Les sites de "Derrière les Massottes" et "Dessus les Coutures" sont situés en Hesbaye liégeoise sur le versant gauche de la vallée du Geer, au niveau des villages de Boirs et Roclenge-sur-Geer, sur le territoire communal de Bassenge.
Le paysage local est très particulier: la rivière Geer, dans sa partie aval, a entaillé le plateau hesbignon sur une largeur moyenne de 600 m dans un axe ouest-est, engendrant l'émergence de ces reliefs sur plusieurs kilomètres, avec les flancs de rive gauche d'exposition sud, et ceux de rive droite d'exposition nord. La Meuse coule au plus près à 7 km plus à l'est, au niveau de Lixhe.
Le versant qui nous concerne présente un dénivelé important avec une exposition essentiellement orientée au sud. L'altitude est comprise entre 80 m au seuil et 135 m au somment du coteau.
Le site "Derrière les Massottes" s'étend depuis le Thier Begot (limite ouest), à la suite à la tranchée autoroutière de Boirs (A13), jusqu'au chemin empruntant la chavée du Thier du Moulin (limite est), soit une distance de près d'un km.
"Dessus les Coutures" prolonge le site vers l'est (aval), au-delà du vallon du Thier du Moulin, jusqu'à la rue dite "Sur les Coteaux", à Roclenge, soit environ 350 m de versant.
Ces pentes sèches escarpées sont constituées d'un sol peu profond à charge caillouteuse plus ou moins importante, reposant principalement sur des craies organo-détritiques du Maastrichtien datant du Crétacé supérieur. Au cours des temps géologiques, la rivière Geer s'est frayé un chemin au travers de ces craies au cours du Pleistocène moyen en façonnant sa vallée et en y déposant des graviers et des silex. Cela explique que l'on retrouve sur le site des alternances de craies, donnant des sols calcaires, et de graviers produisant des sols plus acides. Les affleurements de craies y sont fréquents, surtout sur le site de Derrière les Massottes.
Le climat de la basse vallée du Geer est de type tempéré océanique, doux et humide. A l'échelle du site, les températures sont cependant un peu plus élevées que les zones avoisinantes en raison du sol crayeux, perméable et accumulateur de chaleur, et de l'exposition plein sud du versant.
Du point de vue biogéographique, le site appartient à la région atlantique et au district phytogéographique brabançon.
Le périmètre concerné ici occupe le versant gauche de la vallée du Geer au niveau des villages de Boirs et de Roclenge et regroupe deux sites, Derrière les Massottes et Dessus les Coutures (d'après la nomenclature en usage au sein de Natagora). Ces deux sites sont séparés par un vallon emprunté par un chemin dit Thier du Moulin.
Les parcelles du site figurant dans les limites de la réserve naturelle agréée sont décrites dans le dossier de demande d'agrément (Natagora 2014). La plupart des informations reprises ci-après en sont extraites, complétées par des données provenant de différentes autres sources (notamment les relevés Natura 2000 réalisés vers 2005-2010 par le DEMNA).
Derrière les Massottes (incl. Thier Begot)
Ce site est constitué d'un ensemble de prairies peu fertilisées, pâturées et de fauche, sur le rebord de plateau et le versant escarpé surplombant le village de Boirs, essentiellement d'exposition plein sud, sauf à l'extrémité occidentale (Thier Begot), vers l'autoroute A13, où le relief est tourné vers l'ouest, et l'extrémité orientale, marquée par le vallon du Thier du Moulin, exposée à l'est. Ces prairies sont interrompues par plusieurs bosquets feuillus et des fourrés, et sont également par endroits ponctuées de vieux arbres fruitiers, vestiges d'anciens vergers.
Les parcelles de la RNA, d'une superficie totale de 4,35 ha, occupent la partie centrale du site. Ce périmètre renferme une ancienne pâture peu fertilisée enclavée entre deux bosquets feuillus (chênaie-charmaie). La partie supérieure est bordée d'un talus sous couvert de quelques chênes de belle taille. Une petite chavée (zone ravinée) traverse la prairie en son milieu, dans le sens de la pente. Elle est colonisée par des fourrés sur calcaire.
Dans sa partie supérieure, la prairie montre une flore plus acidophile liée à la présence de graviers fluviatiles, tandis que les deux-tiers inférieurs sont plutôt caractérisés par une végétation de pelouse calcicole mésophile à méso-xérophile, de prairie de fauche ou de pâtures selon les secteurs.
Les pelouses calcicoles montrent l'amourette (Briza media), la bugrane rampante (Ononis repens), la scabieuse colombaire (Scabiosa columbaria), le brome érigé (Bromus erectus), le gaillet jaune (Galium verum), la petite pimprenelle (Sanguisorba minor), etc. Elles renferment également deux espèces d'orchidées: l'ophrys abeille (Ophrys apifera) et l'orchis pyramidal (Anacamptis pyramidalis).
