Localisés dans le sud-est de la Lorraine belge, les ruisseaux du Magenot et du Corbé sont deux petits cours d'eau presque jumeaux qui s'écoulent sur le revers de la deuxième cuesta, autour du village de Bleid, non loin de la frontière française. Ils traversent un paysage vallonné à vocation agricole composé de prairies, de cultures, de petits bois et de haies bocagères.
Le ruisseau du Magenot prend sa source à 300 m d'altitude, à 1 km au nord-est de Bleid, au sein d'un bosquet feuillu. Il s'écoule vers le sud pendant environ 600 m avant de recevoir deux petits ruisselets de source venant du versant est. Il poursuit son parcours vers le sud puis vers le sud-ouest pendant quelques centaines de mètres avant son passage à l'est du village de Bleid.
Le ruisseau du Corbé naît au nord-ouest de ce village, dans une prairie à 275 m d'altitude. Il s'écoule en direction du sud-est, alimentant au passage trois petits étangs d'agrément, avant de se diviser en deux branches dans sa traversée du domaine du Château de Bleid. Il passe ensuite sous le village au sein d'une canalisation souterraine, avant de ressortir au croisement des rues du Haron et du Corbé et poursuivre son cours le long de cette dernière voirie pendant 400 m en direction du sud-est où il converge vers le ruisseau du Magenot mais sans confluer l'un avec l'autre.
A partir de cet endroit, ces deux ruisseaux, distants de quelques dizaines de mètres tout au plus, coulent parallèlement vers le sud au fond d'une vallée commune tout en étant séparés par la rue du Corbé, jusqu'au croisement de la rue du Bois, 1500 m plus en aval, à l'ouest de Signeulx, où les deux cours d'eau fusionnent en un seul, lequel poursuit au délà de la ligne de chemin de fer Virton-Athus, avant de confluer avec la Vire vers 220 m d'altitude.
En aval de Bleid, le ruisseau du Corbé reçoit en outre cinq petits affluents de peu d'importance, tous en rive droite.
En tant qu'affluents de la Vire, ces deux ruisseaux appartiennent au sous-bassin de la Semois et au bassin de la Meuse.
Dans le fond de la vallée et le bas des versants, les sols sont argileux à argileux lourds, sans développement de profil, fortement à très fortement gleyifiés (humide à très humide).
Le village de Bleid s'inscrit dans un paysage agricole relativement intensif mais qui conserve des portions d'intérêt écologique et biologique, en particulier autour des ruisseaux du Corbé et du Magenot, au nord et au sud de Bleid, depuis les zones de sources de ces cours d'eau jusqu'à leur confluence avec la Vire à Signeulx.
De façon très schématique, les fonds de vallée sont occupés par une mosaïque de groupements végétaux dont des mégaphorbiaies rivulaires à reine des prés, des magnocariçaies, des fragments d'aulnaies et de saulaies alluviales, des prairies de fauche humides, ... tandis que les versants sont couverts par des prairies de fauche, des pâtures et des cultures entrecoupées de haies et d'autres éléments bocagers.
Plusieurs zones intéressantes ont été dégradées ces dernières années par le creusement d'étangs de loisir, des constructions diverses, des remblais, des plantations de peupliers, ainsi que par l'intensification agricole: drainage, passage à des prairies temporaires, etc.
Mais d'une manière générale, les connaissances concernant la flore locale demeurent fragmentaires, en dehors de relevés effectués dans le cadre de la cartographie du site Natura 2000 BE34065 "Bassin supérieur de la Vire et du Ton" ou du suivi des mesures MAE "Prairies à haute valeur biologique".
Aux sources du ruisseau du Magenot, dans la partie nord-orientale du site, des prairies en pente enclavées par des haies ainsi qu'une ancienne pessière exploitée au milieu des années 2000 sont particulièrement intéressantes du point de vue floristique. Selon un relevé récent (P. Verté, 2013 et 2019), on y observe le cortège typique des prairies de fauche de basse altitude peu fertilisées dont le crépis des prés (Crepis biennis), le fromental (Arrhenatherum elatius), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), la berce commune (Heracleum sphondylium), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), la crételle (Cynosurus cristatus), la gesse des prés (Lathyrus pratensis), la stellaire graminée (Stellaria graminea), le trèfle des prés (Trifolium pratense), la vesce en épi (Vicia cracca), l'avoine dorée (Trisetum flavescens), le pâturin des prés (Poa pratensis), le bouton d'or (Ranunculus acris), la centaurée jacée (Centaurea jacea), le céraiste commun (Cerastium fontanum), le brome mou (Bromus hordeaceus), le grand boucage (Pimpinella major), le petit rhinanthe (Rhinanthus minor), le brome en grappe (Bromus racemosus), la knautie des champs (Knautia arvensis), etc. Dans les dépressions plus humides et aux abords des ruisselets, apparaissent des espèces plus hygrophiles comme la renoncule rampante (Ranunculus repens), le lotier des fanges (Lotus pedunculatus), la laiche des marais (Carex acutiformis), l'iris jaune (Iris pseudacorus), le cirse maraîcher (Cirsium oleraceum), la reine des prés (Filipendula ulmaria), le jonc épars (Juncus effusus), le lychnis fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi), la laiche hérissée (Carex hirta), la valériane officinale (Valeriana officinalis), etc. Une station de sureau yèble (Sambucus ebulus) est signalée dans la prairie restaurée sur l'ancienne pessière.
