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3233 - Terril du Bonnier

Site de Grand Intérêt Biologique (SGIB)

Synonymes :Bonnier-Pery
Communes :Grâce-Hollogne
Cantonnements DNF :Liège
Surface :23.17 ha
Coordonnées :X Lambert : 229593 - Y Lambert : 148753
Voir la localisation avec la cartographie dynamique
Rappel : toute circulation en dehors de la voie publique requiert l'accord préalable du propriétaire ou de son délégué.

Intro

Brève description

Le terril du Bonnier, aussi appelé Bonnier-Pery, est situé à environ 5 km à l'ouest de la ville de Liège et à 3 km au nord de la Meuse, sur le rebord du plateau de la Hesbaye. Avec les cités ouvrières, c'est l'un des derniers témoins physiques de l'extraction de la houille sur la commune de Grâce-Hollogne, industrie qui marqua profondément la région entière durant plusieurs siècles. La Société anonyme des Charbonnages du Bonnier y a commencé ses activités dès le début des années 1800 et a définitivement fermé le 31 janvier 1967, constituant durant ce laps de temps deux terrils accolés. Le terril principal s'étire à la fin de son exploitation sur 580 m dans l'axe est-ouest et domine la rue Joseph Dejardin de ses quelques 240 m de hauteur. Durant les années 1950, sa portion orientale était déjà largement couverte d'arbres et c'est à peu près à cette époque que le cimetière de Grâce-Hollogne a été aménagé au pied de son flanc sud. Dans le prolongement ouest du terril principal, un terril nettement plus petit a été érigé plus tard: de forme conique régulière, il surplombe de ses 228 m le versant agricole des Dix-Huit Bonniers et le complexe sportif voisin. L'ensemble compose actuellement une imposante colline boisée et un ilot de verdure remarquable dans ce secteur assez densément bâti. Les bouleaux (Betula spp.) et les robiniers faux acacias (Robinia pseudoacacia) sont prédominants dans la strate arborée, en mélange avec de nombreuses autres espèces ligneuses. Les ronces forment des massifs denses dans le sous-bois, où abondent aussi les plantes nitrophiles, tandis que là où les schistes affleurent encore persistent des plantes d'éboulis telles que l'oseille ronde (Rumex scutatus). Au pied du flanc ouest s'étend une bande de prairie mésophile puis une cuvette crayeuse fortement ravinée entièrement sous le couvert d'un bois riche en vieux saules marsaults (Salix caprea). L'intérêt faunistique, encore très imparfaitement documenté, est néanmoins illustré par la présence d'une espèce de coléoptère emblématique et strictement protégée, à savoir le lucane cerf-volant (Lucanus cervus). Cet insecte spectaculaire, dont la larve se développe pendant plusieurs années dans le bois mort enterré, trouve en région liégeoise son principal bastion régional. D'autres organismes saproxyliques plus discrets sont clairement favorisés par la quantité de bois mort et d'arbres à divers stades de dépérissement. Parmi les papillons, le grand mars changeant (Apatura iris), caractéristique des forêts riches en saules et en peupliers, mérite également mention du fait de sa rareté au nord du sillon sambro-mosan. Pour l'heure, le terril du Bonnier ne bénéficie d'aucun statut de protection et n'a pas été inscrit au réseau Natura 2000 wallon.

Carto

Régions naturelles

  • D0 - Hesbaye

Limites administratives

Ancienne(s) commune(s)SurfaceNouvelle(s) commune(s)Province(s)
Grâce-HollogneGRACE-HOLLOGNE (partim ???)LIEGE

Cantonnements DNF

Cantonnement(s)SurfaceDirection(s)
LiègeLiège

Mentions dans d'autres inventaires de sites

A compléter

Propriétaire(s)

