Cette sablière est localisée dans le Condroz de l'Entre-Sambre-et-Meuse, à environ 1 km au nord-est du village de Bioul, sur la rive droite du Burnot. Elle a été creusée en fosse au début des années 70 et on y exploite encore des dépôts tertiaires accumulés dans une poche de dissolution du calcaire carbonifère. Le site s'étend à une altitude de 200-220 m.
Le site est accessible pour le charroi par le chemin empierré qui descend de la rue Sur les Dos vers le village de Bioul. Trois chemins pénètrent dans le site, l'entrée principale étant celle située le plus à l'est.
Au moment des observations (années 1990), la sablière peut être divisée en deux secteurs:
- Le secteur est, actif et pauvre en végétation, dont le front d'exploitation progresse vers l'est. Les talus sont hauts de 8-10 m maximum et fort érodés; ils donnent à cette partie un aspect de "canyon", remarquable également par la variété de coloris des matériaux extraits. Le fond de ce secteur, moins profond qu'ailleurs, est inondable en cas de niveau élevé de la nappe phréatique.
- Le secteur ouest, désaffecté, où la végétation est plus développée. Les talus, en partie herbeux (surtout vers le sud), sont moins érodés. Le fond de ce secteur est occupé par une pièce d'eau permanente. A l'est du chemin d'accès médian, présence d'une mare minuscule (< 0,5 are) entourée de saules et de bouleaux.
Cette configuration est toujours d'actualité en 2017, en dehors du fait que la partie occidentale s'est considérablement reboisée en vingt ans.
L'environnement du site est constitué de terres agricoles; deux prairies limitrophes, abandonnées, ont récemment été plantées de feuillus forestiers. Vers le nord s'étendent deux anciennes sablières au lieu-dit Grand Fond (Na/533/03 et 04). A l'ouest, le site est bordé par le parc du château de Bioul.
L'état de la végétation et la flore de la sablière du Pairoir ont été décrites durant les années 1990 par Annie Remacle dans le cadre de la convention «Inventaire des carrières et sablières abandonnées de la Région wallonne».
A cette époque, les ligneux qui envahissent progressivement le site, déjà abondants sur certaines portions de talus de la partie ouest, sont surtout représentés par des saules (Salix div. sp., Salix caprea majoritaire) et des bouleaux (Betula spp.), accompagnés de l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus), de l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), de rosiers (Rosa sp.), du cerisier tardif (Prunus serotina) (près du chemin empierré), du genêt à balai (Cytisus scoparius). Des ronciers (Rubus sp.) se développent ça et là.
L'étang, de surface très variable, est peu colonisé par la végétation (présence de poissons), hormis quelques massifs de massette à larges feuilles (Typha latifolia), jonc épars (Juncus effusus) dans les diverticules, et épilobe hérissé (Epilobium hirsutum).
Des saules poussent dans la partie la moins profonde, régulièrement asséchée. La petite mare proche du chemin empierré, dissimulée dans un bosquet de saules et de bouleaux, est plus riche en végétation: massette à larges feuilles (Typha latifolia), scirpe des marais (Eleocharis palustris), jonc épars (Juncus effusus), jonc articulé (Juncus articulatus), petite douve (Ranunculus flammula). Environ 80 hampes florales de l'orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuchsii) poussent aux environs de cette mare; cette orchidée est très abondante (du moins jusqu'en 1995) dans la sablière située au nord du chemin (Na/533/03).
