Dans sa description botanique, PARENT (1973) distingue la xérosère, partie assèchée (ou désactivée) du cron, et l'hydrosère qui correspond au tuf actif.
La xérosère : dans la partie occidentale du cron, on peut distinguer trois zones:
- des dalles nues et sèches à végétation ouverte montrant une colonisation par des lichens (Lecanora spp., Cladonia spp., Peltigera horizontalis), des bryophytes (Grimmia apocarpa, etc.) et par une série d'espèces de pelouse calcaire : Linum catharticum, Euphrasia stricta, Thymus pulegioides, Euphorbia cyparissias, Arabis hirsuta, Helianthemum nummularium, Potentilla neumanniana, Carex caryophyllea, Sesleria caerulea, Galium pumilum, Sanguisorba minor, Campanula rotundifolia, Hypericum perforatum, Hieracium pilosella, Hippocrepis comosa, Fragaria vesca;
- des dalles à végétation dense, avec la plupart des espèces ci-dessus (notamment Sesleria caerulea) mais avec en plus Carex flacca, Epipactis atrorubens, Lotus corniculatus, Campanula persicifolia, Hieracium lachenalii, Leucanthemum vulgare, Galium mollugo, Solidago virgaurea;
- une recolonisation forestière qui est le fait de Corylus avellana, Ligustrum vulgare, Cornus sanguinea, Acer pseudoplatanus, Prunus spinosa, Rosa arvensis, Daphne mezereum, Carpinus betulus, Salix caprea, Crataegus monogyna, Betula pendula, avec diverses herbacées annoncant la hêtraie à méliques : Viola riviniana, Rubus saxatilis, Ajuga reptans, Mercurialis perennis, Brachypodium sylvaticum, Luzula luzuloides, Galeopsis tetrahit, et Campanula persicifolia.
La séquence de la xérosère peut être résumée ainsi : végétation pionnière (lichens et bryophytes) > pelouse ouverte à Linum catharticum > pelouse fermée à Sesleria caerulea > fruticée > hêtraie à méliques.
L'hydrosère : le groupement caractéristique du cron actif est l'association à Sesleria caerulea et Carex lepidocarpa qui renferme Carex flacca, Parnassia palustris, Palustriella commutata (= Cratoneuron commutatum), Eucladium verticillatum, Fissidens adiantoides, Bryum pseudotriquetrum, etc. On note aussi au voisinage Mentha aquatica, Scrophularia nodosa, Cirsium palustre, Eupatorium cannabinum, Frangula alnus et même Juniperus communis. Vers la mi-pente, Molinia caerulea prend de l'ampleur au détriment de la séslérie, accompagnée par Crepis paludosa, Briza media et Epipactis atrorubens.
Vers la base du cron, dans sa partie occidentale, s'étend une moliniae riche en espèces des bas-marais alcalins : Eriophorum latifolium, Carex lepidocarpa, C. diandra, C. pulicaris, C. paniculata, Blysmus compressus, Juncus articulatus, Parnassia palustris, Epipactis palustris (qualifié d'abondant par l'auteur !), Gymnadenia conopsea. Diverses espèces à tendance acidiphile mélées à des xérophiles sont également présentes, comme Potentilla erecta, Deschampsia flexuosa, Carex nigra, Viola palustris, Crepis paludosa, Salix purpurea, S. cinerea, Aquilegia vulgaris, Sanguisorba minor, etc.
Dans sa portion orientale, diverses espèces annoncent l'aulnaie basicline : Cirsium oleraceum, Angelica sylvestris, Cirsium palustre, Salix cinerea. Par ailleurs, toute la partie drainée par les ruisselets subit depuis le début des années 1990 une recolonisation forestière rapide, principalement par Frangula alnus et Salix spp. (dont S. purpurea).
Cette mosaïque végétale associée à des conditions microclimatiques et hygrométriques très contrastées expliquent probablement la remarquable diversité faunistique locale, même si l'étude de celle-ci est encore très incomplète. On relève notamment plusieurs espèces qui n'ont été, jusqu'à présent, observées nulle part ailleurs dans le pays.
