Portail Wallonie.be| Portail Environnement| Fédération Wallonie-Bruxelles

3228 - Carrières du Boyou

Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB)

Synonymes :Carrière Tessenderlo de Heure-le-Romain - Carrière Simon - Carrière Electrabel
Communes :Oupeye
Cantonnements DNF :Liège
Surface :26.7 ha
Coordonnées :X Lambert : 239310 - Y Lambert : 159050
Voir la localisation avec la cartographie dynamique
Rappel : toute circulation en dehors de la voie publique requiert l'accord préalable du propriétaire ou de son délégué.

Intro

Brève description

Localisé en Hesbaye liégeoise, à environ 12 km au nord-est de la ville de Liège, le site du Boyou se compose de deux anciennes carrières situées de part et d'autre du chemin du Thier de l'Abbaye, voirie communale qui joint le village de Heure-le-Romain au hameau de Froidmont situé sur le plateau à 1,3 km plus au nord (en bordure de l'immense carrière d'Halembaye). L'ensemble de ces deux carrières couvre actuellement 26 ha environ. A l'est de ce chemin s'étend la carrière Simon (dite aussi "Electrabel"), abandonnée au début des années 1980 et en partie remblayée par des déchets industriels divers (dont des scories). Le nord et l'est de l'excavation sont bordés de falaises crayeuses friables. La marge ouest, en contact avec le chemin, a été retalutée et se présente maintenant comme un versant couvert de friches et d'un boisement pionnier. Le fond ne contient aucun plan d'eau et est planté régulièrement de maïs à de fins cynégétiques (gagnage). Le reboisement y est particulièrement important et les zones ouvertes réduites. Trois fois plus étendue, la carrière du Boyou proprement dite se trouve à l'ouest du chemin. Ce site d'extraction de craie fut exploité pendant de nombreuses années par la société Tessenderlo qui a stoppé ses activités sur le site en 2012. Elle a été entièrement clôturée pour des raisons de sécurité, les falaises qui limitent l'est, le nord et l'ouest des fosses d'extraction étant particulièrement instables. La portion sud, moins accidentée, a été remblayée et s'est partiellement reboisée. Le site comporte des zones de friches, des fourrés et boisements pionniers ainsi que trois mares permanentes qui sont apparues vers 2012-2013. La plus grande (50 ares) occupe la fosse orientale accompagnée d'une autre beaucoup plus petite située à quelques mètres plus au sud. La troisième mare, d'accès malaisé, est localisée dans la fosse ouest de la carrière. Un étroit bassin de lavage partiellement inondé se maintient également à l'entrée occidentale du site, tandis que quelques flaques se forment en période de pluies dans certaines dépressions. Ces plans d'eau sont très intéressants du point de vue biologique: ils accueillent des plantes rares comme la pesse d'eau (Hippuris vulgaris) et le jonc des chaisiers (Schoenoplectus lacustris), divers insectes aquatiques dont le leste brun (Sympecma fusca) et la coccinelle des roseaux (Anisosticta novemdecimpunctata), plusieurs espèces d'amphibiens. Les friches, richement fleuries et au caractère thermophile, sont favorables à l'entomofaune y compris de nombreuses abeilles et guêpes solitaires. Le crapaud calamite (Bufo calamita), animal pionnier affectionnant les zones ouvertes pourvues de flaques d'eau, s'y reproduit. Quant aux falaises, elles ont hébergé jusqu'il y a peu une petite colonie d'hirondelle de rivage (Riparia riparia) et sont également fréquentées par le grand-duc d'Europe (Bubo bubo). L'endroit bénéficie implicitement du statut de protection conféré aux espèces protégées qui y sont présentes. Il est visé par un projet de réhabilitation.

Carto

Régions naturelles

  • D0 - Hesbaye

Limites administratives

Ancienne(s) commune(s)SurfaceNouvelle(s) commune(s)Province(s)
Heure-le-RomainOUPEYELIEGE

Cantonnements DNF

Cantonnement(s)SurfaceDirection(s)
LiègeLiège

Mentions dans d'autres inventaires de sites

A compléter

Propriétaire(s)

