Une étude botanique ayant été menée au sein de la RND en 1977-1978 (DE SLOOVER et al., 1980) et une autre en 1989 (CHAMPLUVIER, 1989), des comparaisons ont pu être faites sur dix ans d'intervalle.
A. Végétation herbeuse
L'entretien des parcelles confiées aux éleveurs de la région (fauchage avec exportation du foin,...) n'a pas été celui qui avait été prévu. Le surpâturage, les amendements chimiques ont amené la disparition des communautés végétales les plus intéressantes et ont entraîné le développement de groupements d'une grande banalité. C'est ainsi qu'ont disparu :
- les bas-marais à laîches;
- la pelouse à nard;
- la vasière à vulpin genouillé;
- la prairie flottante des ruisselets;
- le groupement fontinal à Cardamine amara, Stellaria alsine et Montia fontana.
Se sont maintenus :
- les prés de fauche améliorés à Bromus hordeaceus et Arrhenatherum elatius (Arrhenatherion;
- les prés de fauche maigres à Festuca nigrescens et Geranium sylvaticum (Alchemillo-Trisetetum, Arrhenatherion);
- les pâtures maigres à Festuca nigrescens et Cynosurus cristatus (Festuco commutatae-Cynosuretum, Cynosurion);
- les prés humides à Juncus filiformis et Persicaria bistorta (Junco filiformi-Polygonetum bistortae, Calthion);
- la jonchaie à Juncus acutiflorus (Juncion acutiflori);
- les prés à Deschampsia cespitosa et Persicaria bistorta (Deschampsio cespitosae-Polygonetum bistortae, Calthion);
- les mégaphorbiaiess à Filipendula ulmaria (Filipendulion);
- les franges à Phalaris arundinacea (Phalaridetum).
Ont fait leur apparition :
- des prés humides pâturés; des prés frais à humides, surpâturés et nitrophilisés; des prairies à régime mixte, fortement modifiées par l'ensemencement et l'amélioration; des prairies sèches à fraîches abandonnées; des cariçaies (vestiges des bas-marais à laîches observés jadis); des mosaïques de végétation dans les dépressions humides à marécageuses abandonnées; un groupement fontinal à Ranunculus hederaceus et Montia fontana dans une petite source située un peu en dehors de la réserve, dont la présence traduit la nitrophilie du milieux.
B. Les vestiges de forêts
Les fragments de forêts qui existent dans la réserve sont :
- de vieux taillis de chênes et de bouleaux sur les pentes les plus fortes (Luzulo-quercetum petraeae coryletosum)
- l'aulnaie-boulaie à sphaignes (Carici laevigatae-Alnetum);
- l'aulnaie à stellaire (Stellario-Alnetum glutinosae).
Une forêt marécageuse située en contrebas de la route de Lierneux à Stoumont, juste en amont des pêcheries du Pont des Villettes, couvre une assez vaste superficie, ce qui est rare dans la vallée de la Lienne. DUMONT (1984) classe cette forêt dans la sous-association à dominance de bouleau pubescent de l'aulnaie oligotrophe (Carici elongatae-betuletosum pubescentis) sur base du relevé floristique suivant:
- Strate arborescente : Salix x multinervis (2.3), Frangula alnus (1.1), Quercus robur (1.1), Sorbus aucuparia (+), Lonicera periclymenum (+).
- Strate herbacée : Scutellaria minor (1.2), Juncus acutiflorus (2.2), Vaccinium myrtillus (+.2), Agrostis canina (2.2), Viola palustris (2.3), Epilobium palustre (2.2), Carex nigra (2.2), Angelica sylvestris (1.1), Galium palustre (1.2), Molinia caerulea (2.2), Cirsium palustre (1.1), Juncus effusus (+.2), Caltha palustris (1.3), Valeriana repens (+), Valeriana dioica (+.2), Athyrium filix-femina (+), Dryopteris carthusiana (2.2), Rubus sp. (+), Ranunculus repens (+), Galium aparine (+).
- Strate muscinale : Sphagnum squarrosum (4.4).
J. Saintenoy-Simon et al. (obs. du 26 mai 1994) ont noté par ailleurs des bas-marais à Menyanthes trifoliata, Comarum palustre, Carex canescens; des populations de Caltha palustris sous des fourrés de saules; des taillis de Prunus padus; des peuplements de Polytrichum commune, Mnium hornum; et quelques hautes herbes dont Equisetum fluviatile, Lysimachia vulgaris, Sparganium erectum, Impatiens noli-tangere, Filipendula ulmaria, etc.
C. Plantations forestières
Des peupleraies (dont l'une abrite Carex paniculata) et des pessières existent dans la réserve. La plupart des petites pessières en très mauvais état qui existaient dans la plaine alluviale ont été abattues. Seules les pessières établies sur les sols bien drainés présentent un intérêt économique.
D. Haies et fourrés
Des haies formées de Prunus spinosa, Prunus padus, Sambucus nigra, Carpinus betulus, etc. et quelques fourrés existent çà et là dans le site lui donnant un aspect de bocage clair.