Privé(s) Oui  ONG Oui  Communes Oui  Région Oui  Autres publics Oui

Espèces

Espèces de valeur patrimoniale

TaxonStatut de protectionListe rougeStatutAnnéeRep*ProtectionSource
Animaux - Vertébrés - Amphibiens
Bufo calamitaOuiOui1999M. Pirson
Animaux - Vertébrés - Reptiles
Anguis fragilisOuiNon2009T. Kinet, A. Laudelout
Invertébrés - Insectes - Papillons diurnes
Apatura irisNonNon2022F. Etienne
Invertébrés - Insectes - Coléoptères
Lucanus cervusOuiOui2022F. Etienne, V. Fiévet
Invertébrés - Mollusques
Helix pomatia2014J. Delcourt
Plantes - Plantes supérieures
Asplenium scolopendrium2024J.-Y. Baugnée
Epilobium lanceolatum2024J.-Y. Baugnée

Commentaires sur la faune

Mammifères (données J.-Y. Baugnée 2024) : Capreolus capreolus, Sus scrofa.

Oiseaux (données J.-Y. Baugnée 2024) : Columba palumbus, Corvus corone, Dendrocopos major, Erithacus rubecula, Fringilla coelebs, Garrulus glandarius, Parus caeruleus, Parus major, Phylloscopus collybita, Phylloscopus trochilus, Picus viridis, Sylvia atricapilla, Sylvia borin, Troglodytes troglodytes, Turdus merula, Turdus philomelos, Turdus philomelos.

Reptiles (données T. Kinet et A. Laudelout 2009): Anguis fragilis.

Amphibiens (données M. Pirson 1999; J.-Y. Baugnée 2024): Bufo calamita, Rana temporaria.

Arachnides (données J.-Y. Baugnée 2024) : Araniella cucurbitina, Ixodes ricinus, Larinioides patagiatus, Mangora acalypha, Nigma flavescens, Phytoptus avellanae, Pisaura mirabilis, Zilla diodia.

Archéognathes (données J.-Y. Baugnée 2024) : Trigoniophthalmus alternatus.

Isopodes (données J.-Y. Baugnée 2024) : Oniscus asellus, Porcellio scaber, Porcellio scaber, Trachelipus rathkii.

Diplopodes (données J.-Y. Baugnée 2024) : Polyxenus lagurus.

Diptères (données J.-Y. Baugnée 2024) : Bombylius major, Chirosia betuleti, Criorhina ranunculi, Episyrphus balteatus, Eristalis pertinax, Hemipenthes morio, Lipara lucens, Lipara rufitarsis, Myathropa florea, Nephrotoma appendiculata, Polyporivora ornata, Rhingia campestris, Sylvicola cinctus, Syrphus ribesii, Syrphus vitripennis, Tephritis vespertina, Tipula lunata, Tipula vernalis, Xylota segnis.

Coléoptères (données J.-Y. Baugnée 2024) : Agrilus guerini, Agriotes obscurus, Agriotes sputator, Agrypnus murinus, Ampedus rufipennis, Aphthona euphorbiae, Athous haemorrhoidalis, Bolitophagus reticulatus, Bruchidius villosus, Byturus ochraceus, Calvia decemguttata, Cantharis decipiens, Cetonia aurata, Ceutorhynchus roberti, Chaetocnema hortensis, Cidnopus pilosus, Cis boleti, Coccinella septempunctata, Crepidodera aurata, Dasytes aeratus, Dasytes plumbeus, Diaperis boleti, Dorcatoma dresdensis, Glocianus punctiger, Halyzia sedecimguttata, Harmonia axyridis, Hispa atra, Leistus spinibarbis, Liophloeus tessulatus, Longitarsus melanocephalus, Longitarsus parvulus, Lucanus cervus (F. Etienne, 2022), Malachius bipustulatus, Metallina lampros, Nephus redtenbacheri, Nothodes parvulus, Notiophilus biguttatus, Oedemera virescens, Opilo mollis, Otiorhynchus raucus, Otiorhynchus veterator, Phyllobius oblongus, Propylea quatuordecimpunctata, Protapion fulvipes, Pyrochroa coccinea, Stereonychus fraxini, Syntomus foveatus, Trachys minutus, Trichosirocalus troglodytes, Trixagus leseigneuri, Tychius picirostris, Tychius pusillus, Tytthaspis sedecimpunctata, Valgus hemipterus.

