Le site de La Prée occupe la plaine alluviale de l'Eau Blanche, au nord-ouest de Couvin, dans la dépression schisteuse de la Fagne (district phytogéographique mosan).
Affluent du Viroin, l'Eau Blanche a creusé les schistes tendres du Famennien en créant une vallée très ouverte dont la largeur atteint 1,5 km à 2 km. L'altitude y est inférieure à 200 m. Plusieurs petits ruisseaux rejoignent l'Eau Blanche à La Prée: le Ri du Gout et le ruisseau de la Taille Frèchet, en rive gauche, le Grand Mort Bi, en rive droite. En période hivernale et au début du printemps, il arrive que l'Eau Blanche déborde de son lit et inonde temporairement les herbages. Même si les travaux de l'hydraulique agricole ont fortement contribué à diminuer les périodes d'inondation de la plaine alluviale (wateringue), la situation actuelle profite toujours à la végétation des fonds de vallée, et surtout à de nombreux oiseaux d'eau. Un gradient d'humidité s'exerce visiblement depuis les prairies légèrement pentues (où se trouvent la plupart des zones actuellement préservées) au nord et au sud de l'Eau Blanche, jusqu'à celles, les plus mouilleuses, bordant la rivière elle-même. La diversification du milieu s'inscrit aussi dans ce contexte.
D'un point de vue géologique, la presque totalité du site se trouve en Fagne schisteuse, sur des terrains datant du Famennien inférieur (assise de Senzeilles). La transition est nette avec les tiennes calcaires de la Calestienne, formant le rebord sud de la plaine de l'Eau Blanche. Le sous-sol y est formé de schistes divers, parfois calcarifères, de marbre rouge ou de grès.
D'après SAINTENOY-SIMON (1994), la végétation du site est composée :
- de prairies vouées au fauchage, accompagné éventuellement d'un pâturage du regain. En condition de fertilisations, surtout en régime permanent, l'arrhénathéraie proprement dite y est caractéristique, avec des espèces comme Alchemilla xanthochlora, Anthriscus sylvestris, Bromus hordeaceus, Crepis biennis, Heracleum sphondylium ou Pimpinella major.
- de pâturages permanents, où les hautes herbes de l'Arrhenatherion ont régressé au profit d'espèces du Cynosurion, mieux adaptées à ce régime d'exploitation, comme Cynosurus cristatus, Lolium perenne, Phleum pratense ou Trifolium repens.
- de prés de fauche non amendées, qui peuvent être rattachés au Molinion. On y observe : Molinia caerulea, Succisa pratensis, Silaum silaus, Selinum carvifolia, Scorzonera humilis, Carex panicea, Dactylorhiza majalis, Achillea ptarmica, Valeriana dioica, Rhinanthus minor accompagnés de nombreuses espèces comme Caltha palustris, Lychnis flos-cuculi, Stellaria graminea, Colchicum autumnale,...
- de roselières à Phragmites australis et de magnocariçaies à Carex acutiformis, C. nigra, C. disticha, que l'on trouve ça et la dans les zones les plus humides.
Les parcelles acquises par les RNOB dans la plaine de l'Eau Blanche sont d'anciens prés de fauche abandonnés que l'on peut rattacher au Molinion. En effet, on y observe Molinia caerulea, Succisa pratensis, Silaum silaus, Selinum carvifolia, Scorzonera humilis, Carex panicea, Dactylorhiza majalis, Achillea ptarmica, Valeriana dioica, Rhinanthus minor accompagnés de nombreuses espèces comme Caltha palustris, Lychnis flos-cuculi, Stellaria graminea, Colchicum autumnale,...
Des roselières à Phragmites australis et des magnocariçaies à Carex acutiformis, C. nigra, C. disticha existent également dans les zones les plus humides.
La faune de la plaine de l'Eau Blanche est très riche avec la présence de nombreuses espèces patrimoniales. L'une des plus emblématiques est certainement le râle des genêts (Crex crex) , oiseau aux moeurs nocturnes typique des prairies humides et dont la situation est très défavorable en Wallonie. D'après PAQUET et DEROUAUX (2016), la plaine de l'Eau Blanche constitue même le secteur wallon le plus régulièrement fréquenté par le râle des genêts au cours des quinze dernières années (1 à 4 mâles cantonnés). La plaine accueille en outre l'une des densités de pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) les plus élevées de Wallonie (voir PAQUET et al., 2020).
D'après Ferraris, le site était jadis occupé par des cultures. Naguère, il était occupé par des prés de fauche aujourd'hui abandonnés ou reconvertis en prairies pâturées amendées.
La Fagne-Famenne est une région réputée herbagère. Cette situation fait suite aux défrichements de la forêt primitive, qui était vraisemblablement composée de chênaies-charmaies, et, d'aulnaies dans les zones les plus humides.
La nature schisteuse du sous-sol et l'abondance d'argile ont rendu les sols de cette région imperméables. Ils sont fréquemment inondés, mais subissent également de fortes sécheresses. Sur ces terres peu rentables, les cultures ont toujours été rares, et les prairies dominantes.
Dans le terroir bocager de la Fagne, l'exploitation agricole traditionnelle (pacage extensif des troupeaux, fauches tardives, ...) fut responsable de la formation d'un type particulier de prairie humide, riche en succise des prés (Succisa pratensis), en silaüs des prés (Silaum silaus), et en bien bien d'autres plantes à fleurs.
Mais après la deuxième guerre mondiale, l'avènement de pratiques agricoles plus modernes (utilisation de fertilisants, drainage, pâturage intensif, fauche précoce, labour, ensemencement, ...) a progressivement transformé ces milieux. En beaucoup d'endroits, les fleurs ont même cédé leur place à la crételle (Cynosurus cristatus) et au ray-grass commun (Lolium perenne).
En Fagne, la plaine alluviale de l'Eau Blanche et ses abords immédiats, n'a pas échappé à cette simplification des milieux, dommageable pour la vie sauvage. Certains espaces ont toutefois conservé les qualités paysagères et biologiques de jadis, ou du moins, des possibilités réelles de récupération rapide.