A. REMACLE (2007): Le site s'étend à environ 1,5 km à l'est d'Andenne et à 1 km au sud de la Meuse. Plusieurs excavations ont été creusées à flanc de coteau dans le relief limité à l'ouest par le ruisseau d'Andenelle, au nord par la Meuse et à l'est par le ruisseau de Boussalle. Le site est longé vers l'ouest par la route Andenne-Coutisse (rue de Haillot) qui emprunte la vallée du ruisseau d'Andenelle.
La carrière a permis l'exploitation du calcaire viséen pour la production de chaux.
La physionomie du site est particulièrement complexe; il comprend, du nord au sud, les secteurs suivants:
* un secteur non prospecté à l'extrémité septentrionale, correspondant vraisemblablement à plusieurs zones de déblais (probablement accessible par le nord).
* l'excavation nord (A) dont le fond plat, caillouteux et damé est recouvert d'une végétation herbacée abondante et, le long de la falaise, d'une bordure de ligneux discontinue. Le sol, plus ou moins superficiel selon les endroits, est localement assez humide (présence de joncs). La falaise, haute au maximum de 30-40 m, est irrégulière et dépourvue d'ancien palier d'exploitation; elle est subverticale à certains endroits, fort éboulée à d'autres et la végétation ligneuse (jeune) y est déjà relativement abondante.
* l'excavation sud (B), de structure très différente, est constituée d'une succession de falaises plus ou moins orientées dans l'axe NW-SE qui délimitent des replats à quatre niveaux différents:
- le niveau 0 (environ 100 m d'altitude), qui est dominé par la falaise la plus élevée. Il servait en 1997 de lieu de rangement de matériel agricole et de bottes de paille; un hangar métallique y est en grande partie démoli (2007);
- le niveau 1 (B1), qui est le moins étendu; son aspect est peu différent des niveaux supérieurs bien que plus arboré;
- les niveaux 2 et 3 (B2 et B3), qui sont plats, très caillouteux et bordés vers l'extérieur par des talus éboulés hauts de 4-8 m, sableux par endroits. Les ligneux s'y développent rapidement tandis que la végétation herbacée y est encore assez clairsemée. A l'entrée du niveau 3 (cote 147 m) subsiste un petit bâtiment d'exploitation; l'extrémité sud de ce replat domine une petite excavation au fond herbeux assez arboré (cote 117,5 m - non prospecté).
Les anciens bâtiments d'exploitation sont nombreux et concentrés dans la zone ouest du site, près de l'excavation nord, le long de la route et plus ou moins au même niveau que la cavité nord. Certains des bâtiments situés au niveau de la route ont été réaffectés, notamment en habitations.
Le site est accessible par le sud. Un chemin qui franchit le ruisseau d'Andenelle mène vers le nord au niveau 0 de l'excavation B, anciennement occupé par un hangar. Le chemin longe une falaise subverticale plus ou moins cachée par des ligneux (à un endroit au moins, cette falaise s'éloigne du chemin, formant ainsi une excavation boisée). Il arrive ensuite à un carrefour, près d'anciens bâtiments sur la gauche. Un des chemins de droite descend dans l'excavation A; l'autre monte vers le sud à travers une parcelle boisée et donne accès, au premier tournant, au replat B2. Le chemin continue à monter et arrive au replat B3 qu'il traverse du nord au sud pour monter ensuite vers le sommet du bois et atteindre vers le nord (C) une pente arborée (ligneux pionniers) dominant des prés (pente probablement couverte de déblais).
La fréquentation du site, assez faible en 1997, semble s'intensifier depuis quelques années. On observe la présence de déchets variés. En 1997, l'excavation A semblait propre, hormis l'apparition dans le fond d'un énorme tas de ballots de paille. Toutefois, une prospection approfondie du fond révèle la présence de déchets plus ou moins dispersés et assez nombreux mais facilement enlevables si nécessaire: ferrailles (e.a. sommiers, fûts,...), quelques encombrants ménagers, tas de pneus, tas d'inertes. Depuis 2007, l'état de l'excavation ne s'est pas amélioré, au contraire; mais un assainissement y serait facilement réalisable. En bordure du chemin allant vers le secteur nord de cette excavation, présence en 1997 d'un dépôt d'environ 2 ares de vieille paille, de pierres et de pneus (friche en 2007 à cet endroit). Le fond de l'excavation B était très altéré en 2007: tas d'inertes résultant de la démolition du hangar, pneus, mais aussi dépôts sauvages de déchets divers et place de brûlage de déchets.
