Le marais de Dampicourt s'étend sur une quarantaine d'hectares en rive droite du Ton, à hauteur de la méga usine de Burgos Ardennes qui fabrique de la pâte à papier.
Le site est constitué d'un vaste ensemble de pâtures peu fertilisées et de prairies de fauche dont certaines à l'abandon, au sein desquelles on peut reconnaître plusieurs types de groupements végétaux en fonction des conditions de topographie et d'humidité. La description qui suit repose sur des relevés floristiques de l'AEF datant de 1995 (obs. J. Saintenoy-Simon et al.). La cartographie des habitats a été réalisée plus récemment par le DEMNA dans le cadre de Natura 2000.
Les prés de fauche sont de divers types. Parmi ceux-ci signalons:
- un pré à Holcus lanatus qui renferme des espèces assez banales comme Dactylis glomerata, Phleum pratense, Alopecurus pratensis, Trifolium pratense, T. repens, lotus corniculatus, Plantago lanceolata, Cruciata laevipes, Galium mollugo, Vicia cracca, Leontodon autumnalis, Ranunculus repens,...
- un pré humide soigneusement fauché (le 1er août 1995) à Filipendula ulmaria (2.2), Phalaris arundinacea (2.2), Carex disticha (2.2), Scirpus sylvaticus (1.2), Ranunculus repens (4.4), Equisetum palustre (1.1), Leontodon autumnalis (1.1), Angelica sylvestris (1.1), Centaurea jacea subsp. serotina (1.2), Achillea ptarmica (+), Persicaria amphibia (1.1), Lychnis flos-cuculi (+), Caltha palustris, Crepis biennis et quelques autres plantes fort intéressantes tels que Senecio aquaticus, très abondant, Oenanthe fistulosa, Silaum silaus;
- un pré à Festuca arundinacea sur les zones plus sèches. On peut y noter Sanguisorba minor, Pimpinella saxifraga, Tragopogon pratensis.
Des prés abandonnés prennent souvent l'aspect de mégaphorbiaies exubérantes et comportent:
- des cariçaies à Carex disticha où pousse Scutellaria galericulata;
- des phalaridaies;
- des filipendulaies joliment fleuries en été où se mélangent les espèces habituelles: Filipendula ulmaria (4.4), Lythrum salicaria (1.2), Lycopus europaeus (1.1), Epilobium parviflorum (1.2), E. hirsutum (+), Mentha aquatica (1.2), M. arvensis (+), Symphytum officinale (1.1), Carex disticha (1.2), Angelica sylvestris (1.1), Cirsium oleraceum (1.1), Achillea ptarmica (1.2), Phalaris arundinacea (1.2), Galium palustre (1.1), etc.
Dans les fossés poussent Alisma plantago-aquatica, Pulicaria dysenterica, Carex vesicaria, Lotus pedunculatus, Solanum dulcamara, Juncus effusus,...
Une zone rudéralisée accueille Persicaria lapathifolia, Chenopodium album, C. polyspermum, Atriplex prostrata, Sonchus asper, Solanum nigrum, Senecio vulgaris, Lamium purpureum, etc.
Quelques taillis de saules arbustifs (Salix x multinervis) et de rares saules isolés (Salix triandra, S. alba) diversifient le paysage où les haies sont rares.
Des plantations de peupliers dont le Populus trichocarpa à développement rapide, rappellent la proximité de l'usine de pâte à papier d'Harnoncourt située à quelques centaines de mètres au nord-est, sur l'autre rive du Ton.
Du point de vue faunistique, on est bien documenté sur l'avifaune et les papillons de jour, mais globalement beaucoup moins pour les autres groupes.
Le marais de Dampicourt est célèbre pour avoir abrité le dernier site de nidification connu du busard cendré (Circus pygargus) durant les années 1980. On y a signalé plus ou moins régulièrement le busard Saint-Martin (Circus cyaneus), le milan noir (Milvus migrans), le milan royal (Milvus milvus), la bécassine des marais (Gallinago gallinago), la locustelle tachetée (Locustella naevia), le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), etc. (FAGNANT et al., 1989).
Plus récemment, et en particulier depuis le début des années 2000, le site apparaît surtout attractif en période migratoire et hivernale pour la bécassine des marais (Gallinago gallinago) qui s'y montre souvent en dizaines d'individus (max. 164 ex. en 2001 - R. Dujardin). La bécassine sourde (Lymnocryptes minimus) est aussi régulièrement notée mais en nombre moindre (max. 17 ex. en 2021 - R. Dujardin et S. Farinelle).
Outre ces deux limicoles, d'autres espèces fréquentent actuellement le site à différents moments (R. Dujardin in litt. nov. 2022):
- le pipit farlouse (Anthus pratensis) y niche sporadiquement et hiverne régulièrement (1 à 5 ex.);
- le pipit spioncelle (Anthus spinoletta) est hivernant régulier (1 à 20 ex.);
- la pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) et le tarier pâtre (Saxicola rubicola) y nichent (1 à 3 couples) et le second y séjourne parfois l'hiver;
- la pie-grièche grise (Lanius excubitor) hivernait régulièrement mais s'est fortement raréfiée et n'est plus que rarement notée;
- le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus) y niche aussi en petit nombre (1 à 4 couples), de même que la Locustelle tachetée (Locustella naevia) avec 1 à 3 chanteurs annuels;
- le faucon hobereau (Falco subbuteo) niche sporadiquement sur le site ou ses environs.
S'y ajoutent encore deux rallidés très discrets: le râle d'eau (Rallus aquaticus) qui hiverne en petit nombre et la marouette ponctuée (Porzana porzana) observée uniquement en migration.