Hémiptères (données J.-Y. Baugnée 2024) : Aelia acuminata, Cacopsylla sp., Carpocoris purpureipennis, Ceraleptus lividus, Cercopis vulnerata, Coreus marginatus, Corizus hyoscyami, Corythucha ciliata, Cymus glandicolor, Cymus melanocephalus, Deraeocoris lutescens, Ditropis pteridis, Dolycoris baccarum, Drymus sylvaticus, Dryophilocoris flavoquadrimaculatus, Elasmucha grisea, Euscelis incisus, Harpocera thoracica, Issus coleoptratus, Javesella dubia, Javesella pellucida, Kleidocerys resedae, Metatropis rufescens, Nabis rugosus, Oncopsis sp., Palomena prasina, Peribalus strictus vernalis, Pinalitus cervinus, Prostemma guttula, Psallus sp., Rhopalus parumpunctatus, Rhopalus subrufus, Stenodema laevigata, Stictopleurus abutilon, Temnostethus pusillus.

Hyménoptères (données J.-Y. Baugnée 2024) : Andrena cineraria, Andrena minutula, Andrena strohmella, Andricus kollari, Anteon jurineanum, Biorhiza pallida, Bombus lapidarius, Bombus pascuorum, Bombus terrestris, Bombus vestalis, Colletes cunicularius, Epyris niger, Formica cunicularia, Formica fusca, Lasioglossum nitidiusculum, Lasius brunneus, Lasius niger, Myrmica rubra, Myrmica sabuleti, Nomada flava, Nomada flavoguttata, Nomada lathburiana, Nomada ruficornis, Sphecodes albilabris, Sphecodes ephippius, Temnothorax affinis, Temnothorax nylanderi, Tenthredo zona, Vespa crabro, Vespula germanica, Vespula vulgaris.

Lépidoptères (données T. Kinet et A. Laudelout 2009; J. Vantighem 2015; J.-Y. Baugnée 2024): Adela reaumurella, Aleimma loeflingiana, Anorthoa munda, Anthocharis cardamines, Apatura iris (F. Etienne, 2022), Autographa gamma, Carcina quercana, Cauchas rufimitrella, Celastrina argiolus, Coleophora serratella, Eana incanana, Epermenia chaerophyllella, Erannis defoliaria, Euplagia quadripunctaria, Griposia aprilina, Inachis io, Macaria notata, Macroglossum stellatarum, Operophtera brumata, Operophtera fagata, Orthosia incerta, Panemeria tenebrata, Pararge aegeria, Pieris napi, Pieris rapae, Polygonia c-album, Psyche casta, Pyrausta despicata, Rivula sericealis, Tortrix viridana, Vanessa atalanta, Vanessa cardui.

Libellules (données J.-Y. Baugnée 2024) : Libellula depressa.

Névroptères (données J.-Y. Baugnée 2024) : Chrysoperla carnea, Hemerobius humulinus, Micromus variegatus.

Orthoptères (données J.-Y. Baugnée 2024) : Pholidoptera griseoaptera, Tettigonia viridissima.

Trichoptères (données J.-Y. Baugnée 2024) : Stenophylax permistus.

Mollusques gastéropodes (données J. Delcourt 2014; J.-Y. Baugnée 2024): Arion subg. Kobeltia, Arion rufus, Arion vulgaris, Carychium tridentatum, Cepaea hortensis, Cernuella virgata, Clausilia bidentata, Cochlicopa lubrica, Cornu aspersum, Discus rotundatus, Helix pomatia, Hygromia cinctella, Limax maximus, Merdigera obscura, Monacha cantiana, Monacha cartusiana, Oxychilus draparnaudi, Trochulus hispidus, Vallonia costata.