Privé(s) Oui  ONG Non  Communes Non  Région Non  Autres publics Non

Espèces

Espèces de valeur patrimoniale

TaxonStatut de protectionListe rougeStatutAnnéeRep*ProtectionSource
Animaux - Vertébrés - Mammifères
Pipistrellus nathusiiOuiOui2015N. Delhaye
Pipistrellus pipistrellusOuiOui2015N. Delhaye
Animaux - Vertébrés - Oiseaux
Alcedo atthisOuiNon2019J. Quartier, J.-Y. Baugnée
Bubo buboOuiOui2020Divers obs.
Carduelis cannabinaOuiNon2019J.-Y. Baugnée
Falco subbuteoOuiNonZone de chasse2015N. Delhaye
Rallus aquaticusOuiNon2019J.-Y. Baugnée
Riparia ripariaOuiNonNicheur2015N. Delhaye + divers obs.
Tachybaptus ruficollisOuiNonNicheur2019J.-Y. Baugnée, N. Delhaye
Animaux - Vertébrés - Amphibiens
Bufo bufoOuiNon2019TER-Consult
Bufo calamitaOuiOuiReproduction2019Divers obs.
Ichthyosaura alpestrisOuiNon2019TER-Consult
Lissotriton helveticusOuiNon2019TER-Consult
Lissotriton vulgarisOuiNon2019TER-Consult
Pelophylax kl. esculentusOuiNon2020Divers obs.
Rana temporariaOuiNon2019TER-Consult
Invertébrés - Insectes - Papillons diurnes
Melitaea cinxiaOuiNon2020J.-Y. Baugnée
Invertébrés - Insectes - Papillons nocturnes
Euplagia quadripunctaria2020J.-Y. Baugnée
Invertébrés - Insectes - Libellules
Sympecma fuscaOuiNonReprod.2019J.-Y. Baugnée
Invertébrés - Insectes - Coléoptères
Anisosticta novemdecimpunctata2019J.-Y. Baugnée
Brachygonus megerlei2019J.-Y. Baugnée
Platynaspis luteorubra2019J.-Y. Baugnée
Invertébrés - Insectes - Orthoptères
Oedipoda caerulescens2019N. Delhaye, J.-Y. Baugnée
Tetrix tenuicornis2019J.-Y. Baugnée
Invertébrés - Insectes - Hyménoptères
Andrena pandellei2020J.-Y. Baugnée
Andrena polita2020J.-Y. Baugnée
Anthidium punctatum2020J.-Y. Baugnée
Astata boops2020J.-Y. Baugnée
Bombus bohemicus2020J.-Y. Baugnée
Bombus campestris2020J.-Y. Baugnée
Coelioxys rufescens2020J.-Y. Baugnée
Dasypoda hirtipes2019J.-Y. Baugnée
Epeolus variegatus2020J.-Y. Baugnée
Eucera longicornis2020J.-Y. Baugnée
Macropis europaea2019J.-Y. Baugnée
Melitta tricincta2020J.-Y. Baugnée
Nomada distinguenda2020J.-Y. Baugnée
Osmia spinulosa2020J.-Y. Baugnée
Panurgus calcaratus2019J.-Y. Baugnée
Trachusa byssina2020J.-Y. Baugnée
Plantes - Plantes supérieures
Carex divulsa2019J.-Y. Baugnée
Hippuris vulgaris2020Divers obs.
Neottia ovata2020J.-Y. Baugnée
Potamogeton berchtoldii2020J.-Y. Baugnée
Potamogeton pectinatus2020J.-Y. Baugnée
Rosa tomentosa2020J.-Y. Baugnée
Schoenoplectus lacustris2020J.-Y. Baugnée

Conservation

Détails

Description physique

Localisé en Hesbaye liégeoise à environ 12 km au nord-est de la ville de Liège, le site du Boyou se compose de deux anciennes carrières situées de part et d'autre d'une voirie communale dite le chemin du Thier de l'Abbaye qui joint le village de Heure-le-Romain au hameau de Froidmont situé sur le plateau à 1,3 km plus au nord (en bordure de l'immense carrière d'Halembaye). Actuellement, l'ensemble du site couvre environ 26 ha.

A l'est de ce chemin, la carrière Simon (dite aussi "Electrabel") est abandonnée au début des années 1980 et en partie remblayée par des déchets industriels divers (dont des scories). Le nord et l'est de l'excavation sont bordés de falaises crayeuses friables. La marge ouest, en contact avec le chemin, a été retalutée en 2003 à la suite d'un effondrement partiel et se présente maintenant comme un versant couvert de friches et d'un boisement pionnier. Le fond ne contient aucun plan d'eau et est planté régulièrement de maïs à de fins cynégétiques (gagnage).

