Le site des Aujes de Warnant est localisé dans le Condroz mosan, au sud-ouest du village de Warnant, sur la commune d'Anhée. Il occupe un plateau culminant à 220 m d'altitude limité au nord par le vallon du ruisseau de Bathy (qui prend source à la Fontaine Sainte-Adèle) et au sud par le vallon encaissé et forestier du ruisseau dit «Six Mille Deux». Ces deux petits cours d'eau sont des affluents de la rive gauche de la Molignée, située à moins de 700 m du site.
L'ensemble du Bois des Aujes repose sur des calcaires datant du Dinantien, mais plus localement aussi sur des roches acides du Houiller.
Le versant oriental du tienne a été entaillé par une carrière désaffectée: la carrière des Aujes (ou de la Plate Pierre), localisée à moins de 500 m au sud de Warnant. Une autre carrière, beaucoup plus modeste, est également présente sur le flanc nord (Les Aujes).
La carrière des Aujes a été décrite en détail par A. Remacle sur base d'observations de terrain datant de 1996-1997, dans le cadre de l'inventaire des carrières et sablières désaffectées de la Région wallonne. Les informations ci-après ont figuré initialement dans la fiche SGIB n° 936 (fusionnée à la présente fiche). On y a extrait en souterrain du marbre noir du Viséen (formation de la Molignée).
«Ce site, assez complexe et difficile à décrire de façon précise, a été en partie remanié au cours des dernières années dans le but d'exploiter les pierriers (tri des pierres). Il est accessible par le chemin qui prend naissance à Warnant rue de Bioul (dans un tournant) et traverse le bois des Aujes. Ce chemin arrive, à moins de 250 m au sud de la rue de Bioul, à la partie nord de l'ancienne carrière. Celle-ci comprend les parties suivantes du nord au sud.
- Le terre-plein où arrive le chemin d'accès est dammé et presque dénudé au centre, pierreux et à végétation herbacée discontinue ailleurs; il est limité vers l'ouest par un talus (surmonté d'une pente pierreuse boisée) dans lequel s'ouvre l'ouverture principale de la carrière souterraine qui est noyée. Un petit hangar désaffecté (avec une épave de voiture) est voisin de l'entrée de la cavité. Des amas de pierres et de blocs sont disposés çà et là. La partie sud de ce terre-plein est longée vers l'ouest par une pente terreuse/pierreuse à végétation discontinue (pente remaniée récemment avec une sorte de rampe n'atteignant pas le replat supérieur).
- A l'est du terre-plein se trouve une pente pierreuse, longée par un chemin vers le bas; cette pente est en partie occupée par une végétation rudérale (sur déchets?), en partie couverte de blocs pierreux (un chemin descend cette pente).
- A partir du chemin principal qui, après le terre-plein, tourne en montant dans le bois, un chemin mène vers la droite au replat supérieur qui a été récemment déboisé. De ce replat, on peut accéder vers le nord à deux anciennes ouvertures (puits d'aération) où arrivait une ancienne rampe au départ de la partie nord du terre-plein.
- Au sud de ce replat se trouve une dépression dont les talus laissent apparaître la roche en place à plusieurs endroits. Un sentier passe dans la partie ouest, peu profonde, de cette excavation puis, un peu plus loin, dans une tranchée large de 3-4 m et limitée par des falaises verticales de 5-6 m de haut qui débouche sur le chemin principal à proximité immédiate du local désaffecté du motoclub.
La fréquentation de la carrière est importante; en 1996-97, les pistes de motos ne semblent plus guère utilisées. On y observe un probable ancien versage (terres et inertes?) sur la pente sous le terre-plein (végétation rudérale) et des tas de déchets inertes au niveau du replat supérieur.»
Plusieurs chemins (non carrossables) et sentiers traversent le site de part en part. Une ancienne ligne de chemin de fer est encore visible sur le flanc du vallon sud.
La partie centrale du Bois des Aujes est constituée d'anciennes pelouses sèches et cultures utilisées comme motocross à une époque où seule une petite ouverture de moins d'un hectare subsistait. En 2006, elle a fait l'objet de travaux de restauration des pelouses dans le cadre du LIFE Haute Meuse. Ces travaux ont recréé une clairière de plus de 3 ha qui se maintient depuis lors grâce à un entretien périodique par les services communaux. Les données qui suivent proviennent principalement d'un avis site rédigé en juin 2016 par L.-M. Delescaille (SPW/DEMNA).
L'intérêt floristique du site des Aujes est connu depuis longtemps, principalement pour ses remarquables pelouses calcicoles, raison pour laquelle il a été visé par les actions du LIFE.