Commentaires sur la flore

Plantes vasculaires (données P. Frankard 1983-2000; J.-Y. Baugnée et al. 2024): Acer platanoides, Acer pseudoplatanus, Aegopodium podagraria, Agrimonia eupatoria, Agrostis gigantea, Alliaria petiolata, Alnus glutinosa, Alnus incana, Anisantha (Bromus) sterilis, Argentina (Potentilla) anserina, Arrhenatherum elatius, Artemisia vulgaris, Arum maculatum, Asplenium scolopendrium, Bellis perennis, Betula pendula, Betula pubescens, Brassica napus subsp. napus, Bromus hordeaceus, Buddleja davidii, Carex leersii, Carlina vulgaris, Castanea sativa, Cerastium arvense, Cerastium fontanum, Cerastium tomentosum, Chaerophyllum temulum, Cirsium arvense, Cirsium vulgare, Clematis vitalba, Convallaria majalis, Convolvulus arvensis, Cornus sanguinea, Corylus avellana, Cotoneaster ascendens, Cotoneaster hjelmqvistii, Cotoneaster horizontalis, Crataegus monogyna, Dactylis glomerata, Daucus carota, Dryopteris filix-mas, Echium vulgare, Elytrigia (Elymus) repens, Epilobium angustifolium, Epilobium hirsutum, Epilobium lanceolatum, Epilobium montanum, Equisetum arvense, Erigeron acris, Eupatorium cannabinum, Fagus sylvatica, Festuca nigrescens (= rubra subsp. commutata), Fragaria vesca, Fraxinus excelsior, Galium aparine, Geranium dissectum, Geranium purpureum, Geranium robertianum, Geum urbanum, Glechoma hederacea, Heracleum sphondylium, Hieracium lachenalii, Hieracium murorum, Hieracium sabaudum, Hieracium sp., Holcus lanatus, Hypericum perforatum, Hypochaeris radicata, Ilex aquifolium, Inula conyzae, Jacobaea vulgaris (= Senecio jacobaea), Lamium album, Lapsana communis, Leontodon autumnalis, Lepidium campestre, Linaria vulgaris, Lolium perenne, Luzula luzuloides, Medicago arabica (A. Croibien 2020), Mercurialis annua (A. Croibien 2020), Mycelis muralis, Origanum vulgare, Papaver rhoeas, Persicaria maculosa, Phleum pratense, Phragmites australis, Picris hieracioides, Pilosella (Hieracium) bauhinii, Pilosella (Hieracium) piloselloides, Pinus sylvestris, Plantago lanceolata, Plantago major subsp. major, Poa annua, Poa compressa, Poa nemoralis, Poa pratensis, Poa trivialis, Polygonum aviculare subsp. aviculare, Populus tremula, Prunus avium, Prunus serotina, Pteridium aquilinum, Pyrus communis, Quercus robur, Ranunculus acris subsp. acris, Ranunculus bulbosus Ranunculus repens, Reseda lutea, Reynoutria (Fallopia) japonica, Ribes rubrum, Robinia pseudoacacia, Rosa canina, Rubus caesius, Rubus fruticosus s.l., Rubus sp., Rumex acetosa, Rumex acetosella, Rumex crispus, Rumex obtusifolius, Rumex scutatus, Salix alba, Salix caprea, Sambucus nigra (incl. var. laciniata), Scrophularia nodosa, Senecio inaequidens, Senecio viscosus, Solanum dulcamara, Sonchus arvensis, Sorbus aucuparia, Spergularia rubra, Stachys sylvatica, Stellaria media, Symphytum officinale, Tanacetum vulgare, Taraxacum sp., Taxus baccata, Thlaspi arvense, Trifolium pratense, Tripleurospermum inodorum (= Matricaria maritima subsp. inodora), Tussilago farfara, Urtica dioica, Valerianella locusta, Vicia sativa, Vulpia myuros.

