Entaillant le flanc droit de la vallée de l'Ourthe un peu au sud de Comblain-la-Tour, le vallon forestier du ruisseau de la Hé d'Ourthe constitue un milieu remarquable, en connexion avec les rochers de la Vierge, mais dont les richesses biologiques demeurent peu connues.Ce site ne semble pas encore fait l'objet d'une étude détaillée ni d'une publication.
Le vallon orienté est-ouest comporte un flanc d'exposition nord parsemé d'affleurements rocheux et d'éboulis riches en bryophytes sous érablière de ravin à scolopendre. Da sa partie aval, le ruisseau alimente de remarquables formations de travertin (tuf calcaire) bordées d'une frênaie-aulnaie rivulaire.
Une rapide prospection menée le 10 mai 2012 (obs. J.-Y. Baugnée - DEMNA) dans la portion aval du ruisseau a permis d'y noter la présence d'un beau cortège d'herbacées autour des travertins et le long des berges, sous les frondaisons d'Alnus glutinosa et Picea abies : Scrophularia auriculata, Eupatorium cannabinum, Apium nodiflorum, Cardamine flexuosa, Aegopodium podagraria, Stellaria nemorum, Veronica montana, Epilobium hirsutum, Ajuga reptans, Glechoma hederacea, Brachypodium sylvaticum, Oxalis acetosella, Cardamine pratensis, Stachys sylvatica, Asplenium scolopendrium, Carex sylvatica, Equisetum sylvaticum, Lamium galeobdolon, Solanum dulcamara, Valeriana officinalis, Senecio ovatus, Arum maculatum, Geum urbanum, Polygonatum multiflorum, etc.
Le vallon héberge diverses autres espèces forestières neutro-calcicoles comme Allium ursinum, Anemone nemorosa, Moehringia trinervia, Lunaria rediviva, Ulmus glabra, Campanula trachelium, Paris quadrifolia, Ribes uva-crispa, Ranunculus ficaria, Milium effusum, Hedera helix, Ranunculus auricomus, Dryopteris carthusiana, Helleborus foetidus, Betula pubescens, Euonymus europaeus, Mercurialis perennis, Polystichum aculeatum, Alliaria petiolata, Melica uniflora, Neottia ovata, Sanicula europaea, Vicia sepium, Acer campestre, ...
Le site présente également un grand intérêt bryologique, comme l'indiquent les données recueillies le 18 mai 2012 par A. et O. Sotiaux (73 espèces de mousses et d'hépatiques).
A l'entrée du vallon, sur les dépôts de tuf le long du ruisselet sont notés Cratoneuron filicinum, Brachythecium rivulare, Conocephalum conicum, Pellia endiviifolia, Dichodontium pellucidum, Calliergonella cuspidata. La strate muscinale est appauvrie suite à l'envahissement du biotope par des algues dont la présence pourrait s'expliquer par un amendement excessif des cultures et des prés sur le plateau en surplomb.
En remontant ce ruisselet jusqu'à sa source, nous notons sur les blocs calcaires humides Jungermannia atrovirens, Rhynchostegium murale, Plagiomnium rostratum, Fissidens gracilifolius, ... et sur des troncs pourrissants Lophocolea heterophylla, Rhizomnium punctatum, Mnium marginatum.
Sur les berges terreuses prennent place Fissidens taxifolius, Pohlia melanodon, Plagiomnium undulatum, Cirriphyllum piliferum, etc.
Sur le versant en exposition nord, dans la frênaie-érablière à scolopendre, les affleurements rocheux calcaires sont colonisés par un cortège de bryophytes calcicoles tels que Neckera complanata, Neckera crispa, Anomodon viticulosus, Anomodon longifolius, Ctenidium molluscum, Thamnobryum alopecurum, Eurhynchium striatum, Encalypta streptocarpa, Fissidens dubius, Plasteurhynchium striatulum, Cirriphyllum crassinervium, Isothecium alopecuroides, Tortella tortuosa, Taxiphyllum wissgrillii, Trichostomum brachydontium, Brachythecium glareosum, Brachythecium tommasinii, Campylophyllum calcareum, Rhynchostegiella tenella, Plagiochila porelloides ainsi que par quelques espèces peu fréquentes en Wallonie: Cololejeunea rossettiana, Apometgeria pubescens, Seligeria pusilla, Amblystegium confervoides, ...
Les éboulis calcaires sont colonisés par Rhytidiadelphus triquetrus, Thuidium tamariscinum, Plagiochila asplenioides, Scapania aspera, etc.
Du point de vue faunistique, les informations réunies à ce jour sont fragmentaires mais elles font état de la présence de plusieurs espèces intéressantes.
La plus remarquable est une libellule spécialisée et très localisée en Wallonie, le cordulégastre bidenté (Cordulegaster bidentata), dont le développement larvaire s'effectue dans les plus petits ruisselets souvent sur substrats calcaires ou gréseux.
L'hérpétofaune comprend au moins la salamandre tachetée (Salamandra salamandra), le triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), la grenouille rousse (Rana temporaria).
A souligner également une limace typique des forêts de ravin, la pseudolimace chagrinée (Tandonia rustica).