La réserve naturelle des Truchettes se situe à l'extrémité orientale de la Calestienne, au sud du village de Vieuxville mais sur le territoire de Durbuy, soit en province de Luxembourg, juste à la limite avec celle de Liège.
Il s'agit d'un site d'environ 2 ha, bien individualisé dans le paysage, qui occupe le plateau agricole s'étendant entre Bomal et Izier, sur le rebord supérieur du versant gauche de la vallée de la Lembrée, près de la ferme des Longs Trixhes. La réserve se rattache au bassin hydrographique de l'Ourthe qui coule à moins de 2 km au nord-ouest.
Si le lieu-dit principal porte comme toponyme «Pesery», c'est le nom de «Truchettes» qui a été donné à cette réserve, un vocable d'origine wallonne («trucher») utilisé par les villageois pour désigner un jet d'eau, une petit source qui jaillit, mais aussi une personne qui transpire beaucoup, soit en référence à la présence d'une source locale, soit pour évoquer les efforts nécessaires pour gravir le flanc escarpé de la vallée afin d'en atteindre le sommet...
La réserve fait face aux Coteaux de Logne, récemment remis en lumière dans le cadre du projet Life Hélianthème. Elle se situe à 215 m d'altitude et présente un relief peu accusé contrairement aux versants de la vallée de la Lembrée.
Le site appartient, du point de vue phytogéographique, au district mosan, et à la région naturelle de la Calestienne (Famenne calcaire).
L'essentiel de la réserve repose sur des terrains calcaires d'âge frasnien et givetien, plus particulièrement de la formation de Fromelennes (Givetien – 391 à 381 millions d'années). Celle-ci est composée de calcaires laminaires, avec une base de schistes et de calcaires argileux et surmontés de calcaires gris à stromatopores. Les bancs massifs de calcaires bioclastiques sont interstratifiés de passes schisteuses ou argileuses.
A l'extrémité sud-est du site, ces calcaires givetiens sont remplacés par des schistes de la formation de Nismes (Frasnien inférieur – 385 à 374 millions d'années), soit des schistes verdâtres avec, au sommet de la formation, des calcaires noduleux généralement crinoïdiques.
De ce socle géologique sont issus des sols principalement de type limono-caillouteux, à drainage favorable, calcarifères et plus localement calcarifères à charge schisteuse.
La réserve des Truchettes est certes très peu étendue (2 ha) mais d'un grand intérêt biologique. Ainsi, en dépit d'une faible diversité d'habitat se résumant à une pelouse sèche, une prairie de fauche et des haies et fourrés arbustifs, pas moins de 150 espèces de plantes supérieures y ont été recensées dont quatre orchidées et divers autres éléments patrimoniaux. Encore largement reboisé jusqu'à la fin des années 2000, le site a fait l'objet, dès 2010, d'importants travaux de restauration des pelouses sèches par le Life Hélianthème.
Une pelouse calcicole mésophile ponctuée d'aubépines, très riche sur le plan botanique, couvre les deux-tiers ouest du site. Un inventaire réalisé en 2016 (obs. P. Hauteclair) rassemble un grand nombre d'espèces calcicoles typiques comme le brachypode penné (Brachypodium pinnatum), le lin purgatif (Linum catharticum), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), l'hélianthème jaune (Helianthemum nummularium), le brome érigé (Bromus erectus), la luzerne lupuline (Medicago lupulina), l'arrête-bœuf (Ononis spinosa), la laiche glauque (Carex flacca), la petite pimprenelle (Sanguisorba minor), la primevère officinale (Primula veris), le géranium colombin (Geranium columbinum), la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), la koelérie grêle (Koeleria macrantha), la potentille printanière (Potentilla neumanniana), la vulnéraire (Anthyllis vulneraria), la scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria), le gaillet nain (Galium pumilum), le silène enflé (Silene vulgaris), le polygala commun (Polygala vulgaris), le genêt ailé (Genistella sagittalis), le genêt des teinturiers (Genista tinctoria), le petit boucage (Pimpinella saxifraga), le gaillet jaune (Galium verum), la laiche printanière (Carex caryophyllea), la centaurée scabieuse (Centaurea scabiosa), l'amourette (Briza media), la platanthère des montagnes (Platanthera chlorantha), la noix de terre (Bunium bulbocastanum), l'ophrys abeille (Ophrys apifera), etc.
