Le Thier aux Pourcets fait partie des sites sélectionnés par le Programme Life "Hélianthème" et a fait l'objet, dans sa partie centrale, de travaux de restauration visant principalement les pelouses calcaires. En effet, jusqu'en 2011, des pelouses très intéressantes y subsistaient mais sous forme de fragments localisés sur la crête sommitale et au pied du versant sud. La clairière ménagée à la suite de ces travaux, d'une surface d'environ 2,5 ha, correspond à la réserve naturelle établie en 2011 par l'association Natagora et agréée par la Région wallonne en janvier 2019.
Réalisées en 2007 par le DEMNA, la cartographie et la description de la végétation du site Natura 2000 BE33026 ont permis de déterminer la présence des habitats suivants:
- chênaies-charmaies subatlantiques calciphiles;
- chênaies-frênaies subatlantiques neutrophiles de substitution de la hêtraie;
- prairies de fauche de basse altitude peu à moyennement fertilisées;
- pelouses calcaires mésophiles et méso-xérophiles;
- rochers et falaises calcaires ensoleillées.
Le plan de gestion réalisé en 2012 par l'équipe du Life Hélianthème fournit des détails sur les habitats présents et en cours de restauration au sein de la réserve naturelle (partie centrale du site).
Bien que ces habitats présentent souvent des faciès hétérogènes ou s'interpénètrent, on peut distinguer différents types de pelouses sèches:
- les pelouses à Festuca pallens des rochers calcaires occupent les corniches et replats des falaises exposées au soleil. Cet habitat d'intérêt communautaire, localisé essentiellement sur les flancs des vallées du bassin mosan (Meuse, Viroin, Lesse, Ourthe essentiellement), regroupe des espèces rares et à distribution relictuelle, de haute valeur patrimoniale. Au Thier des Pourcets, ces pelouses couvrent tout au plus quelques ares sur le versant ouest de la colline ; elles comportent les deux éléments caractéristiques, Festuca pallens et Sesleria caerulea, mais aussi d'autres espèces compagnes comme Melica ciliata, Helianthemum nummularium, Hippocrepis comosa, Potentilla neumanniana, Acinos arvensis, Inula conyzae, Sedum album, etc.
A noter qu'un cortège d'espèces caractéristiques nettement plus étoffé se retrouve sur les rochers situés un peu plus loin à Comblain-au-Pont, par exemple aux Tartines.
- les pelouses calcaires xérophiles: également habitat d'intérêt communautaire, cette végétation occupe des substrats secs et très superficiels reposant sur des affleurements de calcaires durs; les espèces typiques sont Arabis hirsuta, Teucrium botrys, Sesleria caerulea, Potentilla neumanniana, Hippocrepis comosa, ... Ces communautés végétales très réduites sont généralement imbriquées dans des pelouses plus mésophiles où elles se cantonnent aux secteurs les plus arides et rocailleux.
- les pelouses calcaires mésophiles et méso-xérophiles, également d'intérêt communautaire, sont apparues à la suite des grands défrichements du Moyen Age, et maintenues ouvertes par les pratiques agro-pastorales qui ont perduré dans nos régions jusqu'au milieu du XXè siècle. Ces pelouses s'installent sur des sols habituellement plus profonds que les pelouses xérophiles et sont davantage dominées par certaines graminées sociales comme Brachypodium pinnatum et Bromus erectus. Selon leur état, le cortège peut être appauvri (quand la pelouse a été abandonnée de longue date et que les graminées ont pris le dessus sur les dicotylées) ou très riche avec notamment Anthyllis vulneraria, Briza media, Galium pumilum, Carex flacca, Ononis spinosa, Helianthemum nummularium, Ranunculus bulbosus, Carex caryophyllea, Sanguisorba minor, Centaurea scabiosa, Pimpinella saxifraga, Bromus erectus, Campanula rotundifolia, Silene vulgaris, Lotus corniculatus, Hieracium pilosella, Sesleria caerulea, Hypericum perforatum, Scabiosa columbaria, etc.
- les pelouses d'ourlet mésophiles et thermophiles, constituant l'écotone entre les pelouses ouvertes et les fourrés arbustifs, avec comme espèces représentatives Aquilegia vulgaris, Campanula persicifolia, Inula conyzae, Orchis mascula, Vincetoxicum hirundinaria, Helleborus foetidus, Digitalis lutea, Polygonatum odoratum, Agrimonia eupatoria, Origanum vulgare, Viola hirta, etc.
- les pelouses pionnières des substrats rocheux détritiques calcarifères, habitat d'intérêt communautaire, composées de petites plantes annuelles et succulentes à faible recouvrement poussant sur des sols très filtrants, subissant une érosion importante, généralement sur des replats de falaises et corniches rocheuses. Sedum album, Sedum rupestre, Poa compressa et Teucrium botrys en sont les espèces les plus caractéristiques trouvées sur le site.
- les éboulis calcaires ensoleillés à Rumex scutatus: cet autre habitat communautaire, non présent au sein même de la réserve mais bien aux alentours, prend place sur des débris rocheux calcaires sur fortes pentes et à exposition sud et est constitué de plantes pourvues d'un système racinaire fixateur très développé, tels que Rumex scutatus, Galeopsis angustifolia, Mycelis muralis, Origanum vulgare, ...
La réserve en elle-même abrite peu de parties forestières (0,1 ha), cependant, elle est toujours liée à la dynamique forestière étant donné le déboisement relativement récent que le site a subi pour sa restauration.
La forêt est nettement plus étendue sur le reste de la colline et est issue de la colonisation ligneuse spontanée qui a suivi l'abandon du pâturage des pelouses, à partir de l'entre-deux-guerre. On y observe principalement:
- la chênaie-charmaie subatlantique calciphile, à strate arborée composée de Quercus robur, Carpinus betulus et Acer campestre et à sous-bois souvent diversifié avec Corylus avellana, Cornus sanguinea, Cornus mas, Euonymus europaeus, Ligustrum vulgare, Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Clematis vitalba, Primula veris, Hedera helix, Viola hirta, Orchis mascula, Cephalanthera damasonium, etc.
- la chênaie-frênaie subatlantique neutrophile de substitution à la hêtraie, mélangées, à base de Quercus robur, Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, Prunus avium, Corylus avellana, Carpinus betulus, etc.
La partie déboisée par le Life début 2012 peut être assimilée à une mise à blanc en milieu calcaire à xérique, un habitat dynamique et transitoire qui, en l'absence d'intervention, tend à évoluer de nouveau vers la forêt. Deux ans après les travaux, cette zone est colonisée par :
- des rejets ligneux de Corylus avellana, Cornus sanguinea, Quercus spp., Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Fraxinus excelsior, ...
- des plantes pionnières et rudérales dont les semences sont amenées par le vent : Cirsium vulgare, Conyza canadensis, Taraxacum sp., Senecio sp., Epilobium sp., Sonchus sp., etc., accompagnées de nitrophytes comme Cardamine hirsuta, Geranium robertianum, Glechoma hederacea, ...
- un mélange d'espèces de pelouses et d'ourlets mésophiles qui avaient persisté dans les petites trouées avant les travaux; c'est le cas de Carex flacca, Campanula rotundifolia, Viola hirta, Anthyllis vulneraria, Hippocrepis comosa, Arenaria serpyllifolia, Sanguisorba minor, Digitalis lutea, Vincetoxicum hirundinaria, etc.
- de vastes ronciers (Rubus spp.).