Situation générale: Cette sablière a été creusée dans le relief séparant deux affluents de rive droite du ruisseau de Gentissart, le ri Navet et l'Abranrou. Elle se trouve au nord-ouest du hameau de Strichon et au sud-ouest de Mellery, entre la rue de Strichon à l'est, la drêve du Tumulus à l'ouest et la rue de la Tombe au sud. On y a exploité des sables tertiaires du Bruxellien.
Description du site: Le site était accessible par un chemin creux qui part de la rue joignant la route principale Mellery-Tilly au hameau de Strichon. Une friche (clôturée) qui correspond à un ancien versage se trouve en contrehaut de ce chemin. L'ancienne rampe qui descendait dans le fond de l'excavation est encore bien apparente (il est toutefois nécessaire de traverser la friche pour l'atteindre).
Les flancs de cette excavation creusée en fosse sont les plus élevés vers le nord-ouest: environ 20 m; ils sont éboulés, seule la partie supérieure étant encore subverticale localement; la végétation ligneuse s'y développe rapidement.
Le fond présente une topographie fort irrégulière: creux, buttes sableuses, tas pierreux,... La recolonisation végétale y est en cours: on y trouve des zones sableuses à végétation plus ou moins clairsemée, des étendues couvertes de bryophytes pionnières, ainsi que des friches herbeuses (vers le nord). Vers le sud, présence de nombreux tas, parfois élevés, de pierres gréseuses, envahis de jeunes bouleaux, et d'un replat dominant le sud de l'excavation. Dans la partie nord, une mare temporaire est entourée de saules et bouleaux.
Fréquentation du site: Le site est au moins fréquenté par des motos; il n'y a cependant pas de circuit net, comme c'est le cas dans d'autres sablières. Une place à feu au sommet de la butte sableuse la plus élevée.
Présence de déchets: Le site est dans l'ensemble assez propre. Outre le versage d'inertes situé au niveau de l'ancien accès (friche), un petit dépotoir sauvage dans l'angle nord du site (déchets jetés du haut); dans le fond de l'excavation, déchets épars (ferrailles et pneus notamment).
Environnement du site: Champs, habitations vers le nord-ouest (bois Cochet), l'est et le sud (Strichon).
La sablière de Strichon est constituée de deux parties, au sud une excavation en grande partie reboisée où le caractère sableux n'apparaît plus que très localement, au nord une zone plus étendue, désaffectée depuis moins longtemps, et présentant encore des surfaces sableuses bien marquées. La description ci-dessous est basée sur des observations d'A. REMACLE (1995 et 2004) complétées par des relevés d'E. BISTEAU et JY BAUGNEE.
Partie sud (Champ de la Tombe):
La végétation ligneuse de l'ensemble du site, flancs et fond, est dominée par les espèces pionnières Betula pendula et Salix caprea, accompagnées par endroits de Pinus sylvestris, Betula pubescens, Castanea sativa, Alnus glutinosa (dépression au pied de la falaise nord-ouest), Sambucus nigra, Prunus serotina (jeunes pieds - espèce en expansion), Corylus avellana, Crataegus monogyna et Cytisus scoparius. Le flanc nord-ouest, qui était riche en dicotylées en 1995 (Centaurium erythraea notamment), se boise de plus en plus.
La végétation herbacée du fond de l'excavation est dispersée dans la partie méridionale, en partie couverte de bryophytes. Le spectre spécifique y est assez étroit, surtout composé de plantes de pelouses sèches, incluant quelques espèces relevant du Thero-Airion, de plantes pionnières des milieux perturbés, ainsi que d'espèces à affinités forestières aux endroits plus envahis de ligneux: globalement, Cerastium semidecandrum, Sagina procumbens, Hypericum perforatum, Fragaria vesca, Ornithopus perpusillus, Lotus corniculatus, Vicia tetrasperma, Epilobium angustifolium, Oenothera sp., Centaurium erythraea, Prunella vulgaris, Veronica officinalis, Veronica arvensis, Hypochaeris radicata, Carlina vulgaris (abondant), Hieracium pilosella, Filago minima, Conyza canadensis, Crepis capillaris, Senecio inaequidens, Inula conyzae, Tussilago farfara, Cirsium arvense, Luzula campestris, Vulpia bromoides, Vulpia myuros, Aira caryophyllea (peu abondant - A. praecox non repéré), Agrostis capillaris, Holcus lanatus, Epipactis helleborine. Pyrola minor, en expansion dans la sablière (non notée en 1995), se rencontre un peu partout dans la partie sud.