D'une manière générale, la faune locale n'est que modérément connue et mériterait une étude plus exhaustive avec actualisation des données; celles-ci sont certes diverses et nombreuses, elles demeurent néanmoins fort dispersées et incomplètes et concernent surtout les groupes taxonomiques les plus étudiés (oiseaux et papillons de jour, principalement).
Parmi les mammifères sont signalés notamment le blaireau (Meles meles), la martre des pins (Martes martes) et deux espèces d'origine nord-américaine: le rat musqué (Ondatra zibethicus) et le raton laveur (Procyon lotor), bien implantés dans les zones humides de la région.
Espèce devenue par contre mythique dans nos régions, la loutre (Lutra lutra) y a fait une apparition au cours de l'hiver 1978-1979 mais depuis plus aucun indice probant n'a pu être réuni sur une présence éventuelle toujours possible (et ce malgré les prospections menées récemment par le LIFE Loutre). Le castor européen (Castor fiber), réintroduit illégalement en Wallonie dans les années 1990, est installé sur le cours d'eau depuis un certain temps déjà.
L'avifaune a été bien étudiée. Si la diversité des espèces s'est maintenue depuis 1980, les effectifs semblent avoir globalement diminué. Cependant, certaines ne se sont installées comme nicheuses que récemment.
Les espèces nicheuses dans les zones marécageuses et au bord des cours d'eau sont notamment le martin pêcheur (Alcedo atthis), la bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea), le cincle plongeur (Cinclus cinclus), le canard colvert (Anas platyrhynchos), la poule d'eau (Gallinula chloropus), la rousserolle verderolle (Acrocephalus palustris), le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), la locustelle tachetée (Locustella naevia). La rare bécassine des marais (Gallinago gallinago) y a été notée dans les années 1970-1980 avec indices possibles de reproduction.
Les zones de bocages, prairies et fourrés sont fréquentés par nombre d'espèces comme le pipit des arbres (Anthus trivialis), le pipit des prés (Anthus pratensis), le tarier des prés (Saxicola rubetra), le tarier pâtre (Saxicola torquatus), la perdrix grise (Perdrix perdrix), la caille des blés (Coturnix coturnix), la linotte mélodieuse (Carduelis cannabina), le chardonneret (Carduelis carduelis), la fauvette grisette (Sylvia communis), la fauvette babillarde (Sylvia curruca), la grive litorne (Turdus pilaris), la buse variable (Buteo buteo), le faucon crécerelle (Falco tinnunculus), la chouette hulotte (Strix aluco), le pic épeichette (Dendrocopos minor), le pic vert (Picus viridis), le rougequeue à front blanc (Phoenicurus phoenicurus), le gobemouche gris (Muscicapa striata), le hibou moyen-duc (Asio otus), les roitelets (Regulus spp.), etc.
La pie-grièche écorcheur (Lanius collurio) est un nicheur commun au sein de la réserve aussi bien qu'en dehors de ses limites, tandis que la pie-grièche grise (Lanius excubitor) est rare et plutôt notée en hiver (1-2 ex.). Le milan royal (Milvus milvus) y niche depuis au moins début des années 2000 (1 à 2 couples cantonnés, divers obs.). La reproduction du milan noir (Milvus migrans) est quant à elle suspectée au cours des dernières années.
Les cours d'eau hébergent notamment des populations de truite fario (Salmo trutta fario), ombre commun (Thymallus thymallus), chabot (Cottus gobio s.l.) et lamproie de Planer (Lampetra planeri).
Pas moins de quatre espèces de reptiles sont susceptibles de se présenter au promeneur attentif. La couleuvre à collier (Natrix natrix) et le lézard vivipare (Zootoca vivipara) sont les plus régulièrement notés sur le site. L'orvet (Anguis fragilis) est plus discret, bien qu'il soit probablement commun. Il est surtout détecté par l'utilisation de plaques-pièges. Quelques observations de coronelle (Coronella austriaca) sont signalées sur les talus secs, en particulier le long de la route de Lierneux.
En revanche, les données disponibles pour les batraciens sont très peu nombreuses, avec au plus la mention du triton alpestre (Ichthyosaura alpestris).
L'entomofaune n'est que très partiellement connue. Seuls les papillons de jour ont fait l'objet d'observations régulières depuis au moins les années 1990 (site du programme SURWAL).
La diversité de ce groupe est remarquable, avec au moins 40 espèces notées au cours des quinze dernières années (2000 -2015), dont plusieurs ont une haute valeur patrimoniale: le nacré de la bistorte (Boloria eunomia), bien représenté dans les prairies humides abandonnées, le cuivré de la bistorte (Lycaena helle), plus localisé, le cuivré écarlate (Lycaena hippothoe), le damier noir (Melitaea diamina), le grand collier argenté (Boloria selene), l'échiquier (Carterocephalus palaemon), le grand mars changeant (Apatura iris), etc.
Cependant, deux espèces rares ne semblent plus avoir été contactées récemment, à savoir le grand nacré (Argynnis aglaja) dont la mention la plus récente remonte à 1988, et la mélitée du mélampyre (Melitaea athalia) notée pour la dernière fois en 1994.
Les autres données entomologiques sont anecdotiques et demandent à être complétées.