Intro
Brève description
Localisé dans le Brabant wallon, à l'est du territoire communal d'Orp-Jauche, sur le versant droit de la vallée du ruisseau de Petit-Hallet, le site des Caves Pahaut consiste en une ancienne carrière de craies souterraine pourvue d'environ 1,5 km de galeries d'une hauteur moyenne de 5 m, formant un labyrinthe débouchant à l'extérieur par 4 entrées. En surface, les 3 hectares sont partagés entre des prairies de fauche sur pente thermophile, des friches calcicoles et rudérales, des fourrés et quelques bosquets feuillus. Les galeries des Caves Pahaut représentent l'un des principaux lieux d'hibernation des chiroptères de la région limoneuse, comptant plusieurs centaines d'individus appartenant à au moins 8 espèces différentes, plusieurs d'entre-elles exploitant aussi les parages pour leurs chasses estivales. Les prairies et friches calcicoles sont particulièrement intéressantes du point de vue floristique. Occupant le site depuis 1991, l'association Natagora (anc. RNOB) y œuvre pour assurer une quiétude absolue aux chauves-souris durant leur repos hivernal, notamment en fermant les entrées par des grilles adaptées au passage de ces petits mammifères volants. De plus, le suivi scientifique est assuré quasi annuellement par des collaborateurs du groupe de travail Plecotus. Actuellement, Natagora y gère 1,5 ha de terrains dont un tiers bénéficie du statut de réserve naturelle agréée. En outre, une petite surface est inscrite dans le réseau Natura 2000 au sein du site BE31009 «Carrières souterraines d'Orp-Jauche».
Conservation
Objectifs de conservation
Protection de galeries souterraines de grand intérêt chiroptérologique. Les Caves Pahaut constituent en effet l'un des principaux site d'hibernation pour des chauves-souris dans le Brabant Wallon.
Menaces
Aucune menace ne pèse sur le site.
Recommandations
Plan de gestion
Le plan de gestion vise à maintenir la quiétude du site afin de préserver son intérêt comme lieu d'hibernation pour les chauves-souris.
Durant l'année 1993-94, trois chantiers de gestion furent organisés par les RNOB et avec l'aide de Jeunes et Nature pour : d'une part, fermer les accès aux galeries, d'autre part étayer une petite galerie qui menaçait de s'effondrer.
Depuis lors, le comptage annuel des chauves-souris est réalisé en période hivernale.
Auteur : RNOB, 1999.
Accès du public
L'accès au public de la réserve naturelle sera limité dans le cadre de visites guidées, lors des chantiers de gestion ou toute autre activité organisée dans le site et avalisée par la commission de gestion.
Les véhicules motorisés et vélos tout terrain ne seront pas admis dans la réserve, à l'exception des engins agricoles et autres destinés à la gestion du site (fauche, débroussaillage, ...).
Les études scientifiques seront suscitées et menées après accord de la commission de gestion.
Pour des motifs de sécurité publique, de protection d'espèces ou de travaux de gestion, la commission de gestion peut interdire temporairement certains accès.
L'entrée des galeries est grillagée.
Détails
Description physique
Le site des Caves Pahaut est localisé dans le Brabant limoneux, dans l'est de la commune de Orp-Jauche, à la limite avec la province de Liège. Il occupe le versant droit de la vallée du ruisseau de Petit-Hallet, juste à l'entrée du village d'Orp-le-Petit, à une altitude comprise entre 80 m au niveau de la rivière et 100 m sur le plateau cultivé.
Les Caves Pahaut sont constituées d'anciennes galeries souterraines d'extraction de craies phosphatées, mais aussi de terrains en surface portant une mosaïque de prés, friches et bosquets sur pentes exposés au sud.
La carrière souterraine est un vaste labyrinthe de galeries dont la longueur totale est d'environ 1,5 km. Le réseau possède quatre accès vers l'extérieur, dont deux entrées principales, un puit d'aération ainsi qu'une petite sortie accessoire menaçant de s'effondrer. Les galeries ont une hauteur moyenne de 5 mètres et leurs parois sont, sauf près des entrées, relativement peu fissurées.
Du point de vue biogéographique, le site se trouve au sein de la région atlantique et du district phytogéographique brabançon.
Description biologique
L'intérêt principal des Caves Pahaut se trouve dans ses galeries souterraines qui accueillent bon an mal an plusieurs centaines de chauves-souris appartenant à au moins 8 espèces différentes. Les aménagements mis en œuvre par l'association Natagora depuis les années 1990, notamment la pose de grilles adaptées aux entrées, ont permis à ces petits mammifères volants de s'y reposer en toute quiétude durant la période hivernale. Le suivi scientifique de cette population est assuré depuis 1988, quasiment annuellement. On peut ainsi établir que non seulement le nombre d'espèces s'est accru (passant de 5 dans les années 1990 à 8 ces dernières années), mais également le nombre d'individus.
La présence de plusieurs espèces d'intérêt communautaire a justifié l'intégration de ce petit site isolé dans le réseau Natura 2000 wallon.
La partie aérienne de la carrière est occupée par une végétation rudérale, sans intérêt particulier, sauf peut-être du point de vue entomologique. Cependant, elle est exploitée par plusieurs espèces de chauves-souris comme terrain de chasse estival.
Sur le plateau agricole se trouve une parcelle de Natagora renfermant une flore très variée mêlant des espèces de cultures, de prairies mésophiles et de lisières. On y observe quelques calcicoles, dont Sanguisorba minor et Inula conyzae.
Hors réserve naturelle, à l'est de celle-ci, une prairie en pente regroupe également un cortège intéressant avec notamment Knautia arvensis, Tragopogon pratensis, Lotus corniculatus, Centaurea jacea, Sanguisorba minor, Ranunculus bulbosus, Plantago media, Leucanthemum vulgare, etc.
Monument naturel
Monument historique
Ancienne carrière de craie.
Histoire du site
Sur la carte de Ferraris, datant du 18ème siècle, le site était occupé par des cultures. Il a ensuite été exploité pour les craies phosphatées et les tuffeaux puis transformé en champignonnière. Il a été abandonné il y a une quarantaine d'années.
Les galeries des Caves Pahaut ont été creusées à la fin de 19ème siècle afin d'exploiter la craie contenue dans le sous-sol et produire de la chaux. Le nom de "Pahaut" rappelle celui de la famille, propriétaire des lieux, qui décida d'ouvrir cette carrière en 1872.
Assez rapidement cependant, ces galeries reçurent d'autres fonctions : on les utilisa comme lieu de culture de champignons de couche (la température y est stable tout au long de l'année et l'humidité élevée), elle servirent d'abri ou de lieu de stockage durant la seconde guerre mondiale. Après la guerre, les caves Pahaut tombèrent dans l'abandon et ne furent bientôt plus visitées que par quelques curieux.
Cet abandon du site ne fut pas perdu pour tout le monde et constitua même une aubaine pour les chauves-souris! Ceci d'autant plus que d'autres souterrains situés non loin de là, les souterrains de Folx-les-Caves, jadis fort intéressants pour leur faune chiroptérologique, connurent à peu près le sort inverse par la reprise de la culture de champignons et le développement du tourisme.
Les Caves Pahaut devinrent alors le seul site important d'hibernation pour les chauves-souris à des dizaines de kilomètres à la ronde, une raison bien suffisante pour placer ce site en réserve naturelle, ce qui fut fait en 1991 (source: Natagora).