• L1 - Thiérache belge

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Se trouvant en bordure du site Natura 2000 BE35032 "Bassin ardennais du Viroin", ces prairies méritent amplement un statut de protection fort vu les habitats présents (plusieurs sont rares en Région wallonne et sont d'intérêt communautaire) et les espèces patrimoniales recensées jusqu'à présent.

Proposé en 2011 comme ajout au site Natura 2000 BE35032 "Bassin ardennais du Viroin", le site n'a pas été retenu par le politique.

La principale menace provient de l'aménagement de gagnage pour la chasse, avec labours et ensemencement de plantes herbacées attractives (maïs, topinambour, etc.). Certaines parties sont aussi menacées par un reboisement spontané.

Mise sous statut de réserve naturelle ou tout au moins mise en place de mesures conservatoires des différents types de prairies oligotrophes présentes sur le site.

La première mesure de gestion à effectuer est de retirer les aulnes par des abattages et un débroussaillage. Ensuite, on peut préconiser un entretien par fauchage tardif, éventuellement en rotation (1 an/2).

Propriété privée dont l'accès est interdit sans autorisation.

Cette clairière forestière se trouve en Thiérache (Ardenne occidentale), à l'extrémité sud-orientale de l'Entre-Sambre-et-Meuse, au nord-ouest du village d'Oignies-en-Thiérache. Il se localise plus précisément près du lieu-dit "Les Taillettes", au nord de la route d'Olloy au niveau de la source du ruisseau de l'Haireu, affluent de la rive droite du Viroin.

Faisant partie du district phytogéographique ardennais, le site est inclus dans l'un des plus vastes massifs forestiers de Wallonie. Il occupe un plateau situé à 340 m d'altitude, sur des roches du Dévonien.

Ces prairies enclavées en forêt présentent un grand intérêt floristique, malgré plusieurs dégradations récentes (labour pour l'aménagement de gagnages). La végétation a été caractérisée lors d'une visite le 17 juin 2008 (L.-M. Delescaille – DEMNA, avis site n° 941). Le site se composait alors d'une mosaïque de groupements prairiaux:

- prairies maigres de fauche avec Festuca rubra subsp. commutata, Anthoxanthum odoratum, Rhinanthus minor, Centaurea cfr nigra (abondante localement), Plantago lanceolata, Leucanthemum vulgare, Potentilla erecta, etc.;

- jonchaies acutiflores, avec e.a. Juncus acutiflorus, Juncus effusus, Lychnis flos-cuculi, Cirsium palustre, Dactylorhiza majalis, Dactylorhiza maculata, Achillea ptarmica;

- prairies du Molinion, assurément l'une des végétations prairiales les plus rares et menacées partout en Région Wallonne, avec notamment Dactylorhiza maculata, Dactylorhiza majalis, Scorzonera humilis, Carex panicea, Carex demissa, Carex pallescens, Carex nigra, Viola palustris;

- formations à hautes herbes se développant dans les fossés, avec e.a. Scirpus sylvaticus, Glyceria sp., Lysimachia vulgaris.

Une partie au moins de ces prairies semble avoir encore été exploitée en 2006 ou 2007 et la végétation y est particulièrement représentative des habitats mentionnés ci-dessus.

En juillet 2010, plusieurs relevés effectués selon la méthodologie Natura 2000 (V. Fiévet – DEMNA), permettent de reconnaître les habitats suivants:

- prés à joncs à tépales aigus: Juncus acutiflorus, Achillea ptarmica, Galium uliginosum, Holcus lanatus, Lotus pedunculatus, Agrostis canina, Juncus effusus, Lycopus europaeus, Mentha aquatica, Myosotis scorpioides, Poa trivialis, Ranunculus acris, Ranunculus repens, Rumex acetosa, Ajuga reptans, Alchemilla xanthochlora, Angelica sylvestris, Anthoxanthum odoratum, Caltha palustris, Carex ovalis, Centaurea jacea s.l., Cerastium fontanum, Cirsium palustre, Dactylorhiza maculata, Epilobium palustre, Festuca rubra, Filipendula ulmaria, Galium palustre, Holcus mollis, Lychnis flos-cuculi, Plantago lanceolata, Potentilla erecta, Ranunculus flammula, Rumex obtusifolius, Stellaria alsine, Succisa pratensis, Viola palustris, Sphagnum sp.;

- prés humides oligotrophes avec Carex panicea, Festuca rubra, Achillea ptarmica, Anthoxanthum odoratum, Galium uliginosum, Lotus pedunculatus, Potentilla erecta, Succisa pratensis, Agrostis canina, Agrostis capillaris, Dactylorhiza maculata, Danthonia decumbens, Ranunculus flammula, Alchemilla filicaulis subsp. vestita, Briza media, Carex pallescens, Hieracium pilosella, Leontodon autumnalis, Luzula campestris, Prunella vulgaris, Scorzonera humilis, Stachys officinalis, Stellaria graminea, Trifolium pratense, etc.

- mégaphorbiaies rivulaires à reine des prés avec Filipendula ulmaria, dominant, accompagné de Juncus effusus, Juncus acutiflorus, Lysimachia vulgaris, Achillea ptarmica, Angelica sylvestris, Equisetum arvense, Galium uliginosum, Holcus lanatus, Lotus pedunculatus, Poa trivialis, Rumex acetosa, Scirpus sylvaticus, Caltha palustris, Epilobium palustre, Galium palustre, Stellaria graminea;

- nardaies méso-hygrophiles en complexe avec des prairies oligotrophes: Pedicularis sylvatica, Danthonia decumbens, Potentilla erecta, Nardus stricta, Hieracium lactucella, Agrostis capillaris, Festuca rubra, Carex panicea, Lotus corniculatus, Achillea millefolium, Achillea ptarmica, Plantago lanceolata, Pimpinella saxifraga, Leucanthemum vulgare, Agrostis canina, Succisa pratensis, Hypochaeris radicata, Carex nigra, Trifolium repens, Leontodon autumnalis, Dactylorhiza maculata, etc.

Une colonisation arbustive par Alnus glutinosa, Salix sp., Quercus robur, Betula pendula, Acer pseudoplatanus, Populus tremula, Carpinus betulus et Frangula alnus est en cours localement au sein de ces prairies.

En 2015, des observations montrent que ces prairies sont toujours présentes avec leur remarquable cortège floristique. Par rapport aux relevés précédents, il faut même y ajouter plusieurs éléments intéressants typiques des bas-marais et tourbières acides, comme Carex echinata, Scutellaria minor, Valeriana dioica (obs. O. Roberfroid et T. Dewitte).

L.-M. DELESCAILLE et V. FIEVET (SPW/DEMNA/DNE).