Situation générale: Les carrières de Monfort entaillent le versant droit de la vallée de l'Ourthe, en face du village de Poulseur et à 2,5 km au sud d'Esneux.
On y a extrait du grès famennien (Formation de Montfort principalement) pour la production de pavés, dalles, dallettes et parement, ainsi que de concassés.
Description du site: Le site comprend un ensemble de cinq carrières creusées en enfilade dans le versant de la vallée sur près de 1500 m de longueur. Il est accessible par plusieurs sentiers, le principal étant localisé vers l'ouest le long de l'Ourthe. Le site est parcouru par quelques sentes qui permettent d'atteindre les différents secteurs.
On distingue d'ouest en est cinq excavations successives, limitées vers le nord par un long front de taille orienté vers le SSE et globalement peu colonisé par la végétation.
- L'excavation I: non inondée (au moins une petite mare), elle est colonisée par des ligneux pionniers, y compris le flanc sud. Une ancienne rampe descend dans le fond qui est étroit et pourvu d'éboulis de gros blocs. Le front de taille nord, haut de plus de 50 m, se prolonge vers l'ouest au niveau de la carrière de la Gombe.
- L'excavation II: noyée, elle est occupée par un plan d'eau profond (le 'lac vert'). Un sentier descend jusqu'au bord de la pièce d'eau.
- L'excavation III: nettement plus vaste que les quatre autres excavations, elle est occupée par une pièce d'eau très profonde (le 'lac bleu'), accessible par l'ancienne rampe (sentier) qui atteint une petite 'plage' au pied du flanc sud arboré.
- L'excavation IV: non inondée, elle présente deux niveaux: vers l'est, une fosse correspondant au niveau inférieur, envahie de ligneux pionniers et accessible par une ancienne rampe; vers l'ouest, un replat caillouteux couvert d'une végétation herbacée discontinue.
- L'excavation V: cette carrière sèche comprend plusieurs niveaux: vers l'est, un replat caillouteux à végétation discontinue, qui se prolonge côté nord au pied du front de taille principal; un palier intermédiaire de faible surface; une fosse ombragée. Comme figuré sur la carte I.G.N., le sentier actuel contourne les niveaux inférieurs d'est en ouest et aboutit à une ancienne infrastructure vers l'ouest. La fosse la plus profonde n'était pas accessible par une rampe; un tunnel la relie à la zone entre les excavations IV et V et débouche, sur le versant sud.
Les haldes de ce complexe carrier, très abondantes, sont disposées sur le versant de la vallée de l'Ourthe.
Il subsiste à différents endroits des infrastructures techniques, en particulier entre les excavations II et III (bâtiments figurés sur la carte I.G.N.) et sur le versant de la vallée. Le pont desservant les carrières, encore représenté sur l'édition 1989 de la carte topographique, a été démonté.
Fréquentation du site: Limitée aux co-propriétaires de la Société coopérative de Montfort et aux personnes disposant d'une carte d'accès. Baignades autorisées dans l'excavation III.
Présence de déchets: Site très propre. Il existe toutefois deux points sensibles: à partir de la route de crête de Souverain-Pré à Sprimont et à partir du hameau de Montfort (maisons voisines de la falaise entre les excavations II et III).
Environnement du site: Les carrières jouxtent vers l'ouest le hameau de Montfort et la carrière de la Gombe aménagée pour la plongée; vers l'est le hameau de Chaply et le versant particulièrement abrupt de la vallée de l'Ourthe; vers le sud l'Ourthe et le village de Poulseur; vers le nord, le hameau de Montfort, la route de Souverain-Pré à Sprimont et la vallée boisée du ruisseau de la Haze.
Les carrières de Monfort sont composées d'une mosaïque de milieux contrastés en raison notamment de la présence de falaises et d'éboulis diversement orientés: pièces d'eau profondes aux berges abruptes, friches et pelouses, falaises ensoleillées ou ombragées et riches en fougères, éboulis bien ensoleillés ou ombragés plus ou moins envahis par les ligneux, murs bien exposés ou non,...