Avant celles-ci, l'endroit a été visité notamment par l'AEF le 11 mai 1996 (SAINTENOY-SIMON et al. 1997) et à cette occasion une liste de 55 espèces végétales a été établie à travers 5 relevés provenant de différents points de la pelouse sèche. Le compte rendu signale en particulier l'absence de Brachypodium pinnatum et l'occurrence assez exceptionnelle, sur des sols décalcifiés, de micro-pelouses silicicoles à Aira caryophyllea, Aira praecox, Festuca filiformis, Danthonia decumbens, etc.
Il y a cependant peu d'informations botaniques disponibles post-restauration, en dehors d'observations ponctuelles de Q. Smits (27/5/2012) et de J. Piqueray (13/6/2010). Lors d'une visite de terrain le 13/6/2016, une centaine d'espèces ont été recensées dans l'ensemble de la clairière.
La pelouse calcicole comporte quelques espèces annuelles des dalles rocheuses et des pelouses pionnières: Arenaria serpyllifolia, Acinos arvensis, Echium vulgare, Euphrasia sp., Inula conyzae, Poa compressa, Trifolium dubium.
La présence locale de roche affleurante permet le maintien d'espèces plus xérophiles comme Bromus erectus, Helianthemum nummularium, Hieracium pilosella, Potentilla neumanniana, Hippocrepis comosa, Thymus pulegioides.
Les espèces des pelouses mésophiles sont largement représentées, notamment Avenula pubescens, Briza media, Campanula rotundifolia, Carex caryophyllea, C. flacca, Centaurea jacea, Cirsium acaule, Euphorbia cyparissias, Festuca lemanii, Galium pumilum, G. verum, Koeleria macrantha, Linum catharticum, Lotus corniculatus, Medicago lupulina, Pimpinella saxifraga, Plantago media, Primula veris, Sanguisorba minor, Scabiosa columbaria.
Dactylorhiza fuchsii a été renseigné dans le site en 2010 (obs. J. Piqueray) mais n'y a pas été observé en juin 2016. Un pied a cependant été noté en bordure d'une prairie de fauche à quelques dizaines de mètres de la pelouse.
L'acidification superficielle du substrat se marque par la présence de quelques espèces acidoclines comme Danthonia decumbens, Hypochaeris radicata, Luzula campestris, Polygala vulgaris, Stachys officinalis, Teucrium scorodonia, Veronica officinalis.
Les espèces de lisière sont également assez bien représentées: Agrimonia eupatoria, Aquilegia vulgaris, Brachypodium pinnatum, Origanum vulgare, Trifolium medium, Vicia sepium, Vincetoxicum hirundinaria, Viola hirta.
Les espèces prairiales sont également abondantes sur les sols les plus profonds: Achillea millefolium, Anthoxanthum odoratum, Bromus hordeaceus, Cerastium fontanum, Dactylis glomerata, Daucus carota, Festuca rubra, Holcus lanatus, Knautia arvensis, Lolium perenne (sur les pistes), Plantago lanceolata, Rumex acetosa, Tragopogon pratensis, Trifolium pratense, Trifolium repens, Trisetum flavescens, Veronica chamaedrys etc.
Les secteurs déboisés comportent encore quelques espèces à tendance forestière comme Brachypodium sylvaticum, Carex sylvatica, Fragaria vesca, Mercurialis perennis auxquelles on peut ajouter diverses espèces ligneuses, souvent sous forme de rejets ou de buissons conservés: Acer pseudoplatanus, Cornus sanguinea, Clematis vitalba, Crataegus monogyna, Hedera helix, Ligustrum vulgare, Prunus spinosa, Quercus robur, Rhamnus cathartica, etc.
Les anciennes coupes comportent aussi quelques espèces nitrophiles, notamment Rubus fruticosus (localement assez abondant) et R. idaeus, Arctium cf minus, Atropa bella-donna (assez abondante), Carex spicata, Chaerophyllum temulum, Cirsium arvense, C. palustre, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Reseda lutea. La présence d'anciennes cultures est notamment indiquée par Geranium columbinum, G. dissectum, Papaver rhoeas (obs. J. Piqueray), Lithospermum officinale (abondant), Myosotis arvensis, Vicia sativa, e.a.
De très belles érablières de ravins existent notamment dans le vallon qui traverse le sud du massif des Aujes. D'après SAINTENOY-SIMON et al. (1997), de vastes peuplements d'Asplenium scolopendrium s'y épanouissent, en compagnie de Helleborus viridis subsp. occidentalis, Polystichum aculeatum, Anemone ranunculoides, etc.
L'ancienne carrière des Aujes fut décrite en détail par A. Remacle sur base d'observations de terrain datant de 1996-1997, dans le cadre de l'inventaire des carrières et sablières désaffectées de la Région wallonne:
«Seules les parties non boisées du site ont été prospectées à plusieurs reprises: terre-plein, pente pierreuse en-dessous, pente dominant le terre-plein et replat supérieur.