A l'ouest, la carrière du Boyou proprement dite est la plus vaste et la plus récemment désaffectée. Ce site d'extraction de craie fut exploité pendant de nombreuses années par la société Tessenderlo Group qui a stoppé ses activités sur le site vers 2012 Elle a été entièrement clôturée pour des raisons de sécurité, les falaises qui limitent l'est, le nord et l'ouest des fosses d'extraction étant particulièrement instables. La portion sud, moins accidentée, a été remblayée et s'est partiellement reboisée. Une pâture y a été aménagée vers l'ouest. Le site comporte trois mares permanentes qui sont apparues vers 2013-2014. La plus grande mare (50 ares) occupe la fosse orientale accompagnée d'une autre beaucoup plus petite située à quelques mètres au sud, en contrebas d'un merlon. La troisième mare, d'accès malaisé, est localisée dans la fosse ouest de la carrière. Un étroit bassin de lavage partiellement inondé se maintient également à l'entrée occidentale du site, tandis que quelques flaques se forment en période de pluies dans certaines dépressions.

L'altitude varie de 125 m sur le rebord supérieur à 85 m dans le fond de l'excavation principale. La profondeur des fosses d'extraction atteint 30 à 40 m selon les endroits.

Du point de vue biogéographique, cet endroit est situé dans la région atlantique et au sein du district phytogéographique brabançon.

Description biologique

L'intérêt biologique des anciennes carrières du Boyou s'est révélé peu de temps après l'arrêt des activités, en 2015, lors d'une visite du DNF de Liège durant laquelle a pu être démontrée la présence d'une petite colonie d'hirondelle de rivage (Riparia riparia) et d'une population moyenne de crapaud calamite (Bufo calamita), pour ce qui est des espèces phares.

Les inventaires ultérieurs, principalement effectués en 2019-2020 dans le cadre d'un projet de réhabilitation du site, ont largement confirmé cet intérêt en établissant la présence notamment du grand-duc d'Europe, de six espèces d'amphibiens, d'une vingtaine d'espèces d'insectes et de sept espèces de plantes protégées et/ou menacées à des degrés divers. La plupart de ces observations ont été décrites dans un avis interne au SPW-DEMNA ainsi que dans l'Etude des incidences environnementales du projet, réalisée en 2020 par les bureaux d'études TER Consult et Aquaconseil.

Les informations présentées dans les lignes qui suivent ont été recueillies au cours de deux visites (J.-Y. Baugnée - DEMNA) menées respectivement le 16/07/2019 dans la carrière Simon (carrière orientale) et le 22/08/2019 dans la carrière du Boyou proprement dite (carrière occidentale). Elles sont complétées le cas échéant par des données issues d'une visite effectuée le 12/06/2020 dans cette dernière.

Carrière Simon

Cette ancienne carrière de craie située à l'est du chemin du Thier de l'Abbaye est de dimensions modestes (175 m dans l'axe sud-nord et 135 m dans l'axe est-ouest) et est largement reboisée actuellement. Le fond de l'excavation s'étend sur une longueur de 65 m pour une largeur d'une vingtaine de mètres à peine et a été transformé récemment en champ de maïs par un chasseur. Elle est limitée au nord et à l'est par des falaises de craies surmontées d'une couche d'argiles, très instables. La partie sud se prolonge par une sorte de ravin boisé au relief chaotique. La partie ouest, en contrebas du chemin, a été retalutée par remblaiement (avec des scories notamment) et se présente comme une pente sèche exposée à l'est, très fleurie en cours de colonisation arbustive.

Aucune donnée biologique ne semblait disponible avant 2019 pour ce site. L'essentiel des observations a été réalisé dans la partie ouest de l'excavation, au niveau de la pente sur remblais. La végétation peut être assimilée à une friche calcicole dominée en de nombreux endroits par l'origan (Origanum vulgare) avec aussi la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), la carotte sauvage (Daucus carota), l'inule conyze (Inula conyzae), la picride fausse-épervière (Picris hieracioides), divers épilobes (Epilobium spp.), le fromental (Arrhenatherum elatius), la fléole des prés (Phleum pratense), la vesce hérissée (Vicia hirsuta), la vesce à quatre graines (Vicia tetrasperma), la luzerne lupuline (Medicago lupulina), l'odontite rouge (Odontites vernus), l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), l'épervière des murs (Hieracium murorum), le lin purgatif (Linum catharticum), le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), le séneçon sud-africain (Senecio inaequidens), etc. La colonisation ligneuse est déjà bien avancée, en particulier dans le bas du versant. Elle est due essentiellement à des espèces pionnières classiques comme le bouleau verruqueux (Betula pendula), le peuplier tremble (Populus tremula), le saule marsault (Salix caprea), le saule blanc (Salix alba), l'églantier (Rosa canina), etc. On observe également quelques plants spontanés de l'exotique cornouiller soyeux (Cornus sericea) en provenance de la haie plantée le long du chemin du Thier de l'Abbaye.