L'environnement de la carrière est actuellement forestier. Le site jouxte des terrains agricoles au sud et à l'est (cultures et prairies). Au nord, présence de zones habitées.
A. REMACLE (1997-2007) complété par J.-Y. BAUGNEE (2011):
Excavation A (nord): Les ligneux qui envahissent progressivement le fond de cette excavation - pas seulement sur les bordures et à la base éboulée des falaises - appartiennent aux espèces suivantes: Salix caprea, Betula pendula, Pinus sylvestris, Acer pseudoplatanus, Carpinus betulus, Prunus avium, Sorbus aucuparia, Prunus spinosa, Crataegus monogyna, Rosa canina, R. arvensis, Cornus sanguinea, Corylus avellana,... Les buissons forment localement une petite fruticée.
La végétation herbacée est diversifiée et riche en plantes entomophiles: entre autres Ranunculus bulbosus, Minuartia hybrida, Arenaria serpyllifolia, Cerastium pumilum, Herniaria glabra, Dianthus armeria, Hypericum perforatum, Erophila verna, Sedum acre, Saxifraga tridactylites, Sanguisorba minor, Potentilla reptans, Fragaria vesca, Agrimonia eupatoria, diverses fabacées dont Lotus corniculatus, Medicago lupulina, Trifolium pratense, T. campestre, T. repens, Lathyrus pratensis et Vicia sepium, Geranium columbinum, G. dissectum, Erodium cicutarium, Linum catharticum, Polygala vulgaris, Daucus carota, Centaurium erythraea, Echium vulgare, Origanum vulgare, Prunella vulgaris, Teucrium scorodonia, Plantago lanceolata, P. media, Verbascum nigrum, Euphrasia stricta, Campanula persicifolia, C. rapunculus, C. rotundifolia, Galium mollugo, Valeriana repens, Dipsacus fullonum, Knautia arvensis, diverses astéracées comme Leucanthemum vulgare, Matricaria maritima subsp. inodora (très abondante en 2007), Achillea millefolium, Centaurea jacea s.l., Leontodon hispidus, Hieracium lachenalii, H. murorum, H. pilosella, H. maculatum, H. bauhinii (plusieurs plages), Crepis polymorpha, Solidago virgaurea, Lactuca serriola, Senecio jacobaea, Crepis capillaris, Erigeron acer et Erigeron annuus (fort abondant en 2007), Carex flacca, Juncus tenuis, J. bufonius (ornières), Poa compressa (abondant), Arrhenatherum elatius, Dactylis glomerata, Calamagrostis epigejos, Brachypodium sylvaticum et l'orchidée Himantoglossum hircinum (plusieurs dizaines de pieds florifères). Contre la falaise nord, sur quelques ares, des tas sont couverts de nitrophytes.
La falaise est envahie de ligneux pionniers, comme Betula pendula, Salix caprea, Pinus sylvestris, ainsi que par des ronces, Clematis vitalba et Cytisus scoparius. La végétation herbacée, apparemment dépourvue de graminées et de fougères caractéristiques des rochers calcaires, comprend des plantes présentes ailleurs dans le site, y compris Rumex scutatus et plusieurs espèces de Hieracium (au moins Hieracium lachenalii, H. maculatum, H. murorum) et Polypodium vulgare s.l. La fougère des forêts de ravins Asplenium scolopendrium se rencontre dans le site sur des pans rocheux ombragés.
Excavation B (sud): Les replats et talus, ainsi que la partie dominant les deux excavations, sont colonisés par de nombreux ligneux: Betula pendula qui est l'espèce majoritaire, Pinus sylvestris, Cornus sanguinea, Corylus avellana, Crataegus monogyna, Rosa canina, Clematis vitalba, Cotoneaster horizontalis (assez nombreux localement), Cytisus scoparius.
