L'intérêt biologique de la carrière de Loën a été décrit de manière très détaillée dans un document de synthèse interne à CBR (Colart, 2012). La zone décrite couvre approximativement 150 ha et comprend les parties dénommées «Phase 1» et «Phase 2» mais elle n'inclus pas les très anciennes parties de la carrière situées à l'est de la route N671 (incluses dans la zone 500 m), ni les parcelles retirées du périmètre suite à la délimitation des habitats Natura 2000 (nord-est de la Phase 1).
Le périmètre regroupe les zones actuellement en exploitation, les zones déjà réaménagées, les dépendances (une zone de stockage de silex et les 2 bassins de décantation) et les terrains actuellement cultivés qui seront exploités à terme. Actuellement, on peut distinguer au moins 23 habitats semi-naturels distincts sur la carrière et 2 habitats totalement artificiels (les cultures intensives et les infrastructures et bâtiments). Soit, par ordre d'importance spatiale:
- Des plages de substrat nu, certaines avec un groupement de végétation amphibie, d'autres colonisées par une jeune friche calcicole (Dauco-Melilotion) (34,5 ha, soit 23% de la surface de la carrière).
- Des cultures intensives (26,4 ha -17,6%)
- Des boulaies-saulaies de recolonisation (25,1 ha - 16,7%) dont un cinquième constituées d'arbustes encore jeunes et très clairsemés et 1,36 ha occupés par une variante humide à saules blancs et peupliers trembles
- D'anciennes plantations contenant une forte proportion de robiniers (14,9 ha, soit 9,9 %)
- Des pelouses mésophiles à acidiphiles sur sables, limons ou graviers (8,7 ha - 5,8%)
- Des pierriers (7,2 ha - 4,8%)
- Des friches et des pelouses sèches calcicoles (7,1 ha - 4,7%) dont 5,9 ha de pelouses en assez bon état de conservation
- Des surfaces minérales meubles (6,6 ha - 4,1%)
- Des eaux stagnantes permanentes profondes (7 ha - 4,7%)
- Des friches rudérales avec plantes messicoles (4,2 ha - 2,7%)
- Des broussailles à buddléas (2,7 ha - 1,7 %)
- Des zones bâties et des dépôts divers (2,3 ha, soit 1,5 %)
- Des eaux stagnantes permanentes peu profondes (0,8 ha - 0,5%)
- Des eaux stagnantes temporaires (0,8 ha - 0,5%)
- Des phragmitaies (0,6 ha)
- Des végétations peuplements de grands joncs (0,4 ha - 0,2%)
- Des typhaies (0,4 ha - 0,2%)
- Des herbiers aquatiques à grands potamots (- 0,1 ha)
- Un complexe de végétation aquatique à Chara et plantain d'eau dans une mare temporaire (± 100 m²).
- Des eaux courantes de bonne qualité (± 100 m de ruisseau dont sa source)
- Des falaises et fronts d'exploitation (± 6000 m de longueur cumulée)
Boisements et fourrés de colonisation
La colonisation ligneuse rencontrée sur la carrière est issue de semis spontanés d'arbres proches, en particulier ceux à graines volantes légères, bouleaux verruqueux et saules en particulier. Des plantations âgées d'au moins une quinzaine d'années ont aussi été installées sur le Nouveau Thier de Loën, sur les talus situés au sud-ouest de la Phase 1 et le long de la N671. Quelques lambeaux de forêt feuillue mixte, probablement issus du reboisement des flancs de la Montagne Saint-Pierre, complètent l'inventaire des bois présents.
Les boulaies-saulaies
Ces boisements fréquents dans les carrières et sur les terrils sont issus de la recolonisation spontanée des milieux ouverts principalement par les bouleaux et les saules. Il s'agit de l'habitat «forestier» dominant sur la carrière de Loën. On en trouve principalement sur le dessus du Nouveau Thier de Loën, sur le nord de la Phase 1 et sur la bordure orientale de la carrière, plus ou moins imbriqués dans les plantations de robinier. Ces boisements sont dominés à parts à peu près égales par le bouleau verruqueux (Betula pendula) et par le saule marsault (Salix caprea), incluant quelques saules blancs (Salix alba) et robiniers (Robinia pseudoacacia).
Dans les stations plus humides, la strate ligneuse s'enrichit en saule blanc, saule pourpre (Salix purpurea), saule à oreillettes (Salix aurita) et peuplier tremble (Populus tremula). Le buddléa (Buddleja davidii) est également fréquent, quoique beaucoup plus localisé et souvent en peuplements peu denses.
Les boisements situés à l'est des bâtiments abritent le plus grand nombre d'espèces rares, notamment quatre espèces d'orchidées: le platanthère des montagnes (Platanthera chlorantha), l'épipactis helleborine (Epipactis helleborine), la double-feuille (Neottia ovata), en grande quantité, et l'orchis tacheté (Dactylorhiza fuchsii). S'y ajoutent la pyrole à feuilles rondes (Pyrola rotundifolia) en grandes plages, le petit rhinanthe (Rhinanthus minor) dans sa lisière ouest.
Les deux petites saulaies présentes au nord-est et au sud-est de la Phase 1 sont également intéressantes, avec une flore assez similaire à celle rencontrée dans le bois à orchidées. Leur flore est dérivée de celle des friches avoisinantes sous les bois plus clairs, les plus anciens présentent généralement des sous-bois riches en ronces (Rubus caesius et R. fruticosus s.l.), la clématite des haies (Clematis vitalba), les graminées forestières comme le pâturin des bois (Poa nemoralis), le brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum). D'autres plantes à fleurs, plus éparses, les accompagnent comme le fraisier des bois (Fragaria vesca), l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), l'épiaire des bois (Stachys sylvatica), etc.
Dans les secteurs les plus denses la strate herbacée est presque inexistante en dehors de la strate muscinale et des ronces. Peu de plantes typiques de forêts plus anciennes sont présentes, seules la campanule gantelée (Campanula trachelium) et la fougère mâle (Dryopteris filix-mas) poussent en petit nombre à l'est des bâtiments de la Phase 1. Les plantes de forêts jeunes, comme la pyrole à feuille ronde (Pyrola rotundifolia) et les plantes de lisières comme la gesse des bois (Lathyrus sylvestris) et la gesse tubéreuse (Lathyrus tuberosus) y sont plus fréquentes.
Sur le plan entomologique, les saules constituent une importante ressource pour les pollinisateurs printaniers. Plusieurs abeilles solitaires dépendantes du pollen et du nectar de ces arbustes sont ainsi présentes sur la carrière comme la collète lapin (Colletes cunicularius) et l'andrène vague (Andrena vaga), pour ne citer que les plus caractéristiques. De plus, la propension des saules à devenir creux avec l'âge les rend particulièrement attractifs pour les oiseaux cavernicoles (pics, mésanges, etc.).
Plantations de robiniers
Ces plantations de robinier faux-acacia (Robinia pseudoacacia) ont été installées sur le Nouveau Thier de Loën, sur les talus situés au sud-ouest de la Phase 1 et le long de la N671. Elles sont âgées d'au moins une dizaine d'années pour les plus jeunes et plus de vingt ans pour les plus âgées (en 2012). Ce sont maintenant des boisements pratiquement purs renfermant ponctuellement d'autres essences, dont d'autres invasives comme le cerisier tardif (Prunus serotina). Quelques zones à aulne glutineux (Alnus glutinosa) sont également présentes le long de la partie sud de la Phase 1, de même que l'argousier (Hippophae rhamnoides) observé en lisière des plantations du nord de la Phase 1.