Du point de vue faunistique, cette pente paraît très favorable à l'entomofaune en particulier, ce qui devrait être confirmé par de nouveaux inventaires. Plusieurs espèces intéressantes y ont déjà été notées dont trois abeilles solitaires protégées en Région wallonne, à savoir la panurge du calcaire (Panurgus calcaratus), la dasypode à culotte (Dasypoda hirtipes) et la macropède commune (Macropis europaea). Elles nidifient toutes trois dans le sol, les deux premières sont inféodées aux astéracées à fleurs jaunes, tandis que la troisième butine essentiellement les lysimaques (Lysimachia vulgaris et L. punctata) pour alimenter les "pains" de pollen destinés aux larves. A noter aussi la présence d'une libellule, le leste brun (Sympecma fusca), une autre espèce protégée en provenant des plans d'eau de la carrière ouest.

Une autre espèce d'insecte mérite une mention spéciale: il s'agit du coléoptère Elateridae Brachygonus megerlei dont un mâle a été collecté sur fleurs d'origan, et qui est resté longtemps inaperçue après les captures de Glain en 1889 et de Stavelot avant 1920 (JEUNIAUX, 1996), mais qui est réapparu depuis dans de rares localités belges (Richelle en 1970, leg. J.-M. Warlet; Bois de Mortroux en 1990, leg. J.-M. Warlet; et Kolmontbos en 2010, leg. L. Crèvecoeur). Selon DELNATTE et al. (2011), les Brachygonus sont des coléoptères saproxyliques à tendance thermophile apparaissant très localisés et généralement capturés dans des milieux arborés où subsistent encore des arbres à cavités (vieux arbres, arbres têtards, arbres tortueux, moribonds, remarquables...) et/ou du bois mort carié (souches, branches, troncs sur pied ou au sol...). On les trouve principalement dans les vieilles forêts ainsi que dans les vieux bocages comprenant encore des arbres matures ou surmatures et aussi dans les vieilles plantations (châtaigneraie par ex.). Les larves sont prédatrices (polyphages) et leur développement nécessite plusieurs années ; elles affectionnent particulièrement les terreaux humides des cavités et les diverses caries d'arbres caducifoliés, notamment les caries rouges et/ou blanches de chênes indigènes.

Les falaises qui cernent l'excavation n'ont pas été approchées pour des raisons de sécurité (éboulements fréquents) mais une inspection aux jumelles n'a pas révélé l'existence d'éléments floristiques ou faunistiques particuliers. On y observe surtout des plantes de friches dont l'origan et l'inule conyze, mais aussi des arbustes pionniers tels que le buddléa (Buddleja davidii) et le cotonéaster horizontal (Cotoneaster horizontalis), deux espèces exotiques habituelles dans ce genre de situation. Point de vue faune, on mentionnera tout au plus l'observation d'une écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) au sommet de la falaise.

Le ravin qui prolonge vers le sud la carrière est en grande partie boisé et comporte dans le sous-bois un beau peuplement de langue de cerf (Asplenium scolopendrium), en compagnie de la fougère mâle (Dryopteris filix-mas), l'épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine), le lierre (Hedera helix), le groseillier rouge (Ribes rubrum), etc. Certains talus sont percés de terriers de lapin (Oryctolagus cuniculus).

Carrière du Boyou

Cette ancienne carrière de craie est constituée de deux parties, la fosse orientale visitée en 2019 et 2020, et la fosse occidentale, prospectée seulement en 2020. La fosse orientale a un développement d'environ 260 sur 170 m et est limitée au nord, à l'ouest et à l'est par de hautes falaises surmontées de pans d'argiles. Vers le sud elle se prolonge par des remblais en partie colonisés par les ligneux. Elle comporte un plan d'eau peu profond d'environ 50 ares. Une mare plus profonde mais nettement plus petite se trouve également à une quinzaine de mètres au sud-ouest, séparée par un merlon de remblais.

Avant les inventaires de 2019, les données biologiques disponibles pour cette carrière se limitaient à une vingtaine d'observations faunistiques relatives à 11 espèces seulement (4 mammifères, 2 oiseaux, 3 amphibiens et 2 odonates) et à 13 données botaniques relatives à 12 espèces; elles ont été réunies entre 2012 et 2018 par 5 observateurs indépendants (J. Quartier, R. Barendse, N. Delhaye, T. Kinet et A. Laudelout).