Les prairies de fauche ont une composition typique avec entre autres le crépis des prés (Crepis biennis), la knautie des champs (Knautia arvensis), la flouve odorante (Anthoxanthum odoratum), la centaurée jacée (Centaurea jacea), le fromental (Arrhenatherum elatius), la véronique petit-chêne (Veronica chamaedrys), le pâturin des prés (Poa pratensis), la luzule champêtre (Luzula campestris), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), l'avoine dorée (Trisetum flavescens), le salsifis des prés (Tragopogon pratensis), la patience des prés (Rumex acetosa), la campanule raiponce (Campanula rapunculus), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), etc.
Les prés pâturés sont composés de l'ivraie vivace (Lolium perenne), la pâquerette (Bellis perennis), le séneçon jacobée (Senecio jacobaea), la laîche en épi (Carex spicata), le plantain lancéolé (Plantago lanceolata), la houlque laineuse (Holcus lanatus), la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), le trèfle rampant (Trifolium repens), le brome mou (Bromus hordeaceus), ...
Dans le coin nord-est de la prairie sous statut, un verger haute tige (16 pommiers de 7 variétés régionales) a été installé durant l'automne 2010 à un endroit moins pentu et au sol plus riche où existait déjà dans le passé un verger. La limite sud est soulignée par une haie de 300 m plantée à la même époque et composée de 16 espèces d'arbustes indigènes.
Au Thier Begot, surplombant l'autoroute A13, se trouve une prairie très intéressante, hors RNA mais bénéficiant de mesures agri-environnementales en tant que "prairies de haute valeur biologique". Elle couvre un versant exposé à l'ouest et au sud-ouest dont la partie inférieure est largement boisée.
Un relevé effectué dans cette prairie le 22/06/2019 (J.-L. Gathoye et A. Borensztein) regroupe près de 60 espèces végétales dont le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), le fromental (Arrhenatherum elatius), l'avoine dorée (Trisetum flavescens), l'épervière piloselle (Hieracium pilosella), la petite pimprenelle (Sanguisorba minor), la fétuque rouge (Festuca rubra), la crételle (Cynosurus cristatus), le liondent hispide (Leontodon hispidus), la luzule champêtre (Luzula campestris), la centaurée jacée (Centaurea jacea), le petit boucage (Pimpinella saxifraga), la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), la renoncule bouton d'or (Ranunculus acris), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), l'avoine pubescente (Avenula pubescens), le géranium disséqué (Geranium dissectum), le serpolet commun (Thymus pulegioides), le plantain moyen (Plantago media), la brunelle commune (Prunella vulgaris), la bugrane rampante (Ononis repens), la luzerne lupuline (Medicago lupulina), l'achillée millefeuille (Achillea millefolium), la carotte sauvage (Daucus carota), la berce commune (Heracleum sphondylium), le trèfle des prés (Trifolium pratense), l'agrostis capillaire (Agrostis capillaris), la platanthère des montagnes (Platanthera chlorantha), etc.
D'autres observateurs y ont aussi signalé récemment l'ophrys abeille (Ophrys apifera), le polygala vulgaire (Polygala vulgaris), le brome érigé (Bromus erectus), la laîche glauque (Carex flacca) et même le cumin des prés (Silaum silaus), plante très rare dans la région.
La partie basse du versant, jusqu'à la rue du Thier Begot, était encore très largement ouverte au milieu des années 1990 époque à laquelle elle s'est progressivement embroussaillée donnant actuellement un boisement calcicole avec notamment le chêne pédonculé (Quercus robur), le charme (Carpinus betulus), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), le prunellier (Prunus spinosa), etc. Diverses herbacées sont présentes dans les petites clairières et lisières comme le clinopode commun (Clinopodium vulgare), l'origan (Origanum vulgare), l'aigremoine eupatoire (Agrimonia eupatoria), la campanule raiponce (Campanula rapunculus), la vergerette annuelle (Erigeron annuus), l'œillet velu (Dianthus armeria), l'érythrée petite centaurée (Centaurium erythraea), etc.