Les ligneux s'installent localement dans les endroits secs et bien ensoleillés sous forme d'une fruticée, mais aussi sur les flancs sud et dans le fond des excavations non inondées: Betula pendula, Populus tremula, Salix caprea, Quercus robur, Q. rubra, Pinus sylvestris, Prunus avium, Robinia pseudoacacia, Castanea sativa, Fraxinus excelsior, Acer pseudoplatanus, A. campestre, Salix purpurea subsp. lambertiana, Salix atrocinerea (Champluvier, 1983), Fagus sylvatica, Sorbus torminalis (Champluvier, 1983), Tilia sp., Cornus sanguinea, Crataegus monogyna, Prunus spinosa, Rosa canina, R. arvensis, R. deseglisei (Champluvier, 1983), Frangula alnus, Rhamnus cathartica, Pyrus pyraster, Cotoneaster horizontalis, Hedera helix, Cytisus scoparius,...
La pente du versant couverte de haldes comprend des zones d'éboulis instables et ouverts colonisés par Rumex scutatus, Sedum rupestre, Sedum album, Clematis vitalba, Seseli libanotis, Melica ciliata,..., et des secteurs plus ou moins envahis par les ligneux, où apparaissent diverses plantes d'ourlets présentes ailleurs dans le site (Hieracium spp., Solidago virgaurea, Teucrium scorodonia,...), ainsi que des fougères parmi lesquelles Asplenium adiantum-nigrum.
Les replats des excavations, la zone entre les excavations II et III, les bords de certains sentiers,... sont couverts d'une végétation de friche apparentée par endroits à une pelouse sèche. S'y développent une série d'espèces de pelouses, d'ourlets et de friches, incluant des taxons calciphiles et même calcicoles: notamment Ranunculus bulbosus, Dianthus armeria, Cerastium pumilum, Silene nutans, Rumex scutatus, Hypericum perforatum, Arabis hirsuta, Fragaria vesca, Sanguisorba minor, Potentilla neumanniana (excavation V), Agrimonia eupatoria, Lotus corniculatus, Melilotus albus, Lathyrus sylvestris, Trifolium arvense, T. campestre, Geranium columbinum, Linum catharticum, Seseli libanotis, Pimpinella saxifraga, Daucus carota, Centaurium erythraea, Echium vulgare, Thymus pulegioides, Origanum vulgare, Euphrasia stricta, Scabiosa columbaria, Carlina vulgaris, Centaurea (Jacea) sp., Hieracium pilosella, H. bauhinii (abondante localement), H. sabaudum, H. umbellatum, Erigeron acer, Leucanthemum vulgare, Leontodon hispidus, Senecio inaequidens, S. erucifolius, Tanacetum vulgare, Crepis polymorpha, Poa compressa, Festuca filiformis, Vulpia myuros, Ophrys apifera. La forte abondance de Seseli libanotis, grande ombellifère thermophile, est à souligner. Parmi ces zones à végétation ouverte, les plus intéressantes sont localisées sur les replats des excavations IV et V: ici s'est développée, sur un substrat caillouteux, une pelouse thermophile dominée par Aster linosyris qui est accompagné par Thymus pulegioides, Origanum vulgare, Anthyllis vulneraria, Saxifraga tridactylites, Potentilla argentea, Campanula persicifolia, Hieracium pilosella, H. bauhinii, Carlina vulgaris, Centaurea (Jacea) sp., Calamagrostis epigejos (par plages), par des lichens et bryophytes et d'autres plantes poussant ailleurs dans le site.
Là où la végétation ligneuse est en cours d'installation ou déjà bien en place (flancs sud des excavations notamment) apparaissent des espèces d'ourlets et quelques forestières, ainsi que les fougères Asplenium scolopendrium, A. trichomanes, A. adiantum-nigrum, Dryopteris filix-mas, Cystopteris fragilis, Polypodium vulgare (sensu lato) et Polystichum aculeatum.
Sur les fronts d'exploitation bien exposés poussent, dans les irrégularités de la roche, diverses plantes dont les plus caractéristiques sont Festuca heteropachys, Melica ciliata, Aster linosyris (vers l'est), Asplenium ruta-muraria et Ceterach officinarum (également présent sur des murs).
Dans la plus grande des pièces d'eau croissent Potagometon cf. natans (petites plages), Myriophyllum spicatum et, en bordure, Epilobium hirsutum.