Les plus anciennes plantations sont caractérisées par un sous-étage dominé par des nitrophytes: ronces (Rubus caesius + div. sp.), ortie dioïque (Urtica dioica) et gaillet gratteron (Galium aparine). Le pâturin des bois (Poa nemoralis) y est abondant. Les lisières mises à part, on n'y retrouve pratiquement pas de régénération d'autres feuillus. Le buddléa est également souvent associé aux lisières de ces peuplements.
Ces plantations n'ont pratiquement pas d'intérêt écologique particulier, mis à part pour les insectes butineurs généralistes comme l'abeille domestique. Au contraire, le robinier a tendance, en tant que légumineuse, à enrichir le sol en azote et phosphore et à entrainer une eutrophisation du milieu.
Boisements feuillus mixtes
Ces boisements correspondent manifestement à quelques petits lambeaux de forêts feuillues mixtes, probablement issues du reboisement des flancs de la Montagne st Pierre après l'abandon du pâturage ovin et caprin traditionnel vers le milieu du 20ème siècle. Ils n'occupent qu'une très faible proportion des boisements, isolés parmi les boulaies et saulaies pionnières. Ce type de boisement est confiné au nord de la Phase 1 et au sud-est du site, le long de la falaise séparant le site CBR de la décharge de Halembaye.
Ils sont apparentés à de la chênaie-charmaie et sont dominés par l'érable sycomore (Acer pseudoplatanus) et le frêne commun (Fraxinus excelsior) mélangés à quelques beaux chênes sessiles (Quercus petraea), chênes pédonculés (Quercus robur), hêtres (Fagus sylvatica), érables planes (Acer platanoides), merisiers (Prunus avium), sorbiers des oiseleurs (Sorbus aucuparia), etc. La flore du sous-bois est assez similaire à celle trouvée sous les boisements pionniers proches, avec entre autres des ronces (Rubus caesius et R. fruticosus), la clématite des haies (Clematis vitalba), le brachypode des bois (Brachypodium sylvaticum), le pâturin des bois (Poa nemoralis) ainsi qu'une strate muscinale plus ou moins développée.
Ces bois feuillus sont assez riches en bois morts et comportent quelques vieux arbres présentant un intérêt pour la faune cavernicole et les invertébrés xylophages.
Fourrés rudéraux
L'embroussaillement par les ronces et les buddléas est un phénomène habituel dans les carrières. Les ronciers sont surtout très denses dans les trouées des boisements et sont localement en expansion dans les friches ouvertes, sans former encore de noyaux denses distincts (en 2009).
Les buddléas sont par contre beaucoup plus envahissants et forment déjà des peuplements denses dans certains recoins de la Phase 1; ils sont en très forte expansion sur les sols remués de la Phase 2. Auparavant, ils formaient déjà au moins deux noyaux très denses au sud-ouest de la Phase 1 (sur le dernier palier contre la falaise du Tunnel et le grand pierrier à l'angle sud-ouest) et sur le dernier plateau de la partie en terrasse du Nouveau Thier de Loën. Les végétations poussant en dessous de ces formations sont pratiquement inexistantes, ne comprenant que quelques plantes nitrophiles.
Haies anciennes
Les haies anciennes se trouvent essentiellement sur les bordures ouest et sud-ouest de la Phase 1. Ce sont principalement des haies vives, non taillées, et sont de composition assez variée, largement dominée par l'aubépine à un style (Crataegus monogyna) accompagnée par d'autres arbustes comme le prunellier (Prunus spinosa), le cornouiller sanguin (Cornus sanguinea), le rosier des chiens (Rosa canina). Plus occasionnellement apparaissent la viorne obier (Viburnum opulus), le noisetier (Corylus avellana) l'érable champêtre (Acer campestre), le charme (Carpinus betulus). Quelques grands feuillus les entrecoupent fréquemment, surtout des bouleaux verruqueux (Betula pendula), saules marsaults (Salix caprea), mais aussi merisiers (Prunus avium), érables sycomores (Acer pseudoplatanus), frênes (Fraxinus excelsior) et parfois chênes pédonculés (Quercus robur).
La végétation herbacée rencontrée au pied de ces haies est similaire à celle des friches voisines. Elle a certainement au moins partiellement contribué à la recolonisation des friches après le décapage des couches de surface. La haie plus basse située à l'ouest de la Phase 1 est particulièrement diversifiée en espèces.
Prairies et pelouses sèches
Prairies sur sables, argiles avec graviers de Meuse et tuffeaux.
Ce type de prairies est bien développé sur les derniers paliers de la Phase 1, sur des stériles décapés mais laissés en place. Elles comptent incontestablement parmi les milieux les plus intéressants présents sur la carrière et sont apparentées à des prairies de l'Arrhenatherion ou du Violion-caninae (habitat Natura 2000: 6510 - prairies de fauche de plaine et sub-montagnarde) ou du Dauco-Melilotion. Elles pourraient très probablement évoluer vers des faciès proches des pelouses calcicoles (Mesobromion) si une gestion par pâturage leur était appliquée. Cependant, le milieu est déjà très intéressant en lui-même, et une gestion mixte des parcelles permettrait de générer une diversité encore supérieure. Les pentes étant nulles, la fauche est donc ici aisément recommandable.
Ces pelouses se développent sur un substrat principalement constitué de sables tongriens et d'agrégats d'argiles et galets laissés par la Meuse au cours du Tertiaire (anciens dépôts fluviaux). Bien que de nature siliceuse, ces matériaux contiennent des résidus calcaires. Ces pelouses présentent donc actuellement un caractère calciphile, mais leur évolution à très long terme devrait tendre vers une baisse du pH et l'apparition d'espèces plus acidiphiles. L'anthillide vulnéraire (Anthyllis vulneraria) et la laîche glauque (Carex flacca) y occupent par exemple des plages localement assez importantes.
Mais la flore est actuellement dominée par des graminées sociales comme l'agrostis capillaire (Agrostis capillaris) accompagné par le calamagrostis commun (Calamagrostis epigejos), l'agrostis stolonifère (Agrostis stolonifera) et localement de belles plages de brachypode penné (Brachypodium pinnatum) et de brachypode des bois (B. sylvaticum). Ces graminées sont très localement accompagnées par d'autres espèces communes tels que le pâturin comprimé (Poa compressa), le brome stérile (Bromus sterilis), le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata), la houlque laineuse (Holcus lanatus). Ce sont des graminées typiques des prairies relativement pauvres en azote et phosphore, mais normalement bien pourvues en autres éléments minéraux.
Les plantes à fleurs accompagnatrices sont principalement des espèces communes aux prairies mésophiles, et aux friches du Dauco-Mélilotion. La carotte sauvage (Daucus carota), le lotier corniculé (Lotus corniculatus), la centaurée jacée (Centaurea jacea), le millepertuis perforé (Hypericum perforatum), la luzerne lupuline (Medicago lupulina), le trèfle rampant (Trifolium repens) et l'origan (Origanum vulgare) sont les espèces les plus souvent rencontrées sur ce milieu. La vipérine (Echium vulgare), la cardère commune (Dipsacus fullonum), le mélilot blanc (Melilotus albus), la potentille rampante (Potentilla reptans), la brunelle commune (Prunella vulgaris), l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum), le fraisier des bois (Fragaria vesca) et le bugle rampant (Ajuga reptans) complètent cette liste d'espèces répandues.
