L'ancienne carrière des Grands Malades a été décrite par A. REMACLE (1998) dans le cadre de l'inventaire des carrières et sablières en Région wallonne. Ce vaste complexe carrier est localisé dans l'angle oriental formé par la route de Hannut (N80) et la rue de Namur (N959). Plusieurs excavations ont ainsi été creusées dans le versant gauche de la vallée de la Meuse qui coule au pied du site. Vers le nord et l'est s'étend une zone urbanisée en extension. On y a extrait du calcaire viséen pour la production de chaux.
Le site est traversé par plusieurs chemins et sentiers, en particulier un chemin carrossable qui part de la route de Hannut (barrière à l'entrée) et rejoint la partie nord-est occupée par la Société canine de Namur, et un sentier qui descend de la rue des Résistants et mène vers le bas à la rue de Namur (N 959). La falaise nord est franchissable à un endroit par un sentier (avec escaliers en bois en mauvais état) qui conduit à la rue des Pierres Blanches. Une ancienne rampe mène à partir de la route N 959 dans la zone des anciens bâtiments, sur le haut des fours à chaux. Les deux accès principaux sont donc localisés vers l'ouest au départ de la route de Hannut et vers le sud au départ de la rue de Namur.
Le site comprend diverses excavations creusées à flanc de coteau:
- dans la partie nord où la falaise limitant le site, haute de 10-12 m maximum, est globalement orientée vers le sud et est, en quelques endroits, subverticale et encore relativement rocheuse;
- dans la partie sud, à proximité de la rue de Namur, où les falaises ne semblent guère intéressantes.
Le fond des excavations a en général été remblayé par des déchets inertes et/ou divers (tas non aplanis à plusieurs endroits) et est couvert d'une friche rudérale plus ou moins envahie de ligneux. La Société canine de Namur s'est installée dans une partie du secteur nord. Le reste du site (parties médiane et sud-ouest) est occupé par une zone boisée assez vaste, à la topographie plus ou moins irrégulière, une zone de déchets de chaux et la zone des bâtiments en ruine et des fours à chaux.
La fréquentation du site est assez forte. Localisé en zone urbaine, il a fait l'objet de nombreux déversements de déchets. Certaines parties ont ainsi servi de dépotoirs; des dépôts récents sont encore visibles à plusieurs endroits, notamment sur la pente en contrebas d'habitations (partie nord) et dans la partie sud accessible par la rue de Namur.
Les rochers des Grands Malades, seuls rescapés des carrières, constituent un pittoresque massif calcaire se dressant sur la rive gauche de la Meuse à Namur, à hauteur du pont et de l'écluse du même nom. Ils sont disposés selon un axe nord-ouest/sud-est et l'on reconnaît successivement: la Roche au drapeau, la Roche Centrale, Le Roc aux Singes, la Grande Béquille, la Petite Béquille, la Grande Muraille et le Fortin.
La falaise s'étend sur une longueur totale d'environ 170 mètres et montre différents types de structures: tours massives, aiguilles, piliers et arêtes, séparés par des couloirs abrupts. La roche est constituée de calcaire viséen gris-clair, dense et dur, qui alterne avec des zones noirâtres.
La face exposée au sud-ouest (ou face Meuse) est verticale à déversée haute d'environ 20 à 35 mètres; elle présente quelques petites grottes dont la Grotte aux Escaliers et l'Arcade de Flic ou Voyou.
La face exposée au nord-est (ou face Carrière) est essentiellement formée d'un mur vertical dénommé "la Grande Muraille". Cette physionomie est le témoin de l'ancienne activité extractrice de la carrière. Le pan atteint une quinzaine de mètres de hauteur pour une longueur de 90 m.
Avant l'ouverture des carrières, le site des Grands Malades était bien plus étendu et comportait de vastes pelouses sèches parcourues par les troupeaux de moutons. Il était considéré par les naturalistes de l'époque comme un des hauts lieux de la botanique belge.
Les auteurs anciens, dont BELLYNCK (1855), y signalaient entre autres espèces intéressantes: Dianthus carthusianorum, Allium sphaerocephalon, Nardurus maritimus, Berberis vulgaris, Crepis foetida, Erysimum cheiri, Filipendula vulgaris, Orobanche hederae, Sedum forsterianum, Sedum spurium, Petrorhagia prolifera, Potentilla recta, Ceterach officinarum, Hesperis matronalis, Parietaria officinalis, Centranthus ruber. Plusieurs de ces espèces, comme Filipendula vulgaris, ont disparu depuis, tandis que d'autres se sont maintenues.
L'ancienne carrière des Grands Malades a été décrite sur le plan botanique par A. REMACLE (1998), dans le cadre de l'inventaire des carrières et sablières en Région wallonne.
Fin des années 1990, les nombreux ligneux qui ont colonisé une grande partie de ce site, globalement fort arboré, sont représentés par les espèces suivantes: Salix caprea (dominant), Betula pendula, Prunus avium, Acer pseudoplatanus, Acer platanoides, Tilia sp., Populus tremula, Fraxinus excelsior, Robinia pseudoacacia, Salix sp., Malus sylvestris subsp. mitis, Alnus glutinosa, Corylus avellana, Crataegus monogyna, Rosa canina, Rosa arvensis, Cornus sanguinea, Prunus spinosa, Ligustrum vulgare, Buddleja davidii, Hedera helix, Clematis vitalba, arbustes ornementaux tels que Colutea arborea, Pyracantha coccinea et Cotoneaster horizontalis,...; Rubus sp. (abondante à certains endroits) et Rubus idaeus.