Par rapport à la période 2012-2015, la grande mare s'est vue fortement colonisée par la végétation, en particulier par les massettes à larges feuilles (Typha latifolia), le myriophylle en épi (Myriophyllum spicatum) et la pesse d'eau (Hippuris vulgaris). La présence de la pesse d'eau, déjà notée en 2017, est remarquable en raison de sa rareté en Région wallonne et son inscription sur la liste rouge comme espèce en danger (Saintenoy-Simon et al. 2006). De plus, cette plante aquatique y est très abondante, y compris dans la petite mare proche. On peut se demander si cette population ne serait pas issue d'une introduction, la plante étant commercialisée dans les jardineries et utilisée en aquaculture ; cependant, d'après le propriétaire il n'y aurait eu aucune plantation ou introduction volontaire sur le site. D'autres plantes intéressantes ont été notées comme le plantain d'eau (Alisma plantago-aquatica), le potamot pectiné (Potamogeton pectinatus), le jonc des chaisiers (Schoenoplectus lacustris), le scirpe des marais (Eleocharis palustris), la renoncule scélérate (Ranunculus sceleratus), ainsi qu'une algue du genre Chara (difficilement identifiable car à l'état stérile).

Cette végétation exubérante n'est plus guère favorable à la reproduction du crapaud calamite, qui recherche des eaux plus temporaires et pionnières. Des pontes ont d'ailleurs été observées dans une flaque sur la piste qui mène vers l'ouest de la carrière. En revanche, la mare est attractive pour les oiseaux d'eau comme la foulque macroule (Fulica atra), la gallinule poule d'eau (Gallinula chloropus), le râle d'eau (Rallus aquaticus) et le grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis) nicheur sur le site cette année. En outre, les franges d'hélophytes sont l'habitat privilégié de deux espèces de coccinelles spécialisées et très localisées: il s'agit de la coccidule à quatre taches (Coccidula scutellata) et de la coccinelle des roseaux (Anisosticta novemdecimpunctata), cette dernière étant par ailleurs strictement protégée en Région wallonne. On ajoutera qu'au moins 10 espèces d'odonates étaient cantonnées en août 2019 autour de ce plan d'eau, qui sert très probablement de site de reproduction pour le leste brun (Sympecma fusca), dont une vingtaine d'individus ont été vus ailleurs dans les friches et les boisements clairs environnants.

Au sud de cette zone humide, sur un palier supérieur de la carrière, une friche s'est développée sur un remblai calcaire déjà relativement ancien et enclavée dans un boisement pionnier. Richement fleurie, elle renferme diverses graminées comme le pâturin comprimé (Poa compressa), le fromental (Arrhenatherum elatius) et la fétuque rouge (Festuca rubra) ainsi que de nombreuses dicotylées dont le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), la tanaisie (Tanacetum vulgare), le cirse des champs (Cirsium arvense), l'origan (Origanum vulgare), la campanule raiponce (Campanula rapunculus), l'aigremoine eupatoire (Agrimonia eupatoria), l'odontite rouge (Odontites vernus), l'inule conyze (Inula conyzae), l'achillée millefeuille (Achillea millefolium), le bouillon blanc à grandes fleurs (Verbascum densiflorum), le compagnon blanc (Silene latifolia subsp. alba), la centaurée jacée (Centaurea jacea), etc. On y observe également la présence de quelques touffes de la laîche écartée (Carex divulsa), plante calcarifère considérée comme très rare dans la région limoneuse.

Du point de vue faunistique, cette friche abrite notamment deux orthoptères thermophiles, l'oedipode bleue (Oedipoda caerulescens) et le grillon d'Italie (Oecanthus pellucens), plusieurs abeilles protégées dont la dasypode à culotte (Dasypoda hirtipes), l'épéole tricolore (Epeolus variegatus), l'anthidie ponctuée (Anthidium punctatum) et le célioxe roussi (Coelioxys rufescens), ainsi qu'une population fournie de collier de corail (Aricia agestis), etc.

Dans la fosse occidentale de la carrière, une abeille solitaire rarissime et en danger critique en Belgique a été notée en 2020, à savoir l'andrène polie (Andrena polita), qui ne subsiste plus qu'à la Montagne Saint-Pierre. Les femelles butinent les composées à fleurs jaunes et nidifient dans le sol dans les endroits chauds et secs.

Du point de vue ornithologique, une espèce prestigieuse s'est manifestée à plusieurs reprises en 2019 et 2020: c'est le grand-duc d'Europe (Bubo bubo), super prédateur qui semble bien cantonné sur le site et qui pourrait même y nicher sur les falaises.

Divers

Répondants de l'information

Nicolas DELHAYE (SPW/DNF/Direction de Liège)

TER Consult

Date de la dernière modification de la fiche

2021-03-23