L'Eau Noire est une rivière qui prend naissance à 365 m d'altitude sur le plateau de Rocroi, dans les Ardennes françaises, non loin de Gué d'Hossus, au lieu-dit "La Petite Chaudière".
Après à peine 1 km de parcours en direction du nord puis de l'ouest, elle rejoint la frontière franco-belge à hauteur de Petite-Chapelle, frontière qu'elle marque une première fois sur 2300 m jusqu'au Pont Ponsart, peu avant la confluence avec le ruisseau de l'Ort Marais. A ce niveau, le cours d'eau pénètre quelque peu en province de Namur en alimentant au passage une dizaine de petits étangs, avant de rejoindre de nouveau la frontière à L'Escaillère, au point de confluence du ruisseau Sainte-Anne, issu également du Plateau de Rocroi. On se trouve là à quelques centaines de mètres de la limite entre les provinces de Namur et du Hainaut.
De ce point, l'Eau Noire circule toujours dans un axe est-ouest, au sein d'une vallée étroite et peu encaissée, en longeant la frontière franco-belge sur environ 4500 m, depuis L'Escaillère jusqu'au marais de Basse Nimelette, près du village de Rièzes. Au-delà, la rivière s'écoule vers le nord à travers le vaste massif forestier de la Thiérache, en direction du nord puis de l'est, où elle traverse Couvin puis Nismes avant de rejoindre l'Eau Blanche à Dourbes, au pied de la Roche à Lomme, pour former le Viroin (affluent de rive gauche de la Meuse).
D'après HUART (1984), l'Eau Noire, pour ce qui est de sa partie amont, est une rivière de type ardennais dont les eaux sont peu minéralisées, le pH assez bas (pH 7) et la qualité bio-chimique excellente.
Le site se trouve en Thiérache belge, prolongement occidental de l'Ardenne dans le sud de l'Entre-Sambre-et-Meuse. Du point de vue biogéographique, il fait donc partie de la région continentale mais est davantage soumis à l'influence atlantique que le reste de l'Ardenne. Il fait partie du district phytogéographique ardennais.
La flore et la végétation de la vallée de l'Eau Noire mitoyenne entre la Région wallonne et les Ardennes françaises ont été peu inventoriées jusqu'à présent, en dehors des relevés réalisés dans le cadre de la cartographie des habitats du site Natura 2000 BE32040 "Haute vallée de l'Eau Noire" (C. Marneffe et P. Dupriez – SPW/DEMNA).
La portion amont, située à hauteur de Petite-Chapelle et frontalière sur une longueur de 2300 m, est la moins bien connue mais les zones encore potentiellement intéressantes y sont aussi moins étendues. Le bocage couvrant le versant wallon mériterait une attention particulière.
La partie de la vallée frontalière située plus en aval, entre L'Escaillère et la Haute-Nimelette, est mieux documentée. Sur un peu plus de 4000 m, on y trouve (situation 2009):
- des mégaphorbiaies rivulaires et de prairies humides à Filipendula ulmaria, Angelica sylvestris, Iris pseudacorus, Mentha aquatica, Equisetum telmateia, Valeriana officinalis, Galeopsis tetrahit, Caltha palustris, Juncus effusus, Carex acutiformis, Epilobium tetragonum, Rumex acetosa, Calystegia sepium, Scirpus sylvaticus, Galium palustre, Scutellaria galericulata, Lycopus europaeus, Lotus pedunculatus, Poa trivialis, Holcus lanatus, Cirsium palustre, Epilobium hirsutum, etc.
- des prairies de fauche humides, souvent en mosaïque avec les mégaphorbiaies, avec Lychnis flos-cuculi, Juncus effusus, Holcus lanatus, Deschampsia cespitosa, Persicaria bistorta, Scirpus sylvaticus, Caltha palustris, Cirsium palustre, Trifolium repens, Cynosurus cristatus, Myosotis scorpioides, Ranunculus repens, Poa trivialis, Bromus racemosus, etc. Un bel exemple se trouve notamment juste à l'est d'un étang, en aval du hameau de Lisbonne.
- des prairies de fauche de basse altitude peu fertilisées, avec Heracleum sphondylium, Crepis biennis, Lotus corniculatus, Arrhenatherum elatius, Daucus carota, Ranunculus acris, Potentilla anserina, Stellaria graminea, Trifolium pratense, Rumex acetosa, Centaurea jacea, Trisetum flavescens, Anthoxanthum odoratum, Phleum pratense, Tragopogon pratensis, Festuca rubra, Taraxacum sp., etc.
- des éléments de prairies maigres à flore diversifiée, localisés surtout sur le haut des talus et les bords de chemins et de clôtures, avec entre autres Galium verum, Centaurea jacea, Leucanthemum vulgare, Molinia caerulea, Crepis biennis, Cerastium fontanum, Silaum silaus, Malva moschata, Veronica chamaedrys, Stellaria graminea, Arrhenatherum elatius, Elymus repens, Allium vineale, Lathyrus pratensis, Achillea millefolium, Vicia cracca, Lathyrus linifolius, Rumex acetosella, Luzula campestris, Agrimonia eupatoria, Origanum vulgare, Prunella vulgaris, Trifolium repens, Galium mollugo, Leontodon hispidus, Leontodon autumnalis, Linaria vulgaris, etc.
- des pâtures permanentes plus ou moins intensives à Lolium perenne, Poa pratensis, Poa trivialis, Plantago major, Alopecurus pratensis, Galium aparine, Elymus repens, Rumex obtusifolius, Ranunculus repens, Ranunculus acris, Juncus effusus, Agrostis stolonifera,
- des franges d'hélophytes plus ou moins développées en bordure des plans d'eau, avec entre autres Typha latifolia, Carex acutiformis, Carex vesicaria, Juncus effusus, Phalaris arundinacea, Sparganium erectum, Lythrum salicaria, ...
- des groupements aquatiques flottants enracinés essentiellement représentés par des herbiers de Nymphaea alba, probablement plantés sur les étangs d'agréments.
- des herbiers de Ranunculus fluitans et de Callitriche platycarpa dans l'Eau Noire.
La plupart des plans d'eau sont récents: ils ont été creusés durant les années 1980-90 par des privés, à des fins d'agrément ou pour la chasse. Leur flore est un mélange d'espèces plantées et/ou naturalisées et d'espèces indigènes spontanément installées.