Localisé en Lorraine dans le bassin de la Semois, à 1,5 km au sud-est de Tintigny, ce site comprend la portion aval du bassin du ruisseau du Plane, depuis la rue des Châteaux, à l'ouest, jusqu'à la confluence avec le ruisseau du Rosoi, à l'est, soit une distance à vol d'oiseau de 1500 mètres, pour une surface d'environ 91 hectares.
Ce petit cours d'eau de 2ème catégorie prend source un peu à l'est du village de Bellefontaine et au nord de la route N895 en direction de Sainte-Marie-sur-Semois, vers 360 m d'altitude. Dans cette zone bocagère, on trouve en fait plusieurs sources hélas altérées par le creusement de deux étangs d'agrément. Le ru pénètre rapidement en forêt, s'y écoule vers le nord-est sur environ 1300 m avant de passer sous la rue des Châteaux, pour circuler ensuite plus franchement vers l'est à travers un ensemble de prairies humides et inondables, dont la Fagne du Plane, sur quelque 1400 m supplémentaires. A hauteur de Poncelle, il reçoit un petit affluent de rive droite, parfois appelé ruisseau des Oies, qui prend source dans le Bois de Tintigny près du carrefour de la rue des Châteaux et de la N895. Les 150 derniers mètres du ruisseau du Plane s'intègrent dans une petite zone boisée située le long de la route reliant les hameaux de Poncelle et Landin (rue du Plane), à 340 m d'altitude. A cet endroit, il alimente un étang de 0,5 ha juste à la confluence avec le ruisseau du Rosoi, dans le prolongement nord du marais de Gilbaupont. Cet étang privé a été curé la dernière fois en 1982 et est dans un état d'atterrissement depuis la fin des années 2000.
Le site repose sur des alluvions modernes recouvrant les assises du Sinémurien (calcaire sableux d'Orval et de Florenville).
Du point de vue biogéographique, le ruisseau du Plane se situe en région continentale et dans le district phytogéographique lorrain.
L'ensemble du vallon du ruisseau du Plane, depuis sa source située un peu à l'est du village de Bellefontaine jusqu'à sa confluence avec le ruisseau du Rosoi, entre les hameaux de Poncelle et de Landin, est inscrit au réseau Natura 2000 dans le site BE34056 "Bassin de la Semois de Etalle à Tintigny". Les habitats y ont été cartographiés précisément selon la typologie Waleunis sur base de relevés effectués en 2006 (Q. Smits - DEMNA).
Initialement, le périmètre du site englobait essentiellement l'étang et le bois humide s'étendant à la confluence des ruisseaux du Plane et du Rosoi, soit une surface d'environ 5 ha. Il se basait sur les informations et relevés botaniques réalisés par C. Hubert au début des années 1980 (HUBERT, 1983).
D'après cet auteur, "La ceinture de l'étang se présente comme une roselière inondée en hiver. La composition botanique est la suivante : Phragmites australis accompagné de quelques exemplaires de Filipendula ulmaria, Angelica sylvestris, Epilobium hirsutum, E. palustre, Scutellaria galericulata, Lysimachia vulgaris, Phalaris arundinacea, Glyceria maxima, Iris pseudacorus (Phragmition). C'est dans ce faciès que se rencontrent le rarissime Aconitum napellus subsp. neomontanum ainsi que les gros touradons de Carex paniculata. D'après nos observations du 5 et du 11 juillet 1990, les abords de l'étang sont actuellement envahis principalement par Glyceria maxima, mais Carex paniculata est toujours présent. Nous avons observé aussi C. pseudocyperus et, sur les vases en queue d'étang, Berula erecta et le rare Catabrosa aquatica (Bidention fragmentaire). Les Aconitum napellus subsp. neomontanum se retrouvent à quelques mètres de la route, en bordure des fourrés de Prunus padus, Viburnum opulus, Crataegus monogyna, Fraxinus excelsior. Ils existent également le long du petit ruisseau. Ils sont envahis par Galium aparine dont le poids peut les faire crouler et pourraient s'étioler s'ils n'étaient pas dégagés des buissons."