Bryophytes (données J.-Y. Baugnée 2024): Atrichum undulatum, Brachythecium rutabulum, Eurhynchium striatum, Fissidens taxifolius, Hypnum cupressiforme, Kindbergia praelonga, Lophocolea bidentata, Metzgeria furcata, Orthotrichum affine, Oxyrrhynchium hians, Polytrichastrum formosum, Pseudoscleropodium purum, Ulota bruchii.

Champignons (données J.-Y. Baugnée 2024): Auricularia auricula-judae, Daedaleopsis confragosa, Daedaleopsis tricolor, Epichloe typhina, Fomes fomentarius, Inonotus rheades, Mycena acicula, Phellinus conchatus, Phellinus igniarius var. trivialis, Piptoporus betulinus, Polyporus badius, Polyporus brumalis, Polyporus ciliatus, Polyporus varius, Rogersella sambuci, Schizophyllum commune, Scutellinia sp., Stereum subtomentosum, Trametes versicolor, Trametes zonata, Xylaria hypoxylon.

Lichens (données J.-Y. Baugnée 2024): Amandinea punctata, Cladonia chlorophaea, Cladonia coniocraea, Cladonia fimbriata, Cladonia pyxidata, Flavoparmelia caperata, Hypogymnia physodes, Lecanora chlarotera, Lecidella elaeochroma, Melanelixia subaurifera, Parmelia sulcata, Phaeophyscia orbicularis, Phlyctis argena, Physcia adscendens, Physcia tenella, Punctelia subrudecta, Ramalina farinacea, Xanthoria parietina.

Espèces exotiques

Plantes: Alnus incana, Buddleja davidii, Castanea sativa, Cerastium tomentosum, Cotoneaster ascendens, Cotoneaster hjelmqvistii, Cotoneaster horizontalis, Geranium purpureum, Pilosella (Hieracium) bauhinii, Pilosella (Hieracium) piloselloides, Prunus serotina, Reynoutria (Fallopia) japonica, Robinia pseudoacacia, Senecio inaequidens.

Animaux: Corythucha ciliata, Harmonia axyridis.

Conservation

Détails

Description physique

Le terril du Bonnier (aussi dénommé Bonnier-Pery) est situé dans l'ouest de l'agglomération liégeoise, sur les hauteurs de Grâce-Berleur, actuellement sur la commune de Grâce-Hollogne. Géographiquement, on se trouve ici sur le rebord du plateau de Hesbaye en contact avec le versant mosan, à une distance de 3 km de la Meuse (au niveau de Seraing). Le relief y est vallonné et l'altitude est comprise entre 160 et 180 m.

Ce témoin de l'industrie charbonnière s'inscrit dans une région densément peuplée et industrialisée, quadrillée de voies de communication et à 2 km à peine de l'aéroport de Bierset. Le terril lui-même est directement bordé au nord et au sud-est par la rue Joseph Dejardin (où se trouve encore l'ancien siège de la Société anonyme des Charbonnages du Bonnier) et la rue du Cimetière desservant le cimetière de Grâce aménagé dès les années 1950, au pied du flanc sud du terril. Vers l'ouest et le sud, en revanche, le paysage est plus ouvert et rural, avec des terres cultivées, des prairies et des bosquets, et ce au moins jusqu'à l'autoroute A604 et la rue Vert-Vinâve où le bâti se densifie de nouveau. Trois autres terrils sont toujours présents dans le paysage environnant: le terril Bonne Fortune (à 1 km au nord-est), le terril de l'Espérance (à 2,2 km à l'est) et les terrils du Gosson (à 1,6 km au sud-est).

Le seul cours d'eau du secteur s'écoule à 350 m au sud du terril au travers des prairies comprises entre les rues du Cimetière, Lairisse et Vert-Vinâve: il s'agit en fait d'un ruisselet anonyme, affluent de rive gauche du ruisseau de Hollogne (lui-même affluent direct de la Meuse), prenant source près de l'ancien château de Grâce.

