Natagora-Pays des Terrils (2006): La flore rudérale se cantonne au pied du terril à proximité du RAVeL qui se comporte comme une voie d'accès aisée vers le terril pour de nombreuses espèces issues des jardins ou transportées par les promeneurs et les animaux domestiques.Parmi ces espèces, on peut citer la bourse à pasteur (Capsella bursa-pastoris), l'alliaire (Alliaria petiolata), le chénopode blanc (Chenopodium album), le pied-de-coq commun (Echinochloa crus-galli), le laiteron épineux (Sonchus asper) ou encore l'aster lancéolé (Aster lanceolatus), espèce américaine échappée des jardins et à caractère invasif…
La flore se développant directement sur les pentes mobiles est peu diversifiée. On note la présence de la passerage de Virginie (Lepidium virginicum), espèce américaine observée sur ce seul site dans le cadre du projet Pays des Terrils. D'autres espèces exotiques colonisent les pentes mobiles et en particulier le séneçon du Cap (Senecio inaequidens), à caractère invasif sur le site comme en beaucoup d'autres endroits. Parmi les plantes indigènes, on peut citer le réséda jaune (Reseda lutea), le tussilage (Tussilago farfara), l'oseille sauvage (Rumex acetosa), la linaire commune (Linaria vulgaris) ou encore la peu commune épilobe lancéolée (Epilobium lanceolatum), très rare sur le site. On notera également l'épervière de Bauhin (Hieracium bauhinii), espèce d'Europe centrale en extension sur notre territoire qui est très commune ici.
Les pelouses et les friches sont dominées par de nombreuses graminées telles le fromental (Arrhenatherum elatius), les fétuques (Festuca sp.), les agrostis (Agrostis sp.), l'avoine pubescente (Avenula pubescens)… Ces pelouses sont agrémentées de plantes à fleurs comme la vipérine (Echium vulgare), la carotte sauvage (Daucus carota), la sabline à feuilles de serpolet (Arenaria serpyllifolia), la renoncule bulbeuse (Ranunculus bulbosus), la petite oseille (Rumex acetosella) et, plus atypique, le tabouret calaminaire (Thlaspi caerulescens subsp. calaminare) témoignant de dépôt résiduels de poussières ou de fumées enrichies en métaux lourds issues probablement de l'ancienne usine Vieille Montagne (aujourd'hui Umicore) à Angleur.
Les zones de fourrés et les bois sont colonisés par de nombreux arbustes ou arbres dont les principaux sont le bouleau (Betula pendula), le genêt à balai (Cytisus scoparius), le chêne pédonculé (Quercus robur) et l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus). La strate herbacée forestière peu diversifiée compte notamment l'épervière de Savoie (Hieracium sabaudum), la germandrée scorodoine (Teucrium scorodonia), la canche flexueuse (Deschampsia flexuosa), la clématite des haies (Clematis vitalba), la ronce (Rubus sp.), etc.
La bryoflore comptent quant à elle au moins 32 espèces.
Malgré la faible étendue du site, la faune est variée et a fait l'objet de divers recensements en 2004-2006 (Natagora-Pays des Terrils) et en 2011 (J.-Y. Baugnée).
Une seule espèce d'amphibien a été observée sur le site: le crapaud commun (Bufo bufo). L'espèce n'a été notée qu'une seule fois sur le site durant l'été; il s'agissait d'un jeune de l'année. Le site ne se prête guère aux amphibiens car il est très petit et dépourvu de zone humide.
Par contre, le site présente un potentiel élevé (friche, fourré et lisière) pour au moins deux reptiles, l'orvet (Anguis fragilis) et le lézard des murailles (Podarcis muralis) signalés par d'autres naturalistes les années passées mais non revus en 2006 et 2007. La présence de l'orvet a été constatée de nouveau en 2011. Le lézard des murailles occupe quant à lui un talus de l'ancienne voie ferrée (RAVeL), à 300 m d'ici.
Le terril semble être utilisé comme site de nourrissage par plusieurs espèces d'oiseaux qui se reproduisent soit dans les jardins proches (mésanges, moineau domestique, rougequeue noir) soit dans la haie du talus à côté (fauvettes babillarde et grisette, faisan). Quelques espèces nichent sur le site (pigeon ramier, pie bavarde, merle noir…). Le pouillot fitis, en déclin en Wallonie, chante dans le massif de renouées du Japon. Dans l'ensemble, le cortège d'oiseaux observé sur le terril de Basse Ransy Nord est assez commun et ne reflète pas la qualité du milieu pour les autres groupes étudiés. La petite taille du site et le dérangement par les visiteurs peuvent expliquer la faible diversité pour ce terril.
Quinze espèces de papillons de jour ont été vues sur le site. Toutes sont communes ou très communes excepté l'argus vert (Callophrys rubi) qui n'a été observé que sur ce site et sur le Gosson dans le cadre du projet Pays des Terrils. Dans les lisières et les fourrés, le tristan (Aphantopus hyperantus) est l'espèce la plus commune. Le vulcain (Vanessa atalanta) est une autre espèce très courante sur le site surtout en fin d'été (passages migratoires). Certaines espèces sont rencontrées essentiellement dans les pelouses thermophiles mais toujours en densité très basse. C'est le cas de l'azuré des nerpruns (Celastrina argiolus), l'azuré de la bugrane (Polyommatus icarus), la sylvaine (Ochlodes sylvanus)… Quelques espèces ne sont observées qu'en fin d'été comme le souci (Colias crocea) ou le cuivré commun (Lycaena phlaeas).