Au nord-ouest de Bleid se trouve la tête de source du ruisseau du Corbé qui prend place dans un paysage bocager et vallonné. Trois petits plans d'eau d'agrément existent un peu en aval de la source: les deux plus petits ont été creusés dans les années 1990 tandis que le plus grand a été créé à l'emplacement d'une pessière courant début des années 2000. Au sud de cet dernier étang s'étend un petit bois feuillus auquel succède le parc du Château de Bleid. La traversée du village a lieu au sein d'une canalisation souterraine et à sa sortie, le ruisseau du Corbé converge fortement vers le ruisseau du Magenot sans confluer avec ce dernier. A cet endroit, un bois feuillus à saule blanc (Salix alba) et peupliers (Populus sp.) s'est développé sur des sols particulièrement humides où a aussi été creusé un petit étang. Aucune donnée botanique n'est disponible pour ce secteur.
En rive droite du ruisseau du Corbé, un petit vallon perpendiculaire en partie boisé comporte des prairies humides à la flore très diversifiée (d'après des relevés de S. Rouxhet, 2008): laiche des lièvres (Carex ovalis), laiche noire (Carex nigra), laiche hérissée (Carex hirta), laiche distique (Carex disticha), jonc à tépales aigus (Juncus acutiflorus), renoncule flammette (Ranunculus flammula), lotier des fanges (Lotus pedunculatus), gaillet des marais (Galium palustre), agrostis des chiens (Agrostis canina), bugle rampant (Ajuga reptans), prêle des marais (Equisetum palustre), scirpe des bois (Scirpus sylvaticus), crételle (Cynosurus cristatus), glycérie flottante (Glyceria fluitans), myosotis des marais (Myosotis scorpioides), lychnis fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi), scirpe des marais (Eleocharis palustris), cardamine des prés (Cardamine pratensis), petit rhinanthe (Rhinanthus minor), etc.
Sur le versant opposé, en rive gauche du Magenot, on rencontre également quelques éléments de prairies humides et de marais avec entre autre la laiche des marais (Carex acutiformis), la reine des prés (Filipendula ulmaria), le scirpe des bois (Scirpus sylvaticus), la prêle des marais (Equisetum palustre), le lychnis fleur de coucou (Lychnis flos-cuculi), le jonc épars (Juncus effusus), l'iris jaune (Iris pseudacorus), la laiche des rives (Carex riparia), la houlque velue (Holcus lanatus), la glycérie flottante (Glyceria fluitans), etc. Et plus haut sur la pente, subsistent encore de belles prairies de fauche à la flore caractéristique.
La portion la plus aval du site, en particulier en rive droite du ruisseau du Corbé, présente encore de nombreuses parcelles de prairies mais le paysage y est davantage dominé par les terres cultivées (escourgeon, épeautre, avoine, colza, ...). Certains de ces champs peuvent se révéler très intéressants du point de vue botanique: ils ont ainsi hébergé ces dernières années diverses plantes messicoles menacées, comme le grémil des champs (Lithospermum arvense), le brome seigle (Bromus secalinus), le brome des champs (Bromus arvensis), le brome variable (Bromus commutatus), la gesse tubéreuse (Lathyrus tuberosus), etc. Ils représentent à ce titre un enjeu majeur pour la conservation de plusieurs de ces espèces qui ne subsistent plus guère qu'en Lorraine et en Famenne.
L'intérêt faunistique mériterait également à être davantage documenté. Le site est un bastion pour la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) dont plus de 15 couples nicheurs sont recensés certaines années. Le tarier pâtre (Saxicola rubicola) est également bien présent dans cette zone bocagère. Les cultures voient parfois le bruant proyer (Emberiza calandra) se cantonner. En outre, le secteur de Bleid-Mussy héberge une portion significative de la population gaumaise de chevêche d'Athéna (Athene noctua), soit 3-4 couples pour un total estimé autour de 6-15 cantons (R. Dujardin, in litt., janv. 2021).
Le château de Bleid, en bordure du village, est fréquenté par deux chauves-souris d'intérêt communautaire qui chassent dans les alentours: le murin à oreilles échancrée (Myotis emarginatus) dont une colonie existe dans une des tours du château (150 ind. en 2012 - GT Plecotus), et le grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum).
Du point de vue entomologique, le site héberge plusieurs espèces de papillons diurnes intéressantes dont le cuivré des marais (Lycaena dispar), emblématique de la Lorraine et espèce d'intérêt communautaire.