Description d'A. Remacle sur base de données datant essentiellement des années 2000.
Cette vaste sablière, située en Lorraine à l'ouest d'Arlon, au lieu-dit Schoppach, se trouve dans une zone sujette à des modifications très rapides. Elle est limitée vers l'ouest par le contournement d'Arlon, au nord par la rue de Lorraine (avec l'hôtel Arlux, Idélux et AIVE) et vers l'est par la route N82 Arlon-Virton. L'autoroute E411 passe à moins de 500 m au sud du site. L'altitude tourne autour de 400 m.
On y a exploité du sable jurassique de la Formation de Luxembourg.
Le site peut être divisé du nord-ouest au sud-est en trois grands secteurs.
- le secteur occidental (A) est devenu en 1995 la "décharge de classe III de Schoppach" exploitée par Idélux (Habay) pour une durée de 5 ans. Clôturé, il est couvert d'une végétation de friche herbacée et comprend des zones plus humides (mares temporaires) et une aire plus sableuse. La falaise, d'axe NW-SE, se prolonge vers le sud-est; elle est ici bien visible de la rue de Lorraine.
- le secteur médian (B) est déjà en partie comblé d'inertes et de terres. Il comporte des zones sableuses intactes (surtout humides mais aussi sèches), des friches sur remblais, des zones reboisées et trois mares occupant des dépressions résiduelles:
+ une mare (a) allongée en contrebas de la rue de Lorraine, limitée par des talus sableux; sa surface et la profondeur de l'eau se sont fortement réduites par suite de son colmatage en hiver 2003-2004 par du sable provenant de la butte voisine;
+ une mare (b) temporaire localisée dans l'angle entre la décharge clôturée et la falaise. Au cours de ces dernières années, cette zone humide est devenue plus sèche;
+ une mare (c) entourée de talus sableux de plus en plus arborés; il s'agit de la seule mare encore permanente de la sablière. Fort atterrie, elle est en partie envahie de massettes, en partie couverte de potamots.
- le secteur oriental (C) consiste en une vaste friche rudérale sur remblais, située à l'angle de la rue de Lorraine et de la route N 82. Les ligneux pionniers y sont localement abondants.
Dans les années 2000, la fréquentation du site a été jugée faible. Tout le site a fait l'objet de dépôts. Nombreux déchets jetés dans la mare en contrebas de la rue.
L'environnement du site est constitué vers le nord et l'est par des zones d'habitat, vers l'ouest et le sud, par des parcelles boisées.
Du point de vue phytogéographique, le site se trouve au sein du district lorrain.
Description d'A. Remacle basée sur des observations datant essentiellement des années 1990-2000, complétées par quelques informations plus récentes (site très peu prospecté depuis lors !).
Secteur occidental (A)
Le secteur occidental (ancien CET), qui était en 1994 relativement intéressant (présence de Calluna vulgaris, de nombreux Genista pilosa sur un replat au pied de la falaise principale), est actuellement couvert d'une friche en partie humide. Les ligneux y sont dispersés, sauf vers la falaise (entre autres Betula pendula, Salix caprea, Salix alba, Pinus sylvestris, Prunus serotina, Sambucus racemosa, Cytisus scoparius).
La strate herbacée, en général très dense, se compose de nombreuses espèces: entre autres Urtica dioica, Potentilla reptans, Potentilla erecta, Melilotus spp., Trifolium spp., Vicia spp., Lathyrus pratensis, Lathyrus sylvestris, Lotus corniculatus, Lotus pedunculatus, Symphytum officinale, Conyza canadensis, Erigeron annuus, Crepis biennis, diverses poacées, Equisetum arvense. Les taxons plus ou moins hygrophiles sont bien représentés, avec notamment Lychnis flos-cuculi, Persicaria amphibia, Potentilla anserina, Epilobium hirsutum, Veronica beccabunga, Typha latifolia, Juncus effusus, Juncus inflexus, Juncus conglomeratus, Carex cuprina, Glyceria fluitans, Phalaris arundinacea.
L'abondance des plantes entomophiles, en particulier des fabacées et astéracées, attirent notamment une grande diversité de papillons de jour. La plante la plus remarquable est Lathyrus nissolia qui forme de grandes plages totalisant quelques ares.