Sur la pente en-dessous du terre-plein poussent en majorité des plantes pionnières des milieux anthropiques, comme Fallopia japonica, Reseda lutea, Artemisia vulgaris, Tussilago farfara, Picris hieracioides, Chaenorhinum minus, Urtica dioica, avec Atropa belladonna (> 10 buissons), Bryonia dioica, Scrophularia nodosa, Stachys sylvatica, Lapsana communis,...
Au niveau du terre-plein et de la pente remaniée récemment, la végétation herbacée discontinue comprend une proportion assez importante d'espèces pionnières des milieux anthropiques, ainsi que des espèces forestières et de lisières: Hypericum perforatum, H. hirsutum, Reseda luteola, Sedum album, Sanguisorba minor, Medicago lupulina, Trifolium repens (abondant), T. campestre, Lotus corniculatus, Vicia hirsuta, Lathyrus sylvestris, Melilotus albus, Epilobium hirsutum, Epilobium sp., Geranium robertianum, Solanum dulcamara, Atropa bella-donna, Teucrium scorodonia, Origanum vulgare, Stachys sylvatica, Linaria vulgaris, Campanula trachelium, Valeriana repens, Senecio jacobaea, S. erucifolius, Picris hieracioides, Eupatorium cannabinum, Tanacetum vulgare, Conyza canadensis, Lactuca serriola, Leontodon autumnalis, Carex groupe spicata, Elymus caninus, Brachypodium sylvaticum, Festuca gigantea, Calamagrostis epigejos, Dryopteris filix-mas,...
Sur le replat supérieur se côtoient principalement des espèces forestières et de lisières, des espèces pionnières des milieux anthropiques, ainsi que quelques plantes de pelouses sèches et très sèches (cfr Alysso-Sedion): Helleborus foetidus, Hypericum perforatum, H. hirsutum, Malva moschata (abondante), Viola hirta, Erophila verna, Cardamine impatiens, C. hirsuta, Cardaminopsis arenosa, Sedum album, S. acre, S. rubens (minuscule plage de moins de 0,5 m² sur un rocher affleurant), Saxifraga tridactylites, Potentilla neumanniana, Fragaria vesca, Sanguisorba minor, Lathyrus sylvestris (abondant), Geranium molle, Atropa bella-donna, Echium vulgare, Teucrium scorodonia, Origanum vulgare, Clinopodium vulgare, Prunella vulgaris, Verbascum sp., Campanula rotundifolia, C. trachelium, Valeriana repens, Hieracium pilosella, Inula conyzae, Lactuca serriola (abondante), Solidago virgaurea, Picris hieracioides, Crepis capillaris, Carex sylvatica, Brachypodium sylvaticum,...»
La faune locale n'a encore jamais été l'objet d'inventaires exhaustifs. Jusqu'à présent, des données sont disponibles surtout pour les mammifères, les oiseaux et les papillons de jour.
Les mammifères du massif des Aujes ne sont que très partiellement connus. Des observations récentes indiquent la présence d'espèces intéressantes comme le putois (Putorius putorius) et la martre des pins (Martes martes).
L'ancienne carrière des Aujes abrite une galerie d'intérêt chiroptérologique même s'il est encore peu connu. En 2016, trois espèces de chauves-souris y ont été notées en position d'hibernation: 1 grand murin (Myotis myotis), 42 murin à moustaches/de Brandt (Myotis mystacinus/brandtii) et 1 murin non identifié (Myotis sp.).
Trois espèces de reptiles y ont été recensées jusqu'ici: orvet fragile (Anguis fragilis), lézard vivipare (Zootoca vivipara) et couleuvre à collier (Natrix natrix). La présence actuelle de cette dernière est à confirmer car la seule donnée disponible date des années 1990 en provenance de la carrière des Aujes.
L'entomofaune reste également en grande partie à documenter, mais diverses espèces intéressantes ont été recensées, essentiellement dans la clairière centrale et l'ancienne carrière des Aujes.
Parmi les Lépidoptères rhopalocères, les espèces caractéristiques de la pelouse calcicole sont le demi-deuil (Melanargia galathea), l'argus bleu nacré (Lysandra coridon), l'hespérie de la mauve (Pyrgus malvae), l'hespérie des sanguisorbes (Spialia sertorius). Dans l'ancienne carrière, on a observé entre autres le collier-de-corail (Aricia agestis), la piéride de la moutarde (Leptidea sinapis s.l.), le petit nacré (Issoria lathonia) et le némusien (Lasiommata maera).
Parmi les quelques Orthoptères signalés, relevons en particulier la présence d'Omocestus rufipes dans la carrière durant les années 1990, mais très probablement encore effective.