Le but à atteindre
Le projet a pour objectif la restauration des milieux tourbeux ou très humides du Plateau de Saint-Hubert . Il vise la restauration de plusieurs habitats tourbeux et humides de l'Annexe I de la Directive Habitats comme les landes humides (4030), les prairies à Molonie ( Molinia caerulea ) sur sols tourbeux (6410), les boulaies tourbeuses (91D0*), les tourbières de transition (7140), les aulnaies riveraines (91E0*) et les mégaphorbiaies rivulaires (6430) sur un haut plateau en Ardenne. Une grande partie de ce haut plateau est proposé comme site Natura 2000 car il est aussi occupé par des hêtraies qui entourent les zones humides.
Largement dégradé mais offrant un grand potentiel de restauration, ce haut-plateau est stratégiquement localisé au centre de l'Ardenne, entre d'autres zones naturelles avec des écosystèmes similaires qui doivent être mieux interconnectés à l'échelle régionale. Sur les 10.000 ha du haut-plateau sous le statut de site Natura 2000, 2.500 ha sont occupés par des sols tourbeux ou très humides où des zones tourbeuses reliques sont encore présentes mais isolées dans une matrice de plantations d'épicéas entourées par de larges zones de hêtraies. Le massif recèle encore des populations d'espèces intéressantes mais elles sont pour la plupart limitées à moins de 5 populations.
L'une des espèces emblématiques des tourbières du massif est un papillon, le Nacré de la Cannerberge ( Boloria aquilonaris ), qui est strictement inféodé à la présence de Canneberge ( Vaccinium oxycoccos ) qui ne s'observe que sur les tourbières hautes ou dans les dépressions tourbeuses. Or, la dernière population de ce papillon s'est éteinte en 2000 sur le massif. D'autres espèces sont dans une situation similaire, très illustrative du concept de "dette d'extinction". Comme elles sont encore présentes, on peut avoir l'impression que tout va bien. Or, la moindre perturbation peut provoquer leur extinction parce que les populations sont trop peu nombreuses, trop faibles ou trop isolées. |
Une telle production forestière sur de tels sols est loin d'être rentable et est à l'origine de nombreux problèmes de structure des sols, de bilans hydriques et de biodiversité. Le maintien d'une activité sylvicole intensive sur ses sols sensibles limite aussi la capacité d'accueil du massif pour les cerfs qui menacent alors la régénération feuillue dans les hêtraies. Or, le cerf est l'un des symboles majeurs des forêts de Saint-Hubert. Il est donc nécessaire de définir un nouvel équilibre à travers le développement du patrimoine naturel.
La mise en oeuvre du réseau écologique se décline principalement en deux types d'actions :
- laisser un peu d'espaces à la nature en restaurant des zones dédiées essentiellement aux processus naturels (zones centrales)
- laisser un peu d'espaces aux processus naturels dans les processus de production (zones de développement)
Dans ce projet, on vise d'abord la création d'un réseau de zones protégées qui sera le véritable squelette autour duquel les autres actions de développement de la nature peuvent s'organiser.
Développer une infrastructure écologique permet de restaurer des équilibres dans les deux enjeux économiques du plateau que sont la production et les activités cynégétiques. Si on arrivait à restaurer le fonctionnement naturel d'une majorité de ces sols sensibles et des écosystèmes qui s'y développent, c'est l'ensemble des usages de la forêt, y compris économiques, qui en tireront des avantages non-négligeables à moyen terme.
Et pour les populations d'espèces rares typiques de ces milieux très sensibles, une telle reconstitution du fonctionnement des réseaux écologiques concentré sur un massif laisse augurer de biens meilleures perspectives de reconstitution des effectifs. Cette reconstitution est indispensable pour affronter les changements climatiques attendus. On peut aussi espérer des effets sur les autres hauts-plateaux en périphérie.
Le logo du projet représente bien les différents enjeux du massif de Saint-Hubert et de l'équilibre qu'il faut trouver entre développement économique et déveleoppement du patrimoine naturel. Il met en évidence le Nacré de la Canneberge cité plus haut et sa plante hôte, comme espèce emblématique des tourbières, mais aussi les enjeux de production forestière feuillue et la gestion des cervidés. |