Intro
Brève description
La réserve naturelle de la Grande Fange et du Sacrawé constitue le plus grand ensemble fagnard du Plateau des Tailles. Elle se situe à l'ouest de Bihain, dans une vaste cuvette donnant naissance au ruisseau Saint Martin ou de Bihain, formant avec le ruisseau de Langlire, l'Eau de Ronce, affluent du Glain. L'altitude est comprise entre 555 et 610 m. Le socle géologique est formé de phyllades violacées du Salmien supérieur (Cambrien). Cet ensemble de fagnes comporte une très grande diversité de groupements végétaux: tourbières flottantes à narthécie (Narthecium ossifragum) et à laîche filiforme (Carex lasiocarpa), tourbières à sphaignes et à linaigrette vaginée (Eriophorum vaginatum), bas-marais acides à trèfle d'eau (Menyanthes trifoliata) et à comaret (Comarum palustre), landes sèches à nard (Nardus stricta) et arnica (Arnica montana), landes humides à éricacées, etc. Il existe au Sacrawé et à la Grande Fange une formation géologique originale et très intéressante, appelée palse, que l'on retrouve également au Grand Passage. Il s'agit d'une cuvette circulaire constituée par un tapis flottant de sphaignes, avec souvent un petit plan d'eau au centre. La flore locale est d'un intérêt exceptionnel, avec la présence de nombreuses plantes rares comme le lycopode en massue (Lycopodium clavatum), le genêt anglais (Genista anglica), le dryoptéris à crêtes (Dryopteris cristata), l'orchis des sphaignes (Dactylorhiza sphagnicola) ou encore le jonc filiforme (Juncus filliformis). La faune est également très riche. Parmi les oiseaux figurent par exemple la pie-grièche grise (Lanius excubitor), le bruant des roseaux (Emberiza schoeniclus), la locustelle tachetée (Locustella naevia), la bécassine des marais (Gallinago gallinago). Le tétras lyre était encore présent fin des années 1980 mais semble avoir disparu. Les odonates sont réprésentés par des espèces spécialisées telles que l'agrion hasté (Coenagrion hastulatum) et la leucorrhine douteuse (Leucorrhinia dubia). Des papillons rares occupent également les zones tourbeuses dont le nacré de la canneberge (Boloria aquilonaris), emblématique de ce type de milieu.
Carto
Régions naturelles
Limites administratives
Ancienne(s) commune(s) | Surface | Nouvelle(s) commune(s) | Province(s) |
---|
Bihain | 281.97 ha | VIELSALM | LUXEMBOURG |
Cantonnements DNF
Cantonnement(s) | Surface | Direction(s) |
---|
Vielsalm | | Marche-en-Famenne |
Mentions dans d'autres inventaires de sites
Site classé
Propriétaire(s)
Gestionnaire
Service public de Wallonie, Département de la Nature et des Forêts, Cantonnement de Vielsalm, 66, rue du Vieux Marché, 6690 Vielsalm (Tél.: 080/28.22.80 - Fax: 28.22.92).
Commission Consultative de Gestion des Réserves Naturelles Domaniales d'Ardenne septentrionale.
Sites protégés
Conservation
Objectifs de conservation
Préserver les communautés végétales et animales caractéristiques des milieux tourbeux acides. Conserver les traces de phénomènes géomorphologiques tels que les palses.
Maintien d'un milieu d'intérêt orchidologique majeur par l'abondance de Dactylorhiza sphagnicola.
Menaces
Assèchement des sols suite aux plantations d'épicéas en périphérie, colmatage des mares de palses, recolonisation arbustive et semis naturels d'épicéas, les amendements ou les engrais, incendies, piétinement par les promeneurs, chasse par collectionneurs de papillons.
La fermeture quasi complète des mares de palses dans la Grande Fange hypothèque à très court terme l'avenir des populations d'Odonates les plus rares et remarquables. L'enfrichement et l'envahissement de la fange par la Molinie et les ligneux représentent des menaces à moyen terme pour les populations exceptionnelles de papillons parmi les plus menacés de Wallonie (d'après Goffart, Mars 1999: Rapport ISB).