Les parties sèches ou asséchées sont envahies par une végétation éparse, sauf sur certaines pentes (sud du secteur occidental) où la strate herbacée est quasi continue. Vers le chemin rural (partie occidentale) se trouvent plusieurs zones couvertes d'une friche rudérale avec e.a. l'ortie dioïque (Urtica dioica), la tanaisie (Tanacetum vulgare), des ronces (Rubus sp.). La végétation herbacée est composée, en plus de mousses et de poacées:
- de quelques espèces de pelouses sèches, comme la petite oseille (Rumex acetosella), le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), le petit boucage (Pimpinella saxifraga), le gaillet jaune (Galium verum), l'épervière piloselle (Hieracium pilosella), la porcelle enracinée (Hypochaeris radicata), le séneçon jacobée (Senecio jacobaea), la picride fausse-épervière (Picris hieracioides);
- de diverses espèces pionnières des milieux perturbés secs ou humides: renoncule rampante (Ranunculus repens), spergulaire rouge (Spergularia rubra), sagine (Sagina procumbens/apetala), potentille patte d'oie (Potentilla anserina), onagre (Oenothera sp.), trèfle rampant (Trifolium repens), véronique à feuilles de serpolet (Veronica serpyllifolia), campanule raiponce (Campanula rapunculus), tussilage (Tussilago farfara), matricaire inodore (Matricaria maritima subsp. inodora), tanaisie (Tanacetum vulgare), cirse des champs (Cirsium arvense), crépis à tige capillaire (Crepis capillaris), vulpie queue de rat (Vulpia myuros),...;
- des espèces de prairies plus ou moins sèches: e.a. renoncule âcre (Ranunculus acris), céraiste commun (Cerastium fontanum), luzerne lupuline (Medicago lupulina), gesse des prés (Lathyrus pratensis), vesce en épis (Vicia cracca), carotte sauvage (Daucus carota), panais (Pastinaca sativa – taxon subspécifique non précisé), bugle rampant (Ajuga reptans), brunelle commune (Prunella vulgaris), achillée millefeuille (Achillea millefolium), centaurée jacée (Centaurea jacea s.l.);
- de quelques espèces de lisières forestières: érythrée petite centaurée (Centaurium erythraea), épilobe en épi (Epilobium angustifolium), origan (Origanum vulgare), gaillet croisette (Cruciata laevipes), calamagrostis commune (Calamagrostis epigejos).
L'intérêt faunistique de cette sablière a été surtout documenté dans les années 1990 dans le cadre de l'inventaire précité (obs. A. Remacle, principalement).
A cette époque, une petite colonie d'hirondelle de rivage (Riparia riparia) y était installée, avec 24 couples nicheurs en 1992, 31 en 1994, 56 en 1995 et 139 en 1996. En 2003, quelques oiseaux nicheurs sont encore dénombrés (obs. J.-Y. Paquet) puis plus aucun ultérieurement.
On y observait également la nidification de la poule d'eau (Gallinula chloropus), de la tourterelle des bois (Streptopelia turtur), du pic vert (Picus viridis), du pipit des arbres (Anthus trivialis), du rossignol (Luscinia megarhynchos), de l'hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta) (un des premiers sites de nidification en Wallonie), du bruant jaune (Emberiza citrinella) et du bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus).
En hiver et en migration, y séjournent également le grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), le héron cendré (Ardea cinerea), la foulque macroule (Fulica atra), le chevalier guignette (Actitis hypoleucos), le chevalier culblanc (Tringa ochropus), etc.
L'intérêt du site pour l'herpétofaune est particulièrement élevé, avec au moins 7 espèces d'amphibiens et deux espèces de reptiles.
Dans les années 1990, on y observait l'existence d'une petite population de crapaud accoucheur (Alytes obstetricans) et de triton crêté (Triturus cristatus) mais ces deux espèces menacées sur le plan régional n'ont plus été notées récemment. En revanche, le crapaud calamite (Bufo calamita), également connu à cette époque, a été de nouveau contacté en 2010 (obs. X. Vandevyvre). Le maintien de cette espèce pionnière et thermophile n'a probablement été possible que par la continuation de l'exploitation de la partie orientale de la sablière, où elle peut encore trouver des conditions favorables à sa reproduction (flaques temporaires bien ensoleillées).
La présence de l'invasive tortue de Floride (Trachemys scripta) est également signalée sur le plan d'eau.
Jusqu'à présent, les données entomologiques sont restées peu nombreuses et relatives à seulement 4 grands groupes, à savoir les papillons de jour, les odonates, les hyménoptères aculéates et les orthoptères, la plupart des observations datant par ailleurs des années 1990.
Les papillons de jour recensés sur le site (près de 20 espèces) sont pour la plupart très communs, à l'exception du demi-deuil (Melanargia galathea), du point de Hongrie (Erynnis tages), de la grisette (Carcharodus alceae) et de l'argus vert (Callophrys rubi) lesquels, bien que répandus au sud du sillon sambro-mosan, présentent une certaine valeur patrimoniale.
En ce qui concerne les hyménoptères aculéates solitaires, les inventaires réalisés en 1995-96, certes incomplets, ont révélé l'existence d'agrégations de nids petites à moyennes, essentiellement concentrées dans la partie orientale du site. Les éléments les plus remarquables sont la rarissime andrène nocturne (Andrena nycthemera) et l'andrène vague (Andrena vaga), deux abeilles printanières terricoles butinant les saules, ainsi que l'anthidie ponctuée (Anthidium punctatum), espèce estivale peu commune et légalement protégée en Région wallonne.