette des marais (Viola palustris), la tormentille (Potentilla erecta), l'agrostis des chiens (Agrostis canina), le gaillet du Harz (Galium saxatile), la luzule champêtre (Luzula campestris), la laîche des lièvres (Carex ovalis), l'achillée sternutatoire (Achillea ptarmica), le jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus), etc.
- le bas-marais acide représenté sur le site par un groupement fragmentaire à comaret (Comarum palustre), laîche noire (Carex nigra), violette des marais (Viola palustris), valériane dioïque (Valeriana dioica), laîche à bec (Carex rostrata), cirse des marais (Cirsium palustre).
- de petites plages de jonçaie acutiflore et de cariçaie s'observe également ponctuellement.
La diversité floristique de la vallée de la Woltz peut être considérée comme assez moyenne sur base des informations disponibles. On y a recensé une centaine d'espèces de plantes supérieures mais aucune donnée ne semble exister pour les bryophytes, les algues, les lichens et la fonge.
Bien que très partiellement connu, l'intérêt faunistique du site est souligné par la présence de diverses espèces patrimoniales.
L'avifaune nicheuse est surtout représentée par des passereaux comme le tarier pâtre (Saxicola rubicola), la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) ou encore le pipit des arbres (Anthus trivialis), mais d'autres espèces telles que la cigogne noire (Ciconia nigra) et le milan royal (Milvus milvus) fréquentent le site à la recherche de nourriture.
Parmi les papillons de jour, seul groupe d'insectes quelque peu documenté pour la réserve, figurent plus particulièrement le nacré de la bistorte (Boloria eunomia) et le cuivré de la bistorte (Lycaena helle), deux espèces très représentatives des prairies humides ardennaises mais partout en fort déclin.