Imaginez les trois protagonistes suivants: des araignées sur leurs toiles, des mouches sanguinaires, des chauves-souris bucoliquement dénommées « murin à oreilles échancrées ». Le lieu et le temps : un décor tout droit tiré du fin fond de nos campagnes ; en pleine nuit.
On pourrait penser qu'il s'agit d'un exercice de style à la Ligue d'improvisation aux alentours d'Halloween. Il n'en est rien. Ces éléments sont simplement les ingrédients d'un spectacle qui se déroule toutes les nuits d'été dans les campagnes wallonnes.
Encore peu étudiée jusqu'à présent, la biologie de ce murin à oreilles échancrées commence à dévoiler ses particularités. Deux études comparables, menées distinctement en Belgique, tant en Wallonie qu'en Flandres, aboutissent aux mêmes conclusions.
Non seulement cette chauve-souris s'est spécialisée dans la capture d'araignées tisseuses de toiles, au beau milieu du feuillage de nos forêts. Mais plus fort encore, il s'avère que cette habile chauve-souris consomme souvent des mouches en très grande quantité. Et pas n'importe quelles mouches: essentiellement les mouches des étables et le redoutable Stomoxys calcitrans dont les piqûres sont connues pour irriter sérieusement le bétail. Des observations à l'aide de caméra infra-rouge ont même révélé aux Pays-Bas que cette espèce s'introduit dans les étables occupées par le bétail pour y consommer les mouches posées sur les murs. On peut difficilement trouver un attrape-mouche présentant un aussi bon rapport qualité-prix!
Kervyn T., Godin M.-C., Jocqué R., Grootaert P. & Libois R. (in prep.) – Web-building spiders and blood-feeding flies as prey of the notch-eared bat (Myotis emarginatus). Belg. J. Zool., accepted.
Lambrechts, J., Jacobs, M., Lefevre, A., Herremans, M., Struyve, T. & F. Claessens (2011). Voedselkeuze van de Ingekorven vleermuis en de invloed van het gebruik van ontwormingsmiddelen op de ontwikkeling van coprofiele fauna. Rapport Natuurpunt Studie 2011, Natuurpunt Studie, Mechelen, België.