Cet ancien site industriel est localisé à 750 m au sud-est de l'église de Musson et à 1,2 km au nord de la frontière. Il est longé au nord par la ligne de chemin de fer Athus-Virton-Meuse. La mine (RND) est située à l'angle sud-est du site, à proximité d'anciennes constructions techniques (en béton), près de la lisière nord du Bois Haut (faisant partie du bois de Musson). Le site peut être divisé en deux secteurs principaux.
- le secteur inférieur jouxte le chemin de fer et est en partie inscrit en zone industrielle sur le plan de secteur. Les anciens bâtiments de l'usine sidérurgique (fermée en 1967) ont disparu. Ce secteur est occupé par une friche plus ou moins colonisée par des ligneux surtout arbustifs. Il présente toutefois des aires à végétation moins dense et plus intéressante sur sol assez pierreux.
- le secteur supérieur, limité vers le nord par un mur résiduel ou un talus plus ou moins net, est traversé dans sa partie septentrionale par un large chemin carrossable fermé par une barre basculante à chaque extrémité. Ce chemin donne accès à différentes zones de dépôts de matériaux et de déchets inertes, ainsi qu'à un chemin qui monte vers le bois. Ce secteur peut être subdivisé en deux parties de superficie inégale.
+ La partie située au nord du chemin (A) est altérée par de nombreux dépôts. Elle comprend des terre-pleins, des friches, des fourrés, une petite mare (de moins de 2 ares) et quelques petites zones plus humides résultant de l'arrivée de ruisselets en provenance de la partie au sud du chemin.
+ La partie au sud du chemin (B) est beaucoup plus étendue et correspond au secteur le plus intact de l'ancien crassier de la mine. Cette partie à la topographie plus ou moins irrégulière selon les endroits est limitée au nord par le chemin, à l'est par un chemin orienté nord-sud menant aux anciennes constructions et à l'ouverture de la mine, à l'ouest par une parcelle boisée récemment exploitée et au sud par une prairie et une pessière (incluse dans le périmètre de la minière?).
Ce sous-secteur B, déjà fort colonisé par les ligneux pionniers, est globalement en pente vers le nord. Il comprend une mosaïque
* de zones envahies surtout par des saules âgés (B1), mêlés d'arbustes et de ronces par endroits;
* de zones colonisées par des saules encore jeunes (B2) mêlés de bouleaux, sur sol aux pierres assez peu visibles;
* de zones couvertes de pierres d'origine sidérurgique (B3), à la topographie souvent fort irrégulière et envahies en majorité par des bouleaux et secondairement des saules; la végétation muscinale et surtout herbacée y est très clairsemée, souvent cantonnée à de petites aires un peu terreuses;
* de quelques aires pierreuses presque dépourvues de végétation;
* de petites zones humides (B4) résultant de l'arrivée de ruisselets et suintements à partir du haut du crassier.
En B3, une partie du peuplement ligneux pionnier a été éclairci en 1994-95 dans le but de conserver des bouleaux; les branches avaient alors été laissées sur place. La repousse y est importante.
Le long du chemin, le crassier a été exploité en plusieurs points, en particulier dans la moitié orientale face à un grand terre-plein situé au nord du chemin.
Un petit terril haut d'une dizaine de mètres et colonisé par des ligneux pionniers se trouve au nord du chemin de fer près de la rue de Palge.
Fréquentation du site: Le site est (en principe) interdit aux véhicules non autorisés: les différentes entrées du secteur supérieur (au moins trois) sont fermées par des barres basculantes; celle donnant accès par l'ouest à la partie utilisée comme zone de dépôt par la commune (?) reste fréquemment ouverte du moins en journée (panneau 'Interdiction aux voitures et motos' à l'entrée).
Présence de déchets: Dépôts de cailloux, sables, bordures en béton et inertes dans la partie A située au nord du chemin traversant le site d'ouest en est, mais aussi, dans une moindre mesure, au sud du chemin en B. Plusieurs versages sont bien différenciés.
Environnement du site: Le site de l'ancienne mine jouxte vers le nord le chemin de fer et des terrains agricoles, vers l'est et l'ouest des terrains agricoles et vers le sud le bois de Musson dans lequel se trouvait la mine proprement dite. La route N88 reliant les villages de Musson et Halanzy passe à 600-700 m de la partie basse du site. Des habitations sont très proches (rue A. Boucq et de Palge).
La description suivante repose sur des observations principalement réunies en 2007 dans le cadre de l'inventaire des carrières désaffectées de Wallonie par A. Remacle.
Secteur inférieur
Les ligneux qui ont colonisé ce secteur voisin du chemin de fer appartiennent aux espèces suivantes: Salix div. sp. (Salix caprea dominant), Betula pendula, Crataegus monogyna, Rosa canina, Prunus spinosa, Cornus sanguinea,..., accompagnés de Rubus sp. Ils sont plus abondants dans la partie ouest de la friche.