Le terril du Bonnier tel qu'il se présente aujourd'hui est en fait constitué de deux terrils accolés d'âge différent. Le terril initial a été érigé à partir de 1830 et durant la première partie du 20ème siècle. Sur la fin, il a une forme irrégulière s'étirant sur 585 m dans l'axe est-ouest et sur 320 m au maximum dans l'axe sud-nord (à l'est du cimetière). La crète culmine entre 230 et 238 m. Le flanc nord surplombe la rue Joseph Dejardin sur 525 m. Le terril ouest, nettement plus petit, est apparu tardivement, durant les années 1960. Il est de forme conique régulière bien caractéristique et son sommet culmine à 228 m. Ces deux terrils ont été laissés en l'état après la fermeture du charbonnage en 1967. Leur volume total a été estimé à 426.300 m³, pour une surface au sol de 18.31 ha.

Au pied du terril, à l'ouest du cimetière, s'étend une cuvette de 5 ha au relief accidenté et délimitée par des falaises et des talus plus ou moins escarpés et érodés. Cette zone présente les caractéristiques d'une ancienne carrière mais peu de données existent son historique. Certains secteurs ont servi à une époque de décharge sauvage.

Description biologique

Après la fermeture, en 1967, du charbonnage qui est à l'origine de la création du terril, le site a été laissé en l'état et n'a fait l'objet d'aucune exploitation des schistes, comme c'est souvent le cas pour plusieurs autres terrils de la région liégeoise. La végétation a donc pu s'y développer spontanément au fil du temps, bien que des plantations de robiniers y ont été pratiquées en vue de stabiliser le terrain sur les flancs nord, est et sud, en contact direct avec des rues densément bâties. C'est ainsi que durant les années 1950, l'imposant terril initial était déjà largement boisé sur sa portion orientale (d'après le plan du MET). Le petit terril ouest, érigé plus récemment, était totalement dépourvu de végétation en 1970 mais déjà en grand partie boisé vingt ans plus tard !

Flore et végétation

La flore du terril du Bonnier a été inventoriée pour la première fois entre 1983 et 1994, initialement dans le cadre d'un mémoire de licence consacré aux terrils de la région liégeoise (FRANKARD, 1984: site n° 32). Ces résultats ont aussi été analysés dans un travail ultérieur (FRANKARD, 2000), tandis qu'une actualisation des données a été publiée quelques années plus tard (FRANKARD et HAUTECLAIR, 2009).

Les relevés botaniques concernaient des végétations pionnières et de friche, des pelouses thermophiles, des boulaies pionnières et des boisements feuillus. A cette occasion, 102 espèces de plantes vasculaires ont été recensées, ce qui représente 1/3 de tous les taxons rencontrés sur les 29 terrils liégeois étudiés par FRANKARD (2000). Depuis lors, le site n'a quasiment plus été parcouru par des botanistes et seules quelques rares données ont été produites en dehors d'une prospection plus récente en fin avril 2024 (cf ci-après).

Dans la strate arborée, FRANKARD (1984) relève Robinia pseudoacacia, Betula pendula, Betula pubescens, Acer platanoides, Acer pseudoplatanus, Fraxinus excelsior, Prunus avium, Quercus robur, Salix alba, ...

La strate arbustive comprend Cornus sanguinea, Corylus avellana, Crataegus monogyna, Alnus glutinosa, Alnus incana, Clematis vitalba, Fraxinus excelsior, Pyrus communis, Rosa canina, Rubus fruticosus s.l., Salix caprea, Sambucus nigra (incl. var. laciniata), Sorbus aucuparia, Taxus baccata, ...

Parmi les herbacées, figurent:

- des espèces forestières comme Alliaria petiolata, Convallaria majalis, Dryopteris filix-mas, Epilobium montanum, Geranium robertianum, Glechoma hederacea, Luzula luzuloides, Poa nemoralis, Pteridium aquilinum, e.a.