Le petit terril de Basse Ransy Nord présente une diversité en orthoptères remarquable avec la présence d'espèces rares ou absentes des autres terrils du projet Pays des Terrils. Comme la plupart des terrils, les espèces les plus communes sont les criquets du genre Chorthippus avec le criquet duettiste (Chorthippus brunneus) et le criquet mélodieux (Chorthippus biguttulus). Parmi les autres espèces communes sur le site, on peut citer le grillon des bois (Nemobius sylvestris) dont la population sur le site atteint des centaines voir des milliers d'individus, chose remarquable compte tenu de la taille du site. A noter aussi que cette espèce n'a quasi jamais été observée sur les autres terrils du projet! A côté du grillon des bois, on peut citer comme observation bien plus remarquable le grillon des champs (Gryllus campestris) dont 3 à 5 chanteurs ont été entendus dans les pelouses thermophiles du terril au printemps. L'espèce est assez abondante partout dans les friches le long du RAVeL. Elle est par contre devenue extrêmement rare en Wallonie. Les pelouses thermophiles sont les milieux les plus colonisés par les orthoptères et en particulier par le criquet à ailes bleues (Oedipoda caerulescens), seul orthoptère protégé en Région wallonne. On rencontre également dans ces pelouses des espèces plus communes comme le phanéroptère commun (Phaneroptera falcata). Dans les fourrés thermophiles et les pelouses, la sauterelle ponctuée (Leptophyes punctatissima) est signalée mais semble être rare ou du moins discrète! Enfin, les fourrés abritent quelques espèces plus forestières comme le méconème varié (Meconema thalassinum) ou la decticelle cendrée (Pholidoptera griseoaptera), communes dans les fourrés et les ronciers.
Pour les coccinelles, il s'agit du site du projet qui présente proportionnellement le plus d'espèces tant en nombre d'espèces qu'en espèces rares. Les espèces les plus communes sont comme sur la plupart des terrils, la coccinelle à 7 points (Coccinella septempunctata) et la coccinelle asiatique (Harmonia axyridis), espèce exotique invasive qui constitue à terme une menace pour toutes les autres espèces indigènes. Ces deux espèces sont rencontrées partout sur le terril et plus particulièrement sur les éléments arborés et arbustifs. Trois espèces rares en Wallonie ont été trouvées sur le site à des densités très basses (toujours un seul exemplaire). Au printemps, la coccinule (Coccinula quatuordecimpustulata), espèce principalement rencontrée en Lorraine belge, a été rencontrée dans la pelouse thermophile du sommet du terril. En été, deux espèces typiques des landes ont été notées dans les lisières et les pelouses thermophiles: il s'agit de la coccinelle noire (Exochomus nigromaculatus) et de la coccinelle des landes (Chilocorus bipustulatus). Ces deux dernières espèces sont protégées en Région wallonne. L'observation simultanée de trois espèces rarissimes sur un site de si petite taille est tout à fait remarquable et témoigne de la qualité et de la diversité écologique des milieux naturels présents sur le site.
La coccinelle à 2 points (Adalia bipunctata) est observée encore facilement sur le site alors que sur la plupart des autres terrils elle est devenue rare voir absente, et ce probablement concurrencée par la coccinelle asiatique.
La présence de la coccinelle à 24 points (Subcoccinella vigintiquatuorpunctata) est soupçonnée mais non confirmée en raison de l'observation de larves et de chrysalides de coccinelles sur le compagnon rouge, espèce de prédilection de l'espèce.
D'autres espèces d'invertébrés fréquentent également les lieux. Les milieux ouverts et thermophiles constituent des milieux recherchés par de nombreux insectes dont la cicindèle champêtre (Cicindela campestris) et le gendarme (Pyrrhocoris apterus) aperçus sur les pentes mobiles, la punaise rayée (Graphosoma italicum) commune sur les carottes, l'argiope fasciée (Argiope bruennichi), grande araignée d'origine méditerranéenne actuellement commune dans nos contrées. Dans les fourrés et les lisères, l'écaille chinée (Euplagia quadripunctaria) a été notée ponctuellement.
Malgré sa taille restreinte, le terril de Basse Ransy Nord constitue un des sites les plus intéressants d'un point de vue floristique et faunique. De nombreuses espèces non observées ou franchement rares sur les autres sites du projet, sont notées sur ce terril. Cela s'explique par les raisons suivantes:
1. La très grande diversité des végétations avec un gradient complet allant des pentes mobiles thermophiles aux boisements à chêne pédonculé en passant par les végétations pionnières, les pelouses thermophiles, les friches et les fourrés ;
2. La position géographique du site à proximité de la Meuse qui représente un couloir migratoire et de dispersion important pour la faune et la flore.
L'intérêt biologique est particulièrement marqué pour l'entomofaune qui comporte des espèces peu commune, voire exceptionnelles, comme le criquet à ailes bleues (Oedipoda caerulescens), le grillon des champs (Gryllus campestris), la thécla de la ronce (Callophrys rubi), la coccinelle noire (Exochomus nigromaculatus), la coccinelle des landes (Chilocorus bipustulatus), la cicindèle champêtre (Cicindela campestris)…
La pérennité de cette diversité biologique remarquable est loin d'être assurée. En effet, plusieurs menaces pèsent sur le site:
1. l'invasion des pelouses et des friches par la renouée du Japon ;
2. l'invasion du site par la coccinelle asiatique qui menace les autres espèces de coccinelles du site ;
3. la surfréquentation du site par les promeneurs (piétinement, dépôts d'immondice, feux…).