Quelques plages plus humides sont caractérisées par une abondance du bugle rampant et de la potentille des oies (Potentilla anserina), où apparaissent même le scirpe des marais (Eleocharis palustris), le jonc épars (Juncus effusus), la massette à larges feuilles (Typha latifolia) et très localement la massette à feuilles étroites (Typha angustifolia).
Plusieurs plantes protégées se trouvent dans ces pelouses particulières, comme l'érythrée petite centaurée (Centaurium erythraea), l'épipactis à larges feuilles (Epipactis helleborine), la double-feuille (Neottia ovata), la platanthère des montagnes (Platanthera chlorantha).
Ces pelouses comptaient avant 2012 parmi les milieux les plus dégradés par les tout-terrains, une partie ayant même été terrassée en circuit clandestin. La recolonisation ligneuse (bouleaux, saules, cornouillers sanguins, buddléas, aubépines, ...) y est modérée.
Pelouses pionnières sur calcaire
Ces pelouses sont implantées directement sur le tuffeau et sur les craies crétacées sur les plateaux au sommet des falaises de la Phase 1, sur la bordure sud-ouest de la Phase 1 (contre la falaise enfermant le tunnel de Wonck), et sur le petit plateau surmontant le Nouveau Thier de Loën.
La flore est assez similaire à celle rencontrée sur les pelouses sur substrat sablonneux riches, mais elle est caractérisée par un aspect plus chétif, une densité moindre des graminées, et une proportion supérieure d'espèces calcicoles parmi les compagnes. Elles partagent également plusieurs espèces avec les végétations pionnières des sols calcaires nus, dont elles se distinguent à peine par une végétation plus dense.
On y constate une densité supérieure d'agrostis capillaire (Agrostis capillaris) et d'agrostis stolonifère (A. stolonifera), de laîche glauque (Carex flacca), accompagnés de la vulpie queue de rat (Vulpia myuros), de l'origan (Origanum vulgare), du millepertuis perforé (Hypericum perforatum), du lotier corniculé (Lotus corniculatus), du plantain lancéolé (Plantago lanceolata) et de la luzerne lupuline (Medicago lupulina). Les compagnes sont des calciphiles fréquentes dans les carrières: la carline commune (Carlina vulgaris), la vergerette âcre (Erigeron acris), assez rare dans la région étudiée, l'inule conyze (Inula conyzae), le calament acinos (Acinos arvensis), la petite pimprenelle (Sanguisorba minor), la grande marguerite (Leucanthemum vulgare), la vipérine (Echium vulgare).
S'y ajoutent plusieurs espèces remarquables très intéressantes sur le plan régional: la barkhausie fétide (Crepis foetida), une astéracée annuelle en danger critique en Région wallonne, très localisée sur les pelouses mais plus courante sur craies nues; l'épipactis brun-rouge (Epipactis atrorubens), disséminé sur l'ensemble de la Phase 1 et le mur séparant la Phase 2 de la décharge de Hallembaye; le catapode rigide (Catapodium rigidum), également disséminé et parfois abondant sur l'ensemble de ces pelouses; la bugrane épineuse (Ononis spinosa), très localisée, dont une dizaine de pieds croissent sur le sommet du Nouveau Thier de Loën; le petit rhinanthe (Rhinanthus minor) dont deux populations ont été trouvées, une sur le sommet de la falaise nord-est du site et une autre au sommet de la falaise ouest; l'érythrée petite centaurée (Centaurium erythraea), assez abondante partout; la gesse tubéreuse (Lathyrus tuberosus) et la gesse des bois (Lathyrus sylvestris) présentes par petites plages.
On y trouve en outre quelques espèces plus rudérales comme la moutarde des champs (Sinapis arvensis), le grand coquelicot (Papaver rhoeas), ou des matricaires (Matricaria sp.), provenant de semis venant des champs et friches nitrophiles proches.
Au point de vue faunistique, ces pelouses s'avèrent très favorables pour divers organismes, invertébrés plus particulièrement. Le caractère dénudé de ces terrains et la texture sablonneuse du tuffeau en font des lieux attractifs pour les abeilles et les guêpes solitaires terricoles (andrènes, collètes, ...) et pour les cicindèles, notamment. Elles attirent certaines abeilles spécialisées, comme l'eucère longicorne (Eucera longicornis) qui butine les gesses et d'autres fabacées, ou encore la rare andrène des crucifères (Andrena agilissima).
Certains papillons de jour intéressants y trouvent en abondance les plantes hôtes de leurs chenilles. C'est le cas du damier du plantain (Melitaea cinxia), qui se développe aux dépens du plantain lancéolé.
Ces intéressantes pelouses sont par endroits menacées par l'envahissement de diverses plantes exotiques (Erigeron annuus, Senecio inaequidens, etc.) et de ligneux pionniers.
Friches rudérales sur anciens sols agricoles eutrophes
Ces zones bordent au plus près les champs de cultures intensives et sont souvent développées à même le sol arable limoneux. Très enrichis en nitrates, phosphates et autres fertilisants, ces friches recèlent une flore assez banale des bords de champs, à structure assez dense. On rencontre des nitrophytes typiques telles la moutarde des champs (Sinapis arvensis), le pissenlit (Taraxacum sp.), le lamier pourpre (Lamium purpureum), la patience à feuilles obtuses (Rumex obtusifolius), la prêle des champs (Equisetum arvense), l'armoise vulgaire (Artemisia vulgaris), le chénopode blanc (Chenopodium album), des matricaires (Matricaria sp.), le grand coquelicot (Papaver rhoeas), le cirses vulgaire (Cirsium vulgare), le cirse des champs (Cirsium arvense), le mélilot blanc (Melilotus albus), le trèfle des champs (Trifolium arvense), le trèfle blanc (T. repens), etc. Les ronces (Rubus div. sp.) y couvrent des plages localement assez vastes. Les graminées compagnes sont la houlque laineuse (Holcus lanatus) et le dactyle aggloméré (Dactylis glomerata).
Bien que peu originales, ces friches ont tout de même accueilli la nidification de deux couples de vanneaux huppés (Vanellus vanellus). Elles se révèlent en outre très accueillantes pour bon nombre d'abeilles solitaires dont l'andrène des crucifères (Andrena agilissima).
Pierriers et autres espaces minéraux
Les pierriers et plages de craies presque nues thermophiles se retrouvent dans une partie du fond et des flancs et paliers nord-ouest de la Phase 1, les pierriers et paliers inférieurs et moyens de la Phase 2, et la plupart des pistes d'exploitation. Les matériaux sont fortement dénudés suite à leur tassement, sur des pentes très abruptes, ou issus de la diminution récente du rythme de l'exploitation.
Une végétation très éparse s'y installe, ne couvrant généralement qu'une faible part du sol. La flore comporte des éléments de l'Alysso-sedion et du Dauco-mélilotion: épervières (Hieracium sp.), linaire vulgaire (Linaria vulgaris), picride fausse-épervière (Picris hieracioides), vipérine (Echium vulgare), petite pimprenelle (Sanguisorba minor), agrostis stolonifère (Agrostis stolonifera), en particulier sur sols plus grossiers. Le tussilage (Tussilago farfara), les ronces (Rubus sp.), la clématite des haies (Clematis vitalba) et localement des épilobes (Epilobium sp.) et l'eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) occupent les plages de texture plus fine.