- des espèces de friches et d'ourlets eutrophiles tels que Agrostis gigantea, Artemisia vulgaris, Brassica napus subsp. napus, Cirsium vulgare, Chaerophyllum temulum, Convolvulus arvensis, Dactylis glomerata, Daucus carota, Elymus repens, Epilobium angustifolium, Equisetum arvense, Lamium album, Linaria vulgaris, Galium aparine, Papaver rhoeas, Persicaria maculosa, Polygonum aviculare subsp. aviculare, Reseda lutea, Sonchus arvensis, Stellaria media, Fallopia japonica, Tanacetum vulgare, Thlaspi arvense, Vulpia myuros, etc.

- diverses espèces prairiales: Cerastium fontanum, Arrhenatherum elatius, Cirsium arvense, Heracleum sphondylium, Holcus lanatus, Hypochaeris radicata, Leontodon autumnalis, Lolium perenne, Phleum pratense, Plantago lanceolata, Poa pratensis, Potentilla anserina, Ranunculus acris subsp. acris, Ranunculus repens, Rumex acetosa, Rumex obtusifolius, Senecio jacobaea, Valerianella locusta, etc.

- des plantes d'ourlets mésophiles apparaissent ici et là, sur les lisières ensoleillées, dont Origanum vulgare et Agrimonia eupatoria.

- des espèces de pelouses sèches comme Cerastium arvense, Echium vulgare, Erigeron acris, Festuca nigrescens (= rubra subsp. commutata), Hypericum perforatum, Lepidium campestre, Poa compressa, Rumex acetosella, ...

- des espèces d'éboulis et secondairement de remblais schisteux, en particulier Rumex scutatus, Hieracium bauhinii, Senecio inaequidens, Senecio viscosus, Spergularia rubra.

Quelques plantes hygrophiles apparaissent également dans ces relevés: Epilobium hirsutum, Solanum dulcamara et Symphytum officinale.

Le 30 avril 2024, une visite préliminaire destinée à actualiser les données biologiques a été menée conjointement par Y. Henin et J. Dewilde (Fondation Rurale de Wallonie) et par J.-Y. Baugnée (DEMNA). La zone prospectée est assez réduite (± 3 ha) et comprend une petite partie du terril ouest, la bande herbeuse située au pied de son flanc sud-ouest, ainsi que la cuvette crayeuse boisée s'étendant au-delà.

La liste cumulative des différents relevés totalise 91 espèces de plantes vasculaires, soit 11 de moins que l'inventaire de P. Frankard (à noter que ce dernier n'a vraisemblablement pas prospecté la cuvette crayeuse ni la bande herbeuse). Par rapport à cette époque, la colonisation ligneuse des terrils est presque complète tandis que les espaces ouverts avec des schistes affleurants ne sont plus visibles que très localement.

Malgré son jeune âge relatif, le terril ouest est à présent entièrement couvert de bouleaux (Betula pendula et B. pubescens) mêlés à des robiniers, saules marsaults, érables et autres feuillus, dont Populus tremula qui compose des bouquets ici et là. Les espèces d'éboulis schisteux, en particulier Rumex scutatus et Epilobium lanceolatum, se maintiennent sous la boulaie, là où le sol est encore dénudé et instable. Au pied du flanc sud, un petit peuplement de roseaux (Phragmites australis) se développe en lisière et dans un boisement clair constituant une phragmitaie sèche, végétation non signalée précédemment.

La bande herbeuse sépare le terril ouest de la cuvette crayeuse boisée. S'étirant sur une longueur de 190 m pour 25 m de large au maximum, elle est traitée comme prairie de fauche et regroupe Heracleum sphondylium (abondant), Ranunculus acris, Holcus lanatus, Arrhenatherum elatius, Poa pratensis, Dactylis glomerata, Ranunculus bulbosus, Daucus carota, Rumex acetosa, Trifolium pratense, Taraxacum sp., Plantago lanceolata, Hypochaeris radicata, Bromus hordeaceus, Cerastium fontanum, Rumex obtusifolius, ...