La végétation herbacée, plus ou moins riche en poacées, comprend diverses espèces pionnières des milieux anthropiques ou nitrophiles, comme Urtica dioica, Melilotus albus, M. officinalis, Oenothera sp., Echium vulgare, Linaria vulgaris, Galium mollugo, Dipsacus fullonum, Tanacetum vulgare (abondant), Artemisia vulgaris et Solidago cfr gigantea, mais aussi Silene vulgaris, Arabis hirsuta, Primula veris, Sedum acre, Saxifraga granulata, Fragaria vesca, Lotus corniculatus, Euphorbia cyparissias, Origanum vulgare, Clinopodium vulgare, Acinos arvensis (aires pierreuses), Erigeron acer, Leucanthemum vulgare, Centaurea (Jacea) sp., Carex flacca, Juncus inflexus, Orchis militaris (environ 10 pieds repérés en 1997), Dactylorhiza groupe maculata (4 hampes florales et 60 rosettes en 1997).
Secteur supérieur
Les strates arborescente et arbustive qui couvrent de plus en plus ce secteur sont composées principalement de Salix caprea et de Betula pendula, accompagnés de Populus tremula, Prunus avium (B1), Larix decidua (quelques pieds en B3), Salix purpurea lambertiana, Crataegus monogyna, C. laevigata, Prunus spinosa, Cornus sanguinea, Ribes uva-crispa, Ribes rubrum ainsi que de Clematis vitalba, Lonicera periclymenum et Rubus sp.
La partie A située au nord du chemin est assez rudéralisée; on y observe diverses plantes présentes dans la friche inférieure. La mare est entièrement couverte de Lemna et quelques touffes de Juncus inflexus y croissent en bordure. Dans la petite zone humide pousse une plage de Phragmites australis avec Cardamine pratensis. Une station d'Epipactis helleborine est localisée vers l'extrémité orientale.
Dans la partie B, la strate herbacée est globalement très discontinue. A côté de bryophytes et de lichens, elle est principalement composée d'espèces pionnières des milieux anthropiques, d'espèces d'ourlets, de pelouses et de prairies: e.a. Ranunculus repens, R. bulbosus, Arenaria serpyllifolia, Minuartia hybrida (B3), Stellaria holostea, Hypericum perforatum, Erophila verna (B3 et B2, chemins), Arabis hirsuta, Lepidium campestre, Cardamine hirsuta, Barbarea sp., Pyrola rotundifolia (B1 et B2), Sedum acre (quelques petites plages en B3), Saxifraga granulata, Fragaria vesca (abondant en B1, B2 et aussi B3), Lotus corniculatus, Lathyrus tuberosus, Vicia sativa, Oenothera sp., Epilobium angustifolium, Euphorbia cyparissias (B3), Geranium robertianum, Daucus carota, Pimpinella saxifraga, Echium vulgare, Myosotis ramosissima, M. arvensis, Origanum vulgare, Ajuga reptans (B1), Chaenorhinum minus, Linaria vulgaris, Galium odoratum (B1), Galium mollugo, G. aparine, Hieracium pilosella (B3), Erigeron acer (B3), Carlina vulgaris (B3), Tussilago farfara, Senecio erucifolius, Eupatorium cannabinum, Hieracium lachenalii, Inula conyzae, Picris hieracioides, Tanacetum vulgare, Artemisia vulgaris, Leucanthemum vulgare, Taraxacum sp., Poa compressa, Calamagrostis epigejos, Listera ovata (quelques dizaines de pieds en 1997), Orchis militaris (une dizaine de pieds) et Anacamptis pyramidalis (une station dense de plus de 250 pieds en 1997).
Dans les zones humides poussent Juncus inflexus, J. effusus et probablement Scirpus sylvaticus (relevé incomplet).
Du point de vue cryptogamique, SÉRUSIAUX et al. (2006) y signalent la présence de deux lichens nouveaux pour la Belgique:
- Absconditella delutula, espèce rarissime détectée depuis dans seulement deux autres localités belges.
- Leptogium subtile (= Scytinium subtile), également excessivement rare et connu seulement d'une autre localité belge (Romedenne).
Le peuplement faunistique du Crassier de Musson est d'une diversité remarquable et comportent de nombreuses espèces rares ou menacées. Le site a fait l'objet de nombreuses observations, notamment herpétologiques et entomologiques. La mante religieuse (Mantis religiosa) a été observée sur le site en 2008 (P. Wegnez), cette espèce emblématique de Torgny étant rarement rencontrée en dehors de la Gaume. Après une longue période caractérisée par une absence d'observations, le lézard agile (Lacerta agilis) est de nouveau été noté sur le crassier depuis 2008.