La présence du trèfle strié (Trifolium striatum) dans cette pelouse est remarquable, étant donné sa grande rareté dans la région et au fait qu'il s'agit d'une espèce plus habituelle dans les pelouses sèches sur schistes et sables acides. Le trèfle des champs (Trifolium arvense), plus répandu et également représentatif de ces pelouses, s'y rencontre ponctuellement.
De nombreuses espèces prairiales y poussent également, comme la gesse des prés (Lathyrus pratensis), la crételle (Cynosurus cristatus), le ray-grass (Lolium perenne), le gaillet mou (Galium mollugo), le plantain lancéolé (Plantago lanceolata), le pâturin des prés (Poa pratensis), le cirse des champs (Cirsium arvense), le trèfle des prés (Trifolium pratensis), l'avoine dorée (Trisetum flavescens), le crépis à tige capillaire (Crepis capillaris), la vesce à épis (Vicia cracca), la houlque laineuse (Holcus lanatus), la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), la luzule champêtre (Luzula campestris), l'agrostis capillaire (Agrostis capillaris), la linaire commune (Linaria vulgaris), la porcelle enracinée (Hypochaeris radicata), la centaurée jacée (Centaurea jacea), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), le salsifis des prés (Tragopogon pratensis), etc.
Plusieurs espèces observées appartiennent au cortège des ourlets mésophiles: l'origan (Origanum vulgare), le fraisier sauvage (Fragaria vesca), l'aigremoine eupatoire (Agrimonia eupatoria), la violette hérissée (Viola hirta), le brachypode penné (Brachypodium sylvaticum), l'ellébore fétide (Helleborus foetidus), le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), le clinopode (Clinopodium vulgare), l'ancolie vulgaire (Aquilegia vulgaris), l'inule conyze (Inula conyzae), la campanule raiponce (Campanula rapunculus), le millepertuis velu (Hypericum hirsutum), la lampsane (Lapsana communis), etc.
Les arbustes et buissons qui parsèment la pelouse sont le fait surtout de l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), accompagnée entre autres du prunellier (Prunus spinosa), du frêne (Fraxinus excelsior), du saule marsault (Salix caprea), de l'églantier (Rosa canina s.l.), de la clématite des haies (Clematis vitalba), du troène commun (Ligustrum vulgare), du nerprun purgatif (Rhamnus cathartica), du fusain d'Europe (Euonymus europaeus), du chêne pédonculé (Quercus robur), de la morelle douce-amère (Solanum dulcamara).
La parcelle triangulaire à l'extrémité orientale de la réserve est occupée par une prairie de fauche peu amendée entourée sur toute sa longueur par une haie vive surtout composée d'aubépines à un style (Crataegus monogyna). D'après un relevé effectué en 2013 (obs. J. Taymans – Natagora), la strate herbacée comporte le fromental (Arrhenatherum elatius), la houlque laineuse (Holcus lanatus), le brome érigé (Bromus erectus), la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), la knautie des champs (Knautia arvensis), le bouton d'or (Ranunculus acris), le plantain lancéolé (Plantago lanceolata), l'origan (Origanum vulgare), le trèfle des prés (Trifolium pratense), le céraiste commun (Cerastium fontanum), la luzerne lupuline (Medicago lupulina), la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), la vesce à quatre graines (Vicia tetrasperma), le brome mou (Bromus hordeaceus), la carotte sauvage (Daucus carota), la patience des prés (Rumex acetosa), la berce spondyle (Heracleum sphondylium), le pissenlit (Taraxacum sp.), le crépis des prés (Crepis biennis), le trèfle rampant (Trifolium repens), le cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), la véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys), le gaillet mou (Galium mollugo), ...
L'intérêt faunistique des Truchettes n'a été que partiellement documenté mais les inventaires ont révélé jusqu'ici une richesse élevée pour les papillons de jour atteignant les 35 espèces dont le céphale (Coenonympha arcania), le demi-deuil (Melanargia galathea), l'échiquier (Carterocephalus palaemon), le cuivré fuligineux (Lycaena tityrus), l'argus vert (Callophrys rubi), l'hespérie de la mauve (Pyrgus malvae), le thécla du prunier (Satyrium pruni).
Une quarantaine d'oiseaux sont signalés sur le site et ses alentours, en particulier des espèces typiques du bocage telles que la fauvette grisette (Sylvia communis), la fauvette babillarde (Sylvia curruca), le bruant jaune (Emberiza citrinella), le pipit des arbres (Anthus trivialis), la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio), ... On note aussi la présence de la coronelle lisse (Coronella austriaca) et quelques autres vertébrés.