La végétation herbacée, assez pauvre en graminées, est très dispersée en B2, un peu moins en B3; à côté de divers bryophytes et lichens, elle comporte principalement des espèces pionnières des milieux anthropiques, des espèces de pelouses sur sols secs et très secs, des espèces forestières et d'ourlets: Arenaria serpyllifolia, Herniaria glabra, Silene dioica, Rumex scutatus, Hypericum perforatum, Viola hirta, Helianthemum nummularium (quelques touffes sur la pente au-delà de l'extrémité sud de B2), Erophila verna, Cardaminopsis arenosa, Fragaria vesca, Sanguisorba minor, Potentilla erecta (pente au-delà de l'extrémité sud de B2), Agrimonia eupatoria, Genista tinctoria (une grosse touffe en B2 en 1997), Lotus corniculatus, Ononis repens, Medicago lupulina, Epilobium angustifolium, Euphorbia amygdaloides, Linum catharticum, Polygala vulgaris, Daucus carota, Centaurium erythraea (assez abondant), Echium vulgare, Teucrium scorodonia, Origanum vulgare, Prunella vulgaris, Euphrasia stricta, Galeopsis angustifolia, Thymus pulegioides, Plantago lanceolata, Euphrasia stricta, Verbascum nigrum, Veronica officinalis, Campanula rotundifolia, Galium pumilum, Galium mollugo, Valeriana repens, Scabiosa columbaria, Erigeron acer, Solidago virgaurea, Senecio jacobaea, Carlina vulgaris, Leontodon hispidus, Hieracium lachenalii, H. maculatum, H. pilosella, H. bauhinii, Inula conyzae, Picris hieracioides, Achillea millefolium, Eupatorium cannabinum, Carex digitata, C. flacca, C. sylvatica, Carex muricata subsp. lamprocarpa, Brachypodium sylvaticum, Calamagrostis epigejos, Poa compressa, Epipactis atrorubens (± 10 pieds florifères en B2 en 1997), Epipactis helleborine et Listera ovata.
Dans la partie C couverte de Salix caprea et Betula pendula plus âgés, présence d'une station de Dactylorhiza fuchsii (> 30 pieds florifères en 1997) accompagné d'Epipactis helleborine qui pousse çà et là ailleurs.
La friche du niveau B0 n'a pas été prospectée en 1997 et 2007.
L'intérêt botanique de cette ancienne carrière se trouve dans la présence de plusieurs espèces rares et/ou protégées en Région wallonne, dont 6 orchidées:
- Himantoglossum hircinum, rarissime dans la vallée de la Meuse, probablement l'une des espèces phares du site toujours présente dans la fosse nord;
- Ophrys apifera, espèce pionnière bien présente dans les carrières de la région, qui colonise depuis peu le palier supérieur de la partie sud;
- Dactylorhiza fuchsii, rare dans le Condroz, présent très localement dans la carrière, surtout dans la partie sud, au niveau de l'entrée;
- Epipactis helleborine, notre orchidée la plus répandue et la moins exigeante;
- Epipactis atrorubens, espèce beaucoup plus rare et thermophile, mais régulièrement observée dans les carrières calcaires;
- Listera ovata, espèce forestière très répandue mais moins commune que E. helleborine.
Pyrola rotundifolia, Genista tinctoria, Catapodium rigidum, Minuartia hybrida, Crepis polymorpha, Dianthus armeria et Hieracium maculatum sont les autres plantes remarquables du site.
La faune entomologique locale présente une grande diversité, notamment les Hyménoptères aculéates en raison de l'abondance des floraisons et des sites de reproduction. Andrena barbilabris, Andrena vaga, Andrena nigroaenea et Colletes cunicularius, abeilles printanières butinant notamment les saules, ont été observés dans les petites zones sableuses mais leur présence actuelle mériterait d'être confirmée, en raison de la fermeture progressive du milieu. D'autres espèces intéressantes y volent plus tard dans la saison comme Anthidiellum strigatum, Anthidium punctatum, Panurgus calcaratus, Osmia spinulosa, Osmia bicolor, etc.
Parmi les Orthoptères, relevons la présence d'Oedipoda caerulescens et de Tetrix tenuicornis, deux espèces des milieux pionniers se rencontrant souvent dans les mêmes stations (le seconde étant beaucoup plus discrète, du fait de sa petite taille).
De nombreuses coquilles d'escargots jonchent le sol et fournissent d'accueillants microbiotopes pour divers petits arthropodes (dont certaines abeilles précitées comme Osmia bicolor et O. spinulosa). Ces coquilles appartiennent principalement à Helicella itala et à Candidula intersecta, espèces dominantes dans les endroits découverts. Clausilia parvula, à l'élégante coquille en tourelle, est également très abondante et s'accumule notamment dans les touffes de graminées.