Secteur médian (B)
Depuis 2003, la mare a, située en contrebas de la rue de Lorraine, d'une longueur maximale de 40 à 50 m, a vu son intérêt biologique décroître suite à son colmatage partiel par du sable provenant du ruissellement sur le flanc d'une grande butte de déblais sableux (exogènes). Fortement atterrie et rarement en eau, son intérêt semble actuellement mineur: le fond est colonisé dans la partie la plus basse par Typha latifolia, Equisetum arvense et des jeunes saules, et ailleurs par diverses plantes de friches, comme Melilotus albus et Artemisia vulgaris. Les hydrophytes encore présents en 2003, en particulier Potamogeton natans et Utricularia vulgaris/australis (abondante à l'époque), ont disparu.
La zone humide proche du CET (mare b) est souvent complètement asséchée. Sa végétation comprend non seulement des espèces hygrophiles, principalement Typha latifolia, Typha angustifolia, Eleocharis palustris (en régression), Persicaria amphibia, Epilobium spp., Cirsium palustre, mais aussi diverses espèces de friches, telles que Tussilago farfara, Cirsium arvense, Artemisia vulgaris, Tanacetum vulgare et Senecio erucifolius.
La mare occupant la dépression la plus profonde (mare c) s'est assez peu modifiée au cours des dernières années. Typha latifolia occupe la majeure partie de la zone humide, le reste (1-2 ares) étant envahi de Potamogeton natans mêlé de la lentille d'eau Lemna trisulca. En bordure de l'eau et sur les berges exondées poussent plusieurs plages de laîches totalisant près de 2 ares (Carex rostrata, Carex vesicaria, Carex nigra), des joncs (Juncus bufonius, Juncus effusus, Juncus inflexus, Juncus articulatus), Scirpus sylvaticus, Alisma plantago-aquatica, Lycopus europaeus, Veronica beccabunga, Phalaris arundinacea, Rorippa palustris, Gnaphalium uliginosum, Agrostis canina,...
Les ligneux se développent en abondance sur le pourtour et sur les talus entourant la pièce d'eau, notamment Salix spp. et Populus du groupe de P. balsamifera (cette espèce à croissance rapide est présente un peu partout).
La végétation des talus et autres zones encore sableuses, surtout localisés dans ce secteur, est assez peu intéressante, hormis la présence de Corynephorus canescens, graminée très rare en Lorraine en dehors du terrain militaire de Lagland (station d'une vingtaine de touffes en 2007), Genista pilosa, Jasione montana (talus en contrebas de la rue) et Aira praecox (idem). Y poussent aussi Rumex acetosella, Anthyllis vulneraria, Lathyrus sylvestris, Erigeron acer, Hypochaeris radicata, les graminées Festuca filiformis, Bromus tectorum et Vulpia myuros,...
La végétation des zones en friche n'est pas détaillée ici. Melilotus albus est particulièrement abondant.
Secteur oriental (C)
Remblayé depuis plus longtemps, ce secteur est couvert d'un boisement pionnier (à Salix caprea surtout) et d'une friche en général très dense et riche en nitrophytes, avec des parties plus humides, des ronciers et des ligneux plus ou moins abondants selon les endroits dont Salix caprea, Betula pendula, Populus tremula, Populus balsamifera/trichocarpa, Pinus sylvestris, Picea abies, Robinia pseudoacacia, Prunus spinosa, Prunus serotina, Crataegus monogyna, Rosa rugosa, Rosa canina, Sambucus nigra, Cytisus scoparius.
On y a relevé, outre diverses graminées (dont Arrhenatherum elatius), Fallopia japonica, Pastinaca sativa, Daucus carota, Potentilla anserina, Potentilla reptans, Potentilla recta, Vicia spp., Melilotus albus, Echium vulgare, Plantago lanceolata, Campanula rapunculus, Dipsacus fullonum, Tanacetum vulgare, Cirsium arvense, Artemisia vulgaris, Solidago gigantea, Leucanthemum vulgare, Pulicaria dysenterica, Hieracium aurantiacum, Carex hirta, Carex disticha, Equisetum arvense,... Une station de l'orchidée Anacamptis pyramidalis y est répartie sur quelques ares.
