Les buts de conservation dans le marais de Vance sont, comme c'est la cas pour les autres réserves de Haute Semois sensu stricto, la conservation des intérêts botaniques, faunistiques (entre autres ornithologiques et entomologiques), culturels et historiques du site, et en particulier la préservation des zones les plus précieuses, à savoir les zones à végétations de bas-marais et de tourbière, qui sont présents sur des surfaces non négligeables.
Abandon de la gestion traditionnelle extensive : prolifération de la mégaphorbiaie au détriment des communautés vivantes des prés humides et des bas-marais acides, fermeture paysagère de la vallée due à une prolifération des fourrés de saules en plaine alluviale...
Récolte d'animaux et de plantes rares par des collectionneurs : insectes et orchidées
Les objectifs principaux de la gestion dans la réserve naturelle du marais de Vance sont, d'une façon générale, le maintien et la restauration d'une mosaïque de végétations fortement diversifiées et des populations animales spécialisées des marais, notamment les oiseaux et certains groupes d'invertébrés, avec, en particulier:
- la restauration et l'extension des végétations de tourbières et de bas-marais alcalin et acide et des espèces qui s'y trouvent,
- le maintien d'une séquence de végétations de prairies dont la pelouse sèche acidocline sur sable, la prairie à molinie, la prairie à reine des prés, etc.,
- le maintien d'une forêt marécageuse d'évolution naturelle.
La jeune boulaie tourbeuse sera rabotée et éclaircie (coupe des jeunes arbres, avec conservation des grands arbres remarquables pour des raisons ornithologiques et esthétiques) ; les recrus ligneux (bouleaux, aulnes, saules, excepté le saule rampant qui doit être préservé) qui envahissent la pelouse acidophile, les roselières, les cariçaies et les prairies à bistorte et à filipendule seront éliminés chaque fois que le besoin s'en fera sentir ; les suintements et plans d'eau libres oligo-mésotrophes encore présents dans le marais seront dégagés (fauchage, débroussaillage) ; quelques fosses pourront être creusées, notamment là où des dépressions sont visibles, pour permettre la réinstallation de la végétation colonisatrice des eaux libres, et pour offrir des habitats notamment pour les batraciens et les odonates.
Traditionnellement, l'étrépage n'a jamais été pratiqué dans les marais de la Haute Semois. Toutefois, il s'agit d'un mode de gestion très intéressant pour régénérer rapidement des types de végétations où un abandon prolongé du fauchage a provoqué l'extension des grandes espèces prairiales sociales et l'accumulation d'une abondante litière. Toutes ces conséquences négatives de l'abandon du fauchage peuvent être éliminées d'un seul coup; le sol dénudé permet au stock grainier des anciennes prairies, conservé dans le sol, de s'exprimer rapidement et de reconstituer très vite une végétation des plus intéressantes.
En matière de gestion récurrente, le fauchage estival en rotation puriannuelle sera pratiqué dans les mégaphorbiaies et les zones de bas-marais et de tourbière. Les zones à sphaignes seront fauchées avec précaution de manière à ne pas décapiter les touffes de sphaignes. Dans les zones à bas-marais et à tourbières très envahies par Phragmites australis, il sera nécessaire dans un premier temps de faucher annuellement, toujours en été; une fois que le roseau sera sous contrôle, le fauchage pourra passer à un rythme plus lent, tous les deux ou trois ans, en rotation par plusieurs lots. La roselière proprement dite (dans la partie nord-ouest) sera conservée en roselière dense par un fauchage hivernal en rotation par blocs.
Depuis 1998, la partie méridionale du site située le long de la route Arlon-Etalle, plus sèche, fait l'objet d'un pâturage hivernal extensif à l'aide d'animaux rustiques (Galloways) appartenant aux RNOB de manière à maintenir la végétation ouverte. Toutefois, il y est veillé à ce que les plages de bistorte soient épargnées (exclos, pâturage en dehors de la période de floraison de Polygonum bistorta).
Les modalités prévues pour la mise en oeuvre des mesures de gestion explicitées ci-dessus sont les suivantes:
Ž l'intervention régulière des bénévoles lors de chantiers de gestion organisés dans la région par les RNOB,
Ž appel à des entreprises de travaux forestiers pour des travaux d'abattage trop lourds,
Ž la mise en place dans les parties les plus sèches du marais d'une expérience de pâturage extensif avec un troupeau de bovins rustiques propriété des RNOB, nécessitant la pose d'un enclos.
L'accès à la réserve naturelle est limité aux visites guidées dont le programme est diffusé dans le Magazine "Réserves Naturelles" des RNOB ainsi que dans la presse locale et associative. Des visites guidées spéciales pour groupes sont organisées sur demande. Des journées et chantiers de gestion sont également programmés pour permettre à ceux qui le souhaitent de participer activement à la gestion de la réserve. L'accès des scientifiques est soumis à autorisation.