Dans la partie nord de l'excavation s'étend une friche bien fleurie, composée de Melilotus albus, Vicia tetrasperma, Lotus corniculatus, Trifolium repens, Centaurium erythraea, Campanula rapunculus, Solidago gigantea, Leucanthemum vulgare, Holcus lanatus,... Certaines zones sont occupées par une pelouse à Agrostis capillaris qui pousse en compagnie de Rumex acetosella, Lotus corniculatus, Campanula rapunculus, Hypochaeris radicata,...
La végétation de la mare temporaire est dépourvue d'intérêt (Persicaria spp.).
Partie nord:
Cette excavation est à un stade de recolonisation forestière déjà avancé, les parties encore ouvertes étant de plus en plus limitées (partie du fond et replat supérieur). Les ligneux sont représentés par Betula pendula (± 20 ans) et Betula pubescens, Salix caprea, Pinus sylvestris, Picea abies (planté un peu partout), Acer pseudoplatanus, Quercus rubra, Castanea sativa, Prunus serotina, Populus (talus près de la mare).
La mare temporaire, très peu profonde, est environnée de Salix div. sp., Betula pubescens et Betula pendula. Elle est envahie de Lemna minor et de Glyceria fluitans. On y trouve aussi une petite jonchaie à Juncus effusus et J. acutiflorus, une grande plage d'Eleocharis palustris, Phalaris arundinacea, Ranunculus flammula, Galium palustre, Lycopus europaeus, Carex ovalis, Sphagnum sp. (quelques m2), ...
Sur un tronçon humide du chemin se développe en cours d'été un groupement peu étendu à Juncus bufonius, Lythrum portula, Persicaria maculosa, Gnaphalium uliginosum, Spergularia rubra, Hypericum humifusum, Anagallis arvensis, Juncus tenuis, Callitriche sp.,...
La pelouse sèche à Polytrichum piliferum qui couvrait en 1995 une partie du fond, régresse progressivement au profit d'une pelouse à Agrostis capillaris (avec Holcus lanatus par endroits), dans laquelle les aires les plus sableuses, notamment le chemin, la partie septentrionale du fond et les plages arrondies résultant de l'accumulation de crottes de lapins, hébergent encore diverses plantes caractéristiques des pelouses pionnières sur substrat siliceux (Thero-Airion): les poacées Aira caryophyllea, A. praecox, moins abondant que le précédent, Vulpia bromoides et V. myuros, Rumex acetosella, Aphanes sp., Ornithopus perpusillus, Filago minima, Cerastium semidecandrum, Scleranthus annuus, Erodium cicutarium, Myosotis discolor, Hypochaeris radicata,... Jasione montana, déjà peu abondante en 1995, semble avoir disparu.
La végétation du replat à bryophytes est encore moins diversifiée que celle de la partie ouverte du fond. Des plages herbeuses commencent à se développer dans le tapis de polytric.
D'autres espèces sont présentes dans le site: Prunella vulgaris, Lotus corniculatus, Centaurium erythraea (non revu en 2003-04), Veronica officinalis, Hieracium pilosella, Solidago virgaurea, Luzula campestris, L. multiflora,..., ainsi que des lichens (cf. Cladonia). Sur le talus faisant limite avec l'excavation voisine et au pied de celui-ci poussent quelques espèces pionnières des milieux anthropiques, telles que Tanacetum vulgare, Cirsium arvense, Crepis capillaris, Oenothera sp., mais aussi Leucanthemum vulgare, Hieracium sabaudum, Eupatorium cannabinum, Carlina vulgaris, Epilobium angustifolium,... Plusieurs espèces de fougères croissent sur les talus sableux ombragés: Dryopteris filix-mas, D. dilatata et Polystichum setiferum. La présence d'un pied de Polystichum setiferum est remarquable: cette fougère est en effet rarissime dans le district phytogéographique brabançon; un pied isolé a toutefois été trouvé en 2000 dans un chemin creux à Bertem en Brabant flamand (Hérault et al., 2003).