Les plantes pionnières invasives sont malheureusement dans leur élément sur ce type de milieux et plusieurs d'entre-elles sont déjà bien implantées ici. C'est le cas du buddléa ou arbre à papillons (Buddleja davidii) déjà croisé à plusieurs reprises, du séneçon du Cap (Senecio inaequidens), de la vergerette annuelle (Erigeron annuus), de la vergerette du Canada (Conyza canadensis) et de la valériane rouge (Centranthus ruber).
Ces friches ouvertes renferment au moins deux plantes inscrites sur la liste rouge wallonne: le catapode rigide (Catapodium rigidum), petite graminée des lieux pierreux et rocheux assez rare, et la barkhausie fétide (Crepis foetida) déjà évoqué. Deux autres espèces peu communes dans la région méritent d'être mentionnées: il s'agit du lin purgatif (Linum catharticum) et du calament acinos (Acinos arvensis). Une orchidée, l'épipactis brun-rouge (Epipactis atrorubens) pousse également volontiers sur ce type de substrat, surtout sous le couvert de jeunes arbres.
Sur le plan faunistique, le criquet à ailes bleues (Oedipoda caerulescens), espèce protégée en Région wallonne, recherche tout particulièrement ce type d'habitat ouvert, sec et peu pourvu en végétation, tout comme le tétrix des carrières (Tetrix tenuicornis) trouvé sur le coteau du tunnel de Wonck et probablement présent à Loën. Diverses guêpes solitaires, dont l'ammophile des sables (Ammophila sabulosa), peuvent y construire leurs nids.
Deux espèces intéressantes d'amphibiens affectionnent également ces friches: le crapaud calamite (Bufo calamita) et l'alyte accoucheur (Alytes obstetricans), qui s'enfouissent volontiers dans le substrat meuble.
Elles ont en outre un grand potentiel d'accueil pour les reptiles, et en premier lieu le lézard des murailles (Podarcis muralis), la couleuvre à collier (Natrix natrix) et la coronelle lisse (Coronella austriaca), pour lesquels des populations relativement proches sont signalées.
Sablière, fronts meubles et zones sableuses thermophiles
La sablière installée sur la Phase 2 et les plages sablonneuses disséminées sur la Phase 1 présentent des végétations assez similaires à celles trouvées sur les friches herbacées proches. Aucune espèce typiquement psammophile n'y a encore été détectée. La végétation y est maintenue éparse par les caractéristiques du milieu mais aussi par l'activité des engins tous-terrains clandestins occupant en quasi-permanence le site en saison. Le tussilage (Tussilago farfara) y est localement très abondant, tout comme les espèces des friches rudérales précitées.
Quelques plages plus humides voient se développer des peuplements de scirpe des marais (Eleocharis palustris), jonc articulé (Juncus articulatus) et massettes (Typha spp.). Quelques petites mares plus ou moins permanentes s'y maintiennent.
Au niveau faunistique, ces milieux sont très abondamment colonisés par la Cicindèle champêtre (Cicindela campestris), et par les Hyménoptères sabulicoles qui y nidifient ou y recherchent leur nourriture (proies ou plantes à butiner). Les fronts meubles quasi-verticaux sont particulièrement rares dans la nature et attirent ici plusieurs espèces spécifiques, dont diverses abeilles solitaires d'intérêt patrimonial.
Ces zones sableuses ouvertes pourvues de petites mares bien éclairées constituent un habitat de prédilection pour le crapaud calamite (Bufo calamita), présent aussi sur les friches pionnières de la carrière.
De plus, les fronts de la sablière abritent depuis 2010 une colonie forte de près de 70 couples d'hirondelles de rivage (Riparia riparia), une espèce sensible et en très forte régression en Région wallonne.
Falaises de craies
L'exploitation de la carrière a laissé derrière elle plusieurs falaises de 60 à 80 mètres de haut, réparties sur l'ensemble du site et suivant des orientations diverses. Outre un intérêt paysager certain, cette bordure, encore fort peu végétalisée en 2012, est propice à l'installation de pelouses très thermophiles. La flore est formée d'espèces frugales dont des graminées telles la vulpie queue de rat (Vulpa myuros), le catapode (Catapodium rigidum), mais aussi de diverses espèces exotiques naturalisées comme le buddléa (Buddelja davidii) et le séneçon du Cap (Senecio inaequidens), très volontaires ici!
Ces falaises artificielles présentent un intérêt faunistique indéniable, étant très propice à l'installation de deux oiseaux rupicoles emblématiques que sont le grand-duc d'Europe (Bubo bubo) qui y niche depuis 2011 au moins, et le faucon pèlerin (Falco peregrinus) qui les visite régulièrement. Bien que ces deux espèces cohabitent assez mal, l'ampleur du développement des falaises pourrait permettre leur présence simultanée, comme c'est le cas à Antoing ou dans la vallée de la Meuse.
Milieux humides et aquatiques
Sur la carrière de Loën, les zones humides sont assez variées et on en rencontre quatre grands types:
- des mares et mardelles peu profondes, plus ou moins temporaires, disséminées sur les paliers, les pistes et certaines friches;
- de grands plan d'eau permanents et profonds, au nombre de trois, dont un de plusieurs hectares;
- les roselières et marais;
- le ruisseau de la Loën et ses sources.
Mares et mardelles peu profondes
De petites poches d'eau temporaires ou semi-permanentes, se sont formées naturellement ou ont été creusées sur le plancher et certains paliers de la Phase 2 de la carrière. C'est également le cas sur certaines pistes et plus rarement sur les friches herbeuses. Leur surface est difficilement estimable, mais couvre probablement un 1 à 2 ha sur le plancher de la Phase 2 et quelques dizaines de m² ailleurs.
Les pièces d'eau du plancher de la Phase 2 étaient pratiquement nues en 2006. De petites mares plus ou moins temporaires de quelques dizaines de centimètres de profondeur et d'une dizaine de m² au maximum, ponctuaient alors la zone. En 2009, la surface de ces plans d'eau avait été nettement accrue, entre autres par le creusement de canaux de près de 1 m de profondeur.
La végétation présentait au début un caractère très jeune, probablement entretenu tel quel par le passage répété des engins d'extraction. Elle a depuis nettement évolué et est passée d'une végétation herbacée clairsemée à un début de colonisation par les saules et des plantes hygrophiles hautes d'un mètre ou plus en 2012. Le redémarrage de l'exploitation devrait permettre le rajeunissement de cette flore en pleine évolution.
La végétation de ces mares comprenait en 2009 principalement la massette à feuilles larges (Typha latifolia), la véronique mouron d'eau (Veronica anagallis-aquatica), le jonc articulé (Juncus articulatus), le plantain d'eau (Alisma plantago-aquatica) et, localement, le jonc des crapauds (Juncus bufonius), le jonc glauque (J. inflexus), le jonc épars (J. effusus), l'épilobe hirsute (Epilobium hirsutum) et d'autres épilobes encore,...
Ces habitats sont rares et sensibles et certains groupements végétaux en place peuvent d'ailleurs être assimilés à des habitats visés par la directive Natura 2000. C'est le cas des mares abritant de très beaux peuplements d'algues du genre Chara, habitat d'intérêt communautaire (code 3140) très rare à l'échelle du Benelux où il ne couvre que quelques dizaines d'hectares, principalement au sein de carrières .C'est aussi sur ce type de milieu qu'a été retrouvée la patience des marais (Rumex palustris), espèce très localisée en Région wallonne où elle est surtout cantonnée à la vallée de la Haine.
