Ce site localisé à 2,5 km au nord de Florennes, était initialement limité à l'étang du Bois de la Ville mais a été étendu à l'ensemble du vallon du ruisseau de la Cemenne afin d'inclure les nombreuses mares qui parsèment l'endroit, qu'elles soient en forêt ou en prairie.
La Cemenne prend source sur le plateau agricole au nord du Bois du Richa, au lieu-dit Campagne de Pottia, à 285 m d'altitude. Cette petite rivière condruzienne s'écoule ensuite constamment vers l'ouest en direction de Morialmé où elle se jette dans la Thyria, affluent de l'Eau d'Heure. Sur son parcours de 5 km, elle reçoit de multiples ruisselets et traverse successivement le sud du Bois du Prince, le Bois de la Ville puis une zone plus bocagère à partir du hameau des Minières. Ce toponyme témoigne des anciennes activités extractrices de type artisanal qui ont eu lieu dans ce secteur durant plusieurs siècles: mines de fer, argilières, extraction de silex, etc.
L'étang du Bois de la Ville a été décrit en détail par A. Remacle dans le cadre de l'inventaire des carrières désaffectées de Wallonie (état en 1997): cet étang de pêche est localisé à 2 km au NNW de Florennes et à 1,5 km à l'est de Morialmé au lieu-dit Minières, dans le bois de la Ville. On y a extrait de la limonite (hydroxyde de fer amorphe), et ce depuis au moins l'époque gallo-romaine (GILLARD, 1971). Deux anciennes usines étaient installées à proximité immédiate de l'étang: une verrerie et une faïencerie. L'étang, qui résulte de l'inondation d'une ancienne mine de fer, se caractérise par une exondation partielle des berges en pente douce (en particulier au niveau des côtés sud et ouest) à la fin de l'été et en automne. Etang de pêche fréquenté en saison de façon intensive, il est bordé d'un grand nombre de cabanons et de pontons installés à plusieurs niveaux, ce qui confère au site, à cette époque de l'année, un aspect surprenant et peu esthétique. La pièce d'eau est limitée par des talus éboulés, de hauteur variable selon le niveau d'eau (4-5 m maximum fin octobre 1996, époque à laquelle le niveau était fort bas). Elle est entourée d'arbres, sauf sur une partie du côté nord. Elle forme vers l'est, juste en contrebas de la SAPAD, un diverticule aux rives assez pentues où la roche en place affleure çà et là et où la zone de battance est peu importante. Vers l'est, une masse rocheuse arborée émerge de l'étang (calcaire tournaisien attribué à la formation de Waulsort). Au NW, l'étang se prolonge par deux (ou trois?) chenaux parallèles par où s'évacue le trop-plein de l'étang vers un ruisseau. En automne 1996, le niveau d'eau était plus bas qu'à l'automme 1997; en octobre, la partie méridionale était ainsi exondée. Les berges sont accessibles partout en empruntant de petits sentiers partant de la rive nord (où se trouve l'entrée officielle) et de la rive ouest. Un sentier mène entre les chenaux à la pointe NW de la pièce d'eau (zone surtout prospectée personnellement). Cet étang jouxte vers le nord le quartier du Bois de la Ville en partie occupé par une population défavorisée (au nord de la pièce d'eau). A la bordure est se trouve la SAPAD "Société d'aide et de protection aux animaux en détresse" (aboiements continuels très gênants pour le voisinage). A l'ouest, pâtures avec traces d'anciennes excavations et petites pièces d'eau (Na/535/32 et 35); au sud et à l'est, parcelles boisées et terrains agricoles. Deux anciennes voies ferrées passent à faible distance au nord et au sud de l'étang, se rejoignant 600 m à l'est de celui-ci.
Le vallon de la Cemenne s'inscrit dans une région au relief légèrement ondulé et au paysage marqué par l'alternance des bois, des cultures et des prairies avec des noyaux d'habitat essentiellement de type rural.
Du point de vue biogéographique, le site se trouve en région continentale et dans le district phytogéographique mosan.