Toujours d'après HUBERT (1983), la roselière est bordée par une remarquable aulnaie basicline à Cirsium oleraceum dans laquelle pousse la très rare fougère Dryopteris cristata (Macrophorbio-Alnetum).
A l'emplacement des déblais se trouve une friche banale. Les parties inondées recèlent plusieurs joncs : Juncus effusus, J. inflexus, J. articulatus et J. compressus espèce nettement plus rare que les précédentes. C'est à cet endroit que croissait également Ranunculus lingua, autre espèce rarissime. Malheureusement le site a été enrésiné depuis. Nous avons eu la chance de revoir cette belle espèce dans un ruisselet en compagnie de Hottonia palustris, Ranunculus sceleratus, Alisma plantago-aquatica, Veronica beccabunga, Iris pseudacorus, etc. Ranunculus lingua pousse très bien également sur des remblais !
Ce périmètre initial est à présent considérablement élargi (91 ha) afin d'englober tout le parcours du ruisseau du Plane en milieu ouvert, depuis la rue des Châteaux, soit la moitié aval de son bassin. Il comprend donc maintenant la Fagne du Plane et les autres zones humides qui s'étalent de part et d'autre du ruisseau, mais aussi la majeure partie des prairies bocagères situées au nord (jusqu'à la rue de la Station) et au sud (jusqu'à la rue des Marronniers).
La Fagne du Plane regroupe, d'après les relevés Natura 2000 (Q. Smits, 2006), des mégaphorbiaies rivulaires à Filipendula ulmaria, Epilobium hirsutum, Cirsium palustre, Lysimachia vulgaris, Cirsium oleraceum, Dryopteris carthusiana, Galium mollugo, ...; des magnocariçaies à Carex acutiformis et quelques peuplements d'hélophytes (Typha latifolia e.a.).
Plus en aval, le petit plan d'eau creusé durant les années 1990 à la confluence du ruisseau des Oies, accueillait, à la même époque, Typha latifolia, Schoenoplectus lacustris, Carex riparia, Iris pseudacorus, Lythrum salicaria, etc., ainsi que des fourrés à Salix aurita et des éléments de mégaphorbiaie et de jonçaie.
Entre cet étang et la rue du Plane, s'étend encore une belle zone inondable de près de 4 ha où l'on observe une végétation de prairies de fauche humides, de mégaphorbiaies et de magnocariçaies à la végétation intéressante: Carex nigra, Persicaria hydropiper, Deschampsia cespitosa, Lycopus europaeus, Epilobium palustre, Iris pseudacorus, Glyceria fluitans, Glyceria maxima, Valeriana officinalis, Myosotis scorpioides, Lemna minor, Filipendula ulmaria, Carex acutiformis, Equisetum palustre, Carex disticha, Agrostis stolonifera, Juncus effusus, Alopecurus geniculatus, etc.
Le milieu prairial comporte des éléments de:
- prairies de fauche de basse altitude peu à moyennement fertilisées à Hypochaeris radicata, Cynosurus cristatus, Festuca pratensis, Rumex acetosa, Malva moschata, Crepis biennis, Anthoxanthum odoratum, Heracleum sphondylium, Trisetum flavescens, Arrhenatherum elatius, Agrostis capillaris, Ranunculus acris, etc.
- prairies pas ou peu fertilisées méso-hygrophiles avec Rhinanthus minor, Potentilla anserina, Anthriscus sylvestris, Deschampsia cespitosa, Stellaria graminea, Alchemilla xanthochlora, Achillea ptarmica, Trifolium medium, Festuca rubr, Veronica chamaedrys, Persicaria bistorta, Filipendula ulmaria, Leucanthemum vulgare, Lotus pedunculatus, Angelica sylvestris, Trifolium pratense, Hypericum perforatum, Galium verum, Campanula rotundifolia, Achillea millefolium, ...
- pâtures permanentes intensives, à la flore plus ou moins banalisée.
Ces prairies sont bordées à divers endroits de haies, d'alignements arborés et de bosquets.