A son extrémité sud, cette prairie est interrompue par un talus crayeux escarpé, en voie d'embroussaillement, et correspondant au rebord de la cuvette crayeuse. On y observe Origanum vulgare, Clematis vitalba, Fagus sylvatica, Inula conyzae, Pilosella (Hieracium) piloselloides, Picris hieracioides, Buddleja davidii, ...

La cuvette crayeuse à l'ouest du cimetière de Grâce occupe environ 3,5 ha et son origine n'est guère documentée. Délimitée par de hauts talus escarpés et souvent érodés, elle est actuellement boisée en totalité par les feuillus et la progression y est compliquée par l'entrelac des clématites, des cornouillers sanguins, des ronces et des saules, ainsi que par l'abondance des branchages et du bois mort au sol. Les saules marsaults y montrent une vigueur remarquable avec nombres de spécimens âgés et de grande taille. Ceux-ci constituent un habitat de choix pour les bryophytes épiphytes, les lichens et les champignons lignivores.

La strate muscinale est très développée au sol, surtout dans les cuvettes les plus fraîches. De beaux peuplements de fougères (Dryopteris filix-mas et Asplenium scolopendrium, principalement) s'installent sur les talus et d'anciens décombres ombragés.

Des plantes plus thermophiles poussent sur les quelques talus encore éclairés et épargnés par les ligneux : Carlina vulgaris, Inula conyzae, Origanum vulgare, Carex leersii, etc.

Intérêt faunistique

Avant 2024, le terril du Bonnier n'a été que très rarement visité par les naturalistes, ce qui explique le peu de données faunistiques disponibles pour ce site de 23 ha, certes assez isolé dans un secteur densément urbanisé.

Le crapaud calamite (Bufo calamita) était l'espèce phare à une époque où des espaces découverts, chauds et ensoleillés avec présence d'ornières occupaient encore des surfaces étendues. Cet amphibien pionnier est en effet connu pour sa dépendance aux eaux stagnantes temporaires dans les friches industrielles, sablières et terrils. Les dernières mentions du calamite sur le terril du Bonnier remontent à la fin des années 1990 et son occurrence actuelle mériterait d'être vérifiée.

Le seul reptile observé jusqu'ici est l'orvet (Anguis fragilis), discret quoique répandu dans toute la région liégeoise où il pourrait cependant souffrir d'une pression de prédation et de la disparition progressive des friches. L'observation la plus récente date de 2009 mais l'espèce est probablement sous-détectée.

Parmi les insectes, deux espèces emblématiques ont été signalées ces dernières années:

- le lucane cerf-volant (Lucanus cervus), espèce d'intérêt communautaire, a été noté à plusieurs reprises sur le pourtour nord du terril, en particulier en 2022 à l'occasion du monitoring wallon organisé par le DEMNA (F. Etienne et V. Fiévet). Ce grand coléoptère a une répartition fragmentée en Wallonie mais trouve en région liégeoise, et en basse Meuse plus généralement, son principal bastion. Sa larve se développe pendant plusieurs années dans du bois mort enterré, sur des versants boisés chauds et bien exposés, une biologie spécifique qui en fait une espèce indicatrice de premier ordre.

- le grand mars changeant (Apatura iris), papillon de jour remarquable et caractéristique des forêts riches en saules et en peupliers, a été observé sur le site en 2022. De façon inexpliquée, l'espèce est globalement en expansion en Wallonie mais demeure rare et localisé au nord du sillon sambro-mosan.

L'inventaire préliminaire du 30 avril 2024 a permis de recenser environ 220 espèces animales dont une majorité d'insectes (e.a. 50 coléoptères, 20 diptères, 36 hémiptères, 32 hyménoptères, 31 lépidoptères...) et 11 espèces de mollusques gastéropodes. Cet état des lieux n'est évidemment pas représentatif et seuls de nouveaux inventaires menés à différentes époques avec des méthodes variées contribueront à révéler la richesse réelle du Terril du Bonnier.

Divers

Date de la dernière modification de la fiche

2015-10-15