A l'est des parcelles RNA, entre celles-ci et le vallon du Thier du Moulin, s'étendent de vastes prairies pentues, ponctuées de quelques arbres. On y observe en outre la présence de deux ravins boisés dans la portion sud-ouest. La flore prairiale est assez diversifiée comprenant à la fois des espèces de prairies de fauche, de pâtures plus ou moins maigres et de pelouses calcicoles mésophiles: porcelle enracinée (Hypochaeris radicata), grand boucage (Pimpinella major), séneçon jacobée (Senecio jacobaea), petit trèfle jaune (Trifolium dubium), carotte sauvage (Daucus carota), pâturin des prés (Poa pratensis), lotier corniculé (Lotus corniculatus), ivraie vivace (Lolium perenne), crételle (Cynosurus cristatus), centaurée jacée (Centaurea jacea), petite pimprenelle (Sanguisorba minor), cirse des champs (Cirsium arvense), achillée millefeuille (Achillea millefolium), gaillet nain (Galium pumilum), avoine pubescente (Avenula pubescens), origan (Origanum vulgare), melilot blanc (Melilotus albus), alchémille vert-jaunâtre (Alchemilla xanthochlora), pâquerette (Bellis perennis), grande marguerite (Leucanthemum vulgare), pâturin commun (Poa trivialis), petit boucage (Pimpinella saxifraga), etc.
C'est dans cette prairie que la rare sauge des prés (Salvia pratensis) a été notée dans le cadre des relevés Natura 2000 (obs. S. Krickx).
Dessus les Coutures
Ce site prolonge vers l'est le versant bocager de Derrière les Massottes au-delà du vallon du Thier du Moulin, en direction du village de Roclenge. Il occupe la moitié supérieure du flanc de la vallée du Geer, entre l'arrière des jardins de la rue François Hofman et le plateau cultivé du haut.
Cette zone est composée pour moitié de prairies et pour l'autre moitié de secteurs boisés ou embroussaillés. Son intérêt provient notamment par le fait qu'elle montre une grande diversité de situations et de structures sur une surface restreinte.
Les prairies sont restées maigres en raison de leur dénivelé important. La flore recensée rassemble surtout des espèces du cortège des pâtures peu fertilisées et peu intensives avec plus localement des éléments des prairies de fauche de basse altitude. A l'heure actuelle, ces prairies sont gérées par pâturage ovin (une bergerie a été construite en 2015 dans le haut du site, près de la limite nord de la RNA). Citons parmi les herbacées: l'ivraie vivace (Lolium perenne), le vulpin des prés (Alopecurus pratensis), le fromental (Arrhenatherum elatius), l'ortie dioïque (Urtica dioica), la luzule champêtre (Luzula campestris), l'ail des vignes (Allium vineale), le trèfle des prés (Trifolium pratense), le myosotis des champs (Myosotis arvensis), la gesse des prés (Lathyrus pratensis), la campanule à feuilles rondes (Campanula rotundifolia), la campanule raiponce (Campanula rapunculus), la consoude officinale (Symphytum officinale), la knautie des champs (Knautia arvensis), le gaillet jaune (Galium verum), le crépis des prés (Crepis biennis), la fétuque rouge (Festuca rubra), la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), le pissenlit (Taraxacum sp.), la fétuque des prés (Festuca pratensis), le salsifis des prés (Tragopogon pratensis), etc.
Un aspect remarquable du site se trouve dans la présence d'une vieille cerisaie constituée de nombreux cerisiers (Prunus cerasus) âgés et moribonds.
Les boisements, concentrés sur la portion la plus escarpée du versant, se rapportent tantôt à la chênaie-frênaie neutrophile, tantôt à la chênaie-charmaie calcicole. On y observe par exemple le chêne pédonculé (Quercus robur), l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus), l'érable champêtre (Acer campestre), le frêne (Fraxinus excelsior), le charme (Carpinus betulus), le merisier (Prunus avium), l'aubépine à un style (Crataegus monogyna), et dans le sous-bois: la laîche des bois (Carex sylvatica), le sceau de Salomon commun (Polygonatum multiflorum), la mélique uniflore (Melica uniflora), l'épiaire des bois (Stachys sylvatica), le gouet tacheté (Arum maculatum), le céphalanthère à grandes fleurs (Cephalanthera damasonium), l'épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine), la ficaire fausse-renoncule (Ranunculus ficaria), la corydale solide (Corydalis solida), la clématite des haies (Clematis vitalba), etc.
Lors de la construction de la bergerie, quatre petites mares ont été aménagées à l'ouest du bâtiment. Elles ont été rapidement colonisées par quelques espèces de libellules mais on ne dispose guère de données sur la flore, hormis la présence de quelques hygrophiles comme le populage (Caltha palustris), la reine des prés (Filipendula ulmaria), ...
Une galerie souterraine a été creusée jadis en bordure du petit chemin escarpé du Thier du Moulin qui emprunte le vallon sec entre Derrière les Massottes et Dessus les Coutures. Abandonnée de longue date, elle sert à présent de gîte d'hibernation pour les chauves-souris et est à ce titre suivi par le groupe de travail Plecotus. Quatre espèces ont été notées en petit nombre ces dernières années: le murin de Natterer (Myotis nattereri), le murin de Daubenton (Myotis daubentonii), un oreillard non identifié (Plecotus sp.) et le murin à moustaches et/ou le murin de Brandt (Myotis mystacinus/brandtii).