Les libellules sont recensées depuis au moins 1989 par des collaborateurs du groupe Gomphus (e.a. J.-P. Jacob, P. Goffart, H. Blockx, R. Stoks, G. De Knijf, V. Fichefet, J.-Y. Baugnée). Le site est surtout connu pour être un lieu de reproduction typique de Cordulegaster bidentata, dont les larves se développent dans les petits ruisselets alimentant le tuf. Pas moins de 19 autres espèces ont par ailleurs été signalées : Aeshna affinis, Aeshna cyanea, Aeshna grandis, Aeshna mixta, Anax imperator, Calopteryx splendens, Calopteryx virgo, Coenagrion puella, Enallagma cyathigerum, Erythromma najas, Ischnura elegans, Lestes sponsa, Libellula depressa, Orthetrum cancellatum, Orthetrum coerulescens (espèce rare!), Platycnemis pennipes, Pyrrhosoma nymphula, Somatochlora metallica et Sympetrum striolatum.
Les Lépidoptères semblent avoir fait l'objet d'observations plus occasionnelles mais parmi les 30 espèces récensées (données du GT Lycaena), il faut toutefois noter celles figurant sur la liste rouge élaborée par Goffart & De Bast (2000): Apatura ilia, Argynnis paphia, Brenthis ino, Callophrys rubi, Carcharodus alceae, Carterocephalus palaemon, Polyommatus semiargus, Issoria lathonia, Limenitis camilla, Lycaena virgaureae, Melanargia galathea, Spialia sertorius.
Le très rare Géomètridé Epirrhoe hastulata, dont la larve se développe sur Galium sylvaticum, fut signalé jadis de Montauban (seule station belge) mais il n'aurait pas été revu récemment (J.-L. Renneson, comm. pers.).
Les Orthoptères comptent au moins 13 espèces sur le cron et les environs immédiats : les plus remarquables sont Euthystira brachyptera (en limite de répartition), Gomphocerippus rufus, Phaneroptera falcata, Tettigonia cantans et Tetrix bipunctata; les autres étant plus répandues (Chorthippus biguttulus, C. brunneus, C. parallelus, Chrysochraon dispar, Meconema thalassinum, Nemobius sylvestris, Pholidoptera griseoaptera et Tetrix undulata).
Insectes se nourrissant exclusivement de sève végétale, les Homoptères sont très étroitement liés à la végétation et beaucoup d'espèces sont, de plus, souvent spécialisées sur une plante ou quelques espèces voisines. Parmi les relations les plus intéressantes, citons : Chlorionidea flava, Zyginidia mocsaryi et Arocephalus languidus sur Sesleria; Muellerianella extrusa et Emelyanoviana mollicula sur Molinia; Adarrus multinotatus sur Brachypodium sylvaticum (également sur B. pinnatum dans le district mosan); Cicadella viridis, Cicadula albingensis, Notus flavipennis sur Carex spp.; Kelisia guttula et Kelisia irregulata sur Carex flacca; Conomelus anceps sur Juncus spp.; Eupteryx notata sur Hieracium pilosella; Kybos smaragdula, Oncopsis alni et Baeopelma foersteri sur Alnus glutinosa;
L'étude des Hétéroptères (ou Punaises) en est à son début, mais l'on peut déjà mentionner quelques éléments peu communs, souvent à biologie spécialisée : Rubiconia intermedia, Oncochila simplex, Gampsocoris punctipes, Tingis pilosa, Carpocoris fuscispinus, Cymus claviculus, etc.
Les Diptères et les Hyménoptères semblent très bien représentés sur le site et ses environs et mériteraient des recherches attentives. Plusieurs espèces recensées jusqu'ici se révèlent rares en Belgique, voire en Europe; citons entre autres le Diptère Tephritidae Ictericodes zelleri, lié à Inula conyzae et nouveau pour la faune belge, ainsi que les Hyménoptères Chrysididae Holopyga generosa et Chrysis illigeri, le Vespidae Polistes bischoffi, le Sphecidae Lestiphorus bicinctus, l'Andrneidae Panurgus dentipes, le Colletidae Hylaeus difformis, l'Halictidae Halictus sexcinctus, etc.
Citons encore, parmi les Coléoptères, deux longicornes peu banals : tout d'abord Ergates faber, le plus grand représentant européen de la famille (la femelle pouvant atteindre 6 cm !) dont la larve se développe surtout dans les souches de pins et dont la présence en Belgique n'avait encore jamais été signalée auparavant ! Enfin, le magnifique Leptura aurulenta, à répartition belge limitée à la Lorraine et dont les larves se développent dans les souches de hêtre et autres feuillus.
L'herpetofaune locale se compose notamment de Zootoca vivipara, Bufo bufo, Rana temporaria, Rana kl. esculenta et Salamandra salamandra.
Le massif forestier entourant le cron accueille une avifaune variée (grand corbeau Corvus corax ; pic noir Dryocopus martius ; gobemouche noir Ficedula hypoleuca ; etc.).