Le site s'étend le long de la vallée du ruisseau des Aleines depuis l'amont du hameau de la Cornette jusqu'au confluent avec la Semois (le Maka).
'Le mont Zatrou sépare un vaste méandre de la Semois d'un double méandre du ruisseau des Alleines avant que celui-ci ne se jette dans la dite Semois. Son flanc nord (côté des Aleines) est extrêmement abrupt, c'est une véritable falaise; il justifie pleinement son appellation toponymique : le 'Saut des Sorcières'' (MEES 1991). Le fond du vallon des Alleines était occupé jusqu'en 1926 par les forges des Hayons dont les dernières constructions ont été démolies en 1971. Il ne subsiste plus à l'heure actuelle de ce puissant complexe que l'hydraulique: dérivation, étangs en série séparés par des cascades, le tout destiné à régulariser le cours du ruisseau et surtout à fournir l'énergie nécessaire pour actionner le 'maka'. Entre l'étang supérieur et le suivant, l'eau descend en cascatelles le long d'un versant artificiel fait de pierres de schiste posées sur champ, ouvrage qui, bien que séculaire, n'a pas subi la moindre détérioration. Dans les graviers du lit du ruisseau, il n'est pas rare de trouver des galets formés de minerai de fer incomplètement fondu.
Géologie : Phyllades du Siegenien (ancienne ardoisière en amont de la Cornette sur la rive droite du ruisseau).
L'étang, encore en eau, situé en aval du ruisseau des Aleines, est entouré d'une roselière à Glyceria maxima dans laquelle on observe Stellaria nemorum, Lythrum salicaria, Persicaria bistorta, Epilobium ciliatum, E. roseum, E. obscurum, Impatiens noli-tangere, Cardamine flexuosa, Galeopsis bifida, Lotus pedunculatus, Stachys palustris, etc.
Sur les vases poussent Alisma plantago-aquatica, Ranunculus flammula, Veronica beccabunga, Rorippa palustris, etc.
Un fragment de frênaie-aulnaie montre en sous-bois de vastes populations de Prunus padus accompagné de Corylus avellana, Viburnum opulus, Sorbus aucuparia, Rubus sp. Au sol s'observent Athyrium filix-femina, Impatiens noli-tangere, Stellaria nemorum, Lamium galeobdolon subsp. montanum, Geum urbanum, Circaea intermedia, Senecio ovatus, Deschampsia cespitosa, Persicaria bistorta, Caltha palustris, Festuca gigantea, Crepis paludosa, etc.
Les bancs de gravier qui parsèment la rivière hébergent Persicaria hydropiper, Cardamine amara, C. flexuosa, Chrysosplenium oppositifolium, Glyceria fluitans, Festuca gigantea, etc.
De hautes herbes se développent sur les berges là où la luminosité est suffisante. On recense : Phalaris arundinacea, Lycopus europaeus, Lysimachia vulgaris, Filipendula ulmaria, Iris pseudacorus, Sparganium erectum, Valeriana repens, Scirpus sylvaticus, Angelica sylvestris, Achillea ptarmica, Festuca gigantea, Impatiens glandulifera, Persicaria bistorta, Caltha palustris.
Le fond de la vallée, jadis occupé par des prairies, est enrésiné (Larix kaempferi, Picea abies,...). Une des curiosités du vallon des Alleines est d'abriter des populations énormes d'une cypéracée extrêmement rare dans la région, Carex brizoides, qui forme des tapis denses dans les plantations de mélèzes ! Ces populations étaient déjà connues au siècle dernier. Quelques rares fragments de prairies à l'abandon subsistent çà et là. Ils sont dominés par la filipendulaie.
Ailleurs, sous plantations éclaircies de résineux, se développe une végétation verdoyante formée d'espèces de l'aulnaie, des mégaphorbiaies et des sols frais.
Les rochers qui bordent le cours d'eau sont particulièrement pittoresques. Ils sont tapissés de populations de Festuca altissima, de Luzula sylvatica, de fougères (Phegopteris connectilis, Gymnocarpium dryopteris,...), de Chrysosplenium oppositifolium et même de coussinets de Sphagnum sp. là où l'inclinaison des bancs schisteux permet une accumulation suffisante d'eau.
Au 'Saut des Sorcières', une magnifique forêt mélangée de ravin dégringole le versant jusqu'aux bords du ruisseau. On y observe comme espèces intéressantes : Galium odoratum, Polystichum aculeatum, Asplenium scolopendrium, Actaea spicata...
Dans l'eau du ruisseau se développe Ranunculus penicillatus.
Le fond de la vallée est maintenant en grande partie enrésinée. REMISCH (1920) nous décrit l'aspect de la vallée au début du Siècle : 'Suivons le ruisseau des Alleines. Quelque cent mètres encore, puis le sentier cesse au bord de l'eau. Mais que cela ne nous arrête pas ! Pour jouir des beautés de ce ravin sauvage et inconnu, nous franchirons à gué l'étroit ruisseau - traversée fort difficile d'ailleurs ! Ici, plus de chemin; nous suivons les prairies; plusieurs fois il nous faut passer d'une rive à l'autre pour rester au milieu du vallon et pouvoir contempler sans cesse tous les replis du cirque de verdure qui, à chaque tournant, semble nous enserrer et nous emprisonner à tout jamais dans ces fonds solitaires. Les rochers qui nous entourent sont tantôt boisés, tantôt dénudés, parfois couverts de bruyères roses et mauves, coupant du plus charmant effet la masse foncée des taillis. Nous admirons le 'Saut des Sorcières' (ou) et la 'Roche à Colas Chacha'.(...) ! Nouveau coude des Alleines, plus brusque que les précédents. En cet endroit la vallée s'élargit. Les taillis sauvages, aux taillis ombreux, font place à des paysages plus calmes (...), au milieu des prairies vertes et des champs de blés dorés s'éparpillent quelques maisonnettes; derrière elles de nouveau la ceinture sombre des bois. C'est le hameau de la Cornette!'.