Le vallon du ruisseau de la Cemenne, au nord de Florennes, regroupe une vingtaine de mares et deux étangs éparpillés sur quasiment 4 km entre la route N98 et le village de Morialmé. Plusieurs de ces pièces d'eau correspondent à des fosses d'extraction d'argile ou de silex inondées ou même d'anciennes mines de fer. La plupart sont entourées de boisements feuillus, mais quelques mares se trouvent en situation éclairée, au milieu de prairies.
La partie initiale et centrale du site est constituée par l'étang du Bois de la Ville, plan d'eau eutrophe à niveau variable de 4 ha qui est sans doute le plus intéressant de la région de Florennes du point de vue phytosociologique.
Les relevés floristiques réalisés à la fin du 20ème siècle (par ex. Duvigneaud & Saintenoy-Simon, 1996; Martin et al., 1999), il y a donc près de 30 ans, ont permis d'y déterminer la présence de trois groupements végétaux assez exceptionnels en Wallonie et liés aux vases exondées:
- une colonisation initiale sur les vases humides par des hépatiques et bryophytes, en particulier par Riccia cavernosa, espèce rare en Belgique, et Aphanorhegma patens, espèce méconnue.
- un groupement du Nanocyperion caractérisé par l'abondance occasionnelle de Limosella aquatica accompagné de Rorippa palustris, Gnaphalium uliginosum et de spécimens chétifs de Chenopodium rubrum var. humile.
- un groupement du Littorellion, exceptionnel en Wallonie, colonisant les plages soumises aux inondations de courte durée, dominé par Littorella uniflora et renfermant plus ponctuellement des espèces telles que Potentilla anserina, Rumex palustris, Gnaphalium uliginosum, Mentha arvensis, etc.
On notre en outre :
-un groupement à Persicaria amphibia abritant aussi quelques pieds de Gnaphalium uliginosum et de Callitriche sp.
- un groupement mixte du Bidention et du Lolio-Potentillon avec Bidens tripartita, Persicaria lapathifolia, Mentha arvensis, Potentilla anserina, Alopecurus aequalis, Eleocharis palustris, Mentha arvensis, Plantago major, Rumex maritimus, etc.
- un groupement plus nettement dominé par Eleocharis palustris renfermant aussi Mentha arvensis et Bidens tripartita.
- une frange d'hélophytes constituée de Iris pseudacorus, Lycopus europaeus, Phalaris arundinacea, Sparganium erectum, Rumex palustris, Eleocharis palustris, Juncus effusus, etc.
- une cariçaie à Carex acutiformis.
L'étang est limité par l'ourlet forestier. Des peupliers sont présents à hauteur des canaux d'évacuation avec à leurs pieds une flore nitrophile banale (Urtica dioica,...). Il est à noter qu'en raison de l'action néfaste des poissons, les hydrophytes sont pratiquement absents des eaux de l'étang (à l'exception de Persicaria amphibia et très localement de Callitriche sp. et Ranunculus subg. Batrachium).
Le transect résumé ci-dessus, sans Limosella aquatica cependant (seulement quelques plantes repérées en 1995) a été observé par A. Remacle en automne 1996 et 1997 dans la zone des chenaux (diverticule NW). Les espèces suivantes ont été notées à cette occasion: Persicaria lapathifolia, P. hydropiper, P. amphibium, Rumex maritimus, Rorippa palustris, Potentilla anserina, Filipendula ulmaria, Trifolium repens (abondant), Solanum dulcamara, Myosotis scorpioides, Mentha sp., Stachys palustris, Scutellaria galericulata, Littorella uniflora (tapis d'au moins 10 m2 + 5 m2 + autres petites plages), Bidens tripartita (abondant), Achillea ptarmica, Gnaphalium uliginosum, Sparganium erectum subsp. neglectum, Eleocharis palustris, Phalaris arundinacea, Iris pseudacorus (plusieurs plages).
En dehors de l'étang du Bois de la Ville, aucune étude n'est disponible pour l'ensemble du vallon de la Cemenne et il serait souhaitable d'actualiser les données existantes.