Située dans les Cantons de l'Est, la réserve naturelle du Schartenknopf s'étend entièrement sur le territoire de la commune de Büllingen (Bullange), sur l'ancienne commune de Manderfeld. Elle s'étale sur environ 1,5 km le long de la frontière allemande (Land de Rhénanie-Palatinat), au sud-est du hameau de Krewinkel. Elle représente le point le plus oriental de Wallonie.
Le site occupe une crête exposée aux vents, à une altitude de 600 m, non loin de la tête de source de l'Ullenbach, petit cours d'eau tributaire de l'Our (bassin du Rhin). Le paysage au relief modérément vallonné est partagé entre des étendues de prairies et de champs de céréales entrecoupées de bosquets et de petits noyaux d'habitat.
Du point de vue éco-géographique, la réserve appartient à la Haute Ardenne orientale et au district phytogéographique ardennais (sous-district de Haute Ardenne).
La région repose sur des roches sédimentaires du Dévonien inférieur composées de grès, de schistes et de phyllades de l'Emsien.
D'après la carte pédologique, la réserve occupe des sols limoneux tantôt relativement secs et caillouteux à charge schisto-gréseuse (gbbr et gdbr), tantôt peu caillouteux sans développement de profil relativement sec (gdb) à fortement humides (ghx et Gix). Au nord du site, les sols limoneux fortement humides laissent place à une petite zone tourbeuse d'environ dix ares (V).
Le climat local est de type tempéré subcontinental caractérisé par une température moyenne annuelle de 6,5 °C, avec des moyennes mensuelles variant de -1°C à 14,5°C. Les précipitations sont abondantes atteignant un total annuel d'environ 1100 mm (informations tirées de la demande d'agrément de Natagora).
Le territoire de la réserve naturelle du Schartenknopf comporte plusieurs communautés végétales dont les plus représentatives sont les landes humides paratourbeuses, les nardaies montagnardes et les prairies humides oligotrophes. Il est également occupé par des fourrés de saules, des boisements de colonisation et quelques plantations résineuses résiduelles. Ces groupements sont brièvement évoqués ici sur base de la description détaillée figurant dans la demande d'agrément de Natagora.
La lande humide à bruyère quaternée (Erica tetralix) est présente sous forme de lambeaux souvent ponctués d'arbustes disséminés, surtout le saule marsault (Salix caprea), le bouleau pubescent (Betula pubescens), le peuplier tremble (Populus tremula). Les sphaignes (Sphagnum spp.) y sont bien représentées ainsi que diverses plantes de bas-marais acides comme la laîche noire (Carex nigra), la laîche étoilée (Carex echinata), la linaigrette à feuilles étroites (Eriophorum angustifolium), la linaigrette vaginée (Eriophorum vaginatum), ...
La lande dégradée à molinie (Molinia caerulea), plus étendue, correspond à un faciès de dégradation du groupement précédent, marqué par la domination de la molinie, formant des touradons sur les sols gorgés d'eau. Le cortège floristique est appauvri, avec notamment le cirse des marais (Cirsium palustre), le scirpe des marais (Eleocharis palustris) et quelques autres espèces.
Sur sols plus secs, apparaît la nardaie montagnarde à fenouil des Alpes (Meum athamanticum) et centaurée noire (Centaurea nigra), riche en espèces dont le nard (Nardus stricta), l'arnica (Arnica montana), la sieglingie décombante (Danthonia decumbens), le millepertuis tacheté (Hypericum maculatum), la tormentille (Potentilla erecta), le gaillet du Harz (Galium saxatile), la laîche à pilules (Carex pilulifera), la succise des prés (Succisa pratensis), la gesse des montagnes (Lathyrus linifolius), la bétoine (Betonica officinalis), la pédiculaire des bois (Pedicularis sylvatica), etc.
Couvrant à peu près la moitié de la surface de la réserve, les prairies de fauche sub-montagnardes peu fertilisées sont issues d'anciennes pratiques agro-pastorales et caractérisées par une haute diversité floristique. Parmi les espèces les plus typiques figurent l'avoine dorée (Trisetum flavescens), le fromental (Arrhenatherum elatius), la sanguisorbe officinale (Sanguisorba officinalis), le petit rhinanthe (Rhinanthus minor), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), la berce commune (Heracleum sphondylium), le cerfeuil sauvage (Anthriscus sylvestris), l'oseille sauvage (Rumex acetosa), le fenouil des Alpes (Meum athamanticum), la houlque velue (Holcus lanatus), la bistorte (Persicaria bistorta), le géranium des bois (Geranium sylvaticum), le millepertuis tacheté (Hypericum maculatum), la fétuque rouge (Festuca rubra), l'agrostis commun (Agrostis capillaris), la centaurée jacée (Centaurea jacea), la knautie des champs (Knautia arvensis), l'angélique sauvage (Angelica sylvestris), etc.
Des jonçaies se développent ici et là au sein de dépressions humides avec le jonc épars (Juncus effusus), le jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus), le jonc aggloméré (Juncus conglomeratus), la canche cespiteuse (Deschampsia cespitosa), le gaillet des marais (Galium palustre), le lotier des fanges (Lotus pedunculatus), etc.
L'abandon des landes et des prairies de fauche a favorisé leur colonisation par divers ligneux pionniers comme le saule à oreillettes (Salix aurita) qui forme souvent des massifs "en boule" dans les zones les plus humides, le saule marsault (Salix caprea), le genêt à balais (Cytisus scoparius), le bouleau pubescent (Betula pubescens), le peuplier tremble (Populus tremula), le sorbier des oiseleurs (Sorbus aucuparia), ... Ces arbustes forment soit des fourrés, soit de véritables bosquets lorsque la colonisation est plus ancienne.
L'intérêt faunistique du Schartenknopf demeure peu documenté. Le site paraît fort attractif pour l'avifaune, notamment les passereaux typiques du bocage et des prairies de fauche, les migrateurs en halte, les rapaces en chasse. Le tarier pâtre (Saxicola rubicola), le bruant jaune (Emberiza citrinella), le pipit des arbres (Anthus trivialis), la fauvette babillarde (Sylvia curruca) ou encore la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) sont quelques-uns des oiseaux réguliers durant la saison de nidification. En hiver, la bécassine des marais (Gallinago gallinago) y trouve refuge, tandis que le milan royal (Milvus milvus) exploite la zone pour son alimentation.
Pour le reste, on ne dispose d'aucune donnée de reptile et d'amphibien et on ne sait quasiment rien de l'entomofaune locale, en dehors de quelques papillons de jours, l'espèce la plus intéressante étant le moiré franconien (Erebia medusa), très menacé partout en Région wallonne.