Ces mares constituent en outre les principaux sites de reproduction des crapauds calamites et des alytes accoucheurs du site.
Du point de vue entomologique, deux espèces de libellules pionnières et thermophiles sont à relever, à savoir l'orthétrum brun (Orthetrum brunneum) et l'agrion nain (Ischnura pumilio).
Les mares installées sur les étages de craies supérieurs de la Phase 2 et dans les ornières des pistes ne présentaient pas de végétation jusqu'en 2012. Elles étaient par contre très fréquentées par le crapaud calamite.
Quant aux rares mardelles trouvées sur les étages sablonneux et les friches herbeuses, elles sont caractérisées par une végétation plus proche de celles des friches hygrophiles, comme la potentille des oies (Potentilla anserina), l'agrostis stolonifère (Agrostis stolonifera), accompagnés de différentes hygrophiles ainsi que le scirpe des marais (Eleocharis palustris), localement très abondant. Ces mares sont aussi utilisées par le crapaud calamite pour la ponte. Le gomphe gentil (Gomphus pulchellus), assez rare en Hesbaye, y a été vu en mai 2009.
La mare située au nord de la Phase 1, sur le sommet du site, présente une végétation aquatique à Chara parmi les mousses qui en recouvrent le fond.
Plans d'eau permanents profonds
En 2012, la carrière compte trois grands plans d'eau profonds de plusieurs mètres.
Un premier plan d'eau, d'une profondeur d'une portée de pelle mécanique en son centre, a été creusé au milieu de la Phase 1 durant les années 1980-1990. Le second plan d'eau est un ancien bassin de décantation encore profond, installé sur le cours de la Loën. Le troisième s'étend sur le plancher de la Phase 2 et est également profond d'un bras de pelle mécanique.
Les végétations aquatiques du bassin de décantation et de l'étang de la Phase 2 sont très intéressantes et sont théoriquement assimilables à des habitats Natura 2000. Le bassin de décantation présente en effet une couverture presque complète de potamot crépu (Potamogeton crispus) correspondant à une formation à grands potamots des eaux calcaires (code 3150). Le plan d'eau, caractérisé par une absence de poisson en 2012 et des eaux très claires (fond visible à plusieurs mètres de profondeur), renfermait des peuplements de véronique mouron d'eau (Veronica anagallis-aquatica) complètement immergés, des herbiers de potamot pectiné (Potamogeton pectinatus), et surtout de belles populations de Chara sp. (code 3140).
Les berges de ces plans d'eau ne présentaient jusqu'en 2012 que très peu de végétation, sur le bassin comme sur le plan d'eau principal de la Phase 1. Elle est pratiquement absente sur l'étang de la Phase 2 étant donné la verticalité de ses berges. Seuls quelques petits massifs de massettes et de phragmites de quelques m² occupent les berges du bassin de décantation.
Le plan d'eau principal, sur lequel subsistent quelques zones de faible profondeur, présente quant à lui de belles roselières à Phragmites australis. Le jonc épars (Juncus effusus), le plantain d'eau (Alisma plantago-aquatica), la véronique mouron d'eau (Veronica anagallis-aquatica) et le jonc articulé (Juncus articulatus) y occupent des plages parfois importantes. Le saule blanc et diverses plantes de marais (épilobes e.a.) s'y installent de plus en plus densément.
Roselières et typhaies
Les berges nord et nord-est du plan d'eau et le premier bassin de décantation sont actuellement majoritairement colonisés par de vastes ceintures de roselières à phragmite (Phragmites australis) et à massette à feuilles larges (Typha latifolia). Elles sont pénétrées par diverses autres plantes hygrophiles sur la berge nord de l'étang, alors qu'elles sont pratiquement pures sur la berge ouest et sur le bassin de décantation.
Plusieurs oiseaux aquatiques rares y nichent ou sont susceptibles de s'y installer, ainsi que le prouve les relevés ornithologiques. La rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus) y niche certainement, et les gorge-bleue à miroir (Luscinia svecica) et rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinacea) y nichent possiblement. Plusieurs libellules spécifiques, comme l'aeshne printanière (Brachytron pratense) et le leste brun (Sympecma fusca), sont recensées dans les environs proches et pourraient bien s'installer ici.
Sources et eaux courantes
Sur la carrière de Loën, cet habitat est limité au ruisseau de la Loën et de ses sources. Ce petit ruisseau prend sa source dans la carrière même, sur la berge sud du plan d'eau principal de la Phase 1, et se jette dans la Meuse à l'écluse de Lanaye. Il suit dans la carrière un parcours ponctué de plans d'eau et bassins de décantation, et ne subsiste en tant que cours d'eau sur à peine quelques centaines de mètres à peine. D'anciens fossés moins bien définis drainent divers suintements à hauteur des bâtiments de la carrière. Boisés et envahis de phragmites, leur intérêt est actuellement assez marginal.
La source est actuellement complètement obscurcie par les plantations de robiniers effectuées sur le flanc de la carrière. Aucune végétation ni formation végétale particulière n'y est présente. Cette source mériterait d'être mise en valeur dans le cadre du plan de gestion afin de permettre le développement d'habitats rares qui y sont souvent associés (formation de mousses incrustantes,...).
Le lit de la rivière est constitué de craies sur sa partie libre, mais est bétonné sur la moitié de sa longueur. Sa pente est assez faible mais son courant demeure relativement soutenu. Son cours longe actuellement la piste principale de la Phase 1, entre le dernier bassin de décantation et la piste menant à l'ancienne décharge classe III de l'usine.
La qualité de ses eaux est très bonne pour la région, et une flore assez diversifiée ponctue son cours. On y trouve notamment du cresson de fontaine (Nasturtium officinale), de la véronique cresson de cheval (Veronica beccabunga), des massettes à larges feuilles (Typha latifolia) et même la laîche faux-souchet (Carex pseudocyperus). Les berges étaient entièrement occupées par des boisements pionniers jusqu'en 2010. Sa rive est a été partiellement ouverte et débroussaillée à titre d'essai en 2011. La végétation retrouvée est depuis assez typique de celles trouvées dans les lisières.
Le caloptéryx éclatant (Calopteryx splendens), espèce relativement sensible à la pollution, est très abondant tout le long du ruisseau.
Le castor européen (Castor fiber), réapparu ici en 2007, y a séjourné au moins jusque 2009.
Richesse et intérêt floristique de la carrière de Loën
Avec un total actuel dépassant 260 espèces de plantes supérieures, la flore de la carrière de Loën peut être considérée comme particulièrement riche et diversifiée pour la Hesbaye. Sans être aussi exceptionnelle que celle des réserves naturelles voisines de la Montagne Saint-Pierre, elle présente tout de même une large gamme d'espèces représentatives d'habitats variés incluant plusieurs raretés et même deux plantes jusqu'alors inconnues de la région de Visé-Bassenge.