Plusieurs zones présentent un substrat plus superficiel où croissent des plantes de pelouse comme Rumex acetosella, Cardaminopsis arenosa, Sedum acre, Trifolium arvense, Euphorbia cyparissias, Myosotis ramosissima, Valerianella carinata, Erigeron acer et Bromus tectorum.
L'intérêt faunistique de la sablière de Schoppach a été documentée durant les années 1990 et surtout 2000 dans le cadre de la convention «carrières». Les observations plus récentes sont rares.
Oiseaux: une colonie d'hirondelle de rivage (Riparia riparia), dont l'emplacement a changé au fil des ans, a occupé le site pendant plus de trois décennies: on y a compté 17 couples en 1995, 12-14 en 1996, 15-30 couples par après, mais moins de 10 couples en 2007 (secteur ouest du site). La dernière nidification y a été constatée en 2017 (J.-P. Jacob). En 1995-1996, on y aussi signalé la reproduction de l'un ou l'autre couple d'alouette lulu (Lullula arborea), de serin cini (Serinus serinus) et d'hypolaïs polyglotte (Hippolais polyglotta). Le pic noir (Dryocopus martius) a été régulièrement noté sur le site et encore récemment, en 2019.
Reptiles: deux reptiles fréquentent le site, à savoir le lézard vivipare (Zootoca vivipara) et l'orvet fragile (Anguis fragilis). Quant au lézard agile (Lacerta agilis), il était présent à Schoppach en plusieurs endroits selon PARENT (1984), notamment dans les carrières, mais cet auteur précisait dans son texte la mention «éteint récemment?». Il a toutefois été observé à environ 600-700 m du site mais à l'ouest de l'autoroute (Lx/688/02). Sa persistance dans la sablière de Schoppach n'a jamais été prouvée jusqu'ici.
Amphibiens: Reproduction d'au moins la grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus), de la grenouille rousse (Rana temporaria), du crapaud commun (Bufo bufo), du triton palmé (Lissotriton helveticus) et du triton crêté (Triturus cristatus). Ce dernier avait été observé en 2003 près de la mare située en contrebas de la rue de Lorraine (secteur médian); en 2007, une femelle a été vue dans l'ancien CET où se trouvent quelques mares. Il mériterait d'y être de nouveau recherché!
Insectes: aucun inventaire systématique n'a été mené sur le site mais certains groupes ont fait l'objet d'observations plus suivies:
- Orthoptères: peuplement diversifié, avec notamment phanéroptère commun (Phaneroptera falcata), decticelle bicolore (Metrioptera bicolor), decticelle chagrinée (Platycleis albopunctata), oedipode bleue (Oedipoda caerulescens), gomphocère tacheté (Myrmeleotettix maculatus).
- Lépidoptères rhopalocères: richesse assez élevée incluant diverses espèces patrimoniales (protégées et/ou figurant sur liste rouge) dont l'argus bleu-violet (Glaucopsyche alexis), encore noté en 2019, le damier du plantain (Melitaea cinxia), le cuivré des marais (Lycaena dispar), l'azuré de l'ajonc (Plebejus argus), le céphale (Coenonympha arcania), l'hespérie de la mauve (Pyrgus malvae).
- Odonates: au moins leste vert (Lestes viridis), libellule déprimée (Libellula depressa), sympétrum sanguin (Sympetrum sanguineum), sympétrum striolé (Sympetrum striolatum).
- Coléoptères Carabidae: au moins la cicindèle hybride (Cicindela hybrida) et la cicindèle champêtre (Cicindela campestris).
- Hyménoptères Aculéates: le secteur médian et la falaise sont propices à la reproduction des espèces sabulicoles parmi lesquelles plusieurs sont protégées en Région wallonne: Colletes cunicularius (plusieurs agrégations de nids, notamment sur le talus bien ensoleillé en contrebas de la route), Ammophila pubescens qui se reproduit dans la même zone sableuse du secteur B que Ammophila sabulosa. Autres espèces recensées (plus communes): Anoplius viaticus, Mellinus arvensis, Hedychrum rutilans.