Aulnaies et aulnaies-frênaies riveraines des rivières et gros ruisseaux, le long desquelles elles forment des îlots boisés et des galeries plus ou moins étroites sur les terrasses alluviales. Cet habitat est soit enfermé dans d'autres forêts, soit réduit à un cordon d'aulnes le long des rivières traversant des prairies (ce faciès peut être mentionné en complexe avec l'unité G5.1a, "alignements d'arbres le long d'un cours d'eau en milieu ouvert"). Les aulnaies-frênaies des cours d'eau rapides ne sont inondées que durant des crues toujours brèves, mais une nappe d'eau circule en surface dans les alluvions. Il s'agit d'une association surtout représentée en Haute Belgique, où elle a souvent été remplacée par des prairies ou des plantations d'épicéa. Elle est généralement co-dominée par l'aulne, le frêne et l'érable sycomore.

La strate herbacée est riche en espèces et se caractérise par la fréquence du groupe alluvial de la stellaire des bois ([Stellaria nemorum], [Impatiens noli-tangere], [Festuca gigantea]) et la présence de nombreux groupes, acidoclines à neutrophiles, dont ceux de la renouée bistorte, de la reine des prés, de l'ortie, de la circée de Paris, de la fougère femelle, de la ficaire, de l'anémone et de la benoîte commune.

Surtout représenté en Haute Belgique

• Limoneuse : très rare
• Condroz : assez rare
• Fagne-Famenne : rare
• Ardenne : assez rare
• Jurassique : rare

Peuplements d'aulnes, frênes et/ou érables sycomores (avec parfois du bouleau dans les phases de (re)colinisation) longeant les cours d'eau sur les terrasses alluviales. Cet habitat est soit enfermé dans d'autres forêts, soit réduit à un cordon d'aulnes le long des rivières traversant des prairies. La strate herbacée est généralement très riche en espèces, et peut présenter au printemps un tapis de géophytes vernales et en été un recouvrement important de certaines herbacées telles que [Urtica dioica], [Impatiens noli-tangere], ...

• =équivalent 44.3211 - Aulnaies-frênaies à stellaire

- Frênaies des ruisselets et des sources (G1.211). Il s'agit de forêts galeries plus étroites, situées sur la banquette de petits ruisseaux, avec une flore herbacée où les laîches et les groupes sourceux (dorine notamment) sont bien représentés. La flore ne contient théoriquement pas [Stellaria nemorum] ou [Festuca gigantea]. Il existe néanmoins une transition, le long du réseau hydrographique, entre les unités G1.211 (sources et têtes de ruisseaux) et G1.212 (cours d'eau à débit plus important issu de la confluence de plusieurs ruisseaux). La confusion entre les unités G1.211 et G1.212 ne porte pas à conséquence dans le cadre des correspondances avec les codes EUR 15 (habitat prioritaire 91E0* dans les deux cas).

- Frênaies-aulnaies des cours d'eau lents (G1.213). Forêts quasi systématiquement dominées par le frêne, sur des terrasses alluviales plus hautes, le long de cours d'eau généralement plus larges et plus lents, où le chêne peut se développer (sans pour autant dominer), et où la flore herbacée est systématiquement neutrophile. De nombreuses espèces sont néanmoins communes aux deux types de forêts. La confusion entre les unités G1.212 et G1.213 ne porte pas à conséquence dans le cadre des correspondances avec les codes EUR 15 (91E0 dans les deux cas)

- Faciès dominés par l'aulne, le frêne ou l'érable, d'autres habitats (généralement les chênaies-charmaies (G1.A1)) : ces faciès peuvent être distingués de l'unité G1.212 :
· soit parce qu'ils ne sont pas situés le long d'un cours d'eau ni sur une terrasse alluviale,
· soit, s'ils sont situés sur une terrasse alluviale, par le fait qu'il s'agit d'une terrasse « haute », non inondable, et sur laquelle la flore herbacée ne contient pas d'éléments typiquement alluviaux (absence du groupe de la stellaire des bois)

- Aulnaies marécageuses sur substrat méso- à eutrophe (G1.41) : peuplements dominés par l'aulne, mais sur substrat marécageux. Ces aulnaies ne sont pas systématiquement situées le long de cours d'eau. Elles sont néanmoins relativement fréquentes sur les terrasses alluviales, mais occupent alors une dépression marécageuse marginale, où les espèces des groupes marécageux sont beaucoup mieux représentées. Les variantes les moins humides des aulnaies marécageuses situées en milieu alluvial forment un continuum avec les variantes les plus humides des aulnaies-frênaies des cours d'eau rapides. Ces deux habitats peuvent coexister en mosaïque dans les fonds de vallée.

- G1.A1 : forêts feuillues sur sols riches : Certaines variantes humides des chênaies-charmaies et chênaies frênaies (les unités G1.A1aa, G1.A1ba, G1.A1ca et G1.A1da) peuvent occuper les terrasses hautes des cours d'eau et avoir un peuplement dominé par l'aulne glutineux ou le frêne. Certaines d'entre elles présentent également une flore herbacée très riche, se rapprochant de celle des forêts alluviales. La distinction par rapport à ces dernières vient alors du caractère inondable ou non de la terrasse, les forêts alluviales étant inondables, même si la fréquence des inondations est faible pour certaines de leurs variantes. Les forêts alluviales de l'unité G1.212 présentent en outre généralement des éléments de flore typiques, tels que [Stellaria nemorum], [Festuca gigantea], [Impatiens noli-tangere], [Geum rivale]...

La strate herbacée est riche en espèces et se caractérise par la fréquence du groupe alluvial de la stellaire des bois ([Stellaria nemorum], [Impatiens noli-tangere], [Festuca gigantea]) et la présence de nombreux groupes, acidoclines à neutrophiles.

Espèces les plus fréquentes :

- ligneux : Alnus glutinosa, Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, Corylus avellana

- herbacées : Stellaria nemorum, Impatiens noli-tangere, Festuca gigantea, Polygonum bistorta, Filipendula ulmaria, Phalaris arundinacea, Valeriana repens, Angelica sylvestris, Ribes rubrum, Urtica dioica, Galium aparine, Glechoma hederacea, Geum urbanum, Anemone nemorosa, Brachypodium sylvaticum, Lamium galeobdolon, Geranium robertianum, Galeopsis tetrahit, Silene dioica, Stachys sylvatica, Athyrium filix-femina, Deschampsia cespitosa, Rubus idaeus, Senecio ovatus

- espèces préférentielles de la variante la plus riche : Humulus lupulus, Alliaria petiolata, Chaerophyllum temulum


Groupes :

- les mieux représentés : stellaire des bois, renouée bistorte, reine des prés, ortie, circée de Paris, fougère femelle, ficaire, anémone, benoîte commune

- préférentiels des variantes les plus riches : benoîte des ruisseaux

Non pertinent (habitat climacique)

- drainage des terrasses alluviales
- enrésinement ou plantation de feuillus exotiques (peupliers, aulne blanc) dans les fonds de vallée
- passage d'engins provoquant un tassement du sol lors de l'exploitation forestière
- interventions humaines sur les berges (retalutage...), et dans les cours d'eau (travaux hydrauliques)
- modification du régime hydrologique du cours d'eau
- installation d'espèces invasives ([Impatiens glandulifera], [Impatiens parviflora], [Fallopia japonica], [Solidago virgaurea]...)

Lionel WIBAIL