La strate herbacée globale comprend principalement des espèces pionnières des milieux anthropiques, quelques espèces de pelouses sèches qui y sont très localisées, des espèces prairiales et des espèces à affinités forestières: Helleborus foetidus, Corydalis solida (petite station le long du chemin montant vers la rue des Résistants), Urtica dioica, Saponaria officinalis, Sagina apetala, Arenaria serpyllifolia, Rumex scutatus, Fallopia japonica, Hypericum perforatum, Primula elatior, Sedum album, Potentilla reptans, Agrimonia eupatoria, Hippocrepis comosa (près des rochers), Lotus corniculatus, Melilotus albus, M. officinalis, Trifolium pratense, Vicia sepium, Lythrum salicaria, Epilobium angustifolium, Geranium molle, Daucus carota, Heracleum sphondylium, Origanum vulgare, Galeopsis angustifolia, Stachys sylvatica, Verbascum thapsus, Linaria vulgaris, Scrophularia nodosa, Teucrium scorodonia, Orobanche hederae (> 80 hampes en 1996), Campanula trachelium, Valeriana repens, Dipsacus fullonum, Knautia arvensis, Scabiosa columbaria, Hieracium sabaudum, H. pilosella, H. lachenalii, Erigeron acer, Picris hieracioides, Artemisia vulgaris, Tanacetum vulgare, Eupatorium cannabinum, Inula conyzae, Centaurea (Jacea) sp., Solidago canadensis, Senecio erucifolius, S. jacobaea, Cirsium arvense, C. palustre, Crepis biennis, Achillea millefolium, diverses poacées dont Poa compressa et Brachypodium sylvaticum, ...
Les rochers des Grands Malades qui subsistent actuellement montrent une végétation très intéressante qui fait l'objet, depuis 2001, de relevés réguliers en relation avec la pratique de l'alpinisme.
Les parois exposées au sud portent des pelouses rupestres à Festuca pallens et Melica ciliata bien développées et une communauté de fissures à Asplenium ruta-muraria et A. trichomanes. La crucifère Diplotaxis tenuifolia est particulièrement abondante, de même que Erysimum cheiri et Antirrhinum majus, cette dernière espèce, échappée des jardins, étant parfaitement naturalisée ici voire même envahissante. Les replats des rochers accueillent des pelouses à Sedum album, Sedum acre, Hippocrepis comosa, Acinos arvensis, Echium vulgare, Sesleria caerulea, Leucanthemum vulgare, etc. On observe par ailleurs Sisymbrium austriacum subsp. austriacum, Reseda lutea, Ballota nigra, Alliaria petiolata, Erodium cicutarium, Hypericum perforatum, Senecio inaequidens, Papaver argemone, Dianthus carthusianorum, Lapsana communis, Malva sylvestris, Linaria vulgaris, Veronica hederifolia et Hedera helix, qui forme des nappes à la base des falaises. Ailanthus altissimus, arbuste exotique et à caractère invasif, s'est implanté en plusieurs endroits des falaises, surtout dans la partie orientale du site.
Les sommets des rochers, difficilement accessibles, sont colonisés en abondance par Allium sphaerocephalon, Echium vulgare, Sesleria caerulea, Leucanthemum vulgare, Dianthus carthusianorum, Ribes uva-crispa, etc.
Une friche à la végétation assez exubérante se développe au pied des rochers. Elle est constituée d'éléments de prairie de fauche, de groupements méso-hygrophiles et de fourrés rudéraux. On y observe Origanum vulgare, Arrhenatherum elatius, Eupatorium cannabinum, Tanacetum vulgare, Rubus sp., Plantago lanceolata, Picris hieracioides, Geranium robertianum, Artemisia vulgaris, Senecio jacobaea, Dactylis glomerata, Carduus crispus, Clematis vitalba, Cirsium vulgare, Urtica dioica, Bellis perennis, Daucus carota, Ranunculus repens, Geum urbanum, Vicia hirsuta, Galium aparine, Prunus avium, Fraxinus excelsior, Acer campestre, Rosa canina, Medicago lupulina, Potentilla reptans, Glechoma hederacea, etc. Quelques plantes provenant des rochers se maintiennent localement là où la végétation n'est pas trop dense, dont Dianthus carthusianorum, Melica ciliata et Echium vulgare. Par ailleurs, l'espèce protégée Rosa rubiginosa est présente dans les fourrés bordant le talus de la route. Cette friche renferme diverses espèces exotiques naturalisées comme Vitis vinifera, Ailanthus altissimus, Forsythia sp., Syringa vulgaris, Rosa multiflora, Ficus carica, etc.
Dans une note technique, BUNGART (2003) résumait la végétation des Grands Malades comme suit:
- pelouse de falaise à Festuca pallens, Melica ciliata, Sisymbrium austriacum subsp. austriacum, Allium sphaerocephalon, Cardaminopsis arenosa subsp. borbasii (groupement dans lequel on note l'absence de Helianthemum apenninum et de Biscutella laevigata subsp. varia).
- groupement des fissures à Asplenium trichomanes et Asplenium ruta-muraria (absence de Ceterach officinarum).
- groupement d'éboulis à Rumex scutatus.
- groupement à orpins: Sedum acre, Sedum album, Echium vulgare.
- xerobromion à Sesleria caerulea, Hippocrepis comosa, Scabiosa columbaria, Dianthus carthusianorum, Lepidium campestre.
- groupement rudéral à Ballota nigra subsp. foetida, Malva moschata, Malva sylvestris, Verbascum densiflorum.
- ourlet thermophile à Origanum vulgare, Melilotus albus, Leucanthemum vulgare.
- fourrés thermophiles à Rhamnus cathartica.
Connue depuis au moins 1855, la population d'Orobanche hederae a été suivie pendant plusieurs années et a fait l'objet de comptages précis: le nombre de plantes ayant varié de 0 à 383 hampes florales entre 2001 et 2005 (BUNGART, 2006).