La lande tourbeuse du Sacrawé connaît une recolonisation arbustive de plus en plus intense par les sorbiers, les pins sylvestres, les épicéas et les bouleaux. En outre, la progression de plantes telles la Molinie et la Fougère aigle est patente dans certains secteurs de la lande. En 1997, des travaux de réfection du captage d'eau ont par ailleurs endommagé une bande de 200 mètres de long et 20 mètres de large. Les conséquences de ces évolutions sur la population de Boloria aquilonaris ne sont pas connues faute de suivi régulier de celle-ci. Les palses situés en périphérie nord du Sacrawé, le long des prairies, évoluent également de façon défavorable, suite à la colonisation des plans d'eau par les tapis de sphaignes (un palse est à présent presque totalement refermé), mais aussi du fait de l'influence de l'engraissement et de l'amendement des prairies adjacentes (enrichissement des eaux et début d'eutrophisation). Les anciens palses situés dans les prairies elles-mêmes ont été progressivement comblés par les exploitants agricoles. La croissance des plantations d'épicéas autour des palses engendre un ombrage de plus en plus important sur les mares subsistantes. Ces évolutions défavorables n'ont pas encore eu de conséquences sur la richesse en espèces d'Odonates, mais en ont eu par contre sur les effectifs, globalement à la baisse. La population de Coenagrion hastulatum, implantée sur un des palses en bordure de prairie, s'est maintenue jusqu'ici, mais son avenir est compromis à moyen terme. Il s'agit de la population la plus importante connue en Wallonie (d'après Goffart, Mars 1999: Rapport ISB).
Recommandations
Contrôler la recolonisation arbustive, contrôler le colmatage des mares de palses et des fosses de détourbage et rajeunir régulièrement certains de ceux-ci, contrôler la qualité des eaux dr ruisseau de Bihain et des affluents.
Il devient très urgent d'entamer le rajeunissement de certains palses en y recréant des mares, soit manuellement, soit au moyen d'engins chenillés, soit en obstruant les exutoires (d'origine anthropique) des murailles, soit encore à l'aide d'explosifs. Ce rajeunissement pourra être entrepris selon un rythme périodique, en rotation sur plusieurs palses. Certains palses seront laissés à leur évolution naturelle. La lutte contre les ligneux (notamment épicéas subspontanés) devient assez urgente dans certaines parties de la Grande Fange. La restauration de surfaces de landes tourbeuses au moyen de la fauche ou de l'étrépage devrait être également entamée sans tarder.
(d'après Goffart, Mars 1999: Rapport ISB).
La gestion de la lande du Sacrawé devient assez urgente. Des mesures telles la coupe de ligneux, l'étrépage, la fauche ou l'intauration d'un pâturage extensif par les moutons sont les plus indiquées pour restaurer et entretenir le milieu. Dans le cas de la coupe, on veillera à ne pas dégager de surfaces trop importantes d'un seul tenant. En ce qui concerne l'étrépage et la fauche, les interventions seront effectuées sur quelques parcelles en rotation dans les zones les plus dégradées. Le pâturage sera pratiqué en rotation sur plusieurs parcelles et avec des charges faibles, ne dépassant pas 0,5 UGB/ha/an. Les palses de la périphérie nord, qui ont été récemment acquis par la RW, nécessitent des mesures particulières. Les plantations d'épicéas qui les enserrent devraient être abattues en veillant à ne pas faire verser les arbres dans les cuvettes des palses. L'abattage des plantations de conifères est par ailleurs souhaitable sur les sols tourbeux de l'ensemble du secteur situé entre la Fange de Sacrawé et de la Grande Fange. Le maintien de bosquets feuillus protecteurs autour des palses et en périphérie de la fagne est en revanche à encourager. En outre, il serait particulièrement indiqué de promouvoir des mesures agri-environnementales dans les prairies dominant la fagne, en particulier le long de la limite nord où se trouvent certains palses (d'après Goffart, Mars 1999: Rapport ISB).
Plan de gestion
Accès du public
Tolérance de la pêche le long du ruisseau de Bihain et la récolte des myrtilles et des canneberges.
Détails
Description physique
Description biologique
Le rare Lycopodiella inundata a été découvert en 1998 sur des placeaux d'étrépage expérimental mais en place dix ans plus tôt (CHAMPLUVIER, 1998). La plante a été retrouvée récemment au même endroit, où elle couvre à peine 10 cm carrés (obs. P. FRANKARD & D. PARKINSON, juillet 2013).
Une étude des butineurs de Vaccinium uliginosum a été réalisée dans le cadre d'un travail de fin d'études par CHYZY (2009).
Monument naturel
Monument historique
Histoire du site