Parmi les espèces patrimoniales, 2 font l'objet d'une protection légale stricte en Région wallonne (Epipactis atrorubens, Platanthera chlorantha), 5 sont partiellement protégées (Dactylorhiza fuchsii, Epipactis helleborine, Neottia ovata, Centaurium pulchellum et Centaurium erythraea). De plus, cinq espèces sont inscrites sur la liste rouge wallonne la plus récente (2006) dont 1 classée en situation critique (Crepis foetida), 1 en danger (Rumex palustris) et 3 comme vulnérables (Catapodium rigidum, Pyrola rotundifolia, Platanthera chlorantha). Huit autres plantes peuvent être considérées comme remarquables pour la région (Acinos arvensis, Anthyllis vulneraria, Erigeron acer, Carlina vulgaris, Carex pseudocyperus, Lathyrus tuberosus, Linum catharticum, Ononis spinosa, Rhinanthus minor).
En revanche comme souvent dans les sites d'extraction, les plantes exotiques introduites et naturalisées sont fréquentes et parfois à caractère invasif. Sur la carrière de Loën, pas moins de 13 espèces sont dans ce cas et 4 sont considérées comme invasives problématiques à l'échelle nationale (le buddléia, le séneçon du Cap, la vergerette annuelle et le solidage du Canada). Le robinier a été planté à plusieurs endroits de la carrière et pourrait poser problème à l'avenir. Le centranthe rouge s'est d'abord fortement étendu sur les flancs de la phase Nord, mais sa progression semble maintenant moins importante. Les autres espèces ne semblent pas encore montrer de caractère envahissant.
La flore rencontrée est principalement constituée d'espèces plutôt calciphiles de prairies maigres, de pelouses calcaires et pionnières et de friches (Anthyllis vulneraria, Sanguisorba minor, Origanum vulgare, Carlina vulgaris, Acinos arvensis, Echium vulgare, Lotus corniculatus, ...). De nombreuses plantes rudérales, souvent compagnes des cultures, sont également très bien représentées (Artemisia vulgaris, Chenopodium album, Sinapis arvensis, ...).
Les espèces forestières sont essentiellement des espèces de boisements pionniers (Rubus pp., Pyrola rotundifolia, Epipactis helleborine, e.a) et aucune plante typique des forêts anciennes n'a été trouvée localement, conformément à l'historique des lieux, ouverts de longue date.
Depuis le rapport de 2012, plusieurs espèces intéressantes ont encore été découvertes sur le site de la carrière de Loën (comm. D. Colart, 2018)
Les trouvailles les plus marquantes concernent des orchidées: l'orchis homme pendu (Orchis anthropophora), dont une population d'une cinquantaine de pieds est recensée; l'ophrys abeille (Ophrys apifera), comptant au moins deux stations respectivement d'une cinquantaine de pieds et plus de 200 pieds en 2015, est apparu suite à la mise en lumière d'une pelouse en cours de reboisement; l'orchis de Fuchs (Dactylorhiza fuschii) connu par plus de 70 plantes sur une pelouse en cours de reboisement récemment dégagée; enfin l'orchis militaire (Orchis militaris), dont un pied double a été trouvé sur l'ouest du site. S'y ajoute une orchidée d'origine méditerranéenne, l'orchis géant (Himantoglossum robertianum), dont un pied multiple et quelques rosettes sont localisées en périphérie ouest du site. Il s'agit pour l'instant de la seule station du Benelux et on ignore comment elle est arrivée là mais probablement a-t-elle été introduite fortuitement voire volontairement... En attendant, cette orchidée constitue une curiosité botanique qui attire nombre d'amateurs de raretés.
De plus, il faut signaler l'apparition en 2013 de Rhinanthus alectorolophus, suite au dépot de foin provenant de la friche de Lanaye et maintenant abondante (D. Colart, in litt. 2018).
Enfin, le monotrope suce-pin (Monotropa hypopitys), plante parasite rare, y a été découverte à l'occasion d'une gestion par débroussaillage (un pied séché) mais n'a plus été revue depuis.
Intérêt faunistique de la carrière de Loën
D'après le rapport interne à CBR (COLART, 2012), 187 espèces animales ont été observées dans la carrière de Loën jusqu'en 2012. Parmi ces espèces, on compte 98 espèces protégées et 15 espèces inscrites sur les listes rouge officielles de la Région Wallonne. 14 espèces sont concernées par les directives européennes «Oiseaux» et «Habitats».
Mammifères
Au minimum 7 espèces de mammifères sont recensées sur le site, dont 3 protégées par les directives européennes Natura 2000. Cependant, les indices de présence des deux mammifères les plus remarquables, le castor européen (Castor fiber) et le blaireau (Meles meles), n'ont plus été notés depuis le début de 2009, laissant présager leur raréfaction, voire leur disparition ou un déplacement dans le cas du castor.
Le castor a été renseigné officiellement sur la carrière pour la première fois par Stéphan Adant (service de piégeage des rats musqués du SPW), prévenu de la présence de l'animal depuis 2007 par les gardes des chasseurs actifs sur la carrière. Des indices récents (bois rongés) ont été mis en évidence en décembre 2008 sur la Loën et le dernier bassin de décantation, à l'est de la RN671 (situé à l'extérieur du périmètre ici étudié). Des membres du personnel ont ensuite trouvé un castor errant au milieu des dépôts de matières premières de l'usine, qu'ils ont déplacé dans l'étang principal de la Phase 1, en le repoussant dans le bac d'un chargeur sur pneus. Depuis, l'animal n'a plus donné signe de vie.
Le blaireau était clairement abondant dans la carrière en 2006, avec au moins 3 ensembles de terriers distincts trouvés. L'un était situé dans les friches nord de la Phase 1, un autre dans les boisements au nord de la carrière, et un troisième terrier se trouvait directement sous le pont de la RN671, enjambant la piste principale du site. Le premier et le troisième ont été visités en 2009, mais plus aucun signe de présence n'a pu être relevé. Le dernier terrier avait d'ailleurs purement et simplement disparu. Une nouvelle implantation, au sein même des dépôts de l'usine, a pu être décelée en 2009, dans un ancien tas de cendres volantes en cours de boisement spontané. Il faut savoir que des cas de destruction illégale de blaireaux ont été rapportés par l'unité anti-braconnage du DNF sur la carrière de Loën.
Outre ces deux espèces emblématiques, on y croise d'autres mammifères plus courants: lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus), lièvre (Lepus europaeus), chevreuil (Capreolus capreolus), renard (Vulpes vulpes).
Les chauves-souris rencontrées à Loën sont principalement des individus chassant dans les bordures
Oiseaux
Pour les oiseaux, les données ont été recueillies principalement par J. Parmentier, bagueur pour l'I.R.S.N.B. (captures en 2010, 2011 et 2012), et par le Dr U. Trankle (2010). Avec un total de 82 espèces observées depuis 2006, la carrière de Loën présente incontestablement un très grand intérêt ornithologique, même à l'échelle régionale.
Beaucoup de ces espèces ne sont que de passage sur la carrière, c'est le cas notamment des oiseaux venant se nourrir à la décharge de Hallembaye proche, ou en migration sur la Meuse, mais leur nombre démontre l'attractivité du site pour l'avifaune, résultant de la diversité de ses habitats et du calme relatif du site. Ceci-dit, pas moins de 36 espèces y nichent ou y ont niché récemment, auxquelles s'ajoutent 26 autres nicheuses potentielles.
Parmi les espèces recensées, 14 sont inscrites sur la liste rouge wallonne, dont 8 vulnérables, 1 en danger (milan noir) et 1 critique (rousserolle turdoïde); et parmi elles, 12 sont nicheuses ou pourraient se cantonner à moyen terme sur le site.
On relève en outre l'apparition sur le site de plusieurs visiteurs exceptionnels en Wallonie: citons en autre le circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) en 2010, et un vautour fauve (Gyps fulvus) ayant séjourné dans le secteur en 2012.
Les hôtes habituels des carrières pourvues de falaises et de plans d'eau sont évidemment présents, à savoir l'hirondelle de rivage (Riparia riparia), le grand-duc d'Europe (Bubo bubo), le faucon crécerelle (Falco tinnunculus), le rougequeue noir (Phoenicurus ochruros), le choucas des tours (Corvus monedula), la bergeronnette grise (Motacilla alba). Le grand-duc y niche depuis au moins 2011 et la colonie d'hirondelle de rivage comptait près de 70 nids en 2012, ce qui en fait l'une des plus importantes de la région. Le faucon crécerelle est le rapace nicheur le plus fréquemment observé, comptant selon les années entre 2 et 5 couples. L'emblématique faucon pèlerin (Falco peregrinus) est régulier mais sa nidification n'a pas encore été établie (bien que soupçonnée vers 2005), subissant probablement la présence concurrentielle du grand-duc d'Europe.
Cinq autres rapaces diurnes sont régulièrement observés sur la carrière. Le milan royal (Milvus milvus) et le milan noir (M. migrans) sont des charognards plus ou moins spécialisés venant se nourrir à la décharge de Hallembaye, souvent en passage migratoire ou erratiques au dessus de la carrière de Loën.
Les oiseaux d'eau et les espèces paludicoles sont bien représentés avec entre autres, durant la période de nidification, le martin-pêcheur d'Europe (Alcedo atthis), le grèbe huppé (Podiceps cristatus), le grèbe castagneux (Tachybaptus ruficollis), la sarcelle d'hiver (Anas crecca), le fuligule morillon (Aythya fuligula), le fuligule milouin (Aythya ferina), la foulque macroule (Fulica atra), la gallinule poule d'eau (Gallinula chloropus), ainsi que dans les roselières, la rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaceus), la gorgebleue à miroir (Luscinia svecica), le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), le phragmite des joncs (Acrocephalus schoenobaenus), plus rarement la rousserolle turdoïde (Acrocephalus arundinaceus) et, en hiver, la bécassine sourde (Lymnocryptes minimus). Des espèces piscivores très mobiles tels que le grand cormoran (Phalacrocorax carbo) et le héron cendré (Ardea cinerea) viennent souvent pêcher sur les plans d'eau, de même que de nombreux laridés en provenance de la décharge voisine.
Le petit gravelot (Charadrius dubius) y a niché au moins en 2009, de même que deux couples de vanneaux huppés (Vanellus vanellus). Le chevalier guignette (Actitis hypoleucos) et le chevalier culblanc (Tringa ochropus) ne font que s'y arrêter durant les migrations, mais ils sont régulièrement signalés aux abords des plans d'eau.
L'avifaune des prairies bocagères comprend divers passereaux, en particulier le pipit des arbres (Anthus trivialis) qui y montre une belle densité (> 10 couples annuellement), la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le bruant jaune (Emberiza citrinella), différentes espèces de fauvettes (Sylvia spp.), le rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), la locustelle tachetée (Locustella naevia), le rossignol philomèle (Luscinia megarhynchos), l'hypolaïs ictérine (Hippolais icterina), le gobemouche gris (Muscicapa striata), mais également le pic vert (Picus viridis), la tourterelle des bois (Streptopelia turtur), et d'autres encore.
Quelques oiseaux forestiers comme la chouette hulotte (Strix aluco), le pic épeiche (Dendrocopos major), la mésange nonnette (Parus palustris), le pouillot fitis (Phylloscopus trochilus), sont également rencontrés dans les boisements.
Pour compléter le tableau, quatre espèces introduites occupent régulièrement le site: le faisan de Colchide (Phasianus colchicus), l'oie barrée (Anser indicus), la bernache du Canada (Branta canadensis) et l'ouette d'Egypte (Alopochen aegyptiacus). Ces espèces exotiques restent pour l'instant relativement discrètes, mais des troupes de bernaches du Canada comptant jusqu'à 50 individus se forment parfois après la nidification, ce qui pourrait poser problème si ce nombre s'accroissait, l'oiseau étant souvent agressif envers les autres oiseaux d'eau (canards, grèbes, ...).
Herpétofaune
L'herpétofaune de la carrière de Loën est reconnue comme étant exceptionnelle pour sa population très florissante de crapaud calamite (Bufo calamita). 9 autres espèces de batraciens (sur les 15 présentes en Région Wallonne) ont été recensées à ce jour. En revanche, un seul reptile est signalé, l'orvet (Anguis fragilis).
La grande étendue des plans d'eau, en particulier les mares et mardelles peu profondes de la phase 2 et les anciens bassins de décantation, et la présence d'eaux courantes de très bonne qualité sont certainement des facteurs très favorables pour le développement de populations d'amphibiens remarquables.
En ce qui concerne le calamite, espèce Natura 2000, plusieurs centaines d'animaux ont été trouvés lors de sorties nocturnes effectuées en juin 2006 et début juillet 2009, et leurs chants sont ici très impressionnants par le nombre d'individus impliqués. C'est probablement l'une des populations les plus prolifiques de Wallonie. En 2009, les animaux se reproduisaient majoritairement sur le plancher de la phase 2, mais la percée du toit de la nappe, la collapse de certains fossés et l'assèchement général du plancher suite à l'arrêt provisoire de l'exploitation et la colonisation des saules ont diminué l'attractivité de cette partie de la carrière. L'espèce se reproduit également abondamment sur les mardelles présentes çà et là sur les anciennes pistes et sur la plate-forme de tri des silex. Les adultes se tiennent principalement sur les friches et les paliers de la Phase 2, en particulier dans les niveaux de stériles sableux.
Le crapaud accoucheur (Alytes obstetricans), seconde espèce en terme d'intérêt biologique (espèce également Natura 2000), a été entendu sur toute la carrière en début de soirée en mai et juin 2006 et 2009. Une vingtaine d'individus chanteurs ont été entendus sur l'ensemble du site lors d'une seule sortie nocturne (en juillet 2009). Les mares permanentes du plancher de la Phase 2 lui convenaient particulièrement bien en 2009, tout comme les mares bordant la rive nord de l'étang de la Phase 1. Les adultes se tiennent dans les pierriers bien ensoleillés avoisinants.
La salamandre terrestre (Salamandra salamandra) a été signalée en 2006 comme présente dans les boisements situés derrière les bâtiments de la carrière, sur la Phase 1. Cet animal a été mentionné également par U.Tränkle comme présent au même endroit. Cet animal étant en voie de disparition sur l'Isthme de Maastricht aux Pays-Bas et ayant disparu de la Basse-Meuse du nord de Liège, il serait intéressant de confirmer sa présence actuelle sur le site.
Les grenouilles rousses (Rana temporaria) sont assez bien représentées sur le site, en particulier dans les mares bordant l'étang de la phase 1 et sur les anciens bassins de décantation. Des pontes sont notées annuellement et les adultes sont fréquemment trouvés sous les pierres proches des mares et dans les boisements.
Les grenouilles vertes (Pelophylax kl. esculentus) et grenouilles rieuses (Pelophylax ridibundus) sont abondantes sur le site, en particulier dans l'étang de la phase 1 et les anciens bassins de décantation. Plusieurs centaines d'adultes de ces deux espèces souvent confondues sont présentes en permanence entre les mois de mai et septembre.
Le crapaud commun (Bufo bufo) est régulièrement trouvé sous les pierres sur l'ensemble du site à la bonne saison, sous les boisements en particulier. Sa population semble assez bien développée, sans être aussi fournie que celle du crapaud calamite.
Des trois espèces de tritons encore connues de la région de Visé-Bassenge, 2 ont pu être mises en évidence à Loën et ce sont par ailleurs les deux plus communes régionalement. Il est probable que le triton palmé (Lissotriton helveticus), assez commun dans le secteur, soit aussi présent sur le site. Quant au rare triton crêté (Triturus cristatus), il ne semble n'est pas présent dans la région.
Entomofaune
Les papillons de jour comportent au moins 24 espèces dont 6 sont d'intérêt patrimonial: il s'agit du point de Hongrie (Erynnis tages), de l'argus vert (Callophrys rubi), de l'argus minime (Cupido minimus), du demi-deuil (Melanargia galathea), de la piéride du lotier (Leptidea sinapis s.l.) et surtout du damier du plantain (Melitaea cinxia), une espèce qui subsiste naturellement en Gaume mais dont la présence dans la Basse Meuse résulte d'une réintroduction réussie à la Montagne Saint-Pierre à la fin des années 1990.
D'autres espèces intéressantes signalées des environs (Coteau du Tunnel, etc.), comme le roussâtre (Spialia sertorius), le gazé (Aporia crataegi) ou encore le demi-argus (Cyaniris semiargus), sont susceptibles d'apparaître un jour dans la carrière.
Seulement sept espèces de papillons nocturnes ont été notées sur la carrière jusqu'en 2012, dont l'écaille chinée (Euplagia quadripunctaria), espèce actuellement bien répandue dans les friches et bizarrement Natura 2000.
Les odonates, avec près de 20 espèces recensées, peuvent être considérés comme moyennement diversifiés. Mais il s'agit certainement d'un chiffre minimum car plusieurs autres espèces sont présentes à peu de distance dans la région (e.a. dans la carrière ENCI Maastricht).
Deux taxons pionniers, l'orthétrum brun (Orthetrum brunneum) et l'agrion nain (Ischnura pumilio) sont cantonnés dans les suintements et les mares peu profondes et peu pourvues en végétation. Ces libellules sont assez rares mais très régulières dans les carrières calcaires pourvues en points d'eau, et leurs populations en général assez faibles et peu permanentes, en fonction de la disponibilité d'habitats favorables.
Une observation probable d'aeshne printanière (Brachytron pratense) est à confirmer, cette espèce très localisée en Région wallonne est inféodée aux étangs entourés de roselières.
Le caloptérix éclatant (Calopteryx splendens), espèce des eaux courantes lentes à modérément rapides et peu fréquente en Région limoneuse, est cantonné au niveau de la Loën.
La carrière de Loën a un intérêt tout particulier pour les hyménoptères aculéates (abeilles et guêpes sauvages), en raison sans doute de la diversité de la topographie, des micro-habitats et des ressources florales, notamment par l'existence de fronts et de talus sableux favorables pour les espèces fouisseuses.
De 2006 à 2012, sans y effectuer de recherches spécifiques, ce sont pas moins de 20 espèces d'abeilles sauvages et 5 guêpes qui ont pu être identifiées (par les services de M. Terzo de l'UMons), dont 1/3 peuvent être considérées comme particulièrement intéressantes à divers titres.
L'une des plus rares abeilles wallonnes, l'andrène des crucifères (Andrena agilissima), y est bien représentée depuis sa découverte en 2006. L'espèce est aussi présente à la Montagne Saint-Pierre et dans quelques autres stations de la vallée de la Meuse (Ben-Ahin). Elle butine exclusivement les crucifères jaunes, comme la moutarde des champs et d'autres que l'on trouve en abondance dans les friches et les abords des cultures de la carrière.
Autre espèce intéressante, la trachuse (Trachusa byssina) est une abeille coupeuse de feuilles installant ses nids dans le sol, qu'elle aménage avec des morceaux de feuille roulés en cigare, renforcés de résine qu'elle collecte sur les blessures de conifères. Elle butine surtout les légumineuses comme les lotiers.
La collète lapin (Colletes cunicularius) est manifestement présente à Loën. Elle butine les saules aux premiers jours du printemps et nidifie en bourgades souvent populeuses dans le sol sablonneux bien dégagé, tout comme d'ailleurs l'andrène vague (Andrena vaga). Elle est accompagnée d'une abeille coucou spécifique, le grand sphécode (Sphecodes albilabris).
L'anthidie ponctuée (Anthidium punctatum) est une abeille cotonnière, nichant dans tout type d'anfractuosités, et appréciant également les Légumineuses. Assez rare en Région wallonne, on la trouve régulièrement dans les carrières de calcaires et les sablières.
L'eucère à longues antennes (Eucera longicornis) est également une espèce terricole nichant dans les fronts verticaux de la Phase 1. Elle est observée depuis 2009 mais sa détermination certaine n'a été possible qu'en 2011 suite à la capture d'individus. Elle y butine abondamment les gesses, présentes en lisière des bosquets et les friches herbeuses.
Un dernier groupe d'insectes relativement bien connu sur le site est constitué des Orthoptères, c'est-à-dire les criquets, sauterelles et grillons. Dix espèces sont recensées et aucune vraiment remarquable, mais l'inventaire n'est pas exhaustif. La plus caractéristique des carrières est sans doute l'oedipode à ailes bleues (Oedipoda caerulescens), espèce pionnière colonisant les sols sableux ou rocailleux arides et bien dégagés.
En intensifiant les recherches, il est probable que l'on y découvre le tétrix des vasières (Tetrix ceperoi), présent en situation analogue au plancher de la phase II de la carrière ENCI de Maastricht, et le tétrix des carrières (T. tenuicornis) signalé sur le Coteau du tunnel à Wonck, de même que des éléments des pelouses sèches comme Omocestus rufipes ou Stenobothrus lineatus.
Depuis le rapport CBR de 2012, une étude des abeilles sauvages a été menée sur le site en 2016 et plusieurs espèces d'insectes rares y ont été découvertes par ailleurs (comm. D. Colart, 2018).
La trouvaille la plus remarquable est le grillon champêtre (Gryllus campestris) détecté sur certaines pelouses avec au moins 6 «chanteurs» entendus en 2014. Ce grillon est présent sur le Coteau du Tunnel, donc pas très loin d'ici, mais il est réputé peu mobile si bien que toutes ses populations, souvent faibles et relictuelles, sont à protéger tout en assurant si possible leur mise en liaison.
Le mémoire de fin d'étude de BUCHET (2017) apporte des informations intéressantes sur le peuplement d'abeilles sauvages sur base de relevés effectués en 2016. Au total 41 espèces ont été recensées dans les trois stations étudiées au sein de la carrière. On soulignera plus particulièrement la remarquable représentativité des bourdons (11 spp.) et la présence de nombreuses espèces patrimoniales non mentionnées auparavant, comme Bombus rupestris, Bombus bohemicus, Coelioxys inermis, Dasypoda hirtipes, Eucera nigrescens, Osmia bicolor, Panurgus banksianus, Panurgus calcaratus, Melitta leporina, Melitta tricincta, Halictus quadricinctus, etc.
Cette diversité place la carrière de Loën parmi les sites les plus intéressants de la Montagne